3 Trident
Le spectacle
« Suite à la découverte de l’œuvre d’Arto Pasilinna, j’ai vite compris qu’il me faudrait aller à la
rencontre de ce pays et de ses habitants.
Prendre la température et tenter de saisir un peu de cet esprit si singulier, en équilibre constant
entre la folie et le désespoir, la plus grande retenue et les excès les plus inattendus…
En août 2006, muni d’un appareil photo et d’une caméra numérique, j’ai donc sillonné d’Est en
Ouest, du Nord au Sud ce pays. J’en ai ramené 700 photos […] et plusieurs heures de film.
Lors de mes pérégrinations, certaines caractéristiques fortes de ce pays se sont vite imposées à
moi : le silence qui règne partout en maître, dans la nature, dans les villes (même sur une place
de marché au plus fort de son activité !) ; les habitants se déplaçant sans bruit, silhouettes
fantomatiques à la gestuelle épurée…
Et pourtant à la lecture du roman d’Arto Pasilinna, on est frappé par le rythme sec, rapide avec
lequel les événements s’enchaînent.
C’est une écriture fluide, à la construction narrative proche de la littérature orale.
Mon objectif sera, par les moyens du Théâtre, de la marionnette et d’un travail avec la vidéo en
direct, de retrouver cet équilibre entre le rythme enlevé du roman et la pesanteur souvent
étouffante du silence finlandais. » Martial Anton
Le jeu
Trois comédiens sur le plateau, Huttunen est joué par l’un d’eux. Les deux autres font défiler la
douzaine de protagonistes de cette histoire.
La plupart des personnages sont représentés par des marionnettes de différentes tailles : certaines
proches des poupées type « bunraku » que nous avons utilisés sur « AЯTIK » ou
La Mano
, d’autres
en miniature fidèles répliques de leurs « grandes sœurs ».
Le travail avec la vidéo en direct permettra de jouer avec les échelles, petite marionnette pouvant
devenir grande figure…
Bref, un échantillon assez représentatif d’une humanité aux comportements parfois primaires, mais
toujours attachante.
La vidéo
Deux axes pour ce travail :
· Une captation en direct de ce qui se joue sur les pales de la roue du moulin, à vue du public.
· La projection de séquences tournées en Finlande au cours de l’été 2006. Omniprésence de la
forêt, de l’eau, du ciel… il s’agit de soutenir le récit en tentant de résister toutefois à la tentation
de la simple illustration ou d’une utilisation « décorative » des images.
La scénographie :
Un mur, d’abord, de 4m x 3m ; un ensemble de lattes verticales translucides, couvrant toute la
surface. Dans leur agencement elles rappellent le style des maisons traditionnelles d’Europe du
nord.
Lattes qui peuvent s’orienter à la manière de stores verticaux, s’ouvrir plus ou moins, laissant
passer la lumière qui vient de l’arrière du plateau. Ou permettant de jouer à l’arrière du dispositif.
Ce mur est aussi le support de projection, sur toute sa surface, d’images captées en direct, comme
de celles filmées en Finlande.
Sur l’avant de ce mur, viennent se suspendre des éléments de décors amovibles.
Côté cour, une grande roue de moulin à eau dépasse partiellement de ce mur. Elle tourne sur elle-
même (avec toute la symbolique attachée à la roue et à l’engrenage) mais aussi se déplace de
l’arrière vers l’avant. Les comédiens placent régulièrement pendant le spectacle sur certaines de
ses pales, les décors en miniature dans lesquels évoluent de minuscules marionnettes pour des
scénettes joués à vue par les comédiens, captées en direct par une caméra intégrée au dispositif,
et projetées en grand sur le mur.
Les lumières, discrètes, seront intégrées au dispositif scénographique.