2 | REPÈRES ÉCONOMIQUES
RBC GESTION MONDIALE D’ACTIFS
voire légèrement en avance, ainsi que dans le même
territoire que le Royaume-Uni. De surcroît, le fardeau
de la dette aux États-Unis et au Royaume-Uni diminue,
tandis qu’au Canada, il continue de s’alourdir.
Même si la croissance du crédit à la consommation a
finalement commencé à ralentir, le crédit hypothécaire
a repris sa progression. Les évaluations des propriétés
canadiennes suscitent des inquiétudes. Depuis le creux
enregistré au début de 2009, le prix des propriétés
existantes a affiché une forte hausse de 31 %, soit 12,2 %
par année. Au cours de la dernière décennie, le prix des
propriétés a progressé de 117 %. À titre comparatif, le
prix des propriétés a chuté de 5 % aux États-Unis depuis
le début de 2009 et n’a augmenté que de un sixième au
cours des dix dernières années1. Par conséquent, la crainte
que la future période de hausse des taux d’intérêt soit
néfaste pour les finances des ménages est compréhensible,
surtout dans un contexte où le marché hypothécaire s’est
progressivement tourné vers les produits à taux variable.
La situation est, jusqu’à maintenant, gérable
Quoi qu’il en soit, la dette des ménages a, jusqu’à
maintenant, été remarquablement facile à gérer. Utilisés
comme test de solidité financière des ménages, les
taux de défaillance sont dans la fourchette des normes
historiques, tant pour les prêts hypothécaires que pour
les cartes de crédit. Les défauts de paiement sur les prêts
hypothécaires se chiffrent actuellement à 0,43 %, contre
une moyenne à long terme de 0,42 % et un faible taux
de 0,24 % dans la période précédant la crise. Les défauts
de paiement sur les cartes de crédit se sont stabilisés à
4,33 %, contre une moyenne à long terme de 3,69 % et
3,01 % dans la période précédant la crise. Une certaine
détérioration est évidente, mais elle n’est pas alarmante.
De plus, le ratio du service de la dette au Canada, c’est-
à-dire la portion des revenus d’un ménage consacrée
au paiement des intérêts de la dette du ménage,
n’a rien d’inquiétant : il se situe à 7,6 %, soit encore
sous la norme historique de 8,1 % (figure 2). Il en va
de même pour le taux de faillites personnelles.
Malgré des ratios d’endettement élevés, les ménages
seraient en fait dans une assez bonne situation, comme
1 Lorsqu’ils sont évalués en dollars canadiens, les prix des propriétés au Canada
et aux États-Unis affichent un écart impressionnant de 141 % pour la dernière
décennie.
le laissent fortement croire les éléments qui précèdent.
Mais cette bonne situation ne devrait peut-être pas
trop surprendre. Alors que, traditionnellement, on
compare le Canada avec les États-Unis ou le Royaume-
Uni, d’autres pays, comme les Pays-Bas, le Danemark
et la Norvège, maintiennent des ratios d’endettement
des ménages beaucoup plus élevés. Il semblerait qu’il
n’y ait pas un seul niveau d’endettement qui puisse
être perçu comme le seuil absolu. Le niveau viable est
tout simplement le niveau que les ménages peuvent se
permettre. Il dépend de la stabilité de l’emploi, de l’âge de
la population, du but de l’emprunt et du coût du crédit.
Au cours des dernières années, chacun de ces paramètres
a été favorable pour les ménages canadiens. Le marché
de l’emploi du Canada s’est bien porté par rapport à celui
des autres pays, ce qui a permis à la plupart des ménages
d’effectuer leurs paiements. L’âge moyen a augmenté au
cours des trois dernières décennies, passant de moins de
30 ans à 40 ans, ce qui a amené le ménage moyen
dans la phase d’endettement maximal. Comme
l’accession à la propriété a dépassé la location, les
Canadiens empruntent de manière disproportionnée
afin d’acheter une propriété. Ils peuvent ainsi
accumuler du capital au lieu de payer un loyer.
Mais ce qui importe le plus, c’est que le coût du crédit est
incroyablement peu élevé. Les taux d’intérêt sont à un creux
record, ou s’en rapprochent, ce qui réduit énormément
les coûts de financement. Ce que l’on ignore avant tout au
sujet de la dette des ménages et de la valeur des logements
au cours des trois dernières décennies, c’est que la baisse
à long terme des taux d’intérêt a été le principal moteur
d’une hausse équivalente des taux d’endettement et du prix
Figure 2 : Le ratio du service de la dette des ménages est faible au
Canada
Sources : Statistique Canada, RBC GMA
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1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
%
Moyenne historique : 8,1