Blois 2013 : Libération du territoire et retour à la République
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d’éliminer les bandes, répandre la terreur et seulement après, éventuellement, elle gagnerait le
front. Les bombardements anglo-saxons sont minorés dans le discours commun, mais 20% du
tonnage de bombes larguées sur l’Europe de l’Ouest sont tombés en France, (entre 50 et 70 000
morts sous les bombardements alliés pendant l’été 1940). Le raid du Havre, en septembre 1944,
fait 2000 victimes. Il faut se guérir d’une approche franco-jacobine : il faut tenir compte des
tirailleurs sénégalais, des goumiers marocains. Leclerc a dû « blanchir » la 2ème DB sur ordre des
Américains. On oublie les Républicains espagnols qui entrent dans Paris, on parle peu des
Canadiens, des Polonais. Les MOI sont oubliés également. Les Alliés ont été traités avec
désinvolture.
Les Soviétiques sont les grands absents, comme si l’armée rouge n’avait pas immobilisé des blindés
allemands sur son sol. Les Anglais sont oubliés, sauf dans le Nord et le Pas-de-Calais. C’est Jean-
Louis Crémieux-Brilhac qui rappelle, à travers le SOI, créé par Churchill, tout ce que les Français
doivent aux Anglais.
A cette époque, la France est atomisée, paralysée par les destructions. La Libération est une
juxtaposition de micro-histoires de territoires. Dans le Limousin, la petite ville de Mauriac a un
comité de Libération dès juin : rien à voir avec Tulle, Oradour…Donc cette histoire de la
Libération est à la fois commune et distincte, donc toute description univoque d’un Français libéré
est à proscrire.
Le premier réflexe dans les villes est explosion de joie, mais aussi une peur du retour de l’occupant
et des représailles, une peur de la mort, et l’attente du retour pour les proches des absents. Il y a
ambivalence des sentiments (Laborie, L’Opinion publique sous Vichy), il faut tenir compte des
vaincus de la libération.
Les maquis sont écrasés, ils pensaient libérer le territoire et mettre en place des Républiques libres
(la République libre du Vercors).
Christine Lévisse-Touzé :
La République est organisée, le retour est proclamé. Depuis le 3 juin 1943 à Alger, il y a la
coprésidence Girault-de Gaulle. Les enjeux sont le retour à la République, l’abolition des lois
discriminatoires de Vichy et la mise en place d’une commission d’épuration pour les élus, les
fonctionnaires, le gouvernement et Pétain ; enfin la mise en place d’institutions, symboles de la
République. La France n’est pas toujours associée aux décisions de l’Etat-Major allié. Il y a d’abord
la séparation des pouvoirs civils et militaires pour être conformes à la pratique républicaine. De
Gaulle, à Brazzaville, déclare vouloir demander l’avis du peuple. A l’automne 1943, les mesures
discriminatoires contre les Juifs d’Algérie sont supprimées.
L’assemblée consultative provisoire est inaugurée le 3 novembre 1943 à Alger. Sur les 103 sièges,
la moitié est occupée par la Résistance intérieure, et l’on retrouve 20 députés parmi ceux qui ont
refusé les pleins pouvoirs, on note donc une volonté de continuité. Une place importante est
accordée aux résistants, majoritairement de gauche, qui sont méfiants à l’égard des Algérois. Cette
assemblée est la préfiguration de ce qui doit se passer, elle a un budget, 60 séances au cours
desquelles on discute de la réforme de l’Etat, du statut de la presse, du droit de vote des femmes….
Cela marque la fin de la IIIème République et la mise en œuvre des pouvoirs publics à la
Libération (commissaires de la République). Des organismes coordonnent et suscitent, au sein des
Résistants, des gênes à l’égard des Allemands. En juin 1944, cela devient le GPRF, il a aussi pour
but de contrôler les libérations du territoire. 400 ordonnances ont été prises, pour éviter l’Amgot
sur le territoire français. Le CNR a aussi un volet « action immédiate » pour contrôler la
coordination des actions militaires en France. Mais les FFL sont aussi là pour cela, et c’est in
extemis que les Anglais permettent que les Résistants aident les Alliés.
La Libération de Paris est bien plus complexe qu’on ne le dit, c’est une mission politique et
morale, confiée à Leclerc avec 22 nationalités et 3603 soldats de l’Empire. La 4ème division
américaine est présente.
Jean-Pierre Azéma : revue des questions qui font débat :
les Français se sont-ils soulevés ou ont-ils attendu l’arrivée des Alliés ?
Le Comac est le bras militaire du CNR et les communistes en son sein veulent une insurrection sur
le modèle de la Corse (soulèvement populaire préparé par le Front national sans aucune
intervention des Alliés, les Forces françaises d’Afrique débarquant ensuite). Puis la démocratie est