
Contractualisation 2014-2018 - Bilan 2007-2012 
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L’écriture de l’histoire éthiopienne a fait l’objet d’un travail collectif approfondi afin de proposer de nou-
velles pistes pour l’historiographie de l’Afrique ancienne. Les recherches sur l’histoire ancienne (IVe-XVIIIe) de la 
Corne de l’Afrique n’ont pas seulement pour objet de rassembler des documents à analyser mais aussi de réfléchir 
à la manière dont l’histoire a été écrite et réécrite au cours du temps dans cette région de l’Afrique, par qui et pour 
qui, dans quel contexte et avec quels documents. De nombreux chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants 
du CEMAF ont parcouru les espaces de l’Éthiopie chrétienne comme musulmane à la recherche de matériaux 
archéologiques, de documents textuels ou iconographiques et de traditions orales documentant des lieux encore 
très peu connus. Dans le prolongement de l’inventaire des bibliothèques et des catalogues de manuscrits éthio-
piens (http://www.menestrel.fr/spip.php?rubrique694), l’étude des collections s’est poursuivie en liens étroits 
avec des institutions et des chercheurs basés en Ethiopie.
L’histoire des sciences sociales constitue un autre pôle de recherche au sein duquel le questionnement sur 
la place de l’écrit dans l’élaboration des savoirs s’est développé. La journée d’études Choix scripturaux et production 
scientifique en sciences humaines et sociales, prolongée par la publication d’un dossier dans la revue L’Homme, a permis 
d’explorer la relation à l’écriture de différents chercheurs, notamment des ethnologues, afin d’analyser l’incidence 
de cette relation sur leur production scientifique. Parmi les questions traitées ressort notamment celle de l’articu-
lation entre des genres différents (publications dans la presse, ouvrages scientifiques, œuvres littéraires…), ainsi 
que les rapports entre écrit et image. Ces travaux qui combinent analyse textuelle, travail d’archives et entretiens 
permettent de reconsidérer certains aspects de l’histoire de l’anthropologie, comme par exemple la question de la 
place des femmes dans l’histoire de la discipline.
Une autre ligne de réflexion épistémologique porte sur le caractère normatif des structures linguistiques. 
Plus qu’en d’autres régions du savoir, celui qui fait profession d’ethnologue ne peut appréhender qu’un objet déjà 
pris dans la langue. Que ce soit dans le temps même de l’enquête ou dans celui de la reconstruction d’un objet 
théorique à partir d’éléments de l’enquête, le premier souci est de mesurer les effets du contexte de l’énonciation 
sur le contenu de l’énoncé. Le « contexte » de l’énoncé (qui inclut aussi bien l’environnement linguistique que 
la situation où il est produit) est entièrement à (re)construire, puisque la plupart des référents sont radicalement 
étrangers aux référents de la langue de l’observateur. De façon concomitante, ce travail de traduction implique le 
repérage minutieux des présupposés métaphysiques que véhiculent les mots de la langue de l’observateur, aux fins 
de maintenir possible une pensée théorique qui ne soit pas un plaquage, voir un forçage, des catégories de pensée 
occidentale en terre africaine. C’est une réflexion de ce type que plusieurs membres du site d’Ivry ont conduit 
depuis 2010 dans le cadre de l’Atelier Divination et rhétorique consacré à l’appareil rhétorique que sollicitent les 
techniques divinatoires en Afrique et dans le monde grec.
Archives
La réflexion sur l’épistémologie des sciences humaines, les pratiques d’écritures et la production des docu-
ments a amené plusieurs chercheurs du laboratoire à se lancer dans des projets plus vastes d’analyse et de publica-
tion de corpus d’archives ou de manuscrits.
Dans le cadre du volet « archives » du programme ANR Cornafrique, le site Ethiopian manuscript Archives 
(http://www.cntelma.fr/publication/zekra-nagar-ema) a été un lieu de réflexion épistémologique sur le statut des 
archives anciennes de l’Éthiopie chrétienne. Hébergé par le centre de Ressources TELMA, mis en place par l’IRHT 
(CNRS) et soutenu par le TGE ADONIS, ce site associe la publication électronique de documents manuscrits, 
grâce à la création d’un formulaire de saisie pour générer un fichier pré-encodé en TEI/XML, et une réflexion sur 
la structuration de l’information. Cette rencontre entre traditions érudites des médiévistes (diplomatique, codico-
logie) et nouvelles technologies (outils d’édition et d’analyse) a été mise en œuvre par la prise en main des outils 
logiciels pour l’encodage en XML et la validation scientifique des balises d’encodage en TEI et par l’organisation 
en octobre 2009 d’un panel sur la production des textes historiques et archivistiques éthiopiens en octobre 2009 
(à la 17th International Conference of Ethiopian Studies, à Addis Abeba) ainsi que par l’organisation du workshop 
Zekra Nagar – Ethiopian manuscript Archives (CFEE-Abeba). Parallèlement, la Bibliothèque de recherches africaines 
(BRA) du CEMAf a mené une entreprise patrimoniale de collecte, de catalogage et d’analyse des archives (docu-
ments écrits, sonores, iconographiques et audiovisuels) de plusieurs acteurs importants de la recherche africaniste, 
des années 1950 aux années 1980 (Fonds Claude Meillassoux, fonds Raymond Mauny, fonds Yves Person, fonds 
Claude-Hélène Perrot). Le traitement archivistique classique a été combiné à une réflexion sur les modes de par-