l’Enass Ecole nationale d’assurances Le télétravail dans les sociétés d’assurances en France : exception ou généralisation ? Hélène LOPEZ Résumé Le télétravail est devenu un sujet à la mode ces dernières semaines. Les récents rapports parlementaires prévoient - grâce au progrès des nouvelles technologies de l’information et de la communication - son expansion dans les secteurs privés et publics dans les prochaines années sous réserves de la mise en place de mesures de soutien concrètes : communication auprès du grand public, formation des acteurs, encouragement financier des initiatives. Le constat est le suivant : En France, le télétravail représenterait 7% de la population active française loin derrière les pays d’Europe du Nord (entre 15% et 20%), les EtatsUnis et le Canada (~25%). Ce retard s’explique par de nombreux freins véhiculés par les mentalités et les cultures. Et même si quelques fleurons de l’économie française du secteur privé se sont lancés dans cette démarche (ADECCO, Renault, Michelin, SFR,….) nombreux sont encore ceux qui affichent scepticisme et doute. Compte tenu du rôle stratégique des entreprises d’assurances dans le paysage économique français, il est intéressant de s’interroger sur le niveau de déploiement du télétravail dans les entreprises de ce secteur. Après avoir vérifié l’existence des pré requis technologiques au télétravail, et à partir de l’analyse des éléments collectés au cours d’entretiens réalisés avec des télétravailleurs et des représentants d’entreprises l’ayant mis en œuvre, l’étude présente une cartographie des métiers de l’assurance éligibles au télétravail et une vision d’avenir. Le télétravail est un mode d’organisation figurant parmi les mesures dont disposent les DRH pour fidéliser les collaborateurs et attirer de nouveaux talents. Il ne peut à lui seul constituer une source de gains suffisamment significatifs pour justifier un déploiement massif. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 2 Executive summary Telework has become a topical issue. Citing advances in the new information and communication technologies, the latest French Parliament reports predict its expansion in the public and private sectors over the coming years provided that concrete support measures are undertaken: public relations, training for participants, financing aimed at encouraging initiatives. The situation may be summed up as follows: In France, telework represents some 7% of the working population, far behind the countries of Northern Europe (15-20%) and the United States and Canada (~25%). This gap is to be explained by many obstacles in terms of mentality and culture. Even if some of the French economy’s flagship firms (ADECCO, Renault, Michelin, SFR, etc.) have adopted the telework approach, many others still express their scepticism and doubts. Given the strategic role of the insurance companies on the French economic scene, it is worthwhile to examine the extent to which telework has been introduced in the companies of this sector. After verifying the existence of the technological prerequisites for telework, we shall use an analysis of interviews carried out with teleworkers and company representatives who have introduced it to map out the insurance professions compatible with Telework and suggest prospects for the future. As a method of organisation, telework offers HRM a means of developing employee loyalty and attracting new talents. By itself, however, it cannot constitute a sufficiently significant source of gains to justify a massive implementation. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 3 Remerciements Ce travail est l'aboutissement d'un projet personnel qui n'aurait pu être réalisé sans l'appui et l'aide précieuse de nombreuses personnes. Parmi elles, et avant tout, je souhaite remercier ma tendre famille : mon mari et mes filles pour leur soutien, leur confiance, tout au long de mes études et leur résignation devant les nombreuses pizzas qu’ils ont du manger faute de mieux……….. Je tiens également à remercier tous mes amis et collègues qui ont fait appel à leur réseau professionnel pour me permettre d’obtenir des entretiens et qui m’ont conseillé. Un grand merci aussi à toutes les personnes qui ont accepté d’être interviewées permettant grâce à leur expérience de rendre ce travail proche de la réalité et lui donner toute sa substance. Je voudrais enfin saluer le travail de l'ensemble de l’équipe en charge du MBA de l’ENASS : François Ewald, Olivier de Lagarde, Anne Ramin et Martine Maillard et tous les intervenants pour m’avoir permis de profiter de cet enseignement de haut niveau favorisant l’ouverture d’esprit et la découverte. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 4 Le télétravail dans les sociétés d’assurances en France Exception ou Généralisation ? Résumé 2 Executive summary 3 Remerciements 4 Le télétravail dans les sociétés d’assurances en France : Exception ou Généralisation ? 5 Introduction 7 Eléments de méthodologie 14 TITRE 1 : Le télétravail en général : état des lieux 15 Chapitre 1 : Présentation du télétravail Section 1 : Aperçu de l’histoire du télétravail Section 2 : Les éléments statistiques sur le télétravail Section 3 : Définition du « profil type » du télétravailleur et de son entreprise 15 15 15 17 Chapitre 2 : Les enjeux du télétravail Section 1 : Les différentes formes du télétravail Section 2 : Les avantages du télétravail Section 3 : Les réticences et inquiétudes face au télétravail Section 4 : La position des syndicats face au télétravail 20 20 22 28 34 Chapitre 3 : Des expériences de télétravail réussies dans des domaines « hors assurances » Section 1 : Le télétravail un choix d’opportunité chez ACCOR Section 2 : l’expérience d’une société informatique : IBM Section 3 : le télétravail outil de réduction des coûts chez Renault Section 4 : Chez SFR & Téléperformance le télétravail est un outil de flexibilité 36 36 36 37 37 TITRE 2 : Le développement du télétravail dans le secteur des assurances 39 Chapitre 1 : Les expériences de télétravail dans le monde de l’Assurance et de la Protection Sociale : d’indéniables succès ……….. à petite échelle ! Section 1 : Les salariés télétravailleurs à domicile Section 2 : Salariés itinérants ou nomades 39 40 57 Chapitre 2 : Quelles sont les raisons du faible développement du télétravail dans le secteur des assurances ? Quel avenir pour le télétravail ? 60 Section 1 : Les pré requis technologiques et géographiques au développement du télétravail sont-ils remplis ? 60 Section 2 : Les raisons du faible niveau de développement actuel du télétravail 67 Section 3 : Quel avenir pour le télétravail dans les sociétés d’assurances ? 72 TITRE 3 : Préconisations pour la mise en œuvre du télétravail dans une entreprise d’assurance 75 Chapitre 1 : Le cadre juridique du télétravail Section 1 : Le cadre juridique du télétravail Section 2 : Comparaison des accords collectifs « hors assurances » versus « Assurances » 75 75 78 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 5 Section 3 : Eléments de jurisprudence 82 Chapitre 2 : Les bonnes pratiques du télétravail dans les sociétés d’assurances ou comment le mettre en place avec succès ? 85 Section 1 : Détermination des métiers éligibles au télétravail 86 Section 2 : Les aspects humains du télétravail 90 Section 3 : Les solutions technologiques disponibles 95 Conclusion 98 ANNEXES 100 Références bibliographiques 137 137 138 138 138 Webliographie (pages toutes vérifiées le 21 mars 2010) Livres Articles de Presse & revues Enquêtes et rapports Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 6 Introduction En France, le télétravail est devenu sujet à la mode ces dernières années voire ces derniers mois. Il avait déjà fait l’objet d’un premier rapport présenté le 10 novembre 2006 par Pierre Morel-A-l’Huissier, député de la Lozère, sur l’enjeu du télétravail dans la modernisation de l’économie française ; il a été traité dans le cadre du plan numérique 2012 et dans l’amendement présenté par MM les députés Decool et Gérard dans la loi relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement. Il a aussi été sous le feu des projecteurs lors du dépôt, le 8 avril 2009, de la proposition de loi de Jean-Frédéric Poisson « pour faciliter le maintien et la création d’emplois ». L’Assemblée Nationale a adopté en première lecture le 9 juin 20091 cette proposition de Loi avec 305 voix pour et 146 voix contre. Le Titre IV de cette proposition introduit la promotion du télétravail notamment en complétant par une section 4 le chapitre II du titre II du livre II de la première partie du code du travail. Le télétravail a aussi été l’objet de nombreux débats suite au dépôt en mai 2009 par le député Frédéric Lefebvre d’un amendement visant à permettre aux salariés de pouvoir continuer à travailler à domicile lorsqu'ils sont en arrêt maladie, en congé maternité ou en congé parental. Cet amendement a été rejeté le lundi 25 mai 2009 par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée. Ce texte avait été déposé dans le cadre de la proposition de loi émise par Jean-Frédéric Poisson. Enfin, pour anticiper l’arrivée de la pandémie grippale, le recours au télétravail était une des mesures préconisées dans ce cas par la circulaire ministérielle du 3 juillet 20092. Le choix de ce thème de réflexion n’a pas été influencé par le côté soudainement médiatique du télétravail ; bien au contraire, il résulte d’observations opérationnelles et d’interrogations faites sur le terrain. Les entreprises mettent chaque jour un peu plus l’accent sur la nécessité voire l’obligation de faire des gains de productivité, dans les services de production comme ailleurs. Le coût de la main d’œuvre est élevé et pèse sur les charges des entreprises. Gagner en productivité c’est économiser des « ETP » (équivalent temps plein), réduire sa masse salariale et/ou éviter de remplacer les départs à la retraite. Le coût des grèves de transport, dans les grandes agglomérations mais surtout en Ile de France, est rarement estimé. Pourtant, ces jours là, les arrivées tardives, les départs anticipés, la désorganisation des services, la fatigue des collaborateurs influe sur les résultats produits par l’entreprise. Le télétravail ne peut-il être une réponse adaptée à ces problématiques ? De grandes entreprises de l’industrie, des télécommunications, du tertiaire ont effectué ce choix et ont mis en place des expériences de télétravail : Air France, IBM France, 1 www.assemblee-nationale.fr N° 1610 / ASSEMBLÉE NATIONALE / CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 / TREIZIÈME LÉGISLATURE /Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 8/04/2009 2 Plan national de prévention et de lutte « pandémie grippale » et ses 6 fiches techniques. Circulaire B9 n°BCFF0919655C Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 7 Adecco, Alcatel, EDF-GDF, Bouygues Télécom, Renault, Michelin, Caisse d’épargne IDF mais aussi quelques groupes tels AXA, Groupama ou courtier comme Verspieren. Alors qu’économiquement, les assureurs jouent un rôle financier essentiel en participant au développement des entreprises et au financement des besoins publics (l’ensemble des placements des compagnies d’assurances - en valeur de marché - représente l’équivalent de 84 % du PIB en 2009), pourquoi en 2010 en France recense-t-on peu d’entreprises du secteur de l’assurance qui aient fait le choix du télétravail ? Qu’est ce qui explique ce retard ? Est-ce du à des problématiques techniques ? Les métiers de l’assurance sont-ils mal adaptés à ce type d’organisation ? Cela tient-il à des résistances culturelles de la part du management ? L’exercice de responsabilités managériales dans ce secteur au sein de services de gestion de prévoyance et de santé m’a permis de constater que le télétravail est un mode d’organisation aujourd’hui encore peu développé. Cela a entrainé un questionnement sur les raisons pouvant expliquer cette situation. Cette étude doit permettre d’apporter des éléments de réponses en partant des éléments généraux sur le télétravail et en faisant un focus sur le domaine des assurances afin de déterminer si cette pratique peut présenter un intérêt stratégique, économique et/ou social. Avant d’entrer dans le développement de cette étude, il est nécessaire de définir le télétravail et le télétravailleur. A la lecture des ouvrages et des articles de référence, il apparait qu’il n’existe pas de définition unique du télétravail. Ainsi, les contours du télétravail varient car le télétravail est multi dimensionnel3. Certaines définitions privilégient soit : • l’aspect technologique (arrivée des NTIC dans les années 80), • l’aspect géographique et la localisation du travail, • l’aspect temporel en se focalisant sur le temps passé au travail hors de l’entreprise Chaque auteur, défend une position particulière et s’interroge sur la pertinence des définitions précédentes. C’est en grande partie ce problème de définition et de délimitation du concept même du télétravail qui rend si difficile le comptage des télétravailleurs et la comparaison des statistiques. Il est important de retracer l’évolution du concept de télétravail pour en comprendre les nombreux aspects. Au début des années 1980, l’Institut de l’Audiovisuel et des Télécommunications en Europe (IDATE), proposait une définition large du télétravail : « travail réalisé par une entité (personne ou groupe) délocalisée, c’est-à-dire séparée de son établissement, et dont l’activité nécessite l’utilisation intensive de moyens de télécommunications ». 3 L. Taskin, P. Vendramin : le Télétravail une vague silencieuse novembre 2004 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 8 Environ dix ans plus tard, la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR)4 donne une autre définition du télétravail : « toute activité tertiaire dont le traitement s’effectue à distance de l’utilisateur dans des lieux structurés de façon industrielle et dont la vocation est d’utiliser les moyens de communication électroniques». Cette définition traite principalement de la problématique de l’aménagement du territoire en visant les télécentres plébiscités à cette époque. En 1993, la mission Thierry Breton dans un rapport au ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire et au ministre des Entreprises et du Développement économique, tente de dresser une définition juridique du télétravail : « Il s’agit d’une modalité d’organisation et/ou d’exécution d’un travail exercé à titre habituel, par une personne physique, dans les conditions cumulatives suivantes : • d’une part ce travail s’effectue à distance, c’est-à-dire hors des abords immédiats de l’endroit où le résultat de ce travail est attendu ; en dehors de toute possibilité physique pour le donneur d’ordre de surveiller l’exécution de la prestation par le télétravailleur • d’autre part, ce travail s’effectue au moyen de l’outil informatique et/ou des outils de télécommunications ; Il implique nécessairement la transmission au moyen d’une ou de plusieurs techniques de télécommunications au sens de l’article L32 du code des Postes et Télécommunications, y compris au moyen de systèmes informatiques de communication à distance des données utiles au salarié. » Avec cette définition, le cadre qui travaille parfois le soir ou le week-end sur son microordinateur ou le commercial qui maintient des contacts réguliers avec son entité de rattachement pour effectuer des transferts de fichiers, « ne sont pas qualifiés de télétravailleurs ». La définition du télétravail de Korte et Wynne (1996) est simple : « une activité professionnelle exercée en tout ou en partie à distance des locaux de l’employeur et faisant usage des technologies de l’information et de la communication ». Plus proche de nous, dans son article 1, l’Accord National Interprofessionnel – ANI signé le 19 juillet 20055, par l’ensemble des partenaires sociaux, transpose l’accordcadre européen du 16 juillet 2002. Il apporte une définition du télétravail inspirée de celle donnée par l’accord cadre européen : « le télétravail est défini comme une forme d’organisation et/ou de réalisation du travail, utilisant les technologies de l’information dans le cadre d’un contrat de travail et dans laquelle un travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, est effectué hors de ces locaux de façon régulière ». Certaines définitions traitent de toutes les dimensions du télétravail telle par exemple cette définition trouvée sur le site de l’anère6 (cabinet de conseil en management) : « modalité d'organisation et/ou d'exécution d'un travail qui s'effectue à distance, grâce à des moyens informatiques et/ou télématiques et impliquant la transmission de données. » Dans son rapport de 2006, le député Pierre Morel-à-Lhuissier reprend la définition du forum des droits sur l’internet « le télétravail peut être défini comme étant le travail qui 4 Lettre de la DATAR, décembre 1991, n°135. 5 Liaisons sociales n° 350 15/12/2005 texte de l’ANI en annexe 1 6 www.anere.com Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 9 s’effectue, dans le cadre d’un contrat de travail, au domicile ou à distance de l’environnement hiérarchique et de l’équipe du travailleur à l’aide des technologies de l’information et de la communication » tout en ajoutant que le « télétravail est d’abord une modalité d’organisation du travail, parmi d’autres et en concurrence avec d’autres ». Enfin, dernière étape en 2009, la proposition de loi « pour faciliter le maintien et la création d’emplois » propose d’inclure dans le code du travail (partie 1, Livre 2, Titre 2, chap. 2) « sans préjudice de l’application, s’il y a lieu, des dispositions du présent code protégeant les travailleurs à domicile, le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail, qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur, est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les technologies de l’information dans le cadre d’un contrat de travail ou d’un avenant à celui-ci ». Comme le souligne NicoleTurbé Suestens7, cette définition inclut les salariés « nomades ». Le fait de travailler à l’extérieur des locaux de l’entreprise ne suffit pas à conférer à un salarié la qualité de télétravailleur. Le caractère régulier exigé par la définition n’implique pas que le travail doit être réalisé en totalité hors de l’entreprise ». Cette définition est intéressante pour sa complétude permettant d’englober différentes formes de télétravail régulier. A la pluralité de définitions s’ajoutent la richesse du vocabulaire employé. Les termes Anglo-Saxons sont légions car historiquement la première apparition du télétravail se situe en Angleterre en 1962. Les termes fréquemment utilisés sont : « teleworking », « telecommuting », «e-working», «home working», «télématique». La définition du télétravail retenue dans le traitement de cette étude sera celle de l’Accord National Interprofessionnel : « Le télétravail est une forme d’organisation et/ou réalisation du travail, utilisant les technologies de l’information dans le cadre d’un contrat de travail et dans laquelle un travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux de l’employeur, est effectué hors de ces locaux de façon régulière ». Cet accord ANI rappelle que le principe d’égalité de traitement entre les télétravailleurs et les autres travailleurs doit être respecté. Il convient ensuite de définir le télétravailleur. Le télétravailleur est d’abord un travailleur " à distance " (télé signifie, en grec, " au loin, à distance "). Il n’est pas nécessairement connecté en permanence à un réseau informatique. Au sens de l’accord national interprofessionnel - ANI - article 1 c’est : « toute personne salariée de l’entreprise qui effectue, soit dés l’embauche, soit ultérieurement du télétravail tel que définit au 1er paragraphe de l’article 1 ou dans des conditions adaptées par un accord de branche ou d’entreprise en fonction de la réalité de leur 7 Lexbasehebdo 17/05/2007 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 10 champ d’application et précisant les catégories de salariés concernés ». Cette définition inclut les salariés nomades.8 Il y a donc dans cette définition un élément essentiel : l’affirmation du lien de subordination entre le salarié télétravailleur qui vend son temps de travail – comme tout salarié - et le met à disposition d’une entreprise, qui l’achète. Dans ce cas, la subordination est conservée. L’environnement propice au développement du télétravail est constitué essentiellement par la diffusion des technologies de l’information et de la communication (NTIC) Les NTIC représentent l'ensemble des technologies informatiques qui contribuent à une véritable révolution socioculturelle, surtout en raison de leurs applications économiques. Il s’agit d’un ensemble de technologies utilisées pour traiter, modifier et échanger de l'information, plus spécifiquement des données numérisées. La naissance des NTIC est due notamment à la convergence de l'informatique, des télécommunications et de l'audiovisuel. La diffusion de nouvelles technologies de l’information et de la communication, d’outils collaboratifs comme les messageries et agendas électroniques et la possibilité de se connecter à l’internet par voie mobile (téléphone, carte 3G) sont des facteurs indispensables au développement du télétravail. Les dernières innovations technologiques telles le "cloud computing" (nuage) offre des possibilités encore plus grandes de travaux collaboratifs puisqu’il fait référence à l'utilisation de la mémoire et de la capacité de calcul d'ordinateurs et de serveurs répartis dans le monde entier, et liés à travers un réseau. Les utilisateurs du « nuage » peuvent ainsi disposer d'une puissance informatique considérable et modulable. Ils produisent en ligne directement. Plus rien n'est stocké sur l'ordinateur, l'ensemble des informations sont produites, stockées, partagées, échangées, publiées, diffusées, modifiées, commentées, supprimées en ligne. Un simple navigateur suffit à se connecter et à naviguer dans les différents services proposés La diffusion de ces outils est plus rapide dans les très grandes entreprises que dans les PME/TPE où seulement 6% des ces entreprises pratiquent le télétravail9. Ces outils équipaient 83 % des entreprises d’au moins 2 000 salariés en janvier 2008. Or, les entreprises de plus de 1 000 salariés représentent 79,7% des effectifs de la branche professionnelle retraite complémentaire et prévoyance10. Il y a donc du potentiel de développement pour le télétravail dans ce secteur. En 2007, 66% de la population française était équipée d’au moins un ordinateur à son domicile, 17% étaient multi équipés.11 Le niveau d’équipement a continué de progresser, ces dernières années, il constitue un facteur facilitant au développement du télétravail car les individus sont familiarisés avec l’informatique et les nouvelles technologies. 8 RH&M N°33 Avril 2009 Recherches et prospectives p64 9 Enquête réalisée par le Cabinet Adwise « les TPE/PME et le télétravail » sept. 2009 10 Profil de branche 2008 Observatoire des métiers de l’assurance. 11 Source : Etude CREDOC – Enquêtes sur les « Conditions de vie et les Aspirations des Français » (2007) Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 11 Toutefois, ces statistiques cachent d’importantes disparités. Les trois principaux facteurs socio démographiques à l’origine des inégalités face à l’équipement informatique des foyers français sont : • le niveau de diplôme (qui est le facteur le plus déterminant) : 31% des nondiplômés sont équipés d’un ordinateur alors que les personnes diplômées de l’enseignement supérieur affichent un pourcentage trois fois supérieur avec un taux d’équipement de 89% en 2007 • le nombre de personnes présentes dans le foyer : 38% des personnes vivant seules ont un ordinateur alors que 85% des foyers (personnes vivant à 4 ou 5 personnes) disposent d’un équipement informatique • les revenus : Les personnes vivant dans un foyer qui a de faibles revenus affichent un taux d’équipement plus bas que la moyenne nationale. En revanche, 92% des titulaires des revenus les plus élevés sont équipés. Ce potentiel d’individus habitués et familiers avec la micro-informatique et ses outils ne cesse de grandir constituant « un vivier » pour le télétravail. La problématique traitée dans cette étude est la suivante : Quel est l’état des lieux du télétravail en France à la fois du point de vue global et du point de vue spécifique au secteur de l’assurance ? Quelles sont les raisons du faible développement du télétravail dans le secteur de l’assurance et, dans ce contexte, quelles sont les perspectives d’avenir du télétravail ? Quelles sont les préconisations pour une mise en œuvre réussie du télétravail dans une société d’assurance ? Pour répondre à ces questions, cette étude est construite en trois parties : La première partie (titre I) dans le chapitre I présente, à partir d’une revue de la littérature, le contexte du télétravail en général avec les avancées technologiques (section 1), les principales dates de l’histoire du télétravail (section 2), les statistiques en France et en Europe (section 3), le profil du télétravailleur « type » (section 4) ; le chapitre 2, traite du télétravail tous secteurs d’activité confondus avec ses enjeux pour les salariés et les employeurs comprenant les avantages et les inconvénients et la vision des syndicats. Dans un chapitre 3, sont décrits quelques exemples représentatifs d’une introduction réussie du télétravail dans des secteurs (téléphonie, industrie, ..) hors assurances. La seconde partie (titre II) explore exclusivement le télétravail dans le secteur des assurances. Le chapitre 1, par le biais d’exemples concrets recueillis au cours d’entretiens avec des assureurs, présente différentes expériences d’introduction réussie du télétravail. Le chapitre 2, après une étude sur l’existence des pré requis (section 1) propose des pistes de réflexion sur les raisons du niveau de développement actuel du télétravail dans le secteur de l’assurance (section 1) et offre une vision de l’avenir du télétravail (la section 3). Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 12 Enfin, la troisième partie (titre III) de l’étude est consacrée, elle aussi au secteur de l’assurance mais sous un angle plus opérationnel avec la proposition de recommandations. Dans le chapitre 1, elle présente le contexte juridique avec une comparaison d’accords collectifs du domaine des assurances versus d’autres domaines, ainsi que des éléments de jurisprudence. Dans le chapitre 2, figurent des préconisations opérationnelles pour la mise en place d’une démarche de télétravail dans le secteur des assurances avec la présentation d’une cartographie des métiers éligibles au télétravail et une analyse des facteurs humains et techniques. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 13 Eléments de méthodologie Compte tenu de l’étendue du sujet sur le télétravail, la réalisation de cette étude a nécessité de faire des choix en termes de périmètre traité et de méthodologie. L’objet de cette étude n’est pas de compiler la littérature généraliste, les rapports nombreux et variés publiés ces dernières années voire ces dernières semaines car cela n’aurait pas d’intérêt pour le lecteur professionnel du domaine de l’assurance. Elle ne constitue pas non plus un exposé sur le management à distance ou sur la sociologie du travail. Afin de se concentrer essentiellement sur le télétravail dans le secteur des assurances cette étude ne traite pas non plus du télétravail dans le secteur public (administration, enseignement…) ni des connexions aux services publics (télébanques….). Bien que le télétravail soit particulièrement développé en Europe du Nord et qu’il existe certainement en Belgique, au Danemark ou en Suède des entreprises d’assurances l’ayant mis en place avec succès, ces cas de télétravail n’ont pas été recherchés ni étudiés. Quant au télétravail dans les compagnies d’assurances à l’étranger, il a été très peu exploré (un seul cas). La spécificité de cette étude résulte dans la présentation de plusieurs entretiens réalisés - en face à face et /ou par téléphone et/ou par mail - avec des assureurs ayant mis en place le télétravail dans leur société ou avec des salariés ayant la qualité de télétravailleur ou encore la qualité de manager d’un ou plusieurs télétravailleurs. Les informations collectées pour illustrer les propos relatifs au secteur des assurances proviennent dans la majeure partie des cas d’entretiens en face à face ayant eu comme support un questionnaire préalablement envoyés aux interviewés. D’autres entretiens se sont déroulés par téléphone. Certains salariés interviewés n’ont pas souhaité que leur identité figure explicitement dans ce document. C’est pourquoi, seule la première lettre de leur nom de famille est précisée. Cette étude a un objectif concret et pragmatique mais elle ne prétend pas être exhaustive. Il existe nécessairement d’autres expériences en cours toutefois les personnes susceptibles de répondre n’ont pas souhaité s’exprimer. De même, aucun syndicat n’a accepté de répondre au questionnaire. Concernant les statistiques citées dans le chapitre 1 section 3, il faut signaler qu’elles sont relativement anciennes (antérieures à l’Accord National Interprofessionnel de 2005) et que cela peut introduire un biais dans leur interprétation. A notre connaissance, il ne semble pas exister d’études statistiques plus récentes. S’agissant des exemples de télétravail hors assurances, le choix a été volontairement fait de ne pas trop les détailler d’une part parce qu’ils ne constituent pas le cœur du sujet et d’autre part parce que la littérature est prolixe à leur sujet. . Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 14 TITRE 1 : Le télétravail en général : état des lieux Chapitre 1 : Présentation du télétravail Section 1 : Aperçu de l’histoire du télétravail Les premières expériences sur le télétravail furent lancées dans les années 1978-1980 en France. Une décennie avant aux Etats-Unis et en Angleterre. Malheureusement, elles ne rencontrèrent pas le succès escompté. Pourtant, de nombreuses études démontraient et encensaient déjà les vertus accordées au télétravail : solution à l’encombrement des villes (sujet récurrent en ce 21ème siècle), à l’organisation du travail en elle-même et à la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. S’il est admis de nos jours que le télétravail a connu un échec relatif dans les années 80 12 – dont les principaux facteurs ont été l’opposition des syndicats, le coût des technologies nouvelles - force est de constater que le télétravail globalement se développe depuis la fin des années 90. En préambule à ce paragraphe, il est intéressant de noter que finalement le télétravail est abordé dans les textes législatifs par différents biais le justifiant : • • • • soit l’environnement, soit le maintien ou la création d’emploi, soit les Plans de Continuité de l’Activité (PCA) soit la modernisation de l’économie D’où la difficulté du télétravail à trouver sa légitimité dans notre société comme s’il était nécessaire de réaffirmer ce mode de travail à chaque fois que l’occasion se présente sans qu’il y ait toutefois une réelle cohérence dans les démarches. Les dates détaillées de l’histoire du télétravail se trouvent en annexe13. Section 2 : Les éléments statistiques sur le télétravail Le rapport du centre d’analyse stratégique en se fondant sur la diffusion (adoption du télétravail et faisabilité) du télétravail a réparti les pays en 5 groupes du plus favorable au moins favorable au télétravail. Les pays d’Europe du Nord et les Etats-Unis sont en tête ; la France appartient au quatrième groupe avec encore beaucoup d’efforts à fournir pour sensibiliser employeurs et employés à la pratique du télétravail. 12 Valenduc et Vendramin, 1997 13 Cf. annexe n°2 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 15 2.1 - Les chiffres en Europe et aux Etats Unis Les pays européens proches de la France affichent des taux de télétravailleurs élevés : 15% pour l’Italie et la Grande-Bretagne ; entre 20% et 23% pour l’Allemagne, la Finlande, le Danemark, et plus de 25 % aux Pays Bas14. Les Etats-Unis comptent environ 25% de télétravailleurs.15 En terme d’évolution certains n’hésitent pas à tabler sur un bond de + 8 millions de travailleurs nomades européens entre 2008 et 2009 passant ainsi de 80 millions à 88 millions16. Selon Peter Johnston, chef d’unité de la Direction Générale de la Société de l’Information de la Commission européenne, « Les télétravailleurs sont maintenant un segment dynamique de la population active. L’augmentation importante de leur nombre fait d’eux une force sociale et économique significative. L’adoption de nouvelles organisations du travail sera le facteur décisif de la compétitivité du business européen dans la société de l’information ». 2.2 - Les chiffres en France En France, plusieurs enquêtes se succèdent : En décembre 2004, La Direction de l’animation de la recherche des études et des statistiques (DARES) publie une enquête sur le télétravail en France. A cette époque, en France, « 2% des salariés pratiquaient le télétravail à domicile (soit sur 22 millions de salariés, 440 000 personnes) et 5% le télétravail nomade (soit 1 100 000 salariés) »17. Aujourd’hui, la France compte un peu plus de 7% de télétravailleurs dans la population active soit 1,5 millions de salariés dont 2% sont travailleurs à domicile fixe ou en alternance et 5,4% sont des travailleurs nomades. La divergence dans le nombre de télétravailleurs référencés tient au fait que les employeurs ont la possibilité d’exclure leurs salariés nomades des statistiques.18 D’après l’Insee, 22 % des entreprises françaises disposant d’un ordinateur ont eu recours au télétravail en janvier 2008, contre 16 % un an avant. C’est dans le secteur tertiaire que le télétravail est le plus développé : dans les services liés aux TIC, 55 % des entreprises le pratiquent, et 49 % dans les services financiers. Le télétravail est aussi très présent dans les services aux entreprises, dans les prestations intellectuelles comme le conseil ou la publicité. Mais alors qui sont ces télétravailleurs ? A quelle catégorie socio professionnelle appartiennent-ils ? Quelles sociétés les emploient ? Les réponses à ces questions se trouvent dans le rapport de l’ECATT19 pour l’Europe et le rapport de la DARES pour la France. Elles sont détaillées ci-dessous. 14 Article revue Management septembre 2009 / Rapport parlementaire 2006 « du télétravail au travail mobile » 15 Repères RH - avril 2008 16 Les échos mardi 18 novembre 2008 17 DARES Premières synthèses décembre 2004 n°51-3 18 Rapport parlementaire 2006 Pierre Morel-A-Lhuissier « du télétravail au travail mobile » 19 ECATT rapport final “Bench marking telework and e commerce in Europe – août 2000” Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 16 Section 3 : Définition du « profil type » du télétravailleur et de son entreprise 3.1 - En Europe En Europe, d’après le rapport ECATT de 2000, le profil du télétravailleur européen serait le suivant : • Homme (75%) de 40 ans, sans enfant (40%) ou père d’enfants de plus de 6 ans (22%), • Niveau d’étude supérieur (60%) ou moyen (35%), • Travail dans la finance (20%), la distribution, les télécoms (20%) ou l’industrie (20%), • Salarié (57%) dans une entreprise de plus de 1000 personnes (36,4%), • Logement en milieu rural (40%), péri urbain (25%) à plus de 50 km de son lieu de travail normal (32% dont 21% à plus de 100 km), • Télétravailleur depuis plus de 2 ans (66,5% dont 44% depuis plus de 5 ans), • Dispose d’un accès au réseau de son entreprise (55%). 3.2 - En France En France, la première étude de la DARES en 2004, indique que les télétravailleurs sont essentiellement des salariés très qualifiés. • Concernant le télétravail nomade : 20% des cadres font du télétravail nomades, 9% des professions intermédiaires et 3% des employés • Concernant le télétravail à domicile : 10% des cadres peuvent être considérés comme télétravailleurs à domicile (4% fixes, 6% alternés) ; 2% des professions intermédiaires (1% fixes, 1% alterné) et moins de 1% des employés. • Répartition des télétravailleurs selon la catégorie socio professionnelle Les télétravailleurs se répartissent comme suit : 29,8% des cadres et ingénieurs télétravaillent, 11,3 % des professions intermédiaires, 3,6% des employés et 0,7% des ouvriers qui ne sont guère concernés par le télétravail. Ci-dessous ces télétravailleurs sont répartis selon la forme de télétravail pratiquée : Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 17 Le télétravail selon la catégorie socio professionnelle En % du total des salariés dans chaque catégorie Formes de télétravail Catégorie socio professionnelle Fixe à domicile Alternant à domicile Nomade Ingénieurs et cadres 3,7 6 20,1 Professions intermédiaires 1,1 1,2 9 Employés 0,6 0,3 2,7 Ouvriers 0 0,9 0,1 1,1 0,6 5,4 Ensemble Source : enquête PCV 1999-2003 Insee Dares • Répartition des télétravailleurs selon le sexe Cette enquête précise que les « femmes sont minoritaires parmi les télétravailleurs » permettant d’infirmer l’idée reçue selon laquelle les femmes choisissent le télétravail car elles ont des enfants et qu’elles souhaitent ainsi mieux concilier leur vie privée et leur vie professionnelle. Dans le télétravail basé à domicile, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes. Par contre, dans le télétravail effectué occasionnellement à partir du domicile, elles ne représentent qu’un tiers des télétravailleurs. Ainsi, les femmes se retrouvent donc plus fréquemment dans des situations isolées à domicile. Il n’y a pas de corrélation significative entre le fait de pratiquer le télétravail et la taille de la famille, le nombre ou l’âge des enfants, sauf dans un cas : celui des femmes qui pratiquent le télétravail basé à domicile (plus de 90% du temps). Les femmes ayant des enfants de moins de 6 ans sont proportionnellement surreprésentées dans cette catégorie, mais l’effectif est très faible. 10,2% des hommes déclarent télétravailler contre 4,1% de femmes répartis ainsi : Le télétravail selon le sexe En % sexe Homme Femme Fixe à domicile 1 0,9 Formes de télétravail Alternant à domicile 1,7 0,4 Nomade 7,5 2,8 Source : enquête PCV 1999-2003 Insee Dares Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 18 • Répartition des télétravailleurs selon le secteur d’activités Dans une récente étude20 l’INSEE indique « en France, c’est dans le secteur tertiaire que le télétravail est le plus développé : • 55 % des entreprises dans les services liés aux Nouvelles Technologie de l’Information et des Communications le pratiquent, • 49 % dans les services financiers. • le télétravail est aussi très présent dans les services aux entreprises, dans les prestations intellectuelles comme le conseil ou la publicité ». Le télétravail selon le secteur d'activité Secteur d'activité Fixe à domicile 1 Industrie manufacturière 0,6 Bâtiment - travaux publics 0,3 Transport - télécommunication 0 Commerce 2,9 Banques et Assurances 1,9 Services aux entreprises 0,9 Services aux particuliers Ensemble 0,9 Formes de télétravail Alternant à domicile Nomade 1,4 0,2 0,3 0,9 1,4 2,9 0,8 1,1 6 3 4,6 3,5 9,4 15,7 1,8 5,4 Source : enquête PCV 1999-2003 Insee Dares • Répartition des télétravailleurs selon la taille de l’entreprise Les grandes entreprises ont recours au télétravail beaucoup plus fréquemment que les très petites : 65 % des entreprises de 250 salariés et plus, contre 15 % des entreprises de 10 à 19 salariés ». 20 E-administration, télétravail, logiciels libres : quelques usages de l’internet dans les entreprises Mahmoud Jlassi, Xavier Niel, division Services, Insee 2008 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 19 Chapitre 2 : Les enjeux du télétravail Le télétravail est un mode d’organisation à la fois économique et social. • Économique d’abord car aujourd’hui son implémentation, au sein des entreprises, est très souvent motivée par des raisons économiques et financières. Le télétravail doit permettre des économies structurelles (immobiliers, …) augmenter la productivité des employés. • Social ensuite car il a des répercussions sur la vie professionnelle et même la vie privée des utilisateurs. Le télétravail est plus qu’un mode de travail, c’est un nouveau mode de vie qui demande une réorganisation des habitudes quotidiennes. Dans ce mode organisationnel qu’est le télétravail, les fondements sont l'obtention de l'efficacité, de la flexibilité dans la « production » à travers l'usage des Technologies de l'Information et de la Communication. Dans le fondement du capitalisme, le « temps vendu » à l’entreprise est l’équivalent d’une marchandise. Pendant ce temps acheté aux salariés, l’entreprise fait des profits qui rapportent plus à l’entreprise que ce qui est redistribué aux salariés (salaires, avantages…). Le télétravail touche au cœur même du salariat dans l’entreprise et aux relations dans l’entreprise. Section 1 : Les différentes formes du télétravail Le contour des formes d’exercice de télétravail est variable : pour certains, il existe 4 formes principales de télétravail salarié auxquelles s’ajoute une cinquième forme retenue par le projet ECATT (Electronic Commerce and Telework Trends) dans son rapport publié en 2000 par la Commission Européenne21 et une sixième concernant les centres d’appels22. Il faut distinguer le télétravailleur salarié d’une entreprise et le télétravailleur indépendant qui agit pour son propre compte. 1.1 - Le télétravail salarié Le salarié travaille à domicile grâce aux nouvelles technologies lui permettant un accès à son environnement de travail. Il existe 3 modalités : • Le télétravail au domicile exclusif et complet (comprenant des retours très ponctuels dans l’entreprise) • Le télétravail s’exerce alternativement dans l’entreprise et à domicile (retour dans l’entreprise à période régulière, souvent planifiée 2 à 3 jours par semaine) ; cette seconde forme s’appelle aussi le télétravail pendulaire23. Il peut concerne les développeurs/informaticiens, les webmasters, les documentalistes… 21 ECATT rapport final “Bench marking telework and e commerce in Europe – août 2000” 22 Telework et emerit n°27 décembre 2000 - janvier 2001 23 Rapport parlementaire 2006 Pierre Morel-A-Lhuissier « du télétravail au travail mobile » Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 20 • Le télétravail à domicile pour l’ensemble des salariés de l’entreprise laquelle ne possède ni ne loue de locaux. Les réunions s’organisent dans des lieux loués à cet effet ou bien virtuellement. 1.2 - Les télécentres Les premiers projets de télécentres remontent aux années 1990 en France Il s’agit d’un partage entre plusieurs entreprises de locaux professionnels mis à disposition de l’ensemble des salariés de ces entreprises. En règle générale ces espaces sont bien équipés en termes d’informatique. Les salariés disposent ainsi de postes de travail à partir desquels ils peuvent se mettre en lien avec leur propre entreprise. Cette forme de télétravail répond surtout à une problématique d’éloignement géographique et d’aménagement du territoire. A ce jour en 2010, environ trente structures sont recensées. Certaines sociétés (exemple : IBM) ont créé leurs propres télécentres avec un taux d’occupation d’environ 80%24. Les télécentres pourraient répondre aux attentes des nombreux salariés dans des zones urbaines ou péri urbaines mais à ce jour les projets de télécentres ne sont pas suffisamment encouragés par les pouvoirs publics pour bénéficier d’un développement important. 1.3 - Le travail en réseau Le salarié travaille sur un site géographique mais il dépend hiérarchiquement d’une direction localisée ailleurs ; le manager dirigeant des équipes localisées sur plusieurs sites. Cette situation se rencontre souvent lors de la réorganisation d’entreprise évitant ainsi le déménagement des salariés.25 C’est le réseau informatique qui maintiendra le lien entre les salariés. 1.4 - Le travail nomade ou travail mobile Cette forme de télétravail s’est développée grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Elle est pratiquée depuis longtemps par ceux qui exercent leur activité majoritairement à l’extérieur tels les commerciaux ; les techniciens. Elle est le prolongement « naturel » de l’activité du salarié. Le télétravailleur nomade dispose d’outils de communication évolués : ordinateur portable, téléphone mobile, PDA. Lorsque cela est possible, le salarié profite de ses temps de déplacements pour rédiger un compte rendu, envoyer un rapport. Il peut travailler dans des endroits différents (salons professionnels, hôtels, trains, chez son client…). 24 Mensuel 01informatique 7janvier 2010 25 Repères RH (avril 2008) et Télétravail et travail à domicile (G. MADOU 2006) Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 21 Rappelons ici que conformément à la définition contenue dans l’ANI de 2005, le seul fait de travailler à l’extérieur des locaux de l’entreprise ne suffit pas à conférer à un salarié la qualité de « télétravailleur ». 1.5 - Le télétravail indépendant Pour les entreprises recourir à des télétravailleurs indépendants est souvent plus simple que d’embaucher des salariés pour des missions ponctuelles nécessitant des compétences spécialisées. Pour l’entreprise, ce télétravailleur coute uniquement le prix du travail qu’il fournit et l’entreprise économise le local et l’équipement nécessaire au salarié pour télétravailler. Les métiers exercés par les télétravailleurs indépendants sont par exemple : la traduction, le graphisme, la vente et le conseil par téléphone ….. 1.6 - Les centres d’appels Parfois, les centres d’appels entrent dans les formes de télétravail en considérant que ces centres de contact sont des entreprises de travail à distance et de téléservices. Section 2 : Les avantages du télétravail 2.1 - Les avantages pour l’employeur 2.1.1 - Baisse des coûts (immobiliers, infrastructures, électricité, ….) : Pour un dirigeant d’entreprise, la volonté de réduire les coûts porte sur la diminution des charges fixes. Le télétravail pourrait constituer une des méthodes de réduction des charges fixes permettant, selon B. Schneider et N. Rosensohn26 « aux entreprises d’abandonner, de fait, les gouffres financiers et l’immobilisation de capitaux que représentent les immeubles ». En effet, depuis quelques années, dans certains cabinets de conseil, le télétravail se développe car la majorité du personnel passe l’essentiel de son temps en déplacements chez les clients. Dès lors, il devient possible d’optimiser le coût des mètres carrés d’immobilier en mettant en place un système de réservation des bureaux en fonction des besoins, fluctuants, de chacun. Toutefois, ces gains financiers sur les charges immobilières ne sont significatifs qu’à partir d’un certain seuil de nombres de télétravailleurs. Selon l’étude du centre d’analyse stratégique, pour faire 28% d’économie sur les coûts immobiliers il faudrait que 70% des salariés télétravaillent à raison de 2 jours par semaine ! Il faudrait donc que les entreprises d’assurances proposent la mise en place du télétravail à un nombre significatif de leurs salariés faute de quoi, la place libérée par quelques salariés deux jours par semaine, ne contribueront pas à la diminution des coûts immobiliers. 26 SCHNEIDER B. & ROSENSHOM N. (1997), Télétravail : Réalité ou espérance ?, Paris, PUF Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 22 2.1.2 - Amélioration des résultats : performance, productivité et réduction de l’absentéisme Geneviève Madou dans son ouvrage sur le télétravail et travail à domicile27 indique mais sans le quantifier que le télétravail génère des gains de productivité. Selon elle, le fait de pouvoir choisir ses horaires, organiser son temps de travail permet au salarié de faire preuve d’une plus grande concentration et donc d’être plus productif. L’accroissement de la productivité des télétravailleurs constitue certainement une motivation forte pour l’employeur. Cet accroissement s’explique par une efficacité accrue parfois mais pas systématiquement mesurée et observée D’après l’étude du cabinet d’analyse stratégique, « un faisceau concordant d’estimations à un niveau agrégé indique un effet globalement positif du télétravail sur la productivité ». D’après les exemples cités dans l’industrie, l’augmentation de productivité serait comprise entre 15% et 30%. Les exemples en assurances s’établissant plutôt à 20% sachant que la faiblesse numérique de l’échantillon ne permet pas d’en tirer de véritables conclusions, tout juste une tendance. Le même rapport cite une étude menée par le Danish Technological Institute selon laquelle « l’introduction d’une part de télétravail à domicile augmente la productivité totale de l’employé. Cette productivité est optimale pour 13 jours de télétravail par mois ». Cette augmentation de la productivité s’explique selon les personnes interviewées principalement par : Une étude menée par le CEFRIO28 (Centre francophone d'informatisation des organisations) a démontré que, même dans les cas où aucune norme supérieure de productivité n’a été établie pour les personnes en situation de télétravail, celles-ci affichent une productivité supérieure à celle des personnes travaillant au local habituel de l’employeur, un phénomène qui selon eux est confirmé par les résultats d’autres recherches sur le télétravail. Par contre, il est possible de déterminer les facteurs d’augmentation de la productivité : • Motivation accrue du télétravailleur du fait de l’augmentation de son taux de satisfaction au travail • Augmentation du nombre d’heures travaillées : les salariés, coupés de leur environnement de travail habituel, peuvent perdre la notion des horaires de bureaux classiques et travaillent ainsi parfois plus. • Flexibilité du temps de travail (répartition personnelle des heures travaillées) • La réduction du nombre de sollicitations externes « parasites » (bruits, sollicitations des collègues…….) • La diminution de la fatigue résultant de l’absence de trajet • La volonté de se montrer à la « hauteur » de la confiance accordée par le manager et de conserver cette liberté 27 G. Madou « télétravail et travail à domicile » – Ed. Du puits fleuri - juin 2006 28 LES SYNDICATS ET LE TÉLÉTRAVAIL Rapport de recherche http://www.cefrio.qc.ca/upload/1446_syndicat.pdf Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 23 La réduction de l’absentéisme est aussi souvent évoquée en corollaire de la mise en place du télétravail. Pourtant, les chiffres avancés (réduction pouvant aller jusqu’à 75%) sont eux aussi peu transposables d’une société à l’autre car ils dépendent de la structure, de la politique de ressources humaines. 2.1.3 - Image d’une entreprise innovante Pour certains dirigeants, le télétravail constitue le moyen de positionner l’entreprise sur le créneau de l’innovation. En effet, la mise en place de cette démarche nécessite de faire appel aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Plus récemment les entreprises qui investissent sur les possibilités offertes par le « Cloud Computing » accroissent leur image sur le créneau de l’innovation. 2.1.4 - Fidélisation des salariés et amélioration sociale La compétitivité d’une entreprise va dépendre de sa capacité à attirer et à retenir des « homme clé ». Une fois, le salarié clé recruté, il s’agit de le conserver et de le fidéliser. Les entreprises tentent donc d’offrir des conditions de travail intéressantes en comparaison de celles des concurrents. L’offre du télétravail au même titre qu’une couverture santé complémentaire ou qu’une retraite chapeau peut constituer un élément différenciant. Cette mesure peut se révéler gagnante lorsque les talents recrutés ou à recruter sont éloignés géographiquement de l’entreprise. La mise en place du télétravail peut contribuer au bien–être social des salariés. En effet, cette prise en compte des aspirations des collaborateurs constitue un moyen fort pour leur permettre de trouver une satisfaction accrue dans la réalisation de leur travail et les fidéliser. 2.2 - Les avantages pour le télétravailleur salarié 2.2.1- Aménagement entre temps professionnel et vie privée L’intensification du travail, soutenue par un marché de l’emploi en crise, amène les travailleurs à disposer de moins de temps disponible qu’auparavant. Ils recherchent, au travers de plus de flexibilité, un meilleur équilibre entre leurs temps de travail, de loisirs et de tâches domestiques. D’ailleurs, l’observatoire de la parentalité en entreprise29 dans son 1er baromètre paru en février 2009, apporte des éléments sur les attentes des Français en matière de conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée : • « 97 % des salariés-parents affirment que l’équilibre entre « vie professionnelle et vie familiale » constitue un « sujet de préoccupation important ». • « 72% d’entre eux considèrent que pour les «aider en tant que salariéparent», l’entreprise ou l’organisme dans lequel ils travaillent « ne fait pas beaucoup de choses ». 29 Observatoire de la parentalité en entreprise – contact e mail : presse@observatoire-parentalité.com Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 24 « Parmi les mesures attendues, les salariés-parents privilégient les aides financières (financement de la scolarité ; frais de garde des enfants) mais en termes d’organisation du travail, ils sont attachés à des règles permanentes : 25% citent le « travail à domicile et le télétravail30 » comme solution possible. Il faut noter qu’Axa Protection Financière et AVIVA sont signataires de cette charte de la parentalité ce qui laisse à penser que ce sujet fait partie des préoccupations de ces entreprises d’assurances. Or, il faut une implication et une conscience professionnelle forte pour rattraper les précieuses minutes perdues et effectuer le travail demandé par l’employeur. Le télétravail transforme la notion de la mesure du temps passé sur le lieu de travail. La difficile mesure du travail fourni entraine parfois le télétravailleur à se surinvestir pour compenser un sentiment de culpabilité vis-à vis de ses collègues. Le risque pouvant aller jusqu’à un temps plus important passé au travail se traduisant par une productivité accrue. 2.2.2 - Réduction du temps de transport et réduction du nombre d’accident de trajet domiciletravail. Le télétravail diminue le temps de trajet entre entreprise et domicile, voir il le supprime en cas de télétravail permanent à domicile. Dans les grandes villes, cet avantage est substantiel en termes de gain temps mais aussi en termes de réduction du stress engendré par le souci d’arriver en retard. Dans un article de la tribune31, intitulé « accord sur le stress au travail : que faut-il négocier ? », Jean-Claude Delgenes, Directeur du cabinet Technologia, cite le télétravail comme « une des mesures destinées à favoriser le bien être des travailleurs et notamment à réduire la fatigue liées aux transports ». A ce gain, s’ajoute la réduction du risque d’accident de la route. En effet, selon une récente enquête32, le risque routier représente 7,3% des accidents du travail et 8% des accidents mortels de la route (342 personnes en 2008). 90% des salariés sous estiment les risquent lors des trajets domicile-travail (conduite à risque telle que passage aux feux orange, téléphone, …..). Le télétravail permettrait de réduire ce nombre par le désencombrement des routes s’il venait à se développer de façon massive. 2.3 - Les avantages partagés par les deux parties : Le développement durable La principale caractéristique écologique du télétravail réside en la diminution des déplacements vers le lieu de travail qu’il pourrait induire. Selon Gérard Vallet, président de l’Association Nationale pour le Développement du Télétravail (ANDT) « aujourd’hui tout se mesure en économie carbone ». Aujourd’hui, nombreux sont les auteurs qui sont d’accord33 pour dire que le trajet domicile-lieu de travail n’apporte aucune valeur ajoutée au travail et qu’il constitue plutôt une nuisance affectant fortement la qualité de vie des salariés. Certains auteurs résument ainsi la journée d’un salarié parisien : « métro, boulot, dodo»34. 30 « Conciliation entre vie professionnelle et vie familiale » Quelles attentes les Français ont-ils vis-à-vis de l’entreprise ? Rapport page 16 31 La tribune 14/12/2009 point de vue Jean-Claude Delgènes 32 Sondage IFOP pour l’association « promotion et suivi de la sécurité routière » dans l’Argus de l’assurance – 27 novembre 2009 33 Rapport Pierre Morel-A-Lhuissier 2006 « du télétravail au travail mobile » 34 Expression inspirée d'un vers de Pierre Béarn dans son recueil de poésie Couleurs d'usine, paru en 1951 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 25 S’il y a une corrélation entre nombre de télétravailleurs et bénéfices écologiques du fait de la diminution des déplacements - entrainant une diminution de la pollution urbaine les impacts écologiques réels du télétravail sont difficiles à évaluer et restent modérés pour deux raisons principales : • Les travailleurs continuent de se déplacer dans les cas de télétravail nomade et pendulaire • Le nombre encore trop peu significatif des salariés en télétravail réduit l’impact de ses économies Au contraire même, le fait que le télétravail réduise la pollution environnementale relève du « mythe » (Fuchs, 2006). En effet, selon l'auteur, « les trajets liés à la pratique du travail ne représentent qu'une faible part des émissions de CO2 » émises par l'ensemble des activités industrielles. Par conséquent, l'influence du faible nombre de télétravailleurs par rapport à l'ensemble des actifs reste quasi nulle sur ces émissions de CO2. Et bien que « le secteur des Technologies de l'Information et de la Communication produisent moins d'émissions de CO2 que le reste de l'économie », son poids relativement peu considérable face aux autres secteurs ne permet pas d'avoir d'effets concrets sur l'environnement: « la combustion d'énergies fossiles telles que le pétrole reste l'activité dominante des économies industrielles modernes ». Sans aller aussi loin, les auteurs du rapport du centre d’analyse stratégique considère que « pour bénéficier des effets positifs du télétravail il faudrait une diffusion à grande échelle du télétravail soit entre 20% et 30% des salariés ». Or, en France, nous plafonnons à 7% de télétravailleurs. Ainsi, si le télétravail reste une organisation peu développée telle qu’aujourd’hui, son impact sur l’environnement le sera tout autant. Cet effet positif du télétravail sur le développement durable doit donc être pris avec précaution, et ne peut à lui seul justifier sa mise en œuvre. 2.4 - Les cas particuliers : Le télétravail pour les handicapés et les séniors : un sujet qui fait encore débat ! 2.4.1 - Les travailleurs handicapés Le télétravail à domicile peut, sous cette forme, constituer pour les travailleurs handicapés une alternative à l’absence d’activité professionnelle faute de pouvoir se déplacer facilement du fait des transports en commun et des lieux privés et publics encore mal aménagés (handicap lié à la vision, à la mobilité, …). Le télétravail peut favoriser le maintien à domicile des personnes handicapées psychiques (difficultés à vivre en société exemple : agoraphobie). La Loi du 11 février 200535 pour l’égalité des droits et des chances durcit les sanctions financières. A partir du 1er janvier 2010, les entreprises de plus de 20 salariés qui n’ont engagé aucune action positive en faveur de l’emploi des handicapés au cours des 3 années précédentes devront verser une contribution financière (1500 fois le smic horaire par salarié manquant)36. 35 Loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées 36 Argus de l’assurance – 4 décembre 2009 p 54 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 26 Un nouvel arrêté prévoit, qu’en cas de réalisation d’une action positive en faveur de l’emploi des handicapés, avant le 1er juillet 2010, les sanctions appliquées ne seront pas majorées comme prévu initialement. Même si de nombreuses sociétés d’assurances ont conclu, fin 2008, un accord de branche relatif à la mixité et à la diversité et sont donc peu concernées par ces sanctions financières, le télétravail à domicile peut, sous certaines conditions spécifiques de protection sociale et psychologiques, favoriser l’insertion ou le reclassement des personnes handicapées. En lien avec les médecins du travail et les travailleurs sociaux, il est possible d’aménager les postes de travail pour optimiser cette insertion et réduire les risques d’ordre psychologique et physique. A l’inverse, il existe une farouche opposition à cette forme d’organisation du travail au motif que le télétravail à domicile contribue à éloigner la personne handicapée du lien social et à la marginaliser. En tout état de cause, le télétravail ne peut régler à lui seul cette problématique ; il n’est qu’un moyen d’action offrant flexibilité et souplesse. Chaque situation doit être étudiée au cas par cas. 2.4.2 - Les séniors Depuis la Loi de finance de la Sécurité Sociale 2009, et le décret du 20 mai 2009, les entreprises de plus de 50 salariés doivent se doter d’un plan ou d’un accord sur l’emploi des séniors au risque d’une sanction de 1% de la masse salariale. L’emploi des 55-64 ans en France s’élève à 38 % alors que l’objectif européen est un taux d’emploi de 50%. L’Observatoire des Métiers de l’Assurance dans son rapport 2008, indique37 qu’en 2002, 54% de la population totale avait plus de 40 ans. En 2007, les 40 ans et plus représentaient 57.2%. Cette évolution traduit un alourdissement du vieillissement de la population de l’assurance dû à l’arrêt des systèmes de préretraite et au papy boom. La question se pose toutefois, des conditions d’exercice de ce travail (bien que n’étant pas pénible physiquement, il peut être stressant) et de l’employabilité des séniors. Les accords GPEC incluent souvent des actions de tutorat, de transmission des connaissances, d’accès à la formation spécifiques aux séniors. Le télétravail pourrait alléger le temps de déplacement des séniors en leur proposant d’effectuer une partie de leur mission, de leur formation (e-learning) ou des actions de transfert de connaissance depuis leur domicile. Mais là encore, le télétravail ne constitue qu’une modalité du maintien des séniors au travail. Bien que depuis son apparition, de formidables attentes soient nées de la pratique de télétravail, la réalité est autre et le télétravail peine encore à se développer. Nombreuses sont les recherches réalisées sur les difficultés rencontrées par les employés, mais aussi par leurs supérieurs hiérarchiques. 37 Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance rapport 2008 p20 et suivantes Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 27 Section 3 : Les réticences et inquiétudes face au télétravail Dans une société où le travail présentiel est la norme depuis des décennies, la rupture que le travail à distance impose reste bien souvent très difficile à surmonter pour les employés et les entreprises en général. Le télétravail, se démarquant totalement des autres organisations par sa conception du lieu de travail, impose de nouvelles formes de contrôle, de délégation, de responsabilisation, de relation et de communication dans les entreprises ainsi que des investissements financiers. Ces phénomènes complexes expliquent véritablement la réticence éprouvée par de nombreux salariés et donc l’utilisation restreinte du télétravail au sein des entreprises. 3.1 - Les réticences des employeurs 3.1.1 - Le management La mise en place du télétravail provoque nécessairement des changements de la relation entre employé et manager. Cette rupture avec le mode de management de proximité ancré dans les sociétés françaises constitue souvent un des freins au développement du télétravail. La relation hiérarchique est distendue en raison de cet éloignement ; le donneur d’ordre ne peut plus sentir qu’il a plus d’importance que ses subordonnés ni qu’il domine leur activité. La formalisation de ces nouvelles relations est nécessaire afin d’éviter tout malentendus et zones d’ombre susceptibles d’être à l’origine de conflits. Parmi les principaux freins au développement du télétravail, la réticence des managers est citée régulièrement. Ces derniers se refusent à instaurer une politique de télétravail, ayant notamment peur de perdre leur pouvoir de contrôle, leur autorité, du fait de l’absence de supervision physique de leurs employés. Comment superviser efficacement un collaborateur loin de soi physiquement ? Il est facile d’imaginer les résistances et les représentations pouvant survenir dans ce contexte. Tel ce salarié bordelais télétravailleur d’une société d’ingénierie informatique38 qui déclare : « les entreprises ont tardé à se lancer dans le télétravail à cause des managers qui aiment bien affirmer leur pouvoir par une prise en main physique ». Dans l’esprit du manager, la distance fragilise son « statut » et l’oblige à trouver d’autres moyens de s’affirmer. Cela lui demande un effort considérable pour repenser sa relation avec son subordonné et miser sur la confiance mutuelle. D’autant que depuis plusieurs années, le travail en mode projet (hiérarchie fonctionnelle, transversalité) fait la part belle à la collaboration entre salariés diminuant alors les interactions des collaborateurs avec leur responsable hiérarchique direct. Enfin, l’amour propre de certains managers « vielle école » peut se trouver mis à mal si la surface en m2 de son service se trouve réduite du fait de la mise en place du télétravail. 38 Article France soir 13 août 2009 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 28 Or, comment apprécier l’avancement du travail d’un télétravailleur puisqu’il n’y a plus constamment de présence ? L’éloignement du collaborateur semble rendre l’évaluation des compétences et le contrôle de l’activité plus complexe pour le manager. Le seul critère est celui du résultat du travail. Des formations à ces nouvelles méthodes de management s’imposent donc pour toute responsable candidat au télétravail de ses collaborateurs. 3.1.2 - La sécurité du système informatique et la protection des données Pour permettre le télétravail, le système informatique doit être suffisamment moderne et mature. L’entreprise doit être en capacité de régler les aspects techniques liés à la confidentialité, à la sécurité et aux accès. L’employeur doit assurer la protection des données personnelles utilisées et traitées par le télétravailleur à des fins professionnelles et ce dans le respect des prescriptions de la CNIL. L’employeur doit informer le télétravailleur des dispositions légales et des règles de l’entreprise en matière de protection des données et de leur confidentialité. Il est préférable que cette information se fasse avec un certain formalisme. Aujourd’hui, il est impossible d’être totalement certain qu’une connexion à distance est suffisamment sécurisée même si actuellement, les liaisons VPN sont les plus sûres. (cf. titre III). La complexité de cet aspect constitue un frein pour beaucoup de petites entreprises qui peuvent ne pas posséder en interne les compétences techniques et/ou informatiques suffisantes. 3.2 - Les réticences des télétravailleurs salariés 3.2.1 - La perte du lien social et du lien professionnel Les salariés sont nombreux à craindre ou à constater la distension du lien social résultant de l’utilisation du télétravail. La solitude, l’éloignement de la vie de l’entreprise et de son centre décisionnel sont régulièrement évoqués comme un frein important au choix du télétravail par le salarié. Il faut distinguer deux types d’isolement : • • L’isolement social L’isolement professionnel L’isolement social est uniquement visible dans le cadre du télétravail à domicile tel le « home working » où le télétravailleur reste « confiné » à son domicile. Il ne permet pas (ou très peu) à ces salariés de côtoyer d'autres collègues ou leurs supérieurs hiérarchiques. Une situation similaire se produit dans les « bureaux satellites », où l'employé rencontre chaque fois des personnes différentes, avec toutes les difficultés que cela peut entraîner pour tisser des contacts favorables à une éventuelle promotion professionnelle. Ces structures sont actuellement peu développées. Parfois, les travailleurs à domicile à plein temps sont oubliés pour les formations organisées dans les locaux du groupe auxquels ils sont rattachés et se trouvent ainsi privés d'opportunités importantes de progressions professionnelles. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 29 L’isolement professionnel est ressenti par les télétravailleurs qui éprouvent le sentiment de perdre une part du vécu collectif, de la culture de l’entreprise. La « perception de justice » ressentie par les télétravailleurs est exacerbée : sont-ils traités de façon juste lors de leur évaluation? Subissent-ils le même traitement que leurs autres collègues en situation professionnelle classique? Leur opinion est-elle prise en compte ? Cet isolement des autres membres de l’organisation induit intrinsèquement par le télétravail tend à appauvrir la communication entre les travailleurs, à réduire l’identité collective. Lorsque, à l’embauche, les salariés sont placés en télétravail (même pendulaire) la socialisation de ces personnels sera plus longue et le sentiment d’appartenance à l’entreprise difficile à construire faute de contact avec les collègues et la hiérarchie. De ces situations, il ressort globalement un sentiment d'isolement lié à l'absence de contacts avec les autres salariés et leurs supérieurs hiérarchiques. Tous les salariés ne sont pas prêts à assumer cet isolement. 3.2.2 - L’exigence de rigueur et d’autonomie Les salariés télétravailleurs doivent présenter de réelles qualités en termes d’autonomie, de rigueur pour se tenir à leurs tâches et résister aux fortes tentations résultant de la réalisation du télétravail à domicile. « Le télétravail suppose la maitrise de son autonomie »39 affirme Serge Le Roux, vice président de l’Association Française du Télétravail. Pourtant certains télétravailleurs avouent avoir du mal à faire la séparation entre vie familiale et vie professionnelle. Ils éprouvent des difficultés à rester concentrés sur leur travail quotidien « juste en fermant la porte du bureau » situé dans leur maison. Le domicile familial étant source de multiples problèmes à régler ou de tâches à accomplir, les actions périphériques et autres distractions nées de cette situation sont nombreuses et parfois difficile à gérer. Après tout, pourquoi empêcher le télétravailleur de passer quelques appels téléphoniques pour régler des problèmes administratifs liés à la vie de sa famille? Pourquoi celui-ci ne serait-il pas tenter par une pause télévision, par quelques minutes de détente à jouer avec ses enfants ? D’autant que légalement l’employeur est tenu d’accorder au moins 20 minutes de pause lorsque le temps de travail quotidien atteint 6 heures. Deux profils « type » s’opposent alors : • Le télétravailleur « en col blanc » cadre exerçant déjà ses activités avec une large autonomie et des responsabilités conséquentes n’utilise pas le levier du télétravail pour accroitre son autonomie. Pour lui, le télétravail est un outil facilitateur de sa vie professionnelle. • A l’inverse, pour les employés ayant déjà peu d’autonomie dans leur activité en présentiel, le télétravail reste inaccessible. Il pourrait même constituer dans ce cas, un facteur de stress et d’échec pour le salarié ne parvenant pas à s’autogérer. 39 Edition France Soir du jeudi 13 août 2009 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 30 3.2.3 - L’égalité des droits entre le télétravailleur et les autres salariés Le télétravail fait craindre aux salariés un traitement différent et inégal avec les autres salariés : crainte d’être oublié pour les promotions, les formations, les augmentations, les informations. Cette crainte rejoint l’idée que trop souvent le télétravail est associé à l’idée d’un travail « sous qualifié » et « sous estimé ». L’accord cadre européen insiste bien sur cette question d’égalité de traitement dans son article (relire l’accord cadre) Il est fondamental de garantir réglementairement cette égalité pour permettre le développement du télétravail. Toutefois, le risque d’abus ou de non respect entrainant la discrimination ne pourra jamais être totalement écarté sauf si le télétravail est reconnu comme une pratique gagnant-gagnant. 3.2.4 – Le contrôle de l’employeur au domicile du salarié L’employeur ne peut jamais pénétrer au domicile du salarié pour contrôler physiquement le travail effectué. Ce contrôle doit s’effectuer à distance. Pour pénétrer au domicile du salarié, l’employeur doit avoir recueilli au préalable l’accord du salarié sous peine d’encourir des sanctions civiles et pénales. 3.3 - Quelques réticences partagées à la fois par les salariés et les employeurs 3.3.1 - Le décompte et le contrôle du temps de travail Une autre difficulté du télétravail réside dans le fait que l’employeur a beaucoup de mal à suivre le temps passé par le salarié à son travail. Le lieu de travail unique rend le collaborateur visible (observation) et assure de sa présence (interaction entre individus). Ces deux points sont essentiels au contrôle managérial. L’employeur ne peut pas courir le risque d’amener le salarié à dépasser la durée légale du travail ; le contrôle du travail se réalise conformément aux règles du contrat de travail avec la mesure du temps travaillé. En effet, le recours au télétravail selon l’arrêté d’extension de l’accord National Interprofessionnel (ANI) du 19 juillet 2005 n’exonère pas l’employeur de respecter l’article L 212-1-1 du code du travail. En cas de litige sur l’existence ou le nombre d’heures travaillées, l’employeur doit fournir au juge les éléments de nature à justifier les horaires effectivement réalisés par le salarié. L’employeur doit s’assurer de la fiabilité du système de décompte des heures supplémentaires, même si le salarié gère librement ses horaires de travail. A l’inverse, l’employeur pourrait alors avoir la tentation d’imposer des temps de présence et des temps où le salarié est joignable pouvant empiéter sur le temps légal de repos. Ce temps de repos doit être de 11 heures consécutives minimum De son côté, le salarié en télétravail peut craindre que malgré l’interdiction, l’employeur soit tenté de contrôler son activité et de le surveiller sans l’informer (contrôles effectués à son insu). Les technologies actuelles permettent à l’employeur de suivre les connexions du salarié au réseau et aux applicatifs de l’entreprise. La durée de connexion peut être suivie par l’employeur et constitue un indice pour déterminer le temps de travail mais cette information reste difficile à contrôler. Le professeur JeanEmmanuel Ray40 précise que « la relation de confiance réciproque préside. » 40 Lexbasehebdo 17/05/2007 Ed. Sociale Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 31 3.3.2 - L’accident de travail Employeurs et salariés s’interrogent sur les conséquences des accidents du travail pouvant survenir pendant les périodes de travail à domicile. Le code de la Sécurité Sociale définit dans son article L411-1 l’accident du travail : « Est considéré comme accident du travail, quelle qu'en soit la cause, l'accident survenu par le fait ou à l'occasion du travail à toute personne salariée ou travaillant, à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs ou chefs d'entreprise ». Cet accident est réputé survenu par le fait et à l’occasion du travail, le salarié n’ayant pas à faire la preuve que la lésion dont il souffre est imputable au travail, à condition qu’il soit sous le contrôle de l’employeur. La jurisprudence des tribunaux caractérise l’accident du travail par l’existence d’un fait accidentel et d’un lien entre le fait accidentel et le travail. Lorsque ces deux conditions sont réunies la victime bénéficie de la présomption d’imputabilité. Actuellement, en l’état des textes, la présomption d’accident du travail ne s’applique pas lorsque l’accident survient au domicile. Le salarié qui déclare un accident de travail à son domicile devra prouver que l’accident est survenu pendant son activité professionnelle et du fait de celle-ci, puisque l’employeur n’est pas présent pour exercer son contrôle sur le salarié. Il peut y avoir des doutes sur la réalité des déclarations de celle-ci. C’est pourquoi, certains auteurs du forum des droits sur l’internet ainsi que le député Pierre Morel-A-Lhuissier préconisent l’introduction d’une présomption d’accidents du travail dans le code du travail. Les syndicats d’employés y sont aussi favorables. Le rapport du centre d’analyse stratégique propose la mise en place d’une phase d’expérimentation avant la généralisation. 3.3.3 - La réversibilité La clause de réversibilité - prévue à l’article 3 de l’ANI du 19 juillet 2005 - permet aux parties (télétravailleur et employeur) d’envisager la possibilité de mettre fin à l’exécution du télétravail au domicile, sur la demande de l’une ou l’autre, après un délai de prévenance raisonnable. La poursuite du contrat de travail, se fera dans les locaux de l’entreprise aux mêmes conditions que précédemment. Les salariés sont assez soucieux au regard de la mise en œuvre concrète de cette clause de réversibilité. Comment en effet, assurer qu’après plusieurs mois ou années en télétravail total, le retour sera réellement possible et permettra de remettre le salarié dans des conditions au moins identiques aux précédentes ? 3.3.4 - Les équipements Le télétravail requiert l’utilisation de nouveaux outils et donc engendre des frais de fonctionnement. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 32 a) Les frais des équipements Pour pouvoir télétravailler le salarié doit avoir à sa disposition le matériel nécessaire à l’exercice de son activité. L’équipement nécessaire est : • un ordinateur, • un écran 17’’ ou 22’’ • une connexion d’accès à distance sécurisée au réseau de l’entreprise pour accéder outre la messagerie électronique, aux ressources applicatives de l’entreprise • une ligne internet à haut débit • une ligne téléphonique professionnelle différente de la ligne privée • un bureau, • une imprimante, • une chaise, • un caisson, • une webcam L’ANI prévoit que l’employeur prend en charge dans tous les cas les coûts directement engendrés par le télétravail, en particuliers ceux des communications. La prise en charge des frais peut également faire l’objet d’un accord collectif tout en laissant une possibilité d’adaptation à chaque cas particulier. Si l’équipement est utilisé exclusivement dans un but professionnel, la règle de prise en charge est simple : il peut s’agir d’une avance sur frais avec une régularisation périodique, sur remise des factures acquittées par le salarié. Si le matériel est utilisé pour partie à titre professionnel et pour partie à titre personnel, deux solutions sont possibles : • soit une clé de répartition déterminée à l’avance, • soit le versement mensuel d’une somme forfaitaire, déterminée à l’avance, au titre de la prise en charge des frais professionnels. Les frais professionnels sont exclus de la base de calcul des cotisations sociales, de la CSG et CRDS lorsque l’employeur justifie de la réalité des dépenses engagées par le salarié (sous certaines conditions et limites). b) L’usage des équipements Une question reste en suspend qui concerne l’utilisation de ces équipements : le salarié peut-il utiliser les équipements mis à sa disposition par son employeur pour des besoins privés ? Afin d’éviter les litiges ces questions doivent être traitées dans le cadre de l’accord collectif et/ou de l’avenant au contrat de travail rédigé lors de la mise en place de cette mesure. Cette question a son importance car l’employeur selon le code du travail est responsable des fautes commises par son salarié pendant son temps de travail y compris l’usage que le salarié fait d’internet. (cf. article 1384 al 5 du code Civil). Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 33 Le salarié doit de son côté respecter l’obligation légale d’exécution de bonne foi de son contrat de travail (L 120-4 du code du travail) ; il peut être condamné s’il abuse de la confiance de son employeur - Cassation Criminelle 19 mai 2004 : un salarié est condamné pour avoir détourné son ordinateur et la connexion internet professionnelle de l’usage pour lequel ils avaient été mis à sa disposition41 - "Attendu qu’en l’état de ces énonciations, qui établissent que le prévenu a détourné son ordinateur et la connexion internet de l’usage pour lequel ils avaient été mis à sa disposition, la cour d’appel a justifié sa décision [condamnation pour abus de confiance] sans méconnaître les dispositions conventionnelles invoquées ». Section 4 : La position des syndicats face au télétravail Il manquera dans cette étude une rencontre avec un représentant syndical. En effet, malgré de nombreuses tentatives, la multiplication des contacts et les relances, aucun représentant syndical n’a souhaité s’exprimer sur ce sujet. Les informations figurant dans ce paragraphe sont donc issues de la littérature et les études consultées. En 2002, les principaux syndicats ont participé aux négociations au niveau européen, via la Confédération Européenne des Syndicats (CES). Selon Denis BERARD, consultant à l’ANACT42 (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) interviewé dans le cadre de cette étude, « le télétravail fonctionne sur le principe de la dispersion des salariés qui est contraire à la raison d’être des syndicats à savoir la défense collective des salariés ». En effet, l’institution syndicale a été mise en place pour défendre les conditions de travail de personnes salariées, rassemblées en grand nombre, sous un même lieu, travaillant sous une supervision étroite, à l’intérieur de plages horaires bien définies. Ce contexte crée les conditions indispensables au développement des solidarités nécessaires à l’action collective. En établissant de nouvelles conditions où les travailleurs se retrouvent seuls à leur domicile, sans supervision, capables de contrôler leurs horaires de travail et pouvant ainsi mieux concilier les exigences de leurs vies familiales et professionnelles, le télétravail transforme les fondements même du syndicalisme actuel. Les syndicats craignent que ce mode d’organisation du travail ne fasse qu’empirer la baisse du taux de syndicalisation amorcée en France depuis le milieu des années 1970. La France est aujourd'hui l'un des pays industrialisés qui compte le moins de syndiqués : seulement 8% des salariés adhèrent à un syndicat en 2004 d'après l'Insee, alors qu'ils étaient 22,8% en 1975. «Le télétravail c’est une laisse électronique » selon J. Thouvenel secrétaire général adjoint de la CFTC43. Les freins sont donc de nature organisationnelle ; les préjugés, les craintes et l’ignorance sont des facteurs essentiels défavorables à son développement. Les freins sont aussi de nature politique par crainte de perdre la substance de la « revendication syndicale » et enfin structurelle, du fait de la difficulté à mobiliser des salariés physiquement absents du lieu de travail. 41 COUR DE CASSATION, Chambre criminelle, 19 mai 2004 Jean-François L. c/ société Nortel Networks 42 Interview en annexe n°3 43 France-soir.fr jeudi 13 août 2009 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 34 Pourtant, l’accord national interprofessionnel du 19 juillet 2005 prévoit que les télétravailleurs ont les mêmes droits collectifs que les salariés en présentiel notamment en ce qui concerne leurs relations avec les représentants du personnel et l'accès aux informations syndicales, y compris par les intranets syndicaux. Le seul texte législatif spécifique, pour le moment, concernant l'utilisation de l'intranet par les organisations syndicales est l'article 52 de la loi n° 2004-391 du 4 mai 2004 qui a complété l'article L 412-8 du Code du travail. Un accord d'entreprise peut autoriser la mise à disposition des publications et tracts de nature syndicale, soit sur un site syndical mis en place sur l'intranet de l'entreprise, soit par diffusion sur la messagerie électronique de l'entreprise. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 35 Chapitre 3 : Des expériences de télétravail réussies dans des domaines « hors assurances » Les PME/PMI ont plus de difficultés à opter pour le télétravail et souvent communiquent moins sur ce sujet. Par contre, les expériences de certaines grandes entreprises Françaises ont été relayées par la presse. Certaines ont été pionnières sur ce sujet. Les exemples de réussite du télétravail ont été sélectionnés pour leur diversité en termes d’activités et de motivation. Section 1 : Le télétravail un choix d’opportunité chez ACCOR Cet exemple se situe en 1997 dans le groupe ACCOR. Un entretien44 avec une ancienne salariée de ce groupe a permis de mettre cette expérience en lumière. Cette expérience a duré huit mois. Le service comptable, vingt personnes, essentiellement constitué de femmes agents de maitrise, dans son intégralité fut mis en télétravail pendulaire suite à un problème de disponibilité de locaux dans le cadre d’un déménagement. Ces personnes réalisaient des tâches comptables (pointages et rapprochements). Cette organisation est à l’initiative d’un jeune cadre financier qui appréciait le côté novateur de cette solution et qui croyait en sa mise en œuvre. Ce fut une véritable révolution culturelle dans l’entreprise car «l’organisation avait été élaborée par les managers dont certains croyaient à des principes un peu archaïques de management : c’est la présence du manager qui garantit la productivité». Véronique POINGT responsable de la comptabilité, indique qu’à l’époque « les employés ont eu la volonté de réussir l’expérience. Naturellement ils ont acquis une autonomie plus grande, augmenté leur polyvalence et très certainement leur confiance en eux. Globalement cette période a donné une nouvelle impulsion au service et aux relations entre les personnes ». Section 2 : l’expérience d’une société informatique : IBM En 2004, IBM a mis en place le concept de « Dynamic Workplace » pour l’ensemble de ses collaborateurs : l’objectif était de « donner à tout employé la possibilité d’accéder à l’information et de travailler de partout et à tout moment s’il le désire ». En 2004, 30% de la population d’IBM était mobile (plus de bureau attitré). Les objectifs pour IBM étaient : • D’augmenter la productivité, • D’améliorer le service aux clients • D’améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des salariés pour retenir ou attirer les meilleurs éléments. • D’améliorer la flexibilité des horaires pour les employés 44 Entretien en annexe n°4 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 36 • De réduire le coût des immeubles. Le bilan interne fait apparaitre une quasi disparition de l’absentéisme et une amélioration de la productivité. Section 3 : le télétravail outil de réduction des coûts chez Renault Le 22 janvier 2007, Renault, l'un des fleurons de l'économie française, et son président Carlos Ghosn décidait de proposer à ses salariés de travailler depuis leurs domiciles et d'instaurer des bureaux partagés. Le télétravail à domicile mis en place est pendulaire : il peut durer de 2 à 4 jours par semaine, avec un jour au minimum dans l’entreprise. Au printemps 2007, le nombre de télétravailleurs s’élevait à 300 personnes ce qui est assez important dans une entreprise dont ce n’est pas la tradition. Cette démarche s'inscrivait dans un plan de réduction drastique des coûts. L’introduction du télétravail dans les entreprises permet en effet à ces dernières de bénéficier d’avantages financiers conséquents. Les réductions des coûts fixes immobiliers sont avant tout la motivation financière majeure du passage au télétravail. Renault en est un bon exemple – l’objectif de réduction des coûts de fonctionnement (immobilier, équipements des bureaux, électricité...) était de 25%. Le constructeur automobile cherchait également à redorer son image en introduisant une manière de travailler beaucoup plus flexible et apparemment moins contraignante pour ses cadres. Une enquête interne menée auprès de ces salariés montre un degré de satisfaction assez important. Section 4 : Chez SFR & Téléperformance le télétravail est un outil de flexibilité La société de téléphonie, SFR, expérimente45, avec son prestataire Téléperformance, le télétravail pour les collaborateurs des centres de contact. SFR donne la possibilité à ses téléconseillers de traiter les appels à leur domicile. Au second semestre 2009, 5% de l’effectif sera concerné par cette forme d’organisation. Pour l’opérateur, c’est l’occasion d’attirer des profils pointus, de rendre l’organisation plus flexible car « les besoins en personnel sont plus fréquent le matin et le soir » d’après Dominique Rémond, PDG de SFR Service client. Pour Jean-François Guillot, président de Téléperformance France, « le conseiller peut plus facilement concilier vie privée et vie professionnelle ». Par ailleurs, SFR envisage plus aisément l’intégration de collaborateurs handicapés. Si les essais sont concluants, SFR pense proposer cette organisation aux plateaux téléphoniques interne tout en précisant que cela doit rester une offre complémentaire en termes d’organisation du travail. Cette expérience est intéressante car elle est : • Récente dans sa mise en œuvre (les nouvelles technologies utilisées sont celles du moment) 45 Relation client magazine N°81 juin-août 2009 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 37 • Le métier des salariés de la société Téléperformance est identique à celui exercé dans les centres de contact des compagnies d’assurances. Cette expérience prouve que les barrières techniques peuvent être levées et que les centres de contact des assureurs pourraient mettre en place le télétravail. En synthèse de cette première partie, le télétravail, sujet d’étude et d’expérimentation depuis une trentaine d’années continue de susciter engouement et polémique. Ses nombreux avantages (augmentation de la productivité, respect vie professionnelle/ vie privée) n’ont d’égal que ses inconvénients importants (isolement, perte de contrôle). Les avis sur le télétravail sont partagés, les syndicats encore réticents et malgré des expériences réussies dans de nombreux secteurs activités (industrie, télécommunication,…), le télétravail tarde à se développer. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 38 TITRE 2 : Le développement du télétravail dans le secteur des assurances Après avoir présenté dans le titre 1 le contexte du télétravail en général et avoir apporté un éclairage sur ses avantages et ses inconvénients pour chacune des parties ; il est nécessaire de l’étudier dans le contexte du secteur de l’assurance. Quelles sont les expériences de télétravail dans les compagnies d’assurance à ce jour ? Quelles sont les raisons du niveau de développement actuel? Quel avenir pour le télétravail dans les sociétés d’assurances ? Dans cette partie, il convient tout d’abord de présenter les expériences opérationnelles recensées au cours de cette étude (cette étude n’est pas exhaustive ; il existe d’autres expériences de télétravail chez MAAF, Solly Azar, mais il n’a pas été possible d’interviewer les personnes concernées) ; il faut ensuite s’interroger sur les raisons du niveau développement pour enfin proposer une vision de l’avenir du télétravail dans les compagnies d’assurances. Chapitre 1 : Les expériences de télétravail dans le monde de l’Assurance et de la Protection Sociale : d’indéniables succès ……….. à petite échelle ! Il a été assez complexe de trouver des exemples d’expériences variées de télétravail dans le secteur de l’assurance. En effet, aucune expérience de télétravail dans des télécentres mis en place par des sociétés d’assurances n’a pu être trouvée. La majorité des exemples décrits dans ce document concerne le télétravail pendulaire à domicile et deux concernent le télétravail nomade. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 39 Dix entreprises ont réussi l’introduction du télétravail dans leur organisation. Il s’agit d’entreprises assez représentatives de la diversité du secteur de l’assurance : Assureurs, IP, Fédération de Mutuelles, bancassureur. La Caisse des Dépôts et Consignations n’est pas à proprement parler une société d’assurances. Toutefois, une de ses Directions, la Direction des Retraites a une activité proche de celle pratiquée par un groupe de protection sociale tel le Groupe Malakoff Médéric. A ce titre, son classement dans cette partie du plan est légitime. Section 1 : Les salariés télétravailleurs à domicile 1.1 - La MACSF La MACSF Groupe est à ce jour le 1er assureur français des professions de santé et à la 18ème place du classement des groupes d'assurance sur le marché français46. A la MACSF, « la valeur qui cimente l'ensemble des actions, c’est la confiance. Elle est le « liant » mais elle en est aussi le moteur. Voilà des décennies que la MACSF en expérimente les bienfaits car c'est elle qui leur permet de surmonter les difficultés et de progresser »47. 46 MACSF Source : La Tribune de l’assurance, novembre 2008 47 Site MACSF www.macsf.fr Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 40 Une rencontre avec Philippe PICARD, Directeur du Marketing - à l’origine de la mise en place du télétravail dans son entreprise - et d’une de ses collaboratrices en télétravail a enrichi cette étude. Philippe PICARD indique que ce projet a fait l’objet d’une période de test pendant 1 an en 2008 et qu’il a ensuite été validé ; les partenaires sociaux ont été associés en amont dés la phase de tests ; le climat social de l’entreprise est paisible ce qui a favorisé la mise en place de cette démarche. La population concernée par le test est volontaire au télétravail ; elle est répartie entre : • • 6 téléconseillers (relation client) à 100% de leur temps au téléphone 6 gestionnaires à 50 % de leur temps en gestion de sinistres IARD et à 50% au téléphone L’option retenue par toutes les parties est le télétravail pendulaire avec deux jours non consécutifs à domicile. La mise en œuvre s’est déroulée par la rédaction d’un avenant au contrat de travail Le badgeage se fait lors de la connexion téléphonique. L’offre d’accès au réseau de l’entreprise par le télétravailleur se fait de manière identique à ceux des salariés en présentiel. Les salariés ne sont pas financièrement incités (prime) à choisir le télétravail. Des réunions traitant de la mise en place du télétravail se tiennent régulièrement (environ tous les 10 jours). Les télétravailleurs bénéficient d’un support technique en ligne dédié avec des techniciens informatiques qui peuvent intervenir sur les postes à distance. La MACSF a missionné un expert interne en assurances habitation pour vérifier la conformité aux normes de l’installation électrique du domicile du télétravailleur. Des tests d’éligibilité à l’ADSL sont effectués. Orange installe la ligne pro et Cegetel s’occupe de la programmation. Ce lien ADSL domicile-société est financé par l’entreprise. L’entreprise exige que le télétravailleur possède une pièce calme, dédiée au télétravail afin qu’il n’y ait aucune perturbation avec des bruits domestiques pouvant être entendus par le client au téléphone. L’entreprise a aussi fourni un siège ergonomique et un ordinateur. Par contre, aucune imprimante n’est fournie ; les courriers sont imprimés au siège. Des outils de Gestion Electronique de Documents (GED) et « Workflow » sont accessibles aux télétravailleurs qui possèdent deux écrans de 17’’. Les courriers traités sont envoyés en batch au siège pour traitement par les autres collègues. Les téléconseillers utilisent un casque téléphonique branché en USB sur les unités centrales. L’ensemble des communications arrivent sur les plateformes téléphoniques de Paris, Lyon, Lille et Bordeaux et sont redistribués sur les postes de travail en présentiel et à domicile. Philippe PICARD insiste sur l’importance de la formation dispensée dans le cadre de ce projet : Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 41 • • • • Formation des managers au mode de management à distance Formation à la gestion de l’activité quand on est seul (organisation du temps) Formation pour réparer seul « les petites pannes » pouvant survenir pendant l’activité Formation au matériel informatique et téléphonique Le point remarquable dans cet exemple réside dans l’adhésion et le soutien de la Direction de la MACSF à ce projet. De plus, ce projet n’a pas été mis en place pour faire des économies de M2 (pas de calcul de ROI) mais au contraire pour : • • • positionner l’entreprise comme un « employeur de choix » c'est-à-dire un employeur qui fidélise ses salariés, attire de nouveaux talents par le recrutement. satisfaire les clients finaux en termes de qualité de service être précurseur sur un dispositif innovant. D’après Philippe PICARD, ce dispositif repose « essentiellement sur la confiance mutuelle entre manager et salarié télétravailleur : les gains de productivité se font naturellement ». Il n’y a pas d’objectifs individuels quantitatifs (taux de prise d’appels, nombre de dossiers sinistre à traiter) spécifiques pour les télétravailleurs. Leur activité est comparée à la moyenne de l’activité des autres collaborateurs du service. Philippe PICARD précise que les « stocks moyens de courriers et les stocks moyens de relances informatiques - pendant la période de télétravail - sont inférieurs à la moyenne de référence des 12 mois précédents le télétravail ». En revanche, un objectif individuel qualitatif est imposé : • le taux de satisfaction client. Il est mesuré par l’envoi d’un questionnaire de satisfaction à chaque assuré à l’issue de l’appel téléphonique et traité ensuite en interne. Il ressort de l’étude des questionnaires que la « Satisfaction sociétaire - pendant la période de télétravail - est supérieure (pour 3 questionnaires sur 5) à la moyenne de référence des 12 mois précédents le télétravail » Des entretiens mensuels avec le manager direct sont planifiés. A cette occasion, les résultats des télétravailleurs sont examinés et commentés, les difficultés rencontrées sont analysées pour résolution immédiate ou ultérieure. Entretien réalisé auprès d’une télétravailleuse : Catherine PINA Catherine PINA, télétravailleuse, est gestionnaire à la Direction de la souscription où elle vend des contrats IARD, Prévoyance et garantie financière par téléphone. Parmi les avantages retenus par Catherine figurent : • • le gain en temps de transport, la réduction du stress Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 42 • l’amélioration de son confort de vie. En effet, sur la plateforme téléphonique dans l’entreprise, la fin de la journée travaillée est prévue à 18h30 heure assez tardive à laquelle s’ajoute le temps de transport du retour d’une heure en moyenne. Catherine PINA fait partie des 5 volontaires pour participer au premier dispositif pilote. Elle répond alors à un questionnaire afin de déterminer si elle a le profil pour télétravailler. Le DRH et le responsable de Catherine donne aussi leur accord. Selon elle, le contact avec le management n’est pas différent de celui en présentiel. Les réunions sont planifiées les jours de présence physique et cela ne pose aucune difficulté particulière. Il s’agit de s’organiser en conséquence. Par contre, il est indispensable d’être sérieux et motivé pour devenir télétravailleurs. Il faut faire preuve de débrouillardise notamment quand les problèmes techniques surviennent et de souplesse (capacité d’adaptation). Catherine PINA évoque aussi le principal inconvénient qu’elle a rencontré : « le manque de contact avec ses collègues entrainant un sentiment d’isolement auquel elle a dû s’habituer ». Philippe PICARD a accepté d’enrichir cette étude en fournissant les graphiques cidessous qui sont extraits d’un bilan interne mené sur la période de référence du télétravail48. Questions posées aux télétravailleurs : Ce que vous avez du gérer de particulier du fait de ce nouveau mode de travail ? Aménager un espace de travail au domicile 100 Être seul face aux situations imprévues 100 Se passer de la présence de ses collègues 89 Préserver un esprit d’équipe 100 Garder le même niveau d’information qu’en entreprise 100 100 Trouver un niveau de relation adapté avec son manager Problèmes techniques 33 Résolu Non Résolu Source : MACSF 48 Ces éléments chiffrés sont fournis par la MACSF Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 43 Ce que le télétravail a changé dans votre activité ? Plus de calme 100 Moins de stress 62 Moins de fatigue 100 Travail de meilleure qualité 38 Plus de travail effectué 62 Amélioration de la vie privée/sociale 62 100 Motivation Cité positivement Pas de changement Cité négativement Source : MACSF Ces deux graphiques ci-dessus confirment les propos de Catherine PINA. Les télétravailleurs trouvent un réel intérêt à ce mode d’organisation, même si parfois, les problèmes techniques rencontrés viennent ternir leur quotidien. Sur le graphique ci-dessous, la MACSF a analysé l’activité téléphonique de 3 collaborateurs en télétravail. (0 est la moyenne des appels pris sur les 12 derniers mois). 14 12 10 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 Siège Télétravail Avril Mai Juin Juillet Aout Source : MACSF Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 44 Le niveau de prise d’appels des collaborateurs, après la nécessaire période d’adaptation, est sensiblement supérieur à celui des collaborateurs du siège. Les propos de managers ayant des collaborateurs en télétravail ont été recueillis et sont retranscrits ci-dessous : • Les apports : o « Elément de motivation » o « Moins de stress et de fatigue » o « Conditions de travail améliorées impact positif sur la concentration et la qualité de vie » o « Limitation de l’impact de la grève des transports pour l’entreprise et le taux de décroché et le service client maintenu » • Les difficultés : o « Incidents téléphoniques et techniques » o « Perte de temps liés à la manipulation du matériel » 1.2 - AXA FRANCE et AXA CANADA AXA France49, leader sur son marché, doit son succès à l’expertise de ses réseaux commerciaux, à la proximité de ses équipes en interne, à la relation de confiance entretenue chaque jour avec ses 9 millions de clients. Sa politique est résolument axée sur l’innovation produit, commercialisée sous une marque unique. AXA France a pour ambition de devenir l’assureur préféré des Français à l’horizon 2012. La rencontre avec José MILANO, Directeur des Ressources Humaines d’AXA France a été particulièrement enrichissante dans la description de la mise en œuvre du télétravail au sein d’Axa France qui s’est déroulée en 3 étapes : 1. Fin de la décennie 90, plusieurs accords sont signés ; ils portent sur des populations peu nombreuses (19 personnes en règlement de sinistre IARD sur des tâches administratives). Ce dispositif a été réalisé dans le cadre de la fermeture de plusieurs petits bureaux de province. 2. Une seconde phase débute entre octobre 2008 et décembre 2009. L’accord sur le télétravail est introduit dans les accords Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) A cette époque, cette mise en place résulte de deux constats: • • l’intensification des conditions d’exercice des métiers de l’assurance pour les collaborateurs d’Axa France (objectifs de productivité, de qualité de service) l’allongement du temps de transport de nombreux collaborateurs suite au déménagement du siège de l’entreprise en périphérie de Paris (Nanterre) et à l’installation de bureaux dans le 94 (Val de Fontenay) 49 Site internet www.axa.fr Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 45 Ainsi cette mesure a pour but d’atténuer la «contrainte» des conditions de travail pour certains salariés. 25 collaborateurs supplémentaires - par rapport à la phase précédente - sur plusieurs métiers (opérationnels et fonctionnels) se voient proposer le télétravail. Il s’agit alors d’une population avec une majorité de non cadres (17) et seulement 8 cadres. La forme retenue est le télétravail pendulaire à domicile pendant 2 ou 3 jours par semaine. Les syndicats sont plutôt opposés à ce choix d’organisation mais ils savent aussi que cette organisation présente des avantages pour les salariés concernés par cette mesure. Le management constate une augmentation de la productivité (environ 25%) et l’ensemble des collaborateurs interrogés semble satisfait. 3. Pour la période 2010-2012, de nouvelles négociations sont entreprises. La contractualisation et la transparence prévalent dans les relations de la Direction d’Axa avec les syndicats. Cette mise en place répond à une demande des collaborateurs qui sont volontaires ; sachant que les salariés à temps partiel ne sont pas éligibles au télétravail. Le management trie les candidatures des volontaires pour ne retenir que ceux qui développent à la fois une expertise métier (compétence forte) et de réelles qualités d’autonomie professionnelles. L’accord sur le télétravail en cours de négociation pourrait concerner jusqu’à 200 salariés soit 2% de l’effectif administratif total d’Axa France. La société prend en charge 50 % du coût de la connexion ADSL du salarié. La configuration du poste de travail au domicile du télétravailleur est identique à celle d’un poste de travail au siège. Les postes fonctionnent sous citrix. L’entreprise peut, à cette occasion, réduire un peu le coût en m2 dans les locaux de Nanterre. Selon José MILANO, le télétravail, s’applique bien à des tâches mesurables celles du travail prescrit telles que la gestion de sinistres, les encaissements, le recouvrement. La numérisation des documents rend ce choix totalement gérable. D’après José MILANO, de façon plus générale, le télétravail ne constitue pas encore un modèle d’organisation de l’entreprise ; il répond avant tout à des problématiques individuelles. Il constate une « croissance des demandes des collaborateurs pour ce mode d’organisation ». C’est un facteur de rétention des salariés et un élément de « renouvellement de l’implicite du contrat de travail » consistant à dire que plus les performances du télétravailleur sont augmentées plus il gagne de souplesse en contrepartie. Le télétravail participe à l’individualisation de la relation d’emploi ; il devient un élément de motivation pour le salarié. Le second retour d’expérience chez AXA a été obtenu par mail auprès d’un responsable d’AXA Canada Jules FORTIN50, Directeur des opérations, Sélection des risques Assurance de personnes, qui a accepté de fournir des renseignements sur les pratiques du télétravail dans son pays. AXA Canada a commencé une expérience de télétravail en février 2007 sur le métier de la tarification des risques en assurances vie et en automobile. 50 Cf. Entretien annexe n°5 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 46 Les 19 tarificatrices concernées effectuent leur travail de sélection des risques en utilisant une connexion externe - via Citrix - pour accéder aux dossiers des prospects ou des assurés. Cette expérience se poursuit encore à ce jour. Ce sont majoritairement des femmes qui télétravaillent ; elles ont le statut d’employé ; il y a aussi des consultants externes (équivalent à notre notion française d’intérimaire). Ces employées sont géographiquement assez éloignées de leur lieu de travail : en moyenne 20 km pour certaines et 300 km pour les consultants. Les tarificatrices sont en télétravail pendulaire à domicile 4 jours par semaine et les consultants sont en télétravail complet. Le contenu du travail effectué est en tout point identique à celui réalisé par les tarificateurs en présentiel car tous les dossiers entrants et les pièces complémentaires sont numérisés et mis à disposition des tarificateurs sur les serveurs de l’entreprise. Jules FORTIN indique que lors de la mise en place, ils ont « rencontré de nombreux problèmes de connexion informatique », mais qu’après quelques temps, ces difficultés sont devenues marginales. AXA Canada a pris en charge le coût de l’équipement du télétravailleur tel que l’ordinateur, l’imprimante, le téléphone cellulaire la connexion internet. L’entreprise déduit ensuite ces frais dans ses charges. A l’image des autres sociétés ayant développé le télétravail, le rôle d’ « input » de la Direction Générale et son soutien ont été déterminant, selon Jules FORTIN, pour la réussite de cette organisation. Les résultats constatés sont positifs et convergents avec ceux constatés dans d’autres structures du groupe à savoir : • • • • Une productivité accrue de 20 à 30% Un contrôle des dossiers allégé (tâches très automatisées) Une satisfaction client identique à celle des clients gérés au siège (mesure quotidienne de la satisfaction) Des économies de places : environ 100 Pieds carrés51 (soit 9,29 m2) par employé. D’après Jules FORTIN, Axa Canada souhaite poursuivre le développement de ce mode d’organisation afin de rester « compétitifs et attractifs au niveau du recrutement de nouveaux tarificateurs, car, au Canada, le travail à domicile est très fréquent, les autres compétiteurs offrent aussi du travail à domicile à leurs tarificateurs. De plus, l’augmentation de la productivité individuelle constitue un avantage significatif». 51 www.convertworld.com/fr/superficie/Pied+carr%C3%A9.html Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 47 1.3 - Le cabinet de courtage Verspieren Société éponyme à capitaux familiaux, Verspieren52, courtier généraliste a diversifié ses activités pour intervenir dans tous les registres de son métier – assurance, réassurance et courtage en gros. Son développement s'appuie sur trois leviers de croissance : ses forces commerciales, l'acquisition de structures spécialisées et la création de sociétés aux concepts novateurs. En mai 2008, le responsable de la direction expertises sectorielles, soucieux du bienêtre de son personnel et attiré par l’aspect innovant du projet propose la mise en place du télétravail pendulaire à quelques uns de ses salariés gestionnaires production de prévoyance individuelle ou de flottes automobiles. Deux entretiens ont été réalisés53 : • Angélique SKRZYPEZAK télétravailleuse Cette salariée télétravaille actuellement 4 jours par semaine à son domicile et 1 jour par semaine en entreprise. Elle habite le département 78 et le siège de l’entreprise se situe dans le 93. Son temps de transport est évalué à environ 3 heures aller-retour. Cette salariée est volontaire au télétravail et indique qu’elle est très satisfaite de cette organisation et considère le télétravail comme une chance. Elle a réduit son niveau de stress en supprimant les transports en commun et produit plus de dossiers dans de meilleures conditions : calme, environnement accueillant et familier. La mise en œuvre s’est faite en 2 étapes : • • La première avec une phase de test de 15 jours au cours de laquelle elle a été mise dans l’entreprise en situation de télétravail virtuel. Ce test a permis d’évaluer la qualité et pertinence des choix techniques effectués par les services informatiques et de les ajuster au besoin. Une fois cette phase terminée, l’installation technique du télétravailleur a lieu à son domicile. Concernant l’équipement technique, Angélique SKRZYPEZAK précise au cours de l’entretien que l’entreprise lui a fourni un ordinateur, une imprimante avec scanner et qu’elle a pris en charge financièrement et techniquement l’ouverture de la ligne de téléphone professionnelle. Angélique SKRZYPEZAK se connecte au réseau de l’entreprise depuis chez elle sans qu’aucune difficulté ni problème de sécurité sur les données traitées ne soit soulevé. Elle programme un renvoi de sa ligne téléphonique professionnelle de l’entreprise vers sa ligne professionnelle installée à son domicile pendant son absence de l’entrerpise. Comme l’entreprise n’est pas équipée par un système de GED, lorsqu’elle a besoin d’un 52 www.verspieren.com 53 Interviews retranscrites en annexe n° 6 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 48 renseignement figurant dans le dossier d’un assuré, elle fait appel à un binôme dans l’entreprise qui effectue les recherches à sa place. Il est intéressant de noter qu’Angélique SKRZYPEZAK insiste à plusieurs reprises sur « l’esprit télétravail ». En effet, selon elle, il faut une approche positive de ce type d’organisation, avec un « capital confiance élevé » de la part de la Direction de l’entreprise, des syndicats mais aussi de la part du manager de proximité et des autres collègues qui n’ont pas opté pour le télétravail. Elle recommande que le choix du télétravail soit partagé par l’ensemble des membres de l’équipe afin que le télétravail ne soit pas considéré comme un privilège donné à un salarié particulier. De son côté, Angélique estime que « le salarié télétravailleur doit avoir un comportement exemplaire face à ses obligations professionnelles, il doit être capable de se concentrer et être autonome». • Stéphane LETELLIER, manager de proximité d’Angélique SKRZYPEZAK Le manager d’Angélique SKRZYPEZAK a également participé à l’interview. Ce regard croisé sur la pratique du télétravail au quotidien est essentiel. Stéphane LETELLIER a confirmé l’ensemble des dires de sa collègue : « je n’ai pas recensé de difficultés d’adaptation pour ma collaboratrice, la qualité de son travail est toujours présente grâce à son sérieux et à son haut niveau d’autonomie dans la gestion de ses tâches ». Concernant le management à distance, il indique ne pas rencontrer de difficultés particulières ; il est en lien quotidien par mail et par téléphone avec elle, organise une réunion tous les lundis (jour du retour d’Angélique SKRZYPEZAK dans l’entreprise) au cours de laquelle il partage les évènements de la semaine passée. « J’admets qu’aujourd’hui, je manque d’outils de reporting permettant d’évaluer la productivité de ma collaboratrice en télétravail qu’il serait nécessaire d’en mettre en place ». Stéphane LETELLIER a à sa disposition deux indicateurs globaux pour évaluer sa collaboratrice : son niveau de stock d’actes de gestion (contrôle des délais de traitement) et le nombre de réclamations concernant les dossiers d’Angélique (qui est d’ailleurs inférieur à la moyenne des autres collaborateurs). 1.4 - La Caisse des Dépôts et Consignations. Le groupe Caisse des Dépôts est constitué de l’Établissement public Caisse des Dépôts et de ses filiales. L’Établissement public assure les missions historiques et les missions d’intérêt général de la Caisse des Dépôts. Ses filiales interviennent dans le domaine concurrentiel. L’établissement public Caisse des Dépôts développe des « dispositifs de prévention du stress (…). Il investit également dans le développement du télétravail ».54 54 www.caissedesdepots.fr/ressources-humaines/notre-engagement.html Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 49 Cette entreprise, précurseur sur le sujet, a mis en place le télétravail en 2003 au sein de la Direction des Retraites qui comportait à l’époque trois établissements : Bordeaux (1100 collaborateurs, Angers (600 collaborateurs) et Paris (300 collaborateurs). Le fait générateur de la mise en place du télétravail réside dans la congestion du pont d’Aquitaine à l’heure d’affluence des salariés rejoignant leur entreprise. Il s’agit donc d’un choix d’opportunité. Selon, Ange MASSONI55, Directeur des Ressources Humaines de l’établissement de Paris, «La phase d’étude du projet est lancée courant 2001 et présentée au CHSCT un an et demi plus tard ». Le lancement du test a lieu en septembre 2003 avec cinq salariés pendant environ trois ans. En 2006, le dispositif est présenté aux organisations syndicales Et en 2007, le comité d’établissement décide et signe la mise en place, sur 4 directions, d’une charte triennale 2007/2008/2009. Cette charte prévoit notamment qu’après 3 années de télétravail, les collaborateurs reviennent en présentiel ». Cette clause permet d’éviter l’écueil de la difficile mise en œuvre de la réversibilité. Les étapes du dispositif ont été les suivantes : • Détermination des métiers éligibles au télétravail. Sur Paris, d’après Ange MASSONI, le métier retenu est : « gestionnaire de retraite du régime minier» en raison des nombreuses tâches administratives faisables à distance. Un quota de dix postes en télétravail est proposé dans le premier accord. Les seniors (les plus de 55 ans) sont considérés à part de ces quotas ; ces séniors volontaires peuvent donc intégrer cette expérience sans restriction de nombre s’ils remplissent les autres conditions d’accessibilité. Pour la direction de Paris, onze télétravailleurs sont candidats (dont 1 sénior). Le mode du télétravail retenu est celui du télétravail pendulaire avec une présence sur site de 2 ou 3 jours par semaine. Les jours de télétravail sont choisis par les intéressés. La démarche a été la suivante : • Réalisation d’entretiens Chaque candidat au télétravail a passé plusieurs entretiens : tout d’abord avec le responsable de service qui a établi un rapport et donné un avis, puis avec le DRH qui a aussi donné un avis. Enfin, le candidat a rencontré le médecin du travail. • Consultation du CHSCT • Prise de décision par la Direction Ange MASSONI souligne la réticence des syndicats [CGT] car « ils craignaient une perte de leur pouvoir d’influence ». Avant le démarrage de ce dispositif, une réunion d’information et d’échange a eu lieu pour rappeler aux télétravailleurs leurs droits et leurs devoirs et répondre à leurs questions. Des informaticiens étaient présents afin de les rassurer sur leur capacité à prendre en charge les éventuels problèmes informatiques pouvant survenir. Ange MASSONI a bien précisé dans son interview que ce dispositif a nécessité de recueillir l’adhésion de l’ensemble des collaborateurs y compris ceux en présentiel. 55 Cf. entretien annexe n° 7 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 50 Une des conditions de réussite de ce projet implique que « le télétravailleur reste intégré à l’équipe ». Avant le choix définitif des futurs télétravailleurs, sur les sites de banlieue et de province, il a été exigé qu’une pièce du domicile soit dédiée à cette activité salariée. Pour la Direction de Paris, un ergonome du travail de la CDC a vérifié si les conditions correctes d’exercice du télétravail étaient réunies et a rendu un avis. Pour le matériel, la CDC a mis à disposition un fauteuil, un bureau, une lampe, un caisson pour les documents, un écran, une imprimante, une unité centrale et fait installer une ligne téléphonique avec accès internet. Les données sont sécurisées par un outil propre à la CDC. Une hot line dédiée est ouverte pour les télétravailleurs et une convention de service spécifique est conclue avec le service informatique afin de régler les incidents survenant aux télétravailleurs en priorité. Le matériel reste la propriété de l’employeur. Les ressources humaines ont réalisé un bilan au bout d’un mois : les difficultés rencontrées sont principalement d’ordre organisationnel pour les télétravailleurs (comment répartir le travail dans la journée sans se laisser distraire ni dépasser par la charge) et d’ordre technique (problème de connexion et de lenteur d’accès aux applications). 6 mois après, un bilan intermédiaire a été mené par les responsables de service et les ressources humaines. Le télétravailleur peut alors arrêter ce mode d’organisation. Le déroulement d’une journée type d’un télétravailleur est le suivant : les journées ne doivent pas faire plus de 7 heures car la semaine de 35 heures s’impose au télétravailleur. Aucun crédit d’heure ne pourra être constitué pendant une journée télétravaillée. La connexion se fait le matin : Les télétravailleurs doivent être joignables obligatoirement sur une plage de 4 heures consécutives sur leur ligne professionnelle. Les tâches sont affectées par le biais d’outils de GED et de « workflow » aux télétravailleurs qui depuis leur domicile accèdent aux applications maison. Ange MASSONI indique au cours de l’interview qu’en 2009 une nouvelle campagne pour inclure 10 télétravailleurs supplémentaires est lancée du fait du bilan jugé positif de la campagne précédente. De nouveaux métiers sont éligibles au télétravail : le juridique et la gestion de projets comprenant 2 cadres dont un manager. Un avenant au contrat de travail est signé par chaque télétravailleur. Du point de vue des résultats, d’après Ange MASSONI, les managers des télétravailleurs constatent unanimement que la production est supérieure d’environ 15 % et que l’absentéisme est réduit (Au cours de l’entretien, aucun chiffre pas été communiqué à ce sujet). Ange MASSONI ne mentionne aucun souci résultant de la gestion des données confidentielles. Il insiste sur les qualités des télétravailleurs qui sont des personnes autonomes, rigoureuses et sérieuses. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 51 1.5 - Le Groupe Malakoff Médéric Le groupe Malakoff Médéric constitue le premier groupe paritaire de protection sociale. A ce jour, l’unique expérience de télétravail en cours recensée au groupe Malakoff Médéric concerne une salariée handicapée. L’entretien avec cette salariée56 résidant à Lyon s’est déroulé par téléphone. En revanche, l’entretien avec son manager a été réalisé en face à face puisqu’il travaille au siège social parisien. Gisèle DEMMERLE télétravaille depuis un peu plus de quatre ans. Elle est experte en gestion des frais de santé collectif et individuel. C’est à l’initiative de son employeur que cette organisation a vu le jour. Suite à d’importants problèmes de vue, les trajets domicile - travail sont devenus de plus en plus difficiles pour elle jusqu’à obtenir le statut de travailleur handicapé. C’est à partir de ce moment là que son employeur lui a parlé du télétravail et lui a proposé du télétravail à domicile à 100%. Concernant son équipement technique, l’employeur a fourni un bureau, un caisson, une imprimante et un ordinateur, un téléphone. Gisèle DEMMERLE est de plus équipée de matériel spécialisé lié à son handicap : ZOOMTEXT permettant de grossir les documents et de les envoyer sur écran 17’’ et d’un écran 26’’ sur lequel elle peut accéder aux applications « métier » de l’entreprise. L’employeur lui a aussi procuré une ligne ADSL ; la connexion passe par un kit IP VPN. Elle est connectée au réseau et aux serveurs de son employeur. Elle a accès aux mêmes applications que ses collègues et possède un environnement informatique identique. Si besoin, l’impression de courriers est possible par une connexion à distance aux imprimantes du siège social. Les collègues se chargent ensuite des envois aux assurés ou aux professionnels de santé. En termes d’organisation, Gisèle DEMMERLE travaille dans une pièce dédiée au télétravail. Selon elle, il est primordial de séparer les activités de la vie professionnelle et celles de la vie privée : « l’entrée dans mon bureau constitue une entrée virtuelle dans l’entreprise ». Actuellement, les tâches confiées relèvent de la maitrise d’ouvrage du métier de la gestion santé. Elle traite les rejets issus des flux informatiques (Noémie, Tiers payant). Une des caractéristiques de cette télétravailleuse réside dans son autonomie et son expertise métier ; « je connais bien mon activité – je me suffis à moi-même – donc les contacts avec mes collègues ne sont pas obligatoires » déclare-t-elle. « Je suis informée des nouveautés réglementaires par le biais des notes envoyées à l’ensemble des collaborateurs du service ». 56 Cf. Entretiens en annexe n°8 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 52 Elle ajoute « Je n’éprouve pas de sentiments de solitude ni d’éloignement. Par contre, « je perds l’émulation et le partage de l’information technique existant dans un bureau traditionnel » Gisèle DEMMERLE souligne un inconvénient important : « quand je viens à Paris, souvent je n’ai pas de place dans le bureau avec mes collègues et je suis obligée d’aller dans un autre endroit où il y a une place libre … ». Le déroulement de ses journées de travail est le suivant : il y a une plage fixe de travail - déterminée à l’avance - pendant laquelle elle doit être présente : 9h-12h et 14h-16h. Il faut se motiver seul pour respecter jour après jour les engagements pris. Afin d’éviter les dérives pouvant résulter de connexions hors du temps de travail légal, « je ne peux pas me connecter en dehors des périodes fixes où les système d’information de gestion sont ouverts soit 8h30-18h30». En termes de suivi et de contrôle du travail effectué, Gisèle DEMMERLE remplit comme les autres des outils de suivi de l’activité ; son manager peut donc suivre et contrôler le travail accompli et donc la productivité. « Je n’ai jamais eu de remarque à ce sujet ». En termes de ressenti face à son statut, globalement, elle n’éprouve pas le sentiment d’être à l’écart. « Je suis satisfaite de ce mode d’organisation du travail ; il correspond bien à mon besoin puisque j’évite au maximum les déplacements » précise-t-elle. Quelques désagréments sont toutefois survenus. Gisèle DEMMERLE se souvient avoir été oubliée dans l'organigramme du service lors d’une présentation au cours d’un séminaire. « Quand cet organigramme s'affiche en plein écran dans une salle de conférence et que votre nom n'y est pas, ça fait bizarre...» explique Gisèle DEMMERLE. Ainsi la situation de télétravailleur ne va pas de soi et nécessite de part et d’autre de la vigilance. Quant au management en situation de télétravail, « je pense que l'attitude du responsable hiérarchique est importante. Il me semble que la capacité du manager à travailler avec une personne en télétravail doit être prise en compte : il faudrait accentuer l’information des managers sur les particularités d’une telle situation avant de lui confier un télétravailleur à manager ». Gisèle DEMMERLE n’a jamais eu connaissances de difficultés liées à la confidentialité des données traitées par elle à son domicile. L’entretien réalisé avec Michel DUVERT57, le Manager direct de cette télétravailleuse, a mis en exergue quelques points intéressants : Selon Michel DUVERT, cette salariée est traitée de la même façon que les autres salariés du Groupe. Toutefois, il signale que pour que cette égalité de traitement soit réelle cela nécessite d’avoir « toujours à l’esprit » ce cas particulier. Un planning des tâches de Gisèle DEMMERLE lui est envoyé par mail chaque mois ; il comprend : • ses tâches ponctuelles résultant de sa participation aux projets du service pendant le reste de sa semaine. 57 Cf. Entretien n en annexe n°8 avec celui G. Demmerlé Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 53 • son travail régulier consistant au traitement des rejets « Noémie » pendant 3 demi-journées par semaine ainsi que la gestion de l’ensemble des mails du service « Frais de santé » qu’elle prend en charge du fait de sa qualité d’experte métier. Ce responsable indique qu’il y a moins de contrôles effectués sur le travail de cette salariée en télétravail que sur celui de ses autres collègues ; tout au plus, parfois, contrôle-t-il le bon respect des procédures internes. Michel DUVERT n’a pas conçu de tableau de bord spécifique pour suivre l’activité de cette télétravailleuse et confie au cours de l’entretien que le statut d’expert de Gisèle DEMMERLE « l’en dispense en quelque sorte ». D’ailleurs, selon lui, il faut être « une personne organisée, rigoureuse, très qualifiée, autonome avec une grande conscience professionnelle pour être une télétravailleuse de qualité », et « être en mesure de se tenir à son travail malgré les nombreuses tentations qui l’entoure dans un univers aussi familier que le domicile». A la question d’une éventuelle extension de cette organisation spécifique à d’autres collaborateurs de son service, Michel DUVERT précise qu’il « ne le souhaite pas ». En effet, une telle mise en place engendrerait un surplus de travail pour lui, des vérifications et des contrôles qu’il n’est pas prêt à assumer. Enfin, il précise que « le manager est plus efficace s’il y a maintien de la proximité avec les collaborateurs encadrés ». 1.6 - La Fédération Mutualité Française Dans le cadre de sa mission fédérative, le Groupe F.M.P. remplit le rôle d'une plate-forme de services pour les mutuelles. A ce titre, elle représente le mouvement mutualiste francilien au sein de nombreuses institutions, parmi lesquelles le Conseil économique et social de la région Ile-de-France, la Mutualité Française, la Chambre régionale de l'économie sociale … L’interview d’Isabelle D58. télétravailleuse en gestion des Frais de santé confirme plusieurs tendances relevées précédemment. Ses tâches sont simples car il s’agit du traitement des rejets : EDI Adhérents, Tiers payant et pharmacies. Isabelle D. télétravaille depuis presque 2 ans (le début de l’expérience remonte au mois d’avril 2008). L’expérience a commencé par une phase de test qui, en définitive, a perduré. Seules 3 femmes ayant le statut « d’employé » sont concernées par ce dispositif. Il s’agit de télétravail pendulaire à domicile pendant 4 jours. Cette expérience n’a pas été étendue à d’autres salariés bien qu’il y ait eu des demandes répétées des collègues d’Isabelle D. Isabelle D. est satisfaite par cette organisation qui lui laisse de l’autonomie mais c’est un peu au détriment de l’intérêt du travail : les taches confiées sont répétitives et ne nécessitent pas d’être en lien fréquent avec les collègues ou la clientèle. Ces tâches s’insèrent bien dans un mode de travail « isolé ». 58 Cf. entretien annexe n° 9 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 54 1.7 - Groupama Rhône-Alpes La délégation Groupama Rhône Alpes est actuellement en phase de test sur le télétravail. Le contexte de l’entreprise est celui d’une société multi-sites de gestion spécialisés. L’objectif de la Direction est de rationaliser le process d’assurance et d’assouplir la contrainte de la spécialisation des sites. Afin de déterminer comment mettre en place ce projet, une grille de choix a été établie en vue de déterminer si les conditions liées aux applications, aux fonctions, aux métiers et aux profils des salariés étaient remplies. Un projet pilote d’une durée de 9 mois (soit jusqu’en juin 2010) a été réalisé sur le mode du télétravail pendulaire à domicile pour quelques métiers : • • • 3 gestionnaires souscription de contrats ayant des missions répétitives et ciblées 3 chefs de projet exerçant des missions avec du management transverse 2 comptables s’occupant pour l’un des encaissements et pour l’autre de la comptabilité générale. Cette expérience est placée sous le signe de la diversité en termes d’âge, de fonctions, de sexe et de motivations individuelles (éloignement géographique, souplesse pour la gestion de la vie personnelle). Les syndicats n’ont pas été consultés pour réaliser ce pilote. Les modalités de mise en œuvre sont les suivantes : • Télétravail pendulaire avec retour en entreprise est prévu entre 1 jour et 2 jours par semaine. • Les télétravailleurs doivent posséder à leur domicile une pièce dédiée pour exercer leur activité avec une ligne téléphonique à part. Selon la responsable de ce projet Christelle BAGUE, « le management doit être fait différemment, basé sur une relation de confiance et ne pas comporter trop de contrôle ». Elle ajoute qu’il faut « apprendre à créer de l’informel à distance et à s’organiser ». Le risque est de se laisser déborder par les taches à réaliser en ne jugulant pas l’entrée des tâches de la vie quotidienne dans le planning du télétravailleur. L’accès au réseau de l’entreprise n’est possible qu’à certaines heures avec un minimum défini contractuellement entre le manager et le collaborateur. La déclaration mensuelle des heures effectuées par le télétravailleur est basée sur la confiance. Pour la partie technique, le choix s’est porté, après étude, sur celui de la Free box professionnelle dont les coûts sont pris en charge par l’entreprise. L’accès à partir du domicile au réseau de l’entreprise ne pose aucun problème ; il se fait avec un profil identique à celui utilisé par les possesseurs de cartes 3G. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 55 Ce projet a démarré avec un comité de pilotage de 8 personnes ; 4 managers différents sont concernés par ce pilote. Des gains de productivité sont attendus mais leur quantité n’est pas chiffrée dans le cadre de ce pilote. Après 3 mois d’activité, la responsable du projet tire les premiers enseignements de ce début de phase « pilote » : • • Satisfaction unanime des télétravailleurs Satisfaction des managers avec toutefois une remarque sur la mise en place plus complexe car le manager doit être particulièrement impliqué. Deux principales craintes sont évoquées par les télétravailleurs : • Leur évolution professionnelle sera-t-elle identique à celle des non télétravailleurs ? • La chaine d’information sera-t-elle identique pour eux ? Le diagramme ci-dessous présente une comparaison des mises en télétravail dans les sociétés de l’échantillon. Dans cette comparaison le Canada doit être pris avec prudence car le droit Français ne s’applique remarquons que les modalités de mise en œuvre diffèrent en fonction du télétravailleurs concernés et la maturité de l’entreprise dans la démarche. œuvre du cas d’AXA pas. Nous nombre de Comparaison des mises en oeuvre du télétravail 100% prise en charge installation 90% 80% 70% consultation organisation syndicales 60% signature accord collectif 50% signature avenant contrat 40% projet d'entreprise 30% 20% phase de test préalable 10% ie r r sp of f m Ma la k Ve ed er i c en F CS MA ou pa ma P Gr FM C CD ra n aF Ax Ax aC an ad ce a 0% Source : H. Lopez Cette étude ne serait pas complète si le cas du télétravail nomade (encore appelé télétravail itinérant) pratiqué principalement par les salariés des fonctions commerciales du domaine de l’assurance n’était pas évoqué. Le métier commercial est celui qui a bénéficié en premier lieu de la mise en œuvre du télétravail de façon informelle et souvent moins organisée que pour les autres métiers. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 56 Section 2 : Salariés itinérants ou nomades Deux entretiens ont été réalisés auprès de salariés « nomades » utilisant le télétravail. 2.1 - APICIL L’un des premiers groupes français de la protection sociale complémentaire, et leader en Rhône-Alpes, le Groupe APICIL59 propose des garanties santé, prévoyance, épargne en collectif et en individuel ainsi que la gestion des régimes de retraite complémentaire obligatoires des salariés AGIRC/ARRCO. Cet entretien s’est déroulé avec Olivier L60. Commercial Entreprise chez APICIL. Il indique qu’il télétravaille en itinérant et à domicile depuis quelques années, au moins 4 fois par semaine, grâce à son ordinateur portable, une carte 3G et depuis son domicile grâce à sa connexion WIFI. Il gagne beaucoup de temps de transport en ne revenant pas systématiquement dans l’entreprise après un rendez-vous et en rentrant directement chez lui pour faire le compte rendu de ses visites et préparer les rendezvous du lendemain. Il accède ainsi à sa messagerie mais aussi aux nombreux documents contractuels scannés dans son entreprise : retour de contrats des clients signés, avenants, comptes rendus de réunions et de visites clients…. Olivier L. se connecte avant un rendez-vous à sa messagerie et à la base commerciale (prospects et clients) via le réseau de l’entreprise ainsi qu’à la base des cotisations. Pour lui, c’est exactement la « même configuration qu’au bureau fixe ». En tant qu’utilisateur, il n’a jamais eu connaissance d’une « problématique de sécurité ». « Cette utilisation est transparente pour lui, au pire constate-t-il parfois des problèmes de connexion liés à la lenteur du réseau. ». La souplesse de cette organisation lui permet aussi de piloter son activité à distance avec les services internes. Olivier L. signale que le télétravail demande une capacité d’autogestion importante mais elle est compatible avec les objectifs qui sont fixés aux commerciaux : objectifs de chiffres d’affaires réalisés dans l’année et de ventes de services additionnels. « La culture de l’entreprise est de fait tournée vers le présentiel » et même si le commercial est plus productif lorsqu’il télétravaille, subsiste toujours l’idée que « si l’on n’est pas dans l’entreprise, on ne travaille pas. » 59 www.apicil.com 60 Cf. entretien en annexe n° 10 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 57 2.2 - Allianz En France, Allianz compte 6 000 Agents Généraux et Conseillers qui apportent quotidiennement disponibilité et proximité à leurs clients. Allianz propose une offre globale et innovante couvrant tous les besoins en assurances (dommages, santé, vie), assistance et services financiers des particuliers, professionnels, entreprises et collectivités Cet entretien s’est déroulé avec Philippe BONNY61, Ingénieur Patrimonial auprès d’Allianz Finance Conseil Philippe Bonny explique au cours de l’interview qu’Allianz a mis en œuvre le télétravail itinérant et à domicile depuis 2006 pour les commerciaux. D’après lui, cette expérience va s’amplifier avec le développement de la téléphonie via internet et du Wi fi. Les métiers concernés par le télétravail sont les commerciaux, la relation client et la gestion de sinistre dans les branches : Automobile, Prévoyance, Assurance vie, Retraite. D’après Philippe BONNY cette expérience est déployée petit à petit à l’ensemble des salariés employés, agents de maitrise et cadres. C’est « une opportunité supplémentaire de développer son activité et d’être autonome » Que constatons-nous à l’analyse de ces exemples? Ces exemples concernent des volumes restreints de salariés ; il n’y a pas de plans de déploiement massif recensé (hormis AXA France qui prévoit l’extension à plus d’une centaine de salariés en 2012 soit 2% des effectifs de gestion). Les expériences restent marginales. Pourtant, de l’avis des interviewés, le consensus s’établit autour des notions de confiance mutuelle et d’expériences « gagnantgagnant » ; productivité pour l’employeur ; flexibilité pour le salarié. Les raisons de la mise en œuvre du télétravail sont souvent conjoncturelles et répondent à un besoin précis, ponctuel. Le télétravail n’est pas souvent présenté comme un projet d’entreprise destiné à motiver et intéresser le plus grand nombre. Les modalités de mise en œuvre du télétravail ne présentent pas de divergences majeures ; les ajustements sont marginaux et liées aux structures des entreprises ellesmêmes. Le consensus s’établit sur : 1) la signature d’un avenant au contrat de travail (Axa Canada non concerné par cet aspect du Droit Français) 2) la prise en charge financière de l’installation et du matériel ; il est vrai que les textes obligent les entreprises en ce sens. A notre connaissance, les expériences ont été menées sans qu’un véritable « business plan » soit construit. Les gains s’ils existent sont constatés à postériori. La réalisation de gains économiques significatifs ne semble par être la motivation première. 61 Cf. entretien en annexe n° 11 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 58 En conclusion de ce chapitre I, au travers des exemples étudiés, le télétravail dans le monde de l’assurance reste souvent une mesure rare et fragmentée, réservée à des situations particulières concernant un nombre restreint de salariés. Il est souvent d’un usage « assez confidentiel », mis en place dans chaque entreprise pour répondre à des problématiques individuelles, spécifiques et conjoncturelles. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 59 Chapitre 2 : Quelles sont les raisons du faible développement du télétravail dans le secteur des assurances ? Quel avenir pour le télétravail ? Une fois le constat du faible développement du télétravail établi, la première section présentera les principales raisons et la seconde section proposera de réfléchir sur l’avenir du télétravail dans les sociétés d’assurances. Pour répondre à cette première question, la section 1 vérifiera si les conditions technologiques et géographiques au développement du travail sont remplies. Section 1 : Les pré requis technologiques développement du télétravail sont-ils remplis ? et géographiques au En croisant les données : • • • De la couverture des liaisons ADSL, De la densité du réseau des fibres optiques Du lieu d’habitation de la population travaillant dans les compagnies d’assurance Nous aboutissons à la détermination d’une « carte géographique théorique du potentiel de télétravail». 1.1 - L’accès aux nouvelles technologies : développement des infrastructures modernes et de l’équipement 1.1.1 - L’ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line) L’ADSL est une technologie permettant aux particuliers ou aux entreprises d’accéder à internet à haut débit via les lignes téléphoniques classiques. La technologie ADSL permet d’atteindre des débits élevés d’échange de l’information sur les lignes téléphoniques classiques. Le réseau ADSL s'est greffé sur les lignes téléphoniques préexistantes de France Télécom et ont donc profité de cet investissement colossal. Des offres Internet avec connexions ADSL et téléphonie illimitées sont désormais nombreuses. Le taux de couverture réelle de la population en haut débit ADSL se situe ainsi aux alentours de 98%62, les 2% restants correspondant aux « zones blanches » du haut débit ADSL. Toutefois, les taux d'éligibilité à l'ADSL sont très inégaux sur le territoire : les zones rurales sont les moins bien desservies, en raison de la nature même du réseau de France Telecom. En effet, plus la densité de population est faible plus l'éloignement moyen entre le domicile des abonnés et leur central téléphonique est élevé ; cela pénalise d'autant les internautes. Quelques régions semblent particulièrement bien équipées : elles figurent en Orange foncé sur la carte ci-dessous et sont entourées d’un cercle bleu en pointillé. 62 www.maire-info.com Edition du 6 Septembre 2007 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 60 Il s’agit : du nord Pas de Calais, de la Picardie, de l’Ile de France, de la Bretagne, des Pays de Loire, de la région Rhône Alpes, la région Provence Alpes Côte d’Azur, l’Alsace, une partie de la région Aquitaine. Liaison ADSL Réseau fibres optiques Habitation salariés Implantation Assureurs Source : orange 1.1.2 - La fibre optique C’est un fin tube de verre qui possède la propriété de conduire la lumière et les impulsions lumineuses à une vitesse largement supérieure à celle des ondes électromagnétiques transmises par les fils de cuivre. Elle affiche un potentiel 100 fois plus important que l'ADSL pour transmettre des informations numériques. Les serveurs internet l'utilisent pour accéder au réseau. En France, on dénombre 50 000 foyers bénéficiant de la fibre optique tandis que 16,26 millions de foyers bénéficient du haut débit par l'ADSL. La couverture des foyers en fibre optique implique de créer un réseau de toutes pièces. Les premières servies seront les villes car l’installation est longue et coûteuse. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 61 La carte ci-dessous63 recense les lignes optiques existantes en France. Les principales villes et agglomérations équipées sont : Paris et l’Ile de France, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Nantes, Rennes, Rouen et Lille. Ce réseau qui vient s’ajouter à celui de l’ADSL, amplifie le confort de connexion, le traitement des données et favorise à son tour les télétravailleurs qui souhaiteraient tenter l’expérience. Liaison ADSL Réseau fibres optiques Habitation salariés Implantation villes + 50 000 habitants Source : orange 63 Carte du réseau de fibres optiques France Télécom en France métropolitaine France Télécom 2007 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 62 1.1.3 – Taux d’équipement en ordinateur des salariés et des ménages Le taux d’équipement des cadres en PC portables (outil indispensable au télétravail nomades) : 14% en moyenne des salariés sont équipés d’ordinateurs portables64 ; ce chiffre atteint 17% pour les entreprises de + 500 salariés. Et parmi ces salariés équipés d’ordinateurs portables 21% des salariés des sociétés d’assurances possèdent un accès data mobile (solution de mobilité pour se connecter à distance à internet et à sa messagerie). Le déploiement des réseaux mobiles de troisième génération (« 3G ») permet d’offrir un plus grand confort d’utilisation aux détenteurs d’ordinateurs portables. Une étape supplémentaire est déjà engagée en France et en Europe, qui vise à l’introduction des réseaux mobiles à très haut débit (3G+) lesquels prendront la succession des cartes 3 G au cours de la prochaine décennie65. Dans son rapport l’ARCEP Autorité de régulation des communications électroniques et des postes précise que « sur le plan économique, le très haut débit mobile aura un effet positif sur la compétitivité des entreprises, car il permettra aux travailleurs d’être connectés en très haut débit en dehors de leur lieu de travail et pourra notamment participer au développement du télétravail ». Ainsi, les utilisateurs peuvent accéder à leurs applications métiers et télécharger des emails, des présentations, avec une très grande rapidité. En 200666, 55% des foyers français possèdent désormais un micro-ordinateur à domicile soit une croissance annuelle du taux d'équipement de 5,5% (la plus forte progression en dix ans). La poursuite de la hausse du taux d'équipement des foyers devant atteindre 61% avec 5,2 millions d'ordinateurs vendus, dont environ 3 millions de portables en 2007. La hausse du taux d’équipement des ménages est un facteur favorisant pour le développement du télétravail car il signifie une appropriation croissante des nouvelles technologies et une résistance plus faible aux changements technologiques. 2.2 -Les facteurs géographiques du monde de l’assurance. 2.2.1 - La localisation de la résidence principale des salariés Le lieu de résidence des salariés travaillant dans les sociétés d’assurances constitue une indication sur la possibilité de développer le télétravail. En effet, plus ces salariés seront logés dans des régions et villes où les technologies évoquées ci-dessus seront présentent plus la mise en œuvre technique en sera facilité. Le constat est le suivant : A partir d’une carte réalisée par l’Observatoire des Métiers de l’Assurance (rapport 2008) il apparait que les salariés se regroupent dans quelques départements clés : 64 Etude Orange / LH2 / Numsight, Octobre 2008 65 ARCEP Autorité de régulation des communications électroniques et des postes. Janvier 2010 66 Le nouvel obs.com 25.06.2008 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 63 Le Nord, la Seine Maritime, Paris, Les hauts de Seine, La Seine Saint Denis, La Sarthe, Les Deux Sèvres, La Gironde, Le Rhône et les Bouches du Rhône. Liaison ADSL Réseau fibres optiques Habitation salariés Implantation villes + 50 000 habitants Source : Observatoire des Métiers de l’Assurance (rapport 2008) 2.2.2 - La localisation des sièges sociaux ou entités de gestion des compagnies d’assurances et Mutuelles. Des informations sur les lieux d’implantation des sociétés d’assurance ont été collectées sur les sites internet des plus grandes compagnies ou mutuelles. Ne figurent sur cette carte que les villes de plus de 50 000 habitants recensant une compagnie d’assurances, un centre de gestion ou une mutuelle. Cette carte de France n’a pas vocation à faire figurer toutes les agences de l’ensemble des compagnies ni tous les points de ventes ou bureaux mais de symboliser les bassins d’emploi propres au monde de l’assurance. Il apparait que certains départements sont complètement ignorés des compagnies d’assurance en termes d’implantation de structures employant au moins une centaine de personnes. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 64 Liaison ADSL Réseau fibres optiques Habitation salariés Implantation Villes + 50 000 habitants Source : H. Lopez En synthèse de ces éléments, le tableau ci-dessous agrège les données au niveau de la région, granularité jugée suffisante pour cette étude. Chaque département de chaque carte a été valorisé (selon la couleur des légendes) ; les notes ont ensuite été additionnées et agrégées aux niveaux de la régions pour déterminer la carte où le développement du télétravail est le plus propice. Régions Ddépartements total agrégat Ile-de-France Pays de Loire Rhône alpes Alsace Nord Pas-de-Calais Provence Alpes Côte d'Azur Bretagne Haute Normandie Languedoc-Roussillon Poitou Charente Picardie Champagne Ardenne Lorraine 75-77-78-91-92-93-94-95 44-49-53-72-85 07-26-38-42-69-01-73-74 67-68 59-62 04-05-06-13-83-84 22-29-35-56 27-76 11-30-34-48-66 16-17-79-86 02-60-80 08-10-51-52 54-55-57-88 19,4 15,4 15,3 15,0 14,0 13,8 10,8 10,5 10,4 9,8 9,3 9,3 9,3 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 65 Aquitaine Centre Franche Comté Bourgogne Corse Midi-Pyrénées Auvergne Limousin Basse Normandie 24-33-40-47-64 18-36-37-41-45-28 25-39-70 21-89-58-71 2A-2B 09-31-65-32-81-82-46-12 03-15-43-6319-23-87 50-14-61 9,2 9,2 7,3 7,0 7,0 6,9 6,5 6,3 6,3 En synthèse de cette section, l’ensemble des conditions techniques et géographiques nécessaires à la mise en place du télétravail et à son déploiement dans les sociétés d’assurances sont réunies, certaines régions sont propices à son développement telles l’Ile-de-France. Alors quelles sont les raisons du faible engouement pour le télétravail constaté dans le secteur des assurances ? Quel est l’avenir du télétravail ? Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 66 Section 2 : Les raisons du faible niveau de développement actuel du télétravail Malgré l’existence des prérequis technologiques nécessaires à son déploiement, le télétravail dans le secteur de l’assurance est un choix organisationnel qui est fait actuellement de façon marginale par les compagnies. Il convient donc de s’interroger, dans cette section, sur les principales raisons de ce phénomène et dans un second temps, de présenter les futurs possibles du télétravail dans les sociétés d’assurance. 2.1 – Des raisons économiques Les entreprises d’assurances n’ont pas perçu jusqu’à présent les bénéfices économiques à tirer du télétravail et aujourd’hui encore, trop souvent, nous l’avons constaté, aucun retour sur investissement ROI (Return On Investment) n’est calculé avant le déploiement d’une telle organisation. Dans le meilleur des cas, d’après les informations recueillies, les économies se chiffrent à quelques centaines de milliers d’euros ce qui n’en fait pas une priorité pour les entreprises. A titre indicatif, une des sociétés interviewée a indiqué que le coût de l’expérimentation du télétravail avait été pour elle d’environ 400 K€. Les gains de productivité ont été estimé à 470K€. Les assureurs préfèrent avoir recours à des solutions rapidement rentables et déjà bien maitrisées en termes de mise en œuvre et de ROI ; le télétravail ne peut rivaliser actuellement avec ce type de solutions car les gains attendus sont faibles et les processus encore en cours d’appropriation. Les assureurs français reproduisent avec 20 ans de retard les mutations intervenues dans le secteur bancaire, qui a entrepris dès les années 1980 une industrialisation de ses processus. Pris dans la tourmente financière et confrontés à une intense guerre tarifaire, les assureurs cherchent plus que jamais à maîtriser leurs coûts. Ces entreprises d’assurance choisissent alors de miser sur des modes d’organisations qui contribuent rapidement à réduire leurs coûts fixes afin d’accroître leur marge et leur résultat. Pour cela elles doivent opter pour des systèmes efficients avec à la clé des gains financiers conséquents. En analysant les processus clés des entreprises, il ressort que de nombreuses activités peuvent être centralisées et /ou externaliser et / ou délocaliser. Du côté du cœur de métiers, sont concernés : l’Asset Management, la gestion des contrats et des sinistres. Du côté des activités support : la comptabilité, la fonction paie et l’informatique peuvent générer des économies d’échelles. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 67 2.1.1 - La centralisation Elle consiste à centraliser, par exemple, toute la gestion des sinistres ou de la production sur une seule plateforme nationale ou internationale plutôt que dans divers centres régionaux. La centralisation de la gestion réduit les coûts. D’après les résultats d’une enquête menée pour le compte d’Accenture67, un acteur sur deux de l’assurance-vie en Europe a progressé dans la rationalisation et la centralisation de leurs systèmes d’administration des polices relatifs aux produits d’assurance-vie traditionnels. Au total, les sociétés ayant mené à bien la centralisation de leurs systèmes internes évoquent une réduction de 19 % des coûts opérationnels et de 25 % des coûts informatiques, aux quels s’ajoute une accélération, de l’ordre de 35 %, des lancements de nouveaux produits auprès de leurs clients. Cette rationalisation des systèmes, devrait, « selon notre étude, leur conférer de véritables avantages stratégiques à l’heure de conquérir de nouveaux marchés, dans leur propre pays comme à l’étranger », déclare Serge Callet, responsable de l’offre Assurances d’Accenture. En effet, aujourd’hui du fait du mouvement de concentration constaté dans ce secteur, la mise en place de systèmes rationalisés et réactifs devient vital. Dés lors, les assureurs sont confrontés au double défi de l’amélioration de la qualité de service et de la diversification des produits, le tout dans des contextes de fusion. 2.1.2 – L’externalisation Elle consiste à confier ses activités à un prestataire externe. La réduction des coûts devenant indispensable, les assureurs se tournent vers l’infogérance de leur réseau, mais aussi de pans d’activités périphériques68. Certaines activités se prêtent bien à l’outsourcing : c’est le cas des infrastructures matériels ou des « help desks » informatiques. L’objectif est clairement de ne payer qu’une prestation par rapport à un volume d’activité. De plus, il est plus facile de rompre un contrat d’externalisation qu’un contrat de travail. Cette méthode offre de la souplesse. Les exemples d’externalisation sont nombreux dans le secteur des assurances. D’autant que la dématérialisation et le management des processus métiers ont représenté une évolution majeure dans le monde des assurances. Dans les back-offices de gestion des contrats et des sinistres, l’informatique est devenue présente tout au long des processus. Or, si ces évolutions techniques ont permis la mise en place du télétravail, elles ont aussi facilité l’externalisation de nombreuses activités. 67 www.business-leader.ch 68 www.agefi.fr Florence Klein 30 avril 2009 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 68 Dés lors, il est facile de penser qu’« une tâche réalisée en télétravail peut potentiellement être externalisée » déclare Denis BERARD consultant à Association Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT) lors de son interview.69 70 % des dépenses informatiques des assureurs sont consacrées à des coûts récurrents d’infrastructures et de maintenance, 30 % seulement restant pour les projets nouveaux. Selon Jean-François Gasc, responsable du secteur de l’assurance chez Accenture « La possibilité de transformer des coûts fixes en coûts variables explique leur intérêt croissant pour l’externalisation». Une opération d’infogérance permet en effet d’optimiser les coûts : « Ces gains peuvent aller jusqu’à 15 % du coût annuel », estime Jean-Michel Goubert, associé du cabinet Tiefree Partners. Les entreprises ont toutefois tiré les leçons de la vague des années 2000 qui tendait à externaliser en « offshore » lointain - en Inde par exemple - . Aujourd’hui, la tendance est de privilégier une logique de coût, tout en respectant un haut niveau de qualité des prestations. Les assureurs se dirigent désormais vers de l’externalisation en France, ou en « nearshore » (offshore de proximité) de préférence en zone francophone - au Maghreb - pour des raisons de qualité. En France, les AGF ont établi en 2006 un partenariat avec IBM pour un contrat de 215 millions d’euros sur dix ans. Ce partenaire garantit la production informatique de l’ensemble des AGF en France. L’ensemble des applications, de la comptabilité au CRM (outil de la relation client) sont gérées avec ces infrastructures. Aviva, cinquième assureur mondial, a signé un contrat sur dix ans avec EDS pour l’infogérance de ses centres de données, dans le but affirmé de réduire ses coûts. L’éditique d’Aviva France a été externalisée auprès d’un prestataire spécialisé, la massification permettant de réaliser des économies d’échelle en termes de frais postaux. Il en va de même pour le pilotage des ordinateurs. Cette externalisation des activités « périphériques » permet de se centrer sur le cœur de métier : « Aujourd’hui, 80 % de notre activité est consacrée aux systèmes supportant la distribution de nos produits et aux relations clients (web, extranet, portails…), là où les services informatiques créent de la valeur ajoutée pour les métiers » souligne Philippe Gibert, DSI d’ Aviva France. La direction informatique de Paris Re a aussi choisi de se concentrer sur les activités à valeur ajoutée. Le fournisseur de solutions de réassurance (qui a repris les activités de réassurance d’Axa Re en décembre 2006) a signé pour sa production informatique un contrat d’infogérance avec son partenaire historique, Axa Technology Services. « La partie développements, liée au métier, a été conservée en interne car elle est un facteur de compétitivité de l’entreprise », explique Christian Labille, DSI de Paris Re. Après l’infogérance des infrastructures informatiques et de l’externalisation des développements, se profile l’externalisation de pans entiers d’activités. Dans ce cadre, le prestataire utilise ses propres systèmes d’information pour fournir le service final, par exemple la gestion intégrale d’un contrat d’assurance ou des contrats en « run off » souvent gérés sur des plates-formes anciennes dont la maintenance est extrêmement coûteuse en comparaison du service produit. 69 Interview en annexe n° 3 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 69 2.1.3 - La délocalisation Elle consiste à centraliser ou à externaliser une activité dans un pays présentant un différentiel salarial avec le pays d’origine. Le phénomène de mondialisation de l’économie qui s’est fortement développé ces vingt dernières années a conduit les entreprises à modifier leur approche et à prendre en compte les évolutions de leur environnement. De nouveaux marchés géographiques se sont ouverts, offrant des perspectives et des opportunités de croissance. Cette mondialisation, alliée au développement des moyens de communication et des systèmes de production informatisés, permet également de réviser les organisations pour répondre au mieux aux attentes des clients. Aux yeux des dirigeants d’entreprise même si le télétravail constitue aussi un nouveau mode d’organisation, il ne peut produire des effets aussi importants que la délocalisation, ne serait-ce qu’en raison du coût de la main d’œuvre en France qui est identique que l’on soit en télétravail ou en présentiel. Sous l’effet des évolutions technologiques, grâce à l’informatisation et à la numérisation, de nombreuses opérations ont connu un processus d’industrialisation. Cela concerne principalement les tâches administratives et les centres de contact. De nombreux groupes ont décidé d’utiliser leurs implantations internationales pour optimiser leur organisation et regrouper des fonctions administratives ou de support dans un pays donné pour des raisons de législation et/ou économiques. Ces délocalisations sont réalisées dans des logiques d’optimisation (organisation, recherche de gains de productivité, réduction des coûts) plus que dans des perspectives de développement de nouveaux marchés. La proximité du Maghreb, l’appartenance à une même culture francophone, les accords d’association avec l’Europe, les avantages fiscaux et enfin le faible niveau des salaires, - jusqu’à 10 fois moins cher - la souplesse de la législation du travail (avec l’autorisation du travail la nuit, le week-end) poussent les sociétés de service, les centres d’appels, les assurances à délocaliser au Maghreb, surtout au Maroc et en Tunisie. Par exemple, en septembre 2005 le roi Mohammed VI, a lancé « Casashore ». Il s’agit de créer un parc dédié aux activités d'offshoring pour les entreprises souhaitant délocaliser ou externaliser leurs activités au Maroc, notamment dans les domaines des services financiers, activités de back-office bancaire, assurances,(…). AXA s’installe à « Casashore », une zone d’investissement créée dans le cadre de la stratégie nationale de promotion des TIC, E-Maroc, à Casablanca. Dans le cadre de son projet d'entreprise baptisé "Ambition 2012", AXA envisage de délocaliser 1.500 emplois au Maroc d'ici 2012, sans licenciement, pour remplacer la moitié des 3.000 départs en retraite de salariés français prévus d'ici là. Ces embauches concerneraient les centres d'appel et les fonctions administratives de Back-office Ces solutions consistant à s’engager à l’étranger ne sont pas sans danger ; certaines entreprises admettent qu’elles ont surtout évalué les gains tirés du coût du travail mais elles ont parfois négligé tous les coûts cachés : les problèmes de qualité, le prix de formation de la main-d’œuvre, le taux de change, les assurances, les transports... Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 70 2.2 – Des raisons syndicales Pendant de nombreuses années les syndicats ont été farouchement opposés au télétravail ; les mentalités ont évolué doucement depuis la signature de l’ANI en 2005. Il aura cependant fallu trois ans aux partenaires sociaux pour assurer la transposition de l’accord cadre européen de 2002. Depuis, la voix des syndicats est plus mesurée ce qui laisse aux employeurs de meilleures latitudes pour proposer des négociations. Deux questions principales demeurent préoccupantes pour les syndicats lorsque les employeurs mettent en place des programmes de télétravail : • • comment le télétravail est-il introduit dans l’organisation ? quelle est la nature des conditions de travail offertes aux travailleurs ? Les réponses des employeurs à ces questions souvent jugées insatisfaisantes entretiennent la suspicion des syndicats. Les employeurs français d’assurance ont certainement attendu cette ouverture avant de se pencher sur la question du télétravail. Pour eux, il n’y avait pas suffisamment de recul sur les bénéfices possibles de ce type d’organisation ; ils n’y voyaient que des contraintes. C’est pourquoi les employeurs ont dans leur majorité adopté une attitude attentiste sur ce sujet. 2.3 – Des raisons culturelles Le développement exponentiel des nouvelles technologies et leur appropriation récente par les entreprises d’assurances rendent « l’offre de télétravail » possible. Pour autant, la « demande de télétravail » n’a pas réellement émergée formellement ni du côté des dirigeants ni du côté des salariés. En effet, les mentalités évoluent lentement. Dans le secteur de l’assurance perdure une structure hiérarchique pyramidale avec un aspect bureaucratique et administratif pour certains métiers (gestion des contrats par exemple) qui n’est pas favorable au développement du télétravail. Il est d’autant facile à développer que la structure de l’organisation sera légère, peu hiérarchique et réactive. La gestion des ressources humaines dans les sociétés d’assurances n’est pas encore mature dans deux domaines de la flexibilité : • Flexibilité des horaires avec la notion de fractionnement du temps de travail • Flexibilité interne avec la notion de changement de postes Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 71 Section 3 : Quel avenir pour le télétravail dans les sociétés d’assurances ? A l’horizon des dix années à venir, les grandes tendances de l’évolution des sociétés d’assurances sont70 : • • • • • L’industrialisation de l’assurance La poursuite de la rationalisation des processus La maîtrise des coûts Le respect des règles de Solvency 2 Le développement de l’offre de services aux clients (à l’aide de plate forme téléphonique) L’informatisation des entreprises d’assurance a modifié le contenu des activités en simplifiant et en réduisant les tâches de gestion. Les activités traditionnelles de souscription, de production et d’indemnisation sont celles qui sont le plus concernées par le processus d’industrialisation du secteur de l’assurance. Les métiers de l’assurance sont en mutation et vont continuer de se transformer. Ces transformations toucheront fortement les métiers de la gestion des contrats71 (soit 28.7 % de la population globale en 2007 avec un âge moyen de 42.5 ans et une ancienneté moyenne de 17,3 ans). L’éligibilité de ces métiers au télétravail à l’avenir va s’accroitre modérément pour des raisons structurelles. En effet, les tâches à faible valeur ajoutée, répétitives seront de plus en plus industrialisées, automatisées et prises en charge quasiment complètement par les systèmes experts. Les gains de productivité seront alors considérables. La population des personnels de la gestion (souscription, contrats et sinistres) devrait diminuer pour être déployée vers des métiers à l’orientation client plus prononcée. Cette tendance sera confortée par le passage d’une indemnisation uniquement pécuniaire à la généralisation d’une réparation en nature. Il s’agit ici d’un mouvement de fond de réduction de la culture technique - basée sur des connaissances acquises et sur un savoir-faire « métier » - au profit d’une culture du service faisant appel à d’autres compétences. Ces salariés devront mettre en œuvre une prestation satisfaisant immédiatement le client dans une approche tournée « assistance ». Dans ces conditions comment mettre en place le télétravail pour des salariés déjà occupés à relever le défi de leur employabilité et qui doivent acquérir de nouvelles compétences ? 70 Quels métiers demain ? Observatoire des métiers de l’assurance – juin 2006 71 Observatoire des métiers de l’assurance rapport 2008 p38 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 72 Il faudrait pour cela dissocier la chaîne d’intervention entre : • • une phase de réception des contacts, d’analyse, de conseil et de coordination entre les différents acteurs pour répondre aux besoins des clients, une phase de mise en œuvre « physique » de la prestation auprès des clients exemple l’assistance aux personnes sur leur lieu de vie Seule la première phase pourrait être télétravaillée par les salariés depuis leur domicile. Les plates-formes optique/dentaire/services à la personne qui sont amenées à se développer ces prochaines années pourraient quant à elles intégrer une telle organisation. En tout état de cause, ce dispositif ne sera possible qu’avec un plan d’accompagnement fort de la part des Direction des ressources humaines, des plans de formations adaptés et ne pourra concerner qu’une petite partie des effectifs. Par contre, il existe un axe de développement du télétravail : celui des cadres des fonctions commerciales, marketing, gestion des actifs. Aujourd’hui, ce mode d’organisation du travail est souvent informel pour ces fonctions ; il va poursuivre son développement d’autant plus vite que les moyens technologiques à disposition seront innovants. Dans ce cas, l’informel cédera le pas au formalisme dans quelques années. A cela s’ajoute la poursuite de l’entrée sur le marché du travail des compagnies d’assurances de la génération Y. Cette expression « Génération Y »72 désigne les personnes nées entre 1978 et 1994 (soit en 2010 des personnes âgées de 16 à 32 ans). Aujourd’hui, tous ces jeunes représentent 20 % de la population française. Ils sont caractérisés par les quatre « i » : • • • • Individualisme Impatience Interactivité Interconnexion En entreprise, la génération Y estime avoir plus de droits que de devoirs. Leur force, c’est leurs compétences. Ils ne transigent pas avec l’équilibre vie privée vie professionnelle (et le font savoir) et sont en permanence connectés au monde et à leur entourage via leurs téléphones, les réseaux sociaux, les messageries instantanées. Cette génération est réputée très créatives et multitâches. 72 Génération Y, mode d’emploi, Daniel Ollivier, Catherine Tanguy, De Boeck, 2008, 19,50 euros. Steelcase consulte 4 fois par an avec IPSOS un panel de 2400 salariés européens représentant l'Allemagne, la France, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas et le Royaume Uni afin d'analyser leurs préoccupations et leurs attentes en matière d'aspirations professionnelles et de conditions de travail. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 73 Les Y aiment être considérés par leur entreprise et qu’on leur fasse confiance. Ils recherchent des postes à forte valeur ajoutée et sont beaucoup plus autonomes que leurs aînés. Cette génération exprime depuis une petite dizaine d'années de nouvelles attentes en matière d'environnement de travail. Le bureau dans l'entreprise doit s'adapter à la distribution des processus de travail : grâce à la technologie et notamment au développement de l'Internet, ils peuvent désormais travailler à distance de chez soi et d'ailleurs (hôtels, cafés, transports ...), mais également à distance dans les environnements virtuels en 3D (espaces collaboratifs, salles de réunion virtuelles ...) Que représentent cette génération Y, particulièrement sensible au respect de l’équilibre vie privée vie professionnelle et fort utilisateurs de NTIC dans les entreprises d’assurances ? Les moins de 30 représentent 15% de la population totale des assurances et pour ce qui concerne les nouveaux entrants, les moins de 30 ans représentent plus de 59% des embauches annuelles73. Chez ces générations Y embauchées le taux de cadres est de 17,9%. La présence la plus significative des moins de 30 ans se situe dans les familles de métiers à forte expertise et à formation initiale élevée telle la conception et l’adaptation de produits ; la gestion des actifs, études et conseils, le commercial. Le télétravail dans les sociétés d’assurance se développera de façon modérée. Il constituera plutôt une organisation du travail « intériorisée » par les jeunes cadres entrants qu’une révolution des organisations du travail dans ce secteur. Le télétravail s’intégrera dans une stratégie globale de gestion du temps et d’organisation du travail déterminée par l’entreprise. Outil de flexibilité, le télétravail va s’ajouter à la panoplie de mesures à la disposition du Directeur des Ressources Humaines et pourra servir de levier de négociation au même titre que d’autres mesures, sans pour autant détenir une place prépondérante. La troisième partie de cette étude s’attache donc à proposer des recommandations destinées à la mise en place d’une démarche de télétravail dans le secteur des assurances. 73 Rapport 2008 de l’observatoire des métiers des salariés de l’Assurance Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 74 TITRE 3 : Préconisations pour la mise en œuvre du télétravail dans une entreprise d’assurance Chapitre 1 : Le cadre juridique du télétravail Si les premières expériences de télétravail se sont surtout développées sur le mode de l’informel fondé sur des négociations individuelles ou des accords tacites, force est de constater que les grandes entreprises proposent désormais un cadre plus formel aidées en cela par les dernières dispositions juridiques. Section 1 : Le cadre juridique du télétravail Le cadre juridique du télétravail se hiérarchise ainsi : • L’accord cadre européen du 16 juillet 2002 négocié par les partenaires sociaux européens. Ce texte européen est un « accord volontaire » ce qui est différent d’une Directive Européenne. Pour la première fois, un accord européen doit être mis en œuvre par les membres des parties signataires eux-mêmes. Les partenaires sociaux peuvent négocier soit «sous le couvert de la législation», auquel cas l’accord devient ultérieurement une directive, soit à titre volontaire, sur le thème de leur choix, auquel cas l’accord peut être mis en œuvre selon leurs propres procédures de négociation au niveau national. L’accord ayant un caractère volontaire, il n’y a aucune obligation de transposition dans le droit national. • La loi française ne comporte pas d’article spécifique sur le télétravail. Les auteurs, Nicole Turbé-Suestens et Anne-Sylvie Saurin Thelen74, préconisent l’introduction de certains éléments dans le Code du Travail afin de sécuriser les notions suivantes : 1. Définir la qualité de salarié existant actuellement dans la jurisprudence 2. Introduire la présomption d’accident du travail figurant dans l’article L411-1 du Code de la Sécurité Sociale, 3. Instaurer un système déclaratif pour la couverture d’assurance 4. Spécifier le cadre et les limites des moyens de surveillance • L’Accord National Interprofessionnel du 19 juillet 2005 étendu par arrêté du ministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement en date du 30 mai 2006. Il ne crée pas un régime juridique particulier pour le télétravailleur, qui demeure un salarié comme les autres. Cet accord clarifie le statut du télétravailleur ; il garantit notamment l’égalité de traitement entre les télétravailleurs et les autres salariés. La responsabilité du DRH est de s’assurer que l‘entreprise met tout en œuvre pour assurer cette égalité dans 74 RH&M n°33 avril 2009 p65 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 75 les domaines tels que : la santé, la sécurité, l’organisation du travail la formation et les droits collectifs. • Les accords de branche : ces accords devraient compléter et préciser l’accord national interprofessionnel. A notre connaissance, aucun accord de branche n’a été signé à ce jour pour la branche assurance. • Les accords collectifs d’entreprise : A l’ occasion de cette étude, nous avons pu en réunir quelques uns. Les plus grandes entreprises choisissent d’établir un accord collectif pour une plus grande sécurité juridique des parties. • Le contrat de travail individuel ou un avenant. 1.1 - La conclusion d’un écrit pour la mise en place du télétravail En matière de télétravail, il est important de distinguer le télétravail occasionnel répondant à une situation particulière, l’aménagement ponctuel répondant à une situation imprévue et de courte durée du télétravail récurrent, organisé répondant à un choix de l’entreprise et du salarié sur une durée suffisamment longue. Dans les deux cas, la formalisation n’est pas identique. Si le premier cas peut se passer d’une formalisation excessive, le second cas doit répondre à l’ensemble des dispositions de l’ANI où il est précisé que le télétravail doit faire l’objet d’un texte écrit : ce texte est soit le contrat de travail pour les salariés embauchés comme télétravailleurs, soit un avenant au contrat de travail antérieur pour les salariés devenant télétravailleurs. « Le télétravail peut faire partie des conditions d'embauche du salarié ou être mis en place, par la suite, sur la base du volontariat. Dans ce cas, il doit faire l'objet d'un avenant au contrat de travail ». Comme constaté dans les interviews, cette mesure est respectée par toutes les entreprises relevant du Droit du travail Français. Dans tous les cas, l’article 2 de l’ANI stipule que l'employeur fournit par écrit au télétravailleur l'ensemble des informations relatives aux conditions d'exécution du travail y compris les informations spécifiques à la pratique du télétravail telles que le rattachement hiérarchique, les modalités d'évaluation de la charge de travail, les modalités de compte rendu et de liaison avec l'entreprise, ainsi que celles relatives aux équipements, à leurs règles d'utilisation, à leur coût et aux assurances, etc. » Le rapport "Le télétravail en France"75 du Forum des droits sur l'Internet recommande que le contrat de travail ou l’avenant traite des 6 points suivants : 1. Le principe d’une période d’adaptation au télétravail pendant laquelle le salarié ou l’employeur peuvent décider de mettre fin au télétravail. 2. Le descriptif du poste, du temps et de la charge de travail correspondante 3. Les plages horaires de disponibilité du télétravailleur 4. Le ou les lieux de travail et la rémunération 5. Les règles d’utilisation du système informatique et du traitement des informations 75 Rapport du Forum des droits sur l'Internet 14 décembre 2004 (association financée en partie par le ministère de l’Economie, des finances et de l’industrie constituée de personnes morales publiques ou privées). Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 76 6. La prise en charge des coûts d’installation, de maintenance et d’équipements ainsi que des coûts induits Dans ce document contractuel, il faut prévoir une clause de réversibilité. Quand le télétravail ne fait pas partie des conditions d’embauche, le salarié et l’employeur peuvent, à l’initiative de l’un ou de l’autre, convenir par accord d’y mettre fin et d’organiser le retour du salarié dans les locaux de l’entreprise. Les modalités de cette réversibilité doivent être établies par accord collectif ou individuel. 1.2 - Le caractère volontaire du télétravail L’article 21 de l’ANI prévoit : « Le télétravail revêt un caractère volontaire pour le salarié et l’employeur concernés ». Si un salarié exprime le désir d'opter pour le télétravail, l'employeur peut, après examen, accepter ou refuser cette demande. Le passage au télétravail, en tant que tel, parce qu'il modifie uniquement la manière dont le travail est effectué, n'affecte pas la qualité de salarié du télétravailleur. Le refus d'un salarié d'accepter un poste de télétravailleur n'est pas, en soi, un motif de rupture de son contrat de travail. » (cf. l’arrêt de la cour de Cassation du 30 mai 2006 au paragraphe suivant). En principe, nul ne peut se voir imposer le télétravail : il est à craindre que ce principe ne soit pas toujours respecté notamment en cas de déplacement géographique de l’entreprise. 1.3 - La consultation des organisations représentantes du personnel L’article 11 de l’accord national prévoit : « Le comité d'entreprise ou, à défaut, les délégués du personnel dans les entreprises qui en sont dotées sont informés et consultés sur l'introduction du télétravail et les éventuelles modifications qui lui seraient apportées. Les télétravailleurs sont identifiés comme tels sur le registre unique du personnel ». Cette obligation permet de dénombrer les télétravailleurs et de les identifier personnellement76. Cette obligation s’applique dès l’introduction du télétravail : la consultation doit avoir lieu dès le premier télétravailleur. Cet article est donc plus contraignant que l’article L 432-2 du Code du Travail qui prévoit que «Le comité d'entreprise est informé et consulté, préalablement à tout projet important d'introduction de nouvelles technologies… ». Pour le télétravail, tout projet est considéré comme important. 76 Yves Lasfargue France Chercheur et consultant. Créateur de l'OBERGO (Observatoire des conditions de travail et l'ERGOstressie). Co-auteur, avec Pierre Mathevon, du livre "Qualité de vie et santé au travail" Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 77 Section 2 : Comparaison des accords collectifs « hors assurances » versus « Assurances » L’objet de cette section est d’examiner si le télétravail mis en place dans le secteur de l’assurance présente des particularités significatives. Pour ce faire, une analyse comparative des contenus de plusieurs accords devrait mettre en exergue les éventuelles différences pouvant exister entre le télétravail au sein d’une compagnie d’assurances et le télétravail mis en place dans l’industrie par exemple. Cinq accords ont fait l’objet d’une comparaison : deux accords pour le secteur « Assurances » • • Accord d’établissement relatif au télétravail du 12 juillet 2006 chez le courtier Verspieren Protocole d’expérimentation du télétravail au sein d’AXA France du 22 juillet 2008 Et trois accords pour le secteur « hors Assurances » : • • • Accord du 22 janvier 2007 relatif au télétravail à domicile entre Renault SAS et les organisations syndicales. Accord du 12 mai 2009 portant sur la mise en œuvre du télétravail chez Michelin Accord sur les modalités d’application du télétravail au sein de Dassault Systèmes Au regard des éléments recueillis, il apparaît dans le tableau ci-dessous que les accords collectifs signés par les employeurs et les organisations syndicales ne différent que marginalement entre le secteur des assurances et les autres secteurs. Ces accords respectent l’accord cadre européen de 2002 et l’accord national interprofessionnel de 2005. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 78 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 79 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 80 En synthèse, au vu des éléments analysés, il n’existe pas de modèle particulier de télétravail propre au secteur de l’assurance. Le contenu des cinq accords étudiés est presque identique. De ce point de vue, la démarche de télétravail peut être mise en place avec autant de facilité pour une entreprise du secteur de l’assurance ou d’un autre secteur. Les différences minimes constatées concernent certaines modalités de mise en œuvre résultant de choix de la part des entreprises. (Prix de l’indemnisation forfaitaire, durée de l’accord…) Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 81 Section 3 : Eléments de jurisprudence77 Les conflits portés devant la justice concernant le télétravail sont peu nombreux. Ils résultent souvent de pratiques informelles du télétravail et reflètent aussi un malaise entre salarié et employeur. Le télétravail n’étant qu’un prétexte. Deux situations sont possibles : • • Soit l’employeur souhaite en réalité licencier son salarié pour des raisons économiques ou personnelles. Soit le salarié souhaite par ce biais échapper là l’exécution de certaines clauses de son contrat de travail. Un seul conflit concernant le télétravail mis en place dans les sociétés d’assurance a été recensé. Par conséquent, cette étude fera aussi mention d’autres cas issus de secteurs différents. Aujourd’hui, beaucoup de télétravailleurs Français (toutes branches d’activité confondues) sont encore dans le mode « informel » ; le cadre juridique du télétravail n’étant pas défini encore très précisément, certains salariés ne sont pas en mesure de l’appréhender dans sa globalité, le comprendre et le maitriser. Les litiges liés à l’exécution des engagements des parties prenantes au télétravail suivent la voie suivante (classique pour les litiges entre employeur et employé) : négociation entre les parties, intervention possible de l’inspection du travail, Conseils des Prud’hommes, Cour d’Appel et en dernier recours la Cour de Cassation. Dans un 1er arrêt de la Cour de Cassation78 , la cour de Cassation a décidé que d’obliger un salarié qui travaille deux jours par semaine à son domicile de venir travailler tous les jours au siège de l’entreprise constitue une modification du contrat de travail. Le télétravail constitue une organisation contractuelle du travail qui ne peut être modifiée sans l’accord du salarié. Seul un accord des parties peut donc mettre fin au télétravail. Dans cette affaire, la Cour de Cassation confirme que le domicile du salarié n’est pas un lieu de travail comme un autre ; il n’est pas soumis aux règles applicables à la mise en œuvre d’une clause de mobilité. La solution retenue par la Cour de Cassation rejoint la position adoptée par les partenaires sociaux dans l’ANI de 2005 qui exige l’accord des parties pour mettre fin au télétravail. Dans une seconde affaire plus ancienne la Cour de Cassation (Cassation partielle79 77 Les décisions de jurisprudences figurent en annexe n°15 78 Société SCC venant aux droits de la SA Allium c/ Christine X. N° 04-43592 79 www.foruminternet.org/specialistes/veille-juridique/jurisprudence N° 02-47621 / Bulletin n° 137 – Cassation partielle Travail à distance – Modification du contrat de travail – Licenciement – Faute grave (non) – Lieu du travail – Élément essentiel du contrat Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 82 13 avril 2005) a considéré que le fait d’imposer à un salarié de se rendre désormais au siège de l’entreprise situé à une grande distance, pour exécuter son travail administratif constituait une modification de son contrat. La Cour s’est appuyée sur la notion de distance entre le domicile et le siège. Enfin, dans une troisième affaire, en octobre 2001, la Cour de cassation dans un arrêt Abram c/Zurich Assurances80 a décidé que « le salarié n’est pas tenu d’accepter de travailler à son domicile, ni d’y installer ses dossiers et instruments de travail ». La haute juridiction a conclu qu’il y avait une modification unilatérale du contrat après ordre donné au salarié « après suppression du bureau dont il disposait […] d’installer à son domicile personnel un téléphone professionnel et des dossiers » Dans cette affaire, le passage au télétravail salarié, qui constitue une modification radicale de l'organisation du travail et des modalités d'exécution du contrat de travail, n'a pas été présenté comme une modification du contrat nécessitant l'accord du salarié. Il s'agit d'une décision dont les vertus pédagogiques sont certaines dans un pays où la plupart des télétravailleurs ne bénéficient pas d'un avenant au contrat de travail conclu à l'origine pour travailler "dans les murs" de l'entreprise81. Deux arrêts de Cour d’Appel sont recensés sur le sujet du télétravail. Dans cet arrêt de la COUR D’APPEL de Paris, 18e chambre E du 16 septembre 2005 (S.N.C. Mallorie et Compagnie c/ M. Chrystel M., Unedic AGS CGEA de Bordeaux)82 Un salarié, travailleur à domicile, est licencié par son employeur à plusieurs titres. L’employeur lui reproche d’avoir refusé de se soumettre au contrôle et au suivi régulier de son travail à domicile, d’avoir dépassé son forfait Internet et d’avoir modifié sans autorisation les mots de passe d’accès à Internet. La Cour d’appel de Paris, dans son arrêt en date du 16 septembre 2005, considère que la preuve des différents éléments reprochés au salarié n’est pas rapportée par l’employeur et donc qu’il ne peut pas être licencié. Le deuxième arrêt a aussi été rendu par la COUR D’APPEL de Paris, 22e chambre A, 15 décembre 2004 - Mme Hélène C. c/ Société Ethicon « Suite à la mise en place de nouvelles méthodes de vente par son employeur, une salariée, dans une situation de télétravail, prend acte de la rupture de son contrat de travail, considérant qu’elle fait l’objet d’un harcèlement moral. La Cour d’appel de Paris, dans son arrêt en date du 15 décembre 2004, considère que la salariée ne rapportant pas la preuve d’un harcèlement moral, la rupture du contrat de travail produit les effets d’une démission. En effet, les changements technologiques imposés concernaient l’ensemble du personnel et ne visaient pas spécialement la salariée. Selon les magistrats, il lui appartenait, en sa qualité de cadre, d’organiser son 80 N° 99-42727 juris hebdo n° 736 bull n°292 81 www.virtualegis.com Pascal ALIX Avocat à la Cour 82 N° RG : S 04/32255 – Confirmation partielle Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 83 temps de travail. Elle ne saurait s’appuyer sur des emails envoyés occasionnellement le soir ou le dimanche sans sollicitation urgente de son employeur »83. L’étude des aspects juridiques du télétravail (textes en vigueur et jurisprudence) permet de comprendre et favoriser sa mise en place. Dans un second chapitre, des éléments concrets et opérationnels spécifiques au secteur des assurances sont proposés avec notamment une cartographie des métiers éligibles au télétravail. 83 Mme Hélène C. c/ Société Ethicon N° RG : S 03/35651 http://www.foruminternet.org/specialistes/veille-juridique/jurisprudence/cour-d-appel-de-paris-22echambre-a-15-decembre-2004. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 84 Chapitre 2 : Les bonnes pratiques du télétravail dans les sociétés d’assurances ou comment le mettre en place avec succès ? Au regard des interviews menées, des lectures réalisées, les préconisations de cette partie sont les suivantes : la mise en place du télétravail doit faire tout d’abord l’objet d’une étude d’opportunité afin d’identifier les enjeux, les modalités et les gains à attendre, puis de lancer une étude de faisabilité afin de préciser le périmètre, les choix technologiques, les métiers et les salariés éligibles au télétravail, les modalités de mise en œuvre, tout en consultant les partenaires sociaux. La mise en place opérationnelle de cette nouvelle organisation doit être testée sur un périmètre réduit pendant une durée limitée. Ce test a l’avantage de donner à chacune des parties (employeur et salarié) une vision globale du dispositif permettant de confirmer ou d’infirmer les hypothèses choisies. Chaque entreprise est différente de part sa culture, sa localisation, sa stratégie : il est donc impossible d’édicter un modèle qui s’appliquerait à tous. En revanche, certains éléments structurants doivent être passés en revue systématiquement. Avant toute démarche pour mettre en place le télétravail dans une société d’assurance, une première phase appelée phase de diagnostic s’impose : pourquoi l’employeur souhaite-t-il mettre en place le télétravail ? Ce questionnement est nécessaire afin de déterminer l’objectif (ou les objectifs) à atteindre. Chaque organisation possède un contexte spécifique ; les travailleurs sont différents, les compétences, les niveaux de responsabilité, les fonctions, les motivations à télétravailler ne sont pas équivalents. Les principales raisons ont été évoquées en titre I de cette étude ; elles concernent : • • • • • • La réduction des coûts immobiliers La diminution des temps de trajets des salariés et la réduction du stress La réduction de l’absentéisme La contribution à des réorganisations de sites d’exploitation Les gains de productivité Le souhait de conserver ou d’acquérir une compétence particulière qui ne peut être embauchée dans une configuration classique de travail Les six axes d’une pratique réussie du télétravail sont : • • • • • • Une autonomie et un niveau de maturité suffisant dans l’utilisation des nouvelles technologies La mesure du travail par le résultat avec un management par objectif Des télétravailleurs ayant le profil adéquat (attirance et maitrise des NTIC, qualités personnelles) Une confiance mutuelle entre les parties prenantes Gestion fréquente et efficace des communications synchrones et asynchrone84 Des formations adaptées à l’organisation du travail à distance 84 Terme employé par Nicole Turbe-Suetens article RH&M n°35 octobre 2009 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 85 Section 1 : Détermination des métiers éligibles au télétravail L’entreprise d’assurance doit établir sa propre cartographie des métiers éligibles au télétravail car chacune possède sa propre culture et sa maturité face aux nouvelles technologies même si elles appartiennent au même secteur. Deux critères sont essentiels pour établir cette cartographie : • • Le taux de pénétration des NTIC dans l’entreprise et le métier Le management par objectif adopté par le métier 1.1 – Les métiers utilisant des nouvelles technologies de l’information et de la communication Le premier critère contribuant à rendre un métier éligible au télétravail est l’utilisation, par le métier et dans ses activités, des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) définies en début de document. L’emploi de documents sous forme numérisés et/ou l’utilisation de l’échange, d’ordinateur à ordinateur, de données - concernant des transactions – au travers des réseaux et des formats normalisés EDI (Electronic Data Interchange ou Echange de Données Informatisées) constituent un critère véritablement différenciant pour la mise en place du télétravail. L’existence d’applications métiers développées en java et accessibles par le Web contribuent à faciliter la mise en place du télétravail. Au cours d’une conversation avec un Directeur Retraite des régimes AGIRC et ARCCO au sein d’une Institution de Prévoyance, celui-ci a indiqué que la numérisation des dossiers individuels des futurs retraités et leur répartition dans les équipes de gestion par un « workflow » pouvait permettre la mise en place du télétravail dans son activité. Dans cette direction, les collaborateurs estiment et calculent les rentes à servir aux allocataires ; ils sont présents sur plusieurs sites géographiques. L’application plateforme retraite complémentaire (PRC) utilisée par les salariés est accessible par le Web. Les documents entrants sont dématérialisés, stockés et via un « workflow », affectés équitablement en tenant compte du temps de travail dans la corbeille de chaque collaborateur sans répartition géographique particulière. Un rééquilibrage de l’affectation des dossiers peut se faire manuellement dans l’outil par les responsables d’unités de gestion. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 86 Schéma 1 : organisation en présentiel Organisation en présentiel GED Work flow Documents clients entrants scanner Siège social Répartition automatique du flux à traiter entre les sites Angers Lille Paris Bordeaux Schéma 1 source : H. Lopez Aujourd’hui, ce directeur manage déjà ses équipes par objectif individuel quotidien avec indicateurs précis et mesures quotidiennes (exemple : nombre de dossiers liquidés par jour, nombre d’erreurs). Les résultats de la production de chaque salarié sont ensuite consolidés mensuellement ; certains de ses collaborateurs sont demandeurs de la mise en place du télétravail à domicile mais « le vrai frein est venu de la Direction Générale et de la DRH compte tenu du contexte de fusion dans lequel s’était engagé la société et des priorités de négociations définies avec les organisations syndicales ». Le schéma 2 ci-après représente l’organisation cible telle qu’elle aurait pu être mise en place incluant l’existence de télétravailleurs à domicile en pendulaire et de travailleur en présentiel. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 87 Organisation en télétravail Work flow GED Documents clients entrants Scanner Répartition automatique du flux à traiter entre les sites et les domiciles Paris Lille Bordeaux Schéma 2 source : H. Lopez 1.2 – Les métiers ayant adopté le management par objectif sont éligibles au télétravail Le second critère est l’adoption du management par objectif (MPO) par le métier avec la définition de résultats attendus. Le management par objectif c’est : • • • • Définir et quantifier les résultats à produire, les livrables Décider de l'action à mener pour y parvenir Faire le bilan et mesurer les résultats enregistrés Analyser les résultats pour permettre une progression Ainsi le manager doit être capable de déterminer les objectifs de ses équipes, de coordonner les activités, de les motiver, de communiquer avec elles puis de mesurer leurs performances, développer leurs compétences. Dans la mesure du possible, il est conseillé pour faciliter la mise en place de ce management de définir les objectifs avec la participation de la personne qui va les assumer ; elle les acceptera mieux et les chances de réussite en seront accrues. Mettre en place du management par objectif est un préalable indispensable au déploiement du télétravail. Il est même préférable que cette pratique ait été adoptée dans l’entreprise depuis plusieurs années pour que les salariés aient eu le temps de se l’approprier. Admettre le management par objectif c’est aussi reconnaitre que du temps est laissé aux salariés pour atteindre leurs objectifs. Le salarié vend alors son investissement personnel, sa créativité. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 88 1.3 – Exemple d’une cartographie des métiers éligibles au télétravail La cartographie des métiers éligibles au télétravail ci-dessous a été élaborée dans le cas de Malakoff Médéric. Elle constitue un exemple de ce qu’il conviendrait de faire pour déterminer les métiers éligibles au télétravail au sein de chaque entreprise. Ce graphe a été conçu en questionnant un représentant de chacune des activités décrites. Les activités ont été analysées et des notes ont été attribuées : plus elles sont élevées, plus la personne interrogée considère que son activité fonctionne avec « un management par objectif » et que « l’utilisation des NTIC » est fréquente et nécessaire dans l’activité considérée. Les principaux métiers éligibles au télétravail selon l’analyse réalisée chez Malakoff Médéric sont : Informatique et télécommunication, gestion des actifs, gestion et adaptation des produits, commercial, communication, études et conseils. Source H. lopez Les métiers présentés ci-dessus correspondent à la nomenclature conçue par l’Observatoire de l’Evolution des Métiers de l’Assurance85. Le contenu détaillé de chaque métier figure en annexe86. La taille des bulles est une extrapolation du poids des salariés de chaque métier dans la population totale des salariés des sociétés d’assurances adhérentes à la FFSA ou au GEMA appliquée à Malakoff Médéric. 85 L’Observatoire de l’évolution des métiers de l’Assurance Rapport 2008. (Données 31/12/2007) pages 43 et suivantes 86 Annexe n°13 détail des activités des métiers Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 89 Les métiers les plus éligibles au télétravail sont aussi parmi ceux qui recrutent à la fois, le plus de cadres (informatique et télécommunications, conception et adaptation des produits, commercial)87 et les individus de la génération Y (moins de 30 ans). Ainsi, le potentiel de développement du télétravail sera d’autant plus grand que les critères de métiers, CSP et âge seront convergents. Section 2 : Les aspects humains du télétravail Le projet de mise en place du télétravail est moins un projet technologique qu’un projet d’individus et d’organisation. La politique de gestion des ressources humaines fait appel à des notions diverses : rôle du manager à distance et relations managériales, confiance, contrôle, communication…. 2.1 – Quel profil pour le télétravailleur ? L’employeur doit déterminer si les salariés volontaires au télétravail possèdent un profil compatible avec cette organisation du travail. Cette étude propose un profil « type » des qualités que doit réunir intrinsèquement le télétravailleur. Ce « profil type » constitue un exemple ; il a été établi avec les télétravailleurs et les managers interviewés. Sur la base d’interviews menés auprès de télétravailleurs et managers, chacun a complété un tableau listant des qualités personnelles en précisant si ces qualités sont plutôt nécessaires en présentiel ou en situation de télétravail. Des notes ont été attribuées à chacune des qualités. Cette présentation a un caractère un peu théorique car un salarié dans l’absolu doit posséder l’ensemble de ces qualités. Ce profil a pour but de sensibiliser les dirigeants en montrant qu’à compétence technique égale, certains salariés sont plus aptes que d’autres à télétravailler. Il ressort de ces questionnaires que le choix de l’employeur doit se porter en priorité sur les salariés possédant les qualités ci-dessous. Un entretien avec le manager direct puis avec DRH est indispensable. L’idéal est de corroborer cette évaluation par la passation d’un rapide test de personnalité. 87 Rapport 2008 de l’observatoire des métiers de l’Assurance Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 90 Source : H. LOPEZ Il est absolument essentiel que les télétravailleurs possèdent la majorité de ces qualités en bleu clair sur le radar. En effet, la mise en place du télétravail va obliger l’entreprise et le manager à concevoir un autre mode de management : le « management par objectifs » lequel pousse les salariés, sans leurs supérieurs hiérarchiques présents pour les « surveiller » de façon permanente, à effectuer un travail consciencieux dans le temps imparti. Au quotidien, il n’y a ni rappel à l'ordre, ni encouragement verbal ni émulation dans le cas du travail à distance. La motivation se fait donc de façon individuelle, le télétravailleur doit être capable de fonctionner ainsi tout en accordant une véritable légitimité à son travail. A partir des indications fournies par cet échantillonnage de télétravailleurs expérimentés sont révélées les qualités (nécessaires et indispensables) requises à l’égard des salariés candidats au télétravail. Ne pas les réunir au début de l’expérience risquerait d’aboutir à un échec pour les deux parties. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 91 2.2 – Confiance versus contrôle ? Le principal pilier pour le développement du télétravail est nécessairement la confiance réciproque entre les parties. En effet, à la fois, les expériences réussies (cf. interviews menées) et les recommandations des principaux acteurs (dont les experts du forum des droits sur l’internet)88 insistent «sur la nécessité de mettre en place un environnement de confiance entre l’employeur et le salarié, en répondant aux questions de chacun afin que le télétravail soit un pari gagnant pour tous ». Les managers savent que la confiance n’exclut pas le contrôle. Or comment contrôler la qualité et la quantité du travail réalisé à distance ? Pour la quantité, il faut se référer à ce qui est fait par les autres salariés en présentiel ; pour la qualité, il est possible de mettre par exemple, des contrôles de cohérence sur des critères pertinents (nature de prestation, montant, fréquence) pour chaque activité. L’existence de système d’information « ad hoc » (exemple work flow) facilitera le déroulement des processus de contrôle. 2.3 - Manager à distance, Comment faire 89 ? Un des freins, voire le principal, provient du refus clair ou évoqué des managers à mettre en œuvre une expérience de télétravail pour plusieurs raisons : • • • • • La peur de ne pas savoir manager ses salariés à distance La peur de ne pas savoir adapter les méthodes de management à cette situation particulière La crainte de la perte du pouvoir sur les salariés Le surplus de travail du fait du management de deux profils (télétravailleur et travailleur en présentiel) La peur de ne pas donner la même information à tous Pour éviter les écueils du management à distance, il est préférable d’adopter quelques règles de fonctionnement simples et efficaces. - La première règle est certainement de ne pas ignorer l’importance des rencontres en face à face car même les technologies les plus modernes ne peuvent pas remplacer les déjeuners, les discussions informelles et les réunions. Le manager doit arriver à recréer le lien avec ses collaborateurs distants. « Et surtout structurer, cadencer et séquencer les moments de rencontre tout au long de l'année » ajoute Jean Chaillet, directeur général adjoint de CSP - organisme de formation et de conseils - « qu'il s'agisse de conférences téléphoniques, d'entretiens annuels, de visites sur place, de séminaires ou d'animation du réseau ». Il faut soigner le sentiment d’appartenance à l’entreprise, au projet, à l'équipe du collaborateur éloigné. Le manager doit être à l’écoute du ressenti des télétravailleurs. 88 Le télétravail L’entreprise en réseau est avancée Patrick Duncombe Les éditions DEMOS p 161 89 Par Bruno Askenazi, publié le 21/05/2007 - mis à jour le 21/05/2007 18:22 L’express.fr Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 92 - La seconde règle est de s’assurer que les télétravailleurs sont toujours bien formés. L'un des rôles du manager est de faire évoluer ses collaborateurs en favorisant l'accès à la formation, aux connaissances et aux compétences métiers mais aussi à tout l’éventail des technologies mises à leur disposition. C’est pourquoi, les télétravailleurs doivent avoir un goût prononcé pour ces nouveaux outils (Messagerie, forum de discussion, chat, plate-forme collaborative, Web conférence, calendrier partagé) afin de favoriser leur appropriation. - La troisième règle consiste à définir les règles d’utilisation des outils. Toute la difficulté résulte de l’emploi excessif et sans discernement de ces technologies avec au final un résultat contraire à ce qui était attendu. - La dernière règle est pour le manager un vrai challenge. Il doit plus que jamais démontrer ses compétences et être actif en donnant au télétravailleur des objectifs clairs et les moyens et les ressources nécessaires pour pouvoir progresser. Il doit aussi être lui-même formé au management à distance. 2.4 - L’accompagnement du télétravailleur Avant de mettre un salarié en télétravail puis tout au long de l’expérience, le salarié va devoir être suivi et accompagné. Il est conseillé de prévoir : - Un entretien avec un ergonome pour l’installation de son bureau avec formalisation des recommandations. - Une formation à la gestion du temps de travail en autonomie partielle et à l’organisation. Les entreprises responsables de télétravailleurs doivent mettre en place un programme de formation afin de proposer à l’utilisateur un rituel permettant de scinder sa vie professionnelle et sa vie familiale. Cela doit se traduire par un comportement proche de celui du travailleur en présentiel à savoir, le matin : • • • • la séparation physique d’avec les membres de la famille l’entrée dans «l’entreprise virtuelle» par l’isolement dans la pièce dédiée au télétravail l’ouverture des outils de travail A l'inverse, le soir, éteindre l’ordinateur et refermer la porte en sortant afin de « symboliser » la séparation des deux univers. Dans un entretien réalisé avec le Professeur Maurice Thévenet, celui-ci souligne le risque de mélanger vie privée et vie professionnelle. Il recommande de trouver des solutions pour « couper avec la famille » pendant les heures de télétravail. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 93 - Une déclaration par le salarié de l’exercice de son activité professionnelle à domicile à son assureur Multi Risques Habitation. Une attention particulière doit être portée sur les garanties et l’étendue de la couverture offerte. Certains assureurs pourraient ne pas couvrir les sinistres survenus aux télétravailleurs à leur domicile pendant leurs heures de travail. Parallèlement, l’employeur doit assurer le matériel informatique fourni au télétravailleur pour les dommages qu’il pourrait causer au matériel. 2.5 – La gestion de l’information La gestion de l’information constitue un élément important et à ne pas négliger dans toute démarche de mise en place du télétravail. Deux possibilités s’offrent à l’entreprise : • Soit elle met en place le télétravail à grande échelle et dans ce cas, il est vraiment conseillé de faire une campagne intensive de communication avec l’appropriation de cette démarche par les plus hautes instances de l’entreprise. Il faudra en faire la « publicité », entrer dans des négociations avec les partenaires sociaux, rédiger un accord collectif et accompagner ce changement. • Soit elle utilise ce mode d’organisation pour des cas particuliers afin de satisfaire à des besoins ponctuels, conjoncturels et dans ce cas, il est possible de conserver une mise en place légère, souple avec l’accord du salarié (dans le respect du droit du travail) et après information préalable du comité d’entreprise. 2.6 - Des critères objectifs d’éligibilité au télétravail Les recommandations suivantes résultent de l’analyse des exemples décrits précédemment. • Une durée de présence en CDI dans l’entreprise est recommandée – 2 à 3 ans - pour qu’un « sentiment d’appartenance à l’entreprise» se soit créé réduisant ainsi les inconvénients de l’éloignement. • Un salarié à temps complet. En effet, l’association « télétravail + temps partiel » rend la présence dans l’entreprise aléatoire, de trop courte durée. Ce choix peut poser des problèmes pour les collaborateurs du télétravailleur perturbés par le manque de présence physique pour échanger sur le travail commun. • Une expérience dans le métier suffisante – 5 ans – pour être autonome. • La présence au domicile du salarié d’une pièce dédiée au télétravail (le bureau du domicile par exemple). Cette exigence est d’importance. En effet, pour conserver tout son sérieux et son professionnalisme, le Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 94 télétravailleur ne peut s’installer « sur un coin de table » dans le salon. La coupure d’avec l’environnement privé est essentielle pour assurer au télétravailleur des conditions de travail proche de celle en entreprise. Il lui faut en quelque sorte « reconstruire son entreprise ». Cette exigence peut constituer un frein mais elle participe à l’affirmation de la légitimité de ce mode d’organisation. • Un télétravail pendulaire avec présence minimum dans l’entreprise de deux jours non consécutif constitue un compromis efficace pour les deux parties. • L’application des horaires collectifs de l’entreprise au télétravailleur ou contractualisation des horaires de travail pour simplifier le contrôle du temps de travail. • L’accord informel mais réel des collègues directs du télétravailleur est indispensable pour éviter toute tension résultant de cette organisation à part. • La mise à disposition des télétravailleurs d’une hot line technique Section 3 : Les solutions technologiques90 disponibles 3.1 - Les outils de sécurisation L’énoncé de ces solutions techniques n’a pas pour objet la couverture de l’ensemble des besoins des entreprises ni le remplacement de l’expertise des services informatiques internes. Il s’agit de montrer que des solutions existent et qu’elles peuvent être mises en œuvre par des experts. Les outils informatiques sont de plus en plus sophistiqués et la dématérialisation des supports de l’information s’accélère. Ces évolutions rendent l’organisation des entreprises plus flexible, mais elles augmentent par ailleurs les risques d’atteinte à l’intégrité ou à la disponibilité du matériel et/ou aux données utilisées. Afin de limiter les risques (erreur de manipulation, acte de malveillance : virus informatique) l’entreprise doit mettre en œuvre les moyens techniques nécessaires pour garantir la sécurité des données et des systèmes. Elle doit doter ses télétravailleurs de logiciels et d'outils suffisamment efficaces pour que le travail à distance soit synonyme de simplicité et de sécurité. Pour cela, il existe différentes catégories d'outils. 90 Préconisations techniques de Bernard Saint-jours informaticien SI2M Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 95 Il faut distinguer : • • • La sécurité du matériel par l’isolement physique (accès aux matériels, mots de passe, …) La sécurité des réseaux La sécurité des données par la limitation des accès à certains répertoires ou fichiers Dans le dernier cas, il est déconseillé au télétravailleur, dans le document qui va régir sa nouvelle organisation, de télécharger des patches et plugins disponibles sur Internet. Le télétravailleur est par définition éloigné des locaux de l’entreprise et doit pouvoir travailler en toute sécurité en accédant aux répertoires et fichiers ainsi qu’aux applications métiers. Les grandes entreprises, soucieuses de préserver la sécurité et la confidentialité des leurs données, peuvent mettre en place une liaison VPN IPSEC (Virtual Private Networks Réseau Privé virtuel) sorte de « tunnels de transmission sécurisés ». Le VPN donne accès au réseau local de l’entreprise via une liaison ADSL et une connexion 3G. Ainsi, si l’entreprise utilise un serveur de fichiers, le télétravailleur, de son domicile, pourra y accéder avec les mêmes droits que ceux qui lui sont attribués dans l’entreprise. L’utilisation d’un VPN est relativement simple dans un environnement XP ou Vista. Chaque machine utilisant ce système d’exploitation possède toutes les dispositions techniques pour établir une liaison VPN. Le VPN utilise des protocoles de communication sécurisée : même si la liaison avec l’ordinateur du salarié n’est pas sécurisée, l’emploi d’un VPN crypte toutes les données envoyées. Parmi les offres du marché, il existe aussi le « VPN remote » qui permet aux télétravailleurs de brancher un téléphone sur leur ordinateur et d’utiliser le réseau téléphonique de leur entreprise de la même façon que s’ils se trouvaient dans leur bureau. 3.2 - Les outils de communication 3.2.1 - Les outils collaboratifs Concernant les outils de communication les plus simples et les plus connus sont d’utilisation courante comme la messagerie électronique, les logiciels de téléphonie sur IP tel Skype - connu principalement pour ses fonctionnalités de visioconférence et d’échanges de gros fichiers - ou les logiciels de messagerie instantanée comme MSN Messenger ou Windows Live Messenger. Les échanges de courriers électroniques, les emails professionnels des salariés doivent être certifiés pour avoir une valeur juridique. Il faut donc prévoir l’établissement de certificats de sécurité et des accès externes aux serveurs emails de l’entreprise. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 96 Avec l’arrivée du web 2.0, nous assistons à la percée de nouveaux outils de « groupware » utilisant les technologies Internet. Ils fonctionnent sur le principe du partage de documents à distance pour un groupe de personnes lié par une communauté d'intérêt ou formant une équipe. Les informations sont partagées en un seul point (serveur) et tous les salariés peuvent y accéder selon leurs droits d’accès (lecture, modification). L’auteur des modifications peut envoyer un mail à ses collègues pour les informer de cette modification. Avec ces technologies, les documents ne circulent plus en pièce jointe, ils se croisent et sont centralisés pour un accès rapide. Il existe au moins trois exemples d’outils professionnels de nouvelle génération : • • • • La société XWiki a créé un wiki professionnel pour les entreprises, Lotus Connection d’IBM, logiciel que le constructeur qualifie de « Social Networking » d'entreprise GOOGLE Documents version payante pour les entreprises et sécurisée d’une application bureautique en ligne accessible depuis internet, avec une carte 3G payant SharePoint de Microsoft couplé à la messagerie exchange Le télétravailleur accède ainsi de chez lui à la messagerie de l’entreprise et aux agendas partagés, aux annuaires et peut gérer ses tâches et partager ses fichiers avec ses collègues. Pour savoir si un salarié candidat au télétravail bénéficie des infrastructures technologiques nécessaires, il est possible de se connecter à des sites tel que : www.ariase.com pour connaitre le niveau de couverture ADSL et le débit. 3.2.2 - Les outils de communication à distance Pour faciliter la communication avec le télétravailleur les jours où il travaille à domicile, le manager peut organiser des téléconférences avec un ou plusieurs collaborateurs. Il existe des solutions d'audioconférence par téléphone et de webconférence. L’accès se fait via Internet moyennant un forfait variable à la minute. D’autres solutions comme Microsoft Office Communicator renforce le lien entre les collaborateurs qui peuvent signaler leur présence (par des indicateurs de couleur), utiliser le « chat » (les messages s'affichent en quasi-temps-réel et permettent un dialogue interactif) d’utiliser la téléphonie en IP et la visioconférence. Ces outils sont adaptés aux communications synchrones et asynchrones. Les outils de communication actuels sont nombreux, variés et ouvrent des perspectives d’avenir pour le télétravail. Les problèmes de sécurité sont réels et il ne faut pas les sous estimer. Une fois les précautions d’usage prises, ces solutions offrent des niveaux de sécurité suffisants pour proposer le télétravail. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 97 Conclusion Comme nous avons pu le constater le télétravail est un sujet qui ne laisse pas indifférent. Malgré quelques ardents défenseurs du télétravail mais aujourd’hui malgré les ouvrages et études prônant son développement, de nombreux détracteurs s’abritent derrière des préjugés tenaces. Le sujet du télétravail dérange. Certains en font l’apologie comme étant « LE » remède à tous les maux de ce 21ème siècle : outil du développement durable, de l’aménagement du territoire, de l’équilibre personnel tout en permettant l’épanouissement professionnel, de la flexibilité, de la création d’emploi. Or, la réalité semble toute autre. S’il existe quelques grandes entreprises du secteur privé qui ont introduit avec succès le télétravail dans leurs organisations (IBM, EDFGDF, ADECCO, Renault…), nombreuses sont celles qui refusent de l’envisager : trop complexe, coûteux et source de difficultés pour les managers et les télétravailleurs. La vérité est certainement à mi chemin. Les exemples de télétravail recensés pour cette étude dans les sociétés d’assurances sont intéressants à plusieurs titres : ils prouvent que la mise en œuvre est possible, sous réserve d’un investissement financier de la part des employeurs et d’un investissement personnel élevé de la part des salariés (motivation, autonomie). Bien que cette étude ait démontré l’existence des pré requis technologiques et géographiques, que les métiers éligibles au télétravail dans le secteur des assurances soient nombreux (informatique et télécommunications, gestion d’actifs, commercial, gestion et adaptation des produits…) et que les résultats observés par les acteurs soient globalement jugés positifs, le télétravail ne suscite pas un enthousiasme de large ampleur. En effet, les populations concernées par cette organisation sont peu nombreuses (quelques dizaines de salariés maximum) et ne sont pas représentatives de la diversité des métiers du secteur de l’assurance (essentiellement de la gestion de contrats et des commerciaux). Les cas de mises en œuvre étudiés constituent des réponses ponctuelles à des problématiques personnelles et conjoncturelles. Alors, si le télétravail ne se développe pas plus c’est qu’il ne peut pas fournir, à lui seul, de gains financiers conséquents : par exemple, les économies de surfaces occupées donc de mètres carrés - réalisées par la suppression de quelques bureaux ne peut se comparer à un déménagement de locaux pour une implantation en bordure du périphérique parisien par exemple et encore moins s’il s’agit de locaux en Afrique du Nord. Les entreprises préfèrent miser sur d’autres modèles économiques plus connus (externalisation, délocalisation), plus maitrisés et dont les résultats financiers, les ROI peuvent être estimés avec précision. Le télétravail doit prendre sa véritable place : celle d’un outil de flexibilité intégré dans la panoplie des Directions des Ressources Humaines des entreprises d’assurances, Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 98 constituant « un plus » à proposer aux salariés, un moyen d’attirer de nouveaux talents ou de fidéliser des profils spécifiques et pointus. En dernier lieu, il faut se garder de trop encadrer le télétravail par la loi et plutôt privilégier les accords collectifs d’entreprises. La souplesse de mise en œuvre ainsi conservée sera certainement le meilleur vecteur, les générations Y en seront le parfait relais. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 99 ANNEXES Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 100 ANNEXE 1 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 101 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 102 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 103 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 104 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 105 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 106 ANNEXE 2 Les grandes dates de l’histoire du télétravail 1971 Aux Etats-Unis, première étude de Bell Système qui prévoit que tous les cadres américains travailleront chez eux en 1990. 1973 : Jack Nilles invente le mot « telecommuting » (Directeur du programme Nouvelles Technologies de l’Information et des Communications - NTIC à l’UCLA Californie) parallèlement à l’arrivée du premier choc pétrolier. 1978 En France, dans le rapport Nora-Minc91 étudiant les conséquences de l’informatisation sur l’emploi dans le secteur bancaire, le mot « télématique » est écrit pour la première fois. Il correspond à l’alliance de l’informatique et des télécommunications. Ce rapport constitue le premier effort de prospective dans le cadre du commissariat au plan. 1980 Jacques Delors, directeur du centre de recherche « travail et société » de l’université Paris-Dauphine, parle du télétravail pouvant servir à « une rénovation du milieu rural » et «à la formation d’un couple habitat-travail différent de celui de la deuxième révolution industrielle ». 1981 Les premiers micro-ordinateurs personnels apparaissent aux Etats-Unis. 1983 Accessibilité d’Internet au grand public. 1990 En France, la Direction de l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (Datar) lance un premier appel à projet « nouvelles techniques d’information et de communication et services innovants pour l’aménagement du territoire ». 1992 La Datar lance un deuxième appel à projet : « télétravail, nouvel aménagement du territoire et compétitivité économique ». 1993 La Datar lance son troisième et dernier appel à projet : « Le télétravail : outil pour l’emploi et la reconquête du territoire ». Denis Bérard de l’ANACT, indique que « dans les années 90, ces trois tentatives de la DATAR pour revitaliser les régions furent un échec total car dans une région désertifiée il est impossible d’installer le télétravail s’il n’y a pas d’infrastructures en parallèle (écoles, postes, …) ». 1993 Edouard Balladur, alors 1er ministre demande un rapport à Thierry Breton, délégué interministériel auprès du ministère de l’Intérieur et du Ministère des entreprises, sur la faisabilité et les conditions de développement du télétravail. 1994 Fondation de l’ANDT : Association nationale pour le Développement du Télétravail et de la Téléformation. 91 Nora, Minc : l’informatisation de la société, la documentation Française, Paris 1978 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 107 1996 Création du premier télé-espace à Villard-de-Lans et inauguré par René Monory président du Sénat à l’époque et création du premier serveur télématique dédié au télétravail : 3615 Telework 1997 Fondation de l’AFTT : Association Française du Télétravail et des téléactivités et signature de la charte européenne du travail à distance. 2000 La Commission Européenne a présenté un projet de plan d'action intitulé "eEurope 2002 - une société de l'information pour tous" avec 3 objectifs majeurs : • • • un internet meilleur marché, plus rapide et sûr (…) (…) amener la jeunesse européenne à l'ère du numérique, inciter à l'utilisation d'internet (…) 2002 Dans le cadre de la stratégie européenne pour l’emploi, le Conseil européen a invité les partenaires sociaux à négocier des accords en vue « de moderniser l’organisation du travail ». C’est ainsi qu’un premier accord cadre sur le télétravail est signé au niveau européen le 16 juillet 2002.92 Cet accord prévoit que le cadre général qu’il établit au niveau européen doit être mis en œuvre par les organisations membres des parties signataires, conformément aux procédures et aux pratiques nationales spécifiques aux partenaires sociaux. Les organisations signataires93 souhaitent privilégier la voie conventionnelle pour transcrire en droit interne les textes européens. Il décrit « les obligations de l’employeur (couvrir les coûts, fournir l’équipement) » et « les devoirs du télétravailleur (gérer l’organisation de son travail) ». 2003 En janvier en France, l’administration fiscale reconnait la déductibilité des dépenses engagées par les entreprises pour permettre aux salariés de télétravailler. 2004 En France, parution du rapport "Le télétravail en France" du Forum des droits sur l'Internet94, réalisé à la demande du ministère de l’emploi et publié le 14 décembre 2004. Ce rapport aborde tous les problèmes sociaux posés par le télétravail et propose des solutions dont se sont largement inspirés les négociateurs de l’accord français. 2005 Le 19 juillet, les syndicats et les représentants patronaux Français signent l’Accord national interprofessionnel95 (ANI) qui transpose l’accord cadre européen du 16 juillet 2002 sur le télétravail. L’ANI a un caractère normatif (les clauses s’appliquent de manière directe et impérative dans les branches et dans les entreprises quels que soient leur effectif). Seules quelques dispositions - les modalités de mise en œuvre : réversibilité, fournitures d’équipements - pourront être traitées dans le cadre d’accords collectifs en fonction des caractéristiques de la branche ou de l’entreprise. 2006 le 30 mai l’ANI est étendu par arrêté96 92 Rapport parlementaire 2006 « du télétravail au travail mobile » un enjeu de modernisation de l’économie française Pierre Morel-A-Lhuissier député de Lozère 93 Partenaires sociaux européens signataires : d’une part Unice, UEAPME, CEEP, d’autre part CES, comité de liaison Eurocadres, CEC 94 Rapport téléchargeable sur le site du « Forum des droits sur l’Internet » : http://www.foruminternet.org/telechargement/documents/reco-teletravail20041214.htm 95 Accord national interprofessionnel du 19 juillet 2005 sur le télétravail 96 JO du 9 juin p8871 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 108 2006 Le député Pierre Morel-à-L’Huissier est chargé par le 1er Ministre Dominique de Villepin d’étudier le développement du télétravail en France. Il conduit cette étude dans laquelle il invite l’ANDT à s’exprimer sur le développement du télétravail. Le député remet son rapport en novembre 2006. 2007 Au japon, réalisation d’un plan visant à doubler le nombre de télétravailleurs avec une cible à 20% d’ici 2010) 2009 En France le 9 juin, la proposition de loi sur le développement du télétravail est votée à l’assemblée nationale en 1ère lecture. 2009 Parution d’un rapport du centre d’analyse stratégique : « Le développement du télétravail dans la société numérique de demain » commandé par la secrétaire d’Etat à la Prospective et au Développement de l’économie numérique sur la situation en France et dans les pays de l’OCDE. Il est à noter que dans ce rapport conséquent aucune entreprise d’assurance Française n’a été consultée. Il en était d’ailleurs de même dans le rapport précédent (2006) établi par P. Morel-A-Lhuissier. Ceci laisse à penser que les sociétés d’assurances ne figurent pas parmi les principaux acteurs sur ce sujet. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 109 ANNEXE 3 Interview du 23 septembre 2009 Denis Bérard consultant Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail HL : Comment expliquez vous le niveau du télétravail en France ? DB Le télétravail pour fonctionner nécessite une adéquation entre l’offre et la demande. Or, l’offre . de télétravail n’est pas faite par le management et il y a peu de demandes De plus en Europe du Sud, manager c’est avoir un œil sur la personne qui travaille. Le télétravail touche au cœur du salariét dans l’entreprise et au mode de relation ans l’entreprise : le travail par objectif reconnait qu’il faut du temps pour réaliser ces objectifs ce qui équivaut pour le salarié à vendre du temps d’attention pour une tâche donnée, de la créativité, de l’investissement personnel. Se lancer dans une démarche de télétravail c’est basculer dans un rapport au travail basé sur la confiance et les objectifs. De plus, les entreprises préfèrent se diriger vers l’externalisation de nombreuses fonctions supports exemple documentaliste notamment en faisant appel à des travailleurs indépendants dont les statuts sont moins protecteurs et les coûts inférieurs.==> prestataires de services indépendant HL : pourquoi les syndicats sont-ils opposés au télétravail ? DB : Le syndicalisme fonctionne grâce au rassemblement sur un même lieu de salariés ce qui permet aux syndicats de s’exprimer et d’utiliser leurs talents d’orateur. Or, le télétravail fonctionne au contraire sur la dispersion des individus ce qui ne convient pas aux syndicats. HL : Parlez-moi du télétravail en Europe ? DB : L’Europe s’est intéressée au télétravail jusqu’en 2002. Tous les ans, se déroulait un colloque dans une ville d’Europe. Le dernier a eu lieu en France. Puis l’Europe s’est arrêtée de soutenir le télétravail. Ce qui a fonctionné : ce sont les outils du télétravail utilisé dans le présentiel comme dans le travail à distance. Cela a projeté l’Europe dans le e travail. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 110 ANNEXE 4 Interview du 20 novembre 2009 Véronique Poingt salariée à l’époque de l’expérience de télétravail au groupe Accor Contexte : L’expérience sur le télétravail évoquée ici s’est déroulée dans le Groupe Accor. Elle n’est pas récente mais présente un caractère très novateur pour l’époque. Cette expérience impliquait une partie du service auquel j’appartenais (service d’une cinquantaine de personnes). Je n’ai pas été impliquée directement mais l’ai vécue en tant qu’observatrice de la forme et des résultats. 1) Quand a débuté cette expérience? Début de l’expérience aux environs de novembre 1987. Lors de la première réunion de lancement, la majorité des salariés a pensé que cette expérience était vouée à l’échec car croire que les salariés allaient faire leur travail en étant chez eux c’était inconcevable ! 2) Quand cette expérience s’est-elle arrêtée ? Fin de l’expérience vers juin 1988 3) Quel(s) métiers(s) sont (étaient) concernés ? : Comptabilité générale, comptabilité auxiliaire, comptabilité paye. 4) Quel(s) secteur d’assurance : Aucun car l’expérience s’est déroulée au Groupe Accor département Restauration et hôtelleriebranche « centres commerciaux ». 5) Combien de salariés sont en télétravail dans le cadre de cette expérience ? Environ 20 personnes 6) S’agit-il (s’agissait-il) d’employés ? oui mais peu de cadres ? oui quelques uns d’agent de maitrise ? oui principalement 7) S’agit-il (s’agissait-il) plutôt d’homme ou plutôt de femmes ? Femmes 8) Connaissez-vous la distance moyenne entre leur lieu d’habitation et leur bureau ? Leur moyen de transport ? Pas précisément, mais tous habitaient à Paris ou en région parisienne. 9) Combien de jours par semaine ces salariés télétravaillent-ils ? En moyenne, 3 jours sur 5. Quelques cas à 4 jours sur 5. Jamais de cas à 5 jours sur 5. 10) Quelles tâches effectuent-ils (effectuaient-ils)? Principalement des pointages et rapprochement de comptes comptables, validation de factures, Préparation des saisies (pièces comptables, demande de règlements). Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 111 11) Ces salariés ont-ils (avaient-ils) accès à des applications informatiques de gestion ? de CRM ? de Messagerie ? 12) Comment s’est déroulée la mise en place du télétravail ? L’entreprise a mis en place cette organisation dans un contexte ponctuel et spécifique : décentralisation d’une activité de Paris à Créteil, retard dans les travaux d’aménagement non prévisibles. Impossibilité de prolonger l’activité dans les locaux d’origine. 13) La direction de votre entreprise soutenait-elle cette démarche ? Oui car c’était l’idée du Directeur comptable (cette personne avait été précédemment directeur comptable chez IBM). 14) La mise en place du télétravail s’est-elle fait sous la forme d’une gestion de projet ? Oui au sein du service mais sans l’aide d’une structure de type « direction de l’organisation ». Ceci a été totalement nouveau pour la majorité des personnes concernées. 15) Qu’en ont pensé les syndicats ? Pas de difficultés à ma connaissance. 16) Avez-vous rencontré des difficultés techniques lors de la mise en place ? Pas des difficultés techniques mais plutôt « culturelles ». L’organisation a été élaborée par les managers dont certains croyaient à des principes un peu « archaïques » de management du type : c’est la présence du manager qui garantit la productivité !!! 17) Quels gains avez-vous obtenus ? type d’activité). En pourcentage de productivité ? A cette époque pas de mesure de la productivité (expliqué par la période et le En pourcentage de qualité ? Baisse de plus de la moitié des erreurs de pointages ou de comptabilisation En pourcentage de satisfaction client ? NA En économie de places (m2) Quasiment un poste sur deux. Autres indicateurs ? Aucun absentéisme pour arrêt maladie pendant la période (environ 6 mois) 18) Avez-vous connaissances des coûts engendrés par cette expérience Indirectement il y a eu une augmentation des primes de fin d’année (appelées primes de bilan) par l’augmentation de la qualité des traitements comptables constatée à l’issue de l’expérience. 19) Qu’a apporté cette expérience aux salariés de votre entreprise ? Cette expérience avait vocation à être ponctuelle. Elle a beaucoup apporté aux collaborateurs managers ou employés et fait évoluer notablement les méthodes de travail même après le retour à une organisation plus traditionnelle. Les managers ont du totalement réviser les méthodes de travail de leur équipe, la répartition des tâches ainsi que leurs méthodes de contrôle et baser leurs relations plus sur la confiance que sur la suspicion, adopter des principes de management plus modernes du type « c’est en associant ses collaborateurs à un projet ou l’organisation d’une activité que l’on recueille l’adhésion et que l’on gagne ». Les employés ont eu la volonté de réussir l’expérience. Naturellement ils ont acquis une autonomie plus grande, augmenté leur polyvalence et très certainement leur confiance en eux. Globalement cette période a donné une nouvelle impulsion au service et aux relations entre les personnes. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 112 20) Compte tenu des bons résultats obtenus, pourquoi n’avez-vous pas continué cette expérience une fois le déménagement achevé ? Les managers avaient été contraints d’accepter la mise en place du télétravail du fait du contexte spécifique. Mais une fois qu’ils ont eu le choix ; ils ont préféré revenir à leurs anciennes méthodes de travail en terrain connu, ce qui ne leur demandait aucun effort. En fait, en novembre 1987, la direction avait donné un « oui » par défaut. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 113 ANNEXE 5 Entretien Jules Fortin Axa Canada - avril 2009 1) Comment définissez-vous le télétravail mis en place dans votre société ? Les tarificatrices effectuent leur travail de sélection des risques de la maison en utilisant une connexion externe (Citrix) pour accéder aux dossiers qui sont tous numérisés. 2) Quand avez-vous commencé ? En février 2007 3) Cette expérience se poursuit-elle ? Oui 4) Quel(s) métiers(s) sont (étaient) concernés ? : Seulement la sélection des risques. Gestion de contrats ou de sinistres ?, relation client ?, commercial ? 4 bis Comment avez-vous choisi ce métier ? Selon quels critères : simplicité des tâches, accès aux applications ? En ce qui concerne notre entreprise les éléments suivants ont été considérés : • Seule la sélection des risques offrait un environnement de travail sans papier. Et, nous avions le système informatique de sélection des risques permettant cet exercice. • Notre système d’imagerie est combiné à notre système de sélection • Nos compétiteurs offraient le travail a domicile aux tarificateurs. 5) Quel(s) secteur d’assurance : assurance vie, prévoyance, retraite, incendie risques divers, automobile Partiellement autres ? ………………………. 6) Combien de salariés sont en télétravail dans le cadre de cette expérience ? Pour la sélection des risques : 19 tarificateurs 7) S’agit-il (s’agissait-il) Employés et consultants externes Pourquoi y-a-t-il des consultants externes ? Nous faisons appel aux consultants externes lorsque le surplus de travail l’exige. Ces consultants sont à contrat pour une période temporaire. 8) S’agit-il (s’agissait-il) plutôt d’homme ou plutôt de femmes ? Majoritairement des femmes. 9) Connaissez-vous la distance moyenne entre leur lieu d’habitation et leur bureau ? Nous avons un groupe à Toronto (300 Km) et un groupe dans le région de Montréal (moyenne de 20 Km) 10) Combien de jours par semaine ces salariés télétravaillent-ils ? Les consultants externes = 5 jours et les employés = 4 jours) 11) Quelles tâches effectuent-ils (effectuaient-ils)? Ces salariés ont-ils (avaient-ils) accès à des applications informatiques de gestion ou de CRM ? Ils effectuent toute la même tâche comme si elles étaient au bureau. Tous nos dossiers sont numérisés. 12) Comment s’est déroulée la mise en place du télétravail ? Au début ce fut un peu difficile car les connections informatiques ne fonctionnaient pas bien. Maintenant tout va assez bien. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 114 13) La direction de votre entreprise soutient elle (soutenait-elle) cette démarche ? Oui 14) Qu’en pensent (en ont pensé) les syndicats ? Nous ne sommes pas syndiqués. 15) Rencontrez-vous (avez-vous rencontré) des difficultés techniques lors de la mise en place ? Oui. 16) Quelles solutions technologiques avez-vous choisies ? Citrix 17) quels gains obtenez-vous (avez-vous obtenus) ? En pourcentage de productivité ? 20 à 30% En pourcentage de qualité ? Un peu moins de contrôle c’est-à-dire que vous faites moins de contrôles sur les dossiers des personnes qui télétravaillent ? Le nombre de dossiers contrôlés est le même sauf que puisque l’interaction est moindre, les opportunités d’être impliqué dans le processus de certains dossiers qui ne feraient pas l’objet d’un audit est moindre. En pourcentage de satisfaction client ? Le même c’est-à dire ? comment le mesurez-vous ? Nous avons des standards de qualité de service qui sont mesurés chaque jour et que nous nous assurons de faire respecter. En économie de places (m2) ? environ 100 Pieds carrés par employé. 18) Avez-vous connaissances des coûts engendrés par cette expérience Coûts informatiques ? Minime Coûts matériels ? On fournit l’équipement tel que ordinateur, imprimante, téléphone cellulaire et on défraie la connexion internet Coûts salariaux (primes…) Même c’est-à-dire que vous ne faites aucun encouragement financier au télétravail ? En réalité le privilège de travailler à la maison fait foi d’un bénéfice qui dépasse celui de monétaire. 19) Concernant cette expérience, pensez-vous La continuer et la développer? Oui Y mettre fin ? Non Modifier ses modalités d’utilisation ? Pas pour le moment 20) Pourquoi ? Cela nous permet d’être compétitifs au niveau du recrutement de nouveaux tarificateurs, car le travail a domicile est très attrayant. De plus nous augmentons la productivité. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 115 ANNEXE 6 Entretien Angélique SKRZYPEZAK novembre 2009 - cabinet Verspieren 1) Quelles sont les formes de télétravail présentes dans votre compagnie? C’est du télétravail à domicile avec une présence 1 jour par semaine (le lundi) en entreprise. 2) Quand avez-vous commencé cette expérience? Cette expérience a débuté en mai 2008 j’étais volontaire pour cette expérimentation. 3) Cette expérience se poursuit-elle ? oui, elle est toujours en cours et j’en suis très satisfaite 4) Quel(s) métiers(s) sont (étaient) concernés ? : Gestion de contrats oui 5) Quel(s) secteur d’assurance : Contrats avec des administrateurs de biens. 6) Combien de salariés sont en télétravail dans le cadre de cette expérience ? Dans mon service je suis seule mais il y en a d’autres dans l’entreprise 7) S’agit-il d’employés ? oui je suis employée 8) S’agit-il plutôt d’homme ou plutôt de femmes ? De femmes 9) Connaissez-vous la distance moyenne entre leur lieu d’habitation et leur bureau ? Leur moyen de transport ? Moyens de transport en commun et lieu d’habitation assez éloignés déménagement de l’entreprise dans le 93 alors que j’habite dans le 78. 10) Combien de jours par semaine ces salariés télétravaillent-ils ? Je télétravaille 4 jours par semaine. 11) Quelles tâches effectuent-ils ? Je fais de la gestion de contrat. 11bis) Ces salariés ont-ils (avaient-ils) accès à des applications informatiques de gestion ? oui de CRM ? oui de Messagerie ? oui ainsi que l’intranet 12) Comment s’est déroulée la mise en place du télétravail ? C’est sous l’impulsion du Directeur des risques métiers qui aime l’innovation et qui est attentif au bien être des salariés. 13) La direction de votre entreprise soutient elle cette démarche ? oui totalement 14 bis) La mise en place du télétravail s’est-elle fait sous la forme d’une gestion de projet ? non pas vraiment ; il y a eu une période de test avant le déploiement mais c’est tout. 14) Qu’en pensent les syndicats ? pas d’opposition particulière 15) Rencontrez-vous des difficultés techniques lors de la mise en place ? des problèmes de connexion de temps à autres. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 116 15bis) Après quelques mois, les problèmes techniques ont-ils été résolus ? oui et de toutes façons la hot line de l’entreprise est disponible pour aider nous aider. 16) Quelles solutions technologiques avez-vous choisies ? lignes ADSL internet avec orange une ligne professionnelle et une ligne privée chez chaque télétravailleur 19) Concernant cette expérience, pensez-vous La continuer et la développer? J’ai envie qu’elle continue. Je ne sais pas si elle va se développer. Y mettre fin ? Modifier ses modalités d’utilisation ? 20) Pourquoi ? Car c’est plutôt une chance de pouvoir télétravailler. Il faut un esprit positif. Il faut aussi s’assurer que le salarié est capable de s’adapter au télétravail car ce n’est pas facile d’être seul au début. Il faut penser à faire adhérer les autres salariés au projet et communiquer auprès d’elle. Entretien – Stéphane Letellier novembre 2009 - cabinet Verspieren 1) Quelles sont les formes de télétravail présentes dans votre compagnie? C’est du télétravail à domicile avec une présence 1 jour par semaine (le lundi) en entreprise. Les commerciaux aussi font du travail à distance avec leur carte 3 G. 2) Quand avez-vous commencé cette expérience? Cette expérience a débuté en mai 2008 3) Cette expérience se poursuit-elle ? oui, elle est toujours en cours 4) Quel(s) métiers(s) sont (étaient) concernés ? : Gestion de contrats oui Gestion de sinistres oui 5) Quel(s) secteur d’assurance : Prévoyance Flotte automobile 6) Combien de salariés sont en télétravail dans le cadre de cette expérience ? Huit salariés 7) S’agit-il d’employés ? oui 8) S’agit-il plutôt d’homme ou plutôt de femmes ? De femmes 9) Connaissez-vous la distance moyenne entre leur lieu d’habitation et leur bureau ? Leur moyen de transport ? Moyens de transport en commun et lieu d’habitation assez éloignés Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 117 10) Combien de jours par semaine ces salariés télétravaillent-ils ? Entre 3 et 4, selon les cas 11) Quelles tâches effectuent-ils ? Règlement de sinistre et gestion de contrats 11bis) Ces salariés ont-ils (avaient-ils) accès à des applications informatiques de gestion ? oui de CRM ? oui de Messagerie ? oui ainsi que l’intranet 12) Comment s’est déroulée la mise en place du télétravail ? C’est sous l’impulsion du Directeur des risques métiers qui aime l’innovation et qui est attentif au bien être des salariés. 13) La direction de votre entreprise soutient elle cette démarche ? oui totalement 14 bis) La mise en place du télétravail s’est-elle fait sous la forme d’une gestion de projet ? non pas vraiment ; il y a eu une période de test avant le déploiement mais c’est tout. 14) Qu’en pensent les syndicats ? pas d’opposition particulière 15) Rencontrez-vous des difficultés techniques lors de la mise en place ? des problèmes de connexion de temps à autres. 15bis) Après quelques mois, les problèmes techniques ont-ils été résolus ? oui et de toutes façons la hot line de l’entreprise est disponible pour aider les salariés en télétravail à résoudre les difficultés. 16) Quelles solutions technologiques avez-vous choisies ? lignes ADSL internet avec orange une ligne professionnelle et une ligne privée chez chaque télétravailleur 17) Quels gains obtenez-vous (avez-vous obtenus) ? En pourcentage de productivité ? pas de mesure En pourcentage de qualité ? En pourcentage de satisfaction client ? En économie de places (m2) Autres indicateurs ? 18) Avez-vous connaissances des coûts engendrés par cette expérience Coûts informatiques ? Coûts matériels ?, Coûts salariaux (primes…) ? Autres ? 19) Concernant cette expérience, pensez-vous La continuer et la développer? Y mettre fin ? Modifier ses modalités d’utilisation ? 20) Pourquoi ? Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 118 ANNEXE 7 Entretien Ange Massoni – Caisse des dépôts – Direction des retraites - réalisé le 10 avril 2009 HL : Parlez-moi de votre expérience de télétravail. AM : La Direction des retraites possède 3 établissements : un à Bordeaux, un à Angers et un à Paris. ère La 1 expérience de télétravail a eu lieu dés 2001 dans un établissement pilote, précurseur : celui de bordeaux. La motivation résultait de problèmes de circulation liés au passage du pont d’Aquitaine. La Direction a validé en 2001 la possibilité d’étudier le télétravail. Le projet a été présenté au CHSCT juillet 2003 et le télétravail a démarré en septembre 2003 avec 5 personnes. En 2006, ce dispositif est présenté aux organisations syndicales et le comité d’établissement décide alors la mise en place du télétravail pour 11 personnes. En 2007, l’établissement public étend le dispositif à 4 directions ; une charte est signée pour 3 ans : 2007/2008/2009. HL : comment s’est organisé la mise en place du télétravail ? AM : Première étape de mise en œuvre : détermination du métier éligible au télétravail. Chaque responsable de service a donc indiqué si le métier exercé dans son secteur était éligible ou non au télétravail. er Il ressort que le 1 métier éligible concerne la gestion du régime minier de retraite. Aucun métier de logistique courriers, de secrétariat ou de RH n’est éligible. Deuxième étape de mise en œuvre : sélection des collaborateurs confirmés pouvant télétravailler. 11 personnes volontaires se sont présentées. Elles ont intégré un processus de sélection commençant par : er • un 1 entretien avec le responsable du service lequel établit un rapport et donne son avis sur la pertinence de la candidature ème entretien avec la Direction des Ressources Humaines laquelle rend un autre avis. • un 2 ème • Un 3 entretien avec le médecin du travail. A noter que cette démarche a aussi nécessité l’accord des non télétravailleurs car ils sont concernés par cette organisation du travail. Le télétravailleur doit rester intégré à l’entreprise. Troisième étape de mise en œuvre : consultation du CHSCT lequel rend un avis Quatrième étape de mise en œuvre : prise de décision par le Comité de Direction En 2009, une nouvelle campagne a été lancée avec 10 nouveaux télétravailleurs dont 2 cadres avec 1 manager - au service juridique. Cela portera donc l’effectif total en télétravail à 21. A chaque campagne, les seniors volontaires au télétravail ne sont pas comptabilisés dans les postes ouverts. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 119 HL : Avez-vous mis des conditions au télétravail ? AM : En termes d’organisation, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDDC) a posé un pré requis : le télétravailleur doit posséder dans son habitation une pièce dédiée au télétravail. Pour les salariés du site de Paris, l’ergonome de la Caisse des Dépôts et Consignations a vérifié la réunion de toutes les conditions sur l’aménagement du lieu de travail et a rendu un avis. Concernant les horaires, le salarié réalise sa journée télétravaillée qui ne peut donner lieu à un crédit d’heures. La connexion a lieu le matin et déconnexion le soir. Dans ce laps de temps, les salariés doivent être joignables pendant une période de 4 heures sur le numéro professionnel. Le télétravail peut s’arrêter à la demande du responsable de service et des ressources humaines ère à la fin de la 1 année : le télétravail est renouvelable tous les ans avec une limite de 3 ans. En revanche, la décision de retour au travail fixe, prise par la Direction, doit être motivée. La répartition des jours télétravaillés dans la semaine sont choisis par les salariés mais après ils restent fixes sauf circonstances exceptionnelles (grève). Quand un problème informatique se présente, le télétravailleur doit ramener son UC car il n’y a pas de service « après vente ». Pour éviter les désagréments liés aux problèmes techniques, la Direction a mis en place une « hot line » et conclue une convention de service avec le service informatique. HL : Qui a pris en charge les coûts ? AM : L’entreprise a financé le coût du matériel : un fauteuil, un bureau, une lampe, un caisson ainsi que le coût du matériel informatique : l’écran, l’unité centrale, l’imprimante, la ligne téléphonique avec internet (en l’occurrence Orange). HL : comment avez-vous suivi l’opération ? AM : le service des Ressources Humaines a effectué un premier bilan au bout d’un mois d’exercice du télétravail. Les principales difficultés rencontrées par le télétravailleur : comment organiser son travail, problèmes techniques (connexion informatique non stable, lenteur du réseau) Les principaux avantages : d’après les chefs de service, la productivité est améliorée l’absentéisme réduit. Au bout de 6 mois de mise en œuvre, déroulement d’une réunion entre les télétravailleurs pour étude des résultats. HL : Quelles sont selon vous, les principales qualités d’un télétravailleur ? AM : Il faut bien faire le recrutement des télétravailleurs car cela demande des efforts. Il faut être autonome, rigoureux et sérieux pour bien vivre cette situation et en tirer tous les profits. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 120 ANNEXE 8 Interview de Gisèle Demmerlé réalisée le 29 octobre 2009 par téléphone Salariée Malakoff Médéric Questions : HL : depuis combien d’années télétravaillez-vous pour MM ? GD : depuis un peu plus de 4 ans HL : qui a eu l’initiative de cette démarche ? GD : c’est à l’initiative de mon employeur. Je travaillais sur le site de Lyon, et suite à d’importants problèmes de vue, les trajets domicile –travail sont devenus de plus en plus difficile pour moi. Un médecin m’a aidé à obtenir le statut de travailleur handicapé. C’est à partir de ce moment là que mon employeur m’a parlé du télétravail. Je passe 100% de mon temps professionnelle à domicile en télétravail. HL : parlez-moi de votre équipement technique GD : Mon employeur a payé un bureau, un caisson une imprimante et un ordinateur. Je suis en plus équipé de matériel spécialisé : ZOOMTEXT qui permet de grossir les documents et de les envoyer sur écran 17 pouces et d’un écran 26 pouces sur lequel je peux travailler sur l’application métier des Frais de santé. Je travaille dans une pièce dédié au télétravail. Il est important de séparer les activités de la vie professionnelle et celle de la vie privée. L’entrée dans le bureau où je travaille est comme une « entrée virtuelle » dans mon entreprise. Médéric s’est aussi occupé de me procurer une ligne ADSL ; la connexion passe par un kit IP VPN. Je suis par ce fait connecté au réseau et aux serveurs de mon employeur. Si j’ai besoin, je peux imprimer des courriers en me connectant aux imprimantes du site de Paris. Mes collègues se charge ensuite des envois. HL : avez-vous entendu parler de problèmes liés à la confidentialité des données que vous traitez chez vous ? GD : non HL : quelles tâches vous sont confiées ? GD : Aujourd’hui je travaille pour la maitrise d’ouvrage de la santé et je traite les rejets issus des flux informatiques (Noémie, tiers payant). je connais bien mon activité – je me suffis à moi-même – donc les contacts avec mes collègues ne sont pas obligatoires ; ils se font à la demande de chacune des parties.. Je n’éprouve pas de sentiments de solitude ni d’éloignement. Par contre, je perds le côté « émulation » et partage de l’information technique existant dans un bureau traditionnel. J’ai accès aux mêmes applications que mes collègues et j’ai des droits informatiques identiques. Par contre, un inconvénient important : quand je viens à Paris, souvent je n’ai pas de place dans le bureau avec mes collègues et je suis obligée d’aller dans un autre endroit. HL : comment se déroule votre journée de travail ? Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 121 GD : il y a une plage fixe de travail déterminée à l’avance : 9h-12h et 14h-16h. Il faut finalement une grande rigueur de travail et d’autonomie pour faire du télétravail car il faut de motiver seul pour respecter jour après jour les engagements pris. Par ailleurs, je ne peux pas me connecter en dehors des périodes fixes où le TP est ouvert. HL : comment votre activité est-elle suivie par votre manager ? GD : je remplis comme les autres des outils de suivi de l’activité ; mes managers peuvent donc voir le travail accompli et donc ma productivité. Je n’ai jamais eu de remarque à ce sujet. HL : Avez-vous le sentiment parfois d’être oubliée (pour les promotions, les formations, les informations……..) GD : non, globalement, je n’éprouve pas ce sentiment. Je suis satisfaite de ce mode d’organisation du travail ; il correspond bien à mon besoin. Il m’est arrivé d’être oubliée dans l'organigramme du service ! Quand cet organigramme s'affiche en grand sur l'écran de l'auditorium et que son nom n'y est pas, ça fait bizarre... Je pense que l'attitude du responsable hiérarchique est importante. Il me semble que la capacité du manager à travailler avec une personne en télé travail doit être prise en compte : il faudrait peut-être communiquer sur la particularité de cette situation avant de lui confier cette personne. Par contre, je suis souvent oubliée dans la communication du Comité d’entreprise pour bénéficier des prestations et je n’ai personne pour me faire penser aux prestations dont il est possible de bénéficier. Entretien Michel Duvert manager de Gisèle Demmerlé Malakoff Médéric - réalisé le 13 novembre 2009 HL : quel est le profil de la personne en télétravail que vous managez ? MD : C’est une personne en télétravail à domicile total. Elle ne vient que 2 fois par an au siège de l’entreprise. Elle a accès aux applications de gestion via sa connexion ainsi qu’à sa messagerie et à l’intranet. C’est une cadre hautement qualifiée, qui est très autonome dans la réalisation de ses tâches. C’est elle qui a créé l’ensemble des procédures de notre secteur. HL : Vous arrive-t-il « d’oublier » cette salariée en télétravail lorsqu’il s’agit de formation, d’information sur la vie de l’entreprise ou bien d’augmentation ? MD : non elle bénéficie des mêmes avantages que les autres salariés mais il est vrai qu’il faut toujours « y » penser pour effectivement éviter de la mettre à l’écart. HL : comment organisez-vous votre management avec cette personne ? MD : Il n’y a pas de réunion planifiée régulièrement ; les contacts se font au fil de l’eau, si besoin. Un planning de ses tâches lui est envoyé chaque mois comprenant son travail régulier (traitement des rejets qui l’occupe 3 demi journées par semaine) et ses tâches ponctuelles (participation sur les projets du service le reste du temps). Elle gère aussi l’ensemble des mails du service de gestion qui viennent vers elle du fait de sa qualité d’experte. HL : Quels types de contrôles effectuez-vous ? MD : avec cette salariée, il y a moins de vérifications du travail effectué que pour des novices dans le métier. La relation est basée sur la confiance. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 122 Il y a cependant des contrôles aléatoires pour vérifier le respect des procédures. En contrôlant les réponses qu’elle fait aux gestionnaires concernant des dossiers particuliers qui ont généré des questions d’ordre technique. HL : Un reporting spécifique existe-t-il pour cette salariée ? MD : Non il n’y a pas de tableaux de bord particuliers pour elle. HL : Quel enseignement tirez vous du télétravail ? MD : je ne recommande pas le télétravail pour les personnes débutantes dans le métier. En effet, il est plus difficile de donner des explications et de coacher quelqu’un qui est éloigné. Faire passer les messages par téléphone n’est pas simple. Les novices ont besoin de présence et d’un management rapproché. HL : selon vous un manager peut-il être en télétravail ? MD : non, cela me parait peu raisonnable. Un manager a besoin d’être près de ses collaborateurs. HL : souhaiteriez-vous étendre le télétravail à d’autres collaborateurs de votre service ? MD : Non, car cela demande un mode de fonctionnement différent ; cela augmente la difficulté quand il y a plusieurs personnes qui télétravaillent. HL : Selon vous quelles sont les qualités d’un télatravailleur ? MD : c’est une personne qui doit être organisée, rigoureuse, très qualifiée, autonome avec une grande conscience professionnelle pour être capable de se tenir à son travail malgré les nombreuses tentations qui l’entoure dans son univers familier. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 123 ANNEXE 9 Entretien Isabelle D. FMP - réalisé le 12 décembre 2009 - 1) Comment définissez-vous le télétravail mis en place dans votre société ? Comme un confort. Moins de fatigue liée au transport. Plus de calme et tranquillité ! Autonomie dans le travail. 2) Quand avez-vous commencé ? Le 22 avril 2008. 3) Cette expérience se poursuit-elle ? Pour le moment oui. 4) Quel(s) métiers(s) sont (étaient) concernés ? : Gestion de contrats ou de sinistres ?, relation client ?, commercial ? Traitement des rejets EDI Adhérents, Tiers payant, Caisse pharmacie.. 5) Quel(s) secteur d’assurance : assurance vie, prévoyance, retraite, incendie risques divers, automobile autres ? Complémentaire santé. 6) Combien de salariés sont en télétravail dans le cadre de cette expérience ? Nous ne sommes plus que 3. 7) S’agit-il (s’agissait-il) d’employés ? D’employées. de cadres ? d’agent de maitrise ? 8) S’agit-il (s’agissait-il) plutôt d’homme ou plutôt de femmes ? 3 Femmes. 9) Connaissez-vous la distance moyenne entre leur lieu d’habitation et leur bureau ? Environ 2 heures/2 heures 30 10) Combien de jours par semaine ces salariés télétravaillent-ils ? 4 jours à domicile et 1 journée au bureau. 11) Quelles tâches effectuent-ils (effectuaient-ils)? Ces salariés ont-ils (avaient-ils) accès à des applications informatiques de gestion ou de CRM ? Essentiellement du traitement de rejets divers. 12) Comment s’est déroulée la mise en place du télétravail ? Très rapidement. Une demi-journée pour l’installation informatique, une demi-journée pour la création de la ligne téléphonique. Une adaptation de 2 mois environ pour la gestion du travail.. Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 124 13) La direction de votre entreprise soutient elle (soutenait-elle) cette démarche ? Moyennement…. 14) Qu’en pensent (en ont pensé) les syndicats ? Trop contraignant. 15) Rencontrez-vous (avez-vous rencontré) des difficultés techniques lors de la mise en place ? Non. 16) Quelles solutions technologiques avez-vous choisies ? / 17) quels gains obtenez-vous (avez-vous obtenus) ? Rien !! En pourcentage de productivité ? En pourcentage de qualité ? En pourcentage de satisfaction client ? En économie de places (m2) ? Autres indicateurs ? 18) Avez-vous connaissances des coûts engendrés par cette expérience Coût informatiques ? Un écran, une unité centrale, une imprimante ? Coût matériels ? Une chaise de bureau. Coût salariaux (primes…) ? Pas de prime. + Mise en place d’une ligne téléphonique France Télécom et un abonnement de 32 € tous les mois. 19) Concernant cette expérience, pensez-vous La continuer et la développer? La continuer. Y mettre fin ? Modifier ses modalités d’utilisation ? Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 125 ANNEXE 10 Entretien de Olivier L. Commercial Entreprise APICIL novembre 2009 1) Comment définissez-vous le télétravail mis en place dans votre société ? Je suis un commercial entreprise qui utilise de temps en temps ma connexion avec ma carte 3 G pour travailler de chez moi ou de chez mon client. 2) Quand avez-vous commencé ? Environ en octobre 2007. 3) Cette expérience se poursuit-elle ? Pour le moment oui j’utilise toujours ce mode de fonctionnement 4) Quel(s) métiers(s) sont (étaient) concernés ? : commercial ? oui 5) Quel(s) secteur d’assurance : assurance vie, prévoyance, oui retraite, incendie risques divers, automobile autres ? Complémentaire santé. 6) Combien de salariés sont en télétravail dans le cadre de cette expérience ? Je ne sais pas exactement mais nous sommes beaucoup a être équipé d’une carte 3 G. 7) S’agit-il (s’agissait-il) d’employés ?. de cadres ? oui d’agent de maitrise ? 8) S’agit-il (s’agissait-il) plutôt d’homme ou plutôt de femmes ? Plutôt plus d’hommes 9) Connaissez-vous la distance moyenne entre leur lieu d’habitation et votre bureau ? Environ 1 heure 10) Combien de jours par semaine ces salariés télétravaillent-ils ? Cela dépend des semaines. Ce n’est pas régulier. Si j’additionne cela fait entre 1 jour et 2 jours par semaine de télétravail. 11) Quelles tâches effectuent-ils (effectuaient-ils)? Ces salariés ont-ils (avaient-ils) accès à des applications informatiques de gestion ou de CRM ? Je me connecte à la base documentaire où sont enregistrées toutes les pièces contractuelles, à la base commerciale, à ma messagerie… pour préparer mes rendez-vous ou bien pour faire les comptes rendus de visites. 12) Comment s’est déroulée la mise en place du télétravail ? Très rapidement. Mais il y a parfois des lenteurs de connexion 13) La direction de votre entreprise soutient elle (soutenait-elle) cette démarche ? Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 126 Il y a toujours un doute quand nous ne sommes pas là ……. Au bureau sur la réalité de notre activité ! 14) Qu’en pensent (en ont pensé) les syndicats ? Je ne sais pas 15) Rencontrez-vous (avez-vous rencontré) des difficultés techniques lors de la mise en place ? cf ci dessus 16) Quelles solutions technologiques avez-vous choisies ? 3 G 17) quels gains obtenez-vous (avez-vous obtenus) ? En pourcentage de productivité ? En pourcentage de qualité ? En pourcentage de satisfaction client ? En économie de places (m2) ? Autres indicateurs ? gains de temps car déplacements économisés. 18) Avez-vous connaissances des coûts engendrés par cette expérience Coût informatiques ? Coût matériels ?. Coût salariaux (primes…) ? 19) Concernant cette expérience, pensez-vous La continuer et la développer? Continuer ainsi Y mettre fin ? Modifier ses modalités d’utilisation ? Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 127 ANNEXE 11 Entretien Philippe BONNY Ingénieur Patrimonial Allianz janvier 2010 HL : Comment définissez-vous le télétravail (à domicile, en itinérant, en télécentres …..) mis en place dans votre société ? PB : Il s’agit du Télétravail à domicile et en itinérant. HL ; Quand avez-vous commencé à l’utiliser? PB : Depuis 2006 HL : Cette expérience se poursuit-elle ? PB : Oui elle s’amplifie avec le développement de la téléphonie via internet et du Wi fi HL : Quel(s) métiers(s) sont concernés ? : PB : Gestion de contrats ou de sinistres ?, oui relation client ?, oui commercial ? oui HL : Quel(s) secteur d’assurance : PB : assurance vie, oui prévoyance, oui retraite, oui automobile oui HL : Combien de salariés sont en télétravail dans le cadre de cette expérience ? PB : Cette pratique se vulgarise auprès de l’ensemble des salariés HL : S’agit-il ? PB : d’employés ? oui de cadres ?oui d’agent de maitrise ?oui HL : S’agit-il plutôt d’homme ou plutôt de femmes ? PB : les deux HL : Connaissez-vous la distance moyenne entre leur lieu d’habitation et leur bureau ? PB : A partir de 5 km mais surtout le week end pour éviter de repasser au bureau HL : Combien de jours par semaine ces salariés télétravaillent-ils ? PB : minimum 3 jours. HL : Quelles tâches effectuent-ils ? Ces salariés ont-ils accès à des applications informatiques, de gestion ou de CRM ? Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 128 PB : Compte rendu d’activité hebdomadaire, mise à jour et maintenance de programme informatique, sauvegarde. HL : Comment s’est déroulée la mise en place du télétravail ? PB : Comme une opportunité supplémentaire de développer son activité et d’être autonome. HL : La direction de votre entreprise soutient elle cette démarche ? PB : OUI. HL : Qu’en pensent les syndicats ? PB : ils approuvent lorsque cette mesure s’accompagne de la prise en charge partielle ou totale du forfait téléphonique. HL : Rencontrez-vous des difficultés techniques lors de la mise en place ? PB : Oui, parfois les connexions sont inopérantes. HL : Quelles solutions technologiques avez-vous choisies ? PB : La connexion Wi fi HL : quels gains obtenez-vous ? PB : Gain de temps En pourcentage de productivité ? oui mais difficile à quantifier En pourcentage de qualité ? oui En pourcentage de satisfaction client ? oui rapidité En économie de places (m2) ? surtout pour les salariés très éloignés de leur lieu de travail Autres indicateurs ? HL : Avez-vous connaissances des coûts engendrés par cette expérience Coût informatiques ? Coût matériels ? Coût salariaux (primes…) ? HL : Concernant cette expérience, pensez-vous ? La continuer et la développer? oui, en améliorant les process mais pour l’instant les freins au développement se pose en terme d’authentification (signatures) mais à terme ces problèmes seront résolus. Y mettre fin ?non Modifier ses modalités d’utilisation ?les améliorer Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 129 ANNEXE 12 REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, 31 mai 2006 a rendu l’arrêt suivant : Texte intégral de la décision Attendu que Mme X.. a été engagée le 5 janvier 1995 en qualité de responsable de la communication, par une société aux droits de laquelle se sont trouvées successivement la société Allium, puis la société SCC ; qu’entre les mois de septembre 1999 et mai 2000, elle a été détachée au sein d’une filiale, la société Staris ; qu’à compter du 14 février 2000 et après son retour au sein de la société Allium, les parties sont convenues qu’elle exercerait ses fonctions à partir de son domicile, situé dans les Pyrénées-Orientales, ne se présentant au siège de l’entreprise, situé à Nanterre, qu’une fois par semaine, l’ensemble de ses frais de déplacement étant pris en charge par son employeur ; qu’à compter du 18 septembre 2000, la salariée a été absente pour congé maternité, maladie puis congés payés, la date de reprise de fonctions étant fixée au 5 mars 2001 ; qu’ayant refusé à cette date, malgré mise en demeure, de reprendre ses fonctions tous les jours de la semaine au siège social de Nanterre, elle a été licenciée le 21 mai 2001 pour faute grave tenant à un abandon de poste ; Sur les trois moyens réunis : Attendu que l’employeur fait grief à l’arrêt attaqué (Versailles, 16 mars 2004) d’avoir jugé que le licenciement était dépourvu de cause réelle et sérieuse et de l’avoir condamné à payer à la salariée des sommes à titre d’indemnités de rupture, de rappel de salaire pour la période du 5 mars au 21 mai 2001 et d’indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, alors, selon le moyen : 1°/ qu’en se contentant d’affirmer, pour réformer le jugement entrepris, que, contrairement à ce que soutenait la société, M. Y. aurait eu le pouvoir de modifier le contrat de travail de la salariée, sans même caractériser, soit qu’il ressortait des éléments versés aux débats qu’il aurait été, en réalité, pendant les sept mois qu’avait duré le détachement, le véritable employeur de Mme X., soit qu’en sa qualité de salarié de la société exposante, il aurait été son représentant et aurait bénéficié d’une délégation de pouvoir de la société Allium pour décider, en ses lieu et place, de la modification sollicitée par la salariée, la cour d’appel a privé sa décision de base légale au regard de l’article 1134 du code civil et des articles L. 121-1 et L. 122-4 du code du travail ; 2°/ que le document en date du 20 janvier 2000 sur lequel la salariée entendait se fonder pour invoquer une modification de son contrat de travail, est rédigé en ces termes : « Je soussigné, Xavier Y., agissant en qualité de président-directeur général de la société Staris, atteste que Mme Christine X. est mutée à Perpignan à compter du 14 février 2000 » ; qu’il en résulte que ce document, rédigé sous forme d’attestation pour être communiqué au bailleur de Mme X. afin de la libérer du préavis résultant de la résiliation de son bail, ne mentionne pas que la société accepterait la modification du contrat de Mme X. et ne fait aucune référence aux dispositions contractuelles qu’il viendrait modifier ; qu’indiquant que la salariée est « mutée à Perpignan », alors que la société n’y a pas d’établissement, il ne mentionne pas davantage que la salariée effectuera désormais son travail à son domicile situé à Espira de l’Agly, ni que ce lieu de travail, qui serait ainsi prétendument contractualisé, ne pourrait être modifié à l’avenir sans son accord, ce qui priverait de tout effet la clause de mobilité initialement convenue ; qu’en affirmant, dès lors, qu’il résultait de ce document une modification du contrat de travail de la salariée lui permettant d’exercer désormais ses fonctions Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 130 à domicile, peu important que le contrat de travail initial stipulât une clause de mobilité, la cour d’appel, qui a donné à ce texte une portée qu’il n’avait pas, en a manifestement dénaturé les termes, en violation de l’article 1134 du code civil ; 3°/ que la mention du lieu de travail dans le contrat de travail a seulement valeur d’information, à moins qu’il ne soit stipulé par une clause claire et précise que le salarié exécutera son travail exclusivement dans ce lieu ; que, dès lors, en admettant même, en l’espèce, que M. Y. ait réellement eu qualité pour modifier le contrat de travail de la salariée et que cette modification ait pu valablement résulter de l’attestation qu’il avait établie le 20 janvier 2000, la fixation qui en résulterait du lieu de travail au domicile de la salariée, n’avait, dans ces conditions, qu’une valeur indicative, le changement de localisation intervenu postérieurement, en application de la clause de mobilité contenue dans le contrat de travail, constituant un simple changement des conditions de travail et non une modification du contrat ; qu’en affirmant néanmoins que la faculté offerte à la salariée de travailler à domicile ne pouvait être ensuite remise en cause unilatéralement par l’employeur, peu important que le contrat de travail initial stipulât une clause de mobilité, la cour d’appel a violé les articles 1134 du code civil et L. 122-4 du code du travail ; 4 °/ qu’en considérant qu’il résultait de l’attestation établie par M. Y. une modification du contrat de travail de la salariée, alors que, le contrat de l’intéressée comportant une clause de mobilité, le changement du lieu de travail qui en résultait n’était qu’un simple changement des conditions de travail en exécution d’une clause contractuelle, la cour d’appel a violé les articles 1134 du code civil et L. 122-4 du code du travail ; 5°/ qu’en considérant que la société ne pouvait modifier le contrat de travail de la salariée en demandant ensuite à cette dernière de rejoindre le siège social situé à Nanterre, alors que cette décision ne constituait qu’un simple changement des conditions de travail en application d’une clause contractuelle de mobilité, la cour d’appel a encore violé les articles 1134 du code civil et L. 122-4 du code du travail ; 6°/ qu’en concluant à l’existence d’une modification du contrat de travail de la salariée au motif qu’après son retour à la maison mère, cette modification n’aurait pas été remise en cause par cette dernière qui aurait pris en charge ses frais de déplacement lorsqu’elle venait à Nanterre, alors que l’employeur était précisément libre, en application de la clause de mobilité figurant dans le contrat de travail de Mme X. d’aménager partiellement ses conditions de travail en acceptant qu’elle travaille deux jours par semaine à Perpignan, la cour d’appel a encore méconnu les dispositions des articles 1134 du code civil et L. 122-4 du code du travail ; 7°/ que l’employeur, qui procure le travail, n’est tenu de verser le salaire que pour un travail fourni dans des conditions d’exécution normales telles que prévues par le contrat ; que Mme X. s’étant obstinée, en l’espèce, à compter du 5 mars 2001, à demeurer à son domicile malgré les mises en demeure successives par la société de rejoindre son lieu de travail à Nanterre en application de la clause de mobilité figurant dans son contrat de travail, n’a pas respecté ses obligations contractuelles ; qu’en décidant du contraire et en condamnant la société à lui verser un rappel de salaire à ce titre, la cour d’appel a violé l’article 1134 du code civil ; Mais attendu que lorsque les parties sont convenues d’une exécution de tout ou partie de la prestation de travail par le salarié à son domicile, l’employeur ne peut modifier cette organisation contractuelle du travail sans l’accord du salarié ; Et attendu qu’ayant constaté que tant lors de son détachement dans la société filiale qu’à son retour dans la maison mère, les parties étaient convenues que la salariée effectuerait, aux frais de l’employeur, son travail à son domicile deux jours par semaine, la cour d’appel a pu décider, sans encourir les griefs du moyen, que le fait pour l’employeur de lui imposer de travailler désormais tous les jours de la semaine au siège de la société constituait, peu important l’existence d’une clause de mobilité, une modification du contrat de travail que la salariée était en droit de refuser ; PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ; Condamne la société SCC, venant aux droits de la société Allium, aux dépens ; Vu l’article 700 du nouveau Code de procédure civile, rejette la demande de Mme X. ; Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 131 Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre sociale, et prononcé par le président en son audience publique du trente et un mai deux mille six. » *********************************************************** « RÉPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, 13 avril 2005 a rendu l’arrêt suivant : Extrait de la décision Attendu que M. X… a été engagé, le 18 août 1997, en qualité de directeur commercial par la société SDP ; qu’il était stipulé dans son contrat de travail que ses attributions ne comportaient pas l’attribution à son profit d’un secteur géographique ou d’un secteur de clientèle ; que dès son embauche, le salarié a été autorisé à effectuer les tâches administratives de sa prestation de travail à son domicile, situé à 220 km du siège social de l’entreprise ; qu’il a été licencié le 10 janvier 2000 pour faute grave tenant à son refus d’accepter les directives de son employeur, spécialement celle, prise en raison de l’insuffisance de ses résultats commerciaux, lui impartissant de venir travailler au siège de la société deux jours par semaine ; qu’il a saisi la juridiction prud’homale pour obtenir notamment des indemnités de rupture et une indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse ; Sur le second moyen : Attendu qu’il n’y a pas lieu de statuer sur ce moyen qui ne serait pas de nature à permettre l’admission du pourvoi ; Mais sur le premier moyen : Vu l’article 1134 du Code civil ; Attendu que pour décider que le licenciement du salarié reposait sur une faute grave et débouter celui-ci de sa demande en paiement d’indemnités de rupture et d’indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, l’arrêt attaqué retient que le contrat de travail ne comportait aucune disposition relative au lieu d’exécution du travail ; que compte tenu de ses fonctions M. X… était amené à se déplacer ; que son contrat de travail précisait que ses attributions ne comportaient pas à son profit la concession d’un secteur géographique ni d’un secteur de clientèle ; qu’il n’avait donc aucune affectation particulière ; qu’ainsi le lieu de travail n’était pas un élément essentiel et déterminant de son contrat de travail ; que le lien de subordination le rattachait au siège de la société ; que s’il était autorisé à travailler chez lui, il ne résulte que de ses affirmations que cette autorisation valait détermination de son lieu de travail ; qu’en demandant au salarié, compte tenu de l’insuffisance de ses résultats, de venir travailler au siège de la société deux fois par semaine l’employeur n’a pas modifié unilatéralement un élément essentiel du contrat de travail mais procédé à un changement de ses conditions de travail, ne faisant en cela qu’exercer son pouvoir de direction dont le salarié n’établit pas qu’il en ait fait un usage abusif ; qu’en refusant cette mesure, le salarié a fait preuve d’une indiscipline d’autant plus caractérisée que dans le même temps il persistait à ne pas satisfaire aux demandes réitérées de son employeur de lui communiquer les renseignements réclamés ; qu’un tel comportement émanant d’un cadre de direction est constitutif d’une faute grave ; Qu’en statuant ainsi, alors que le salarié effectuait son travail administratif à son domicile et que le fait pour l’employeur de lui imposer de se rendre désormais deux jours par semaine au siège de la société situé à plus de 200 km pour exécuter ce travail constituait une modification de son contrat Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 132 que le salarié était en droit de refuser, ce dont il résultait qu’il ne pouvait se voir reprocher une faute grave, la cour d’appel a violé le texte susvisé ; Et attendu qu’en application de l’article 627, alinéa 2, du nouveau Code de procédure civile, la Cour de cassation est en mesure de mettre partiellement fin au litige par application de la règle de droit appropriée en cassant sans renvoi sur la faute grave ; PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a reconnu l’existence d’une faute grave à la charge du salarié et débouté en conséquence le salarié de ses demandes en paiement d’indemnités de rupture et d’indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, l’arrêt rendu le 27 novembre 2002, entre les parties, par la cour d’appel d’Amiens ; Dit n’y avoir lieu à renvoi du chef de la faute grave ; Dit qu’aucune faute grave n’est imputable à M. X… ; Renvoie la cause et les parties devant la cour d’appel de Rouen, mais uniquement pour qu’il soit statué sur les points restant en litige ; Condamne la société SDP aux dépens ; Vu l’article 700 du nouveau Code de procédure civile, rejette la demande de la société SDP ; Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de Cassation, le présent arrêt sera transmis pour être transcrit en marge ou à la suite de l’arrêt partiellement cassé ; Ainsi fait et jugé par la Cour de Cassation, Chambre sociale, et prononcé par le président en son audience publique du treize avril deux mille cinq. » ********************************************************** COUR D’APPEL de Paris, 18e chambre E, 16 septembre 2005 S.N.C. Mallorie et Compagnie c/ M. Chrystel M., Unedic AGS CGEA de Bordeaux N° RG : S 04/32255 – Confirmation partielle Licenciement – Faute grave (non) – Preuve (non) – Travail à domicile – Refus de se soumettre au contrôle de l’employeur – Dépassement du forfait Internet – Modification des mots de passe d’accès à Internet Extrait de la décision « Considérant que M. M. travaillait à son domicile pour le compte de la SNC Mallorie & Cie ; que les échanges de courriels entre lui-même et le dirigeant de la société, produits aux débats, démontrent qu’il répondait aux demandes de ce dernier et le tenait informé de l’état d’avancement de ses travaux sans que lui ait été adressé le moindre reproche précis, ni a fortiori, le moindre avertissement ; que le caractère réel du premier grief, tiré du prétendu refus de M. M., n’est donc pas établi ; […] Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 133 Considérant qu’enfin, les critiques relatives à l’usage du réseau Internet n’apparaissent pas davantage fondées que les précédentes ; qu’en effet, il ne peut sérieusement être reproché à M. M. d’avoir modifié les mots de passe donnant accès à ce réseau, alors que cette manœuvre n’a, en elle-même, pour objet que de garantir la sécurité de l’accès et que M. U. ès qualités n’allègue pas que cette modification a été préjudiciable aux intérêts de l’entreprise ; Que de plus, s’il n’est pas contesté que M. M a effectivement dépassé le forfait internet dont il disposait à des fins professionnelles, la justification de ce dépassement n’est rapportée que pour le mois de novembre 2001, soit pour une période antérieure de plus de deux mois au licenciement de M. M. ; qu’à le supposer même fautif, ce comportement du salarié ne pouvait donc être valablement retenu à sa charge, par application des dispositions de l’article L. 122-44 du code du travail ; » ******************************************************* COUR D’APPEL de Paris, 22e chambre A, 15 décembre 2004 Mme Hélène C. c/ Société Ethicon N° RG : S 03/35651 Télétravail – Priste d’acte de la rupture du contrat de travail – Démission (oui) – Harcèlement moral (non) – Utilisation des moyens informatiques – Surcharge de travail – Respect du temps de repos – Envoi de courriels le week-end – Urgence (non) Extrait de la décision « Considérant que lorsqu’un salarié prend acte de la rupture de son contrat de travail en raison de faits qu’il reproche à son employeur, cette rupture produit les effets soit d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse si les faits invoqués la justifiaient, soit, dans le cas contraire, d’une démission ; Considérant qu’en l’espèce, Mme C. a pris acte de la rupture de son contrat de travail par lettre du 3 mars 2003 par référence aux faits reprochés à son employeur contenus dans sa lettre du 31 juillet 2002 qui dénonçait les pratiques de harcèlement moral dont elle était l’objet de la part de son employeur, à l’origine de son arrêt maladie depuis le 31 mai 2002 ; Que dans cette correspondance, elle se plaignait, en substance, plus particulièrement de ces pratiques dues aux méthodes de « management » entraînant une surcharge de travail et liées à un changement de l’organisation des ventes par une réduction des effectifs, à l’augmentation de son secteur et à l’objet de nouvelles fonctions en raison des nouveaux procédés informatiques et de nouvelles contraintes importantes et à de nouveaux standards de performance rendant ces objectifs inatteignables parce qu’irréalistes, ce qui l’obligeait à travailler plus de 12 heures par jour et les week-end et créait une situation de stress ; Considérant qu’il est exact que la Société Ethicon a mis en place de nouvelles méthodes de vente à compter de septembre 2001 à la suite d’un séminaire en août 2001 ; Que cependant, cette mesure dictée par le souci d’une bonne gestion et d’une meilleure rentabilité relevait du pouvoir de direction de l’employeur et concernait l’ensemble des commerciaux ; […] Considérant qu’il résulte des pièces produites aux débats qu’à compter respectivement du 1er mars 2002 et du 1er janvier 2002 la Société Ethicon a mis en place deux nouveaux procédés de traitement informatique et administratif, à savoir Notilus, pour gérer les frais de déplacement de tous les salariés et Dinootoo, pour planifier les journées de travail sur l’année civile et les éventuelles absences des cadres autonomes soumis au régime du forfait/jours sur l’année ; que Mme C., en Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 134 qualité de VRP et de cadre autonome avec une convention de forfait en jours au nombre de 214 par an suivant avenant du 24 novembre 2001, était concernée par ces deux nouveaux procédés ; Que cependant l’utilisation de ces outils informatiques qui avait pour seul objet de moderniser et simplifier le système antérieur de gestion n’était pas de nature à augmenter la charge de travail des salariés concernés ; Qu’il s’agissait seulement de saisir des données conformément aux indications détaillées qui leur avaient été fournies ; Que l’avenant du 24 novembre 2001 mettait en garde expressément Mme C. sur la nécessité pour elle de respecter le temps de repos journalier et le repos hebdomadaire prévus par la loi ; Que compte tenu de la nature de ses fonctions et de sa qualité de cadre autonome, il lui appartenait de gérer au mieux son temps et de le répartir sur l’année, les mois, les semaines et les jours pour respecter ces temps de repos et ne pas nuire à sa vie personnelle ; […] Considérant qu’il ressort de l’examen des courriels produits aux débats par Mme C. qu’au cours de la période allant du 24 mars 2002 au 2 juin 2002 elle en a adressé le dimanche ou le soir en semaine et qu’elle en a reçu de son supérieur hiérarchique en soirée ; Que cependant Mme C. a agi de sa propre initiative en choissant le jour et l’heure tardive de ses envois de courriels au nombre d’une dizaine environ dont trois le dimanche alors qu’ils avaient pour objet soit d’expédier le document attendu seulement le lundi à 9 heures soit de demander à Mme B. des signatures pour un contrat qualifié par elle-même de « haute importance », soit encore de questionner des collègues ou des tiers sur des sujets ne présentant aucune urgence ; Que les courriels reçus au nombre de 4 à 18 heures 45, vers 21heures et au plus tard à 23 heures 41 ont été expédiés à chaque fois à plusieurs destinataires en des termes courtois soit pour donner de simples informations sans incidence sur le travail des semaines à venir, soit pour demander des renseignements connus d’elle depuis le mois de mars 2002, soit pour réitérer une demande d’effectuer un travail fait par erreur la veille de son départ en vacances et n’exigeaient pour aucun d’entre eux une réponse immédiate […] Considérant qu’il résulte de l’ensemble de ce qui précède que le grief tiré du harcèlement moral n’étant pas fondé, la rupture du contrat de travail produit les effets d’une démission ; » ******************************************************* Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 135 ANNEXE 13 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 136 Références bibliographiques Webliographie (pages toutes vérifiées le 21 mars 2010) • http://www.assemblee-nationale.fr/ N° 1610 / ASSEMBLÉE NATIONALE / CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 / TREIZIÈME LÉGISLATURE /Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 8/04/2009 • http://www.anere.com/ JCR-Institut dirigé par Jean-Claude RUSSIER • http://www.foruminternet.org/specialistes/veille-juridique/jurisprudence • http://www.cefrio.qc.ca/upload/1446_syndicat.pdf LES SYNDICATS ET LE TÉLÉTRAVAIL Rapport de recherche • http://www.convertworld.com/fr/superficie/Pied+carr%C3%A9.html • http://www.axa.fr/assurance_banque/index.html • http://www.verspieren.com/verspieren/x-net/internet- institutionnel/accueil.3046.html • http://www.agefi.fr/ Florence Klein 30 avril 2009 • http://www.caissedesdepots.fr/ressources-humaines/notre-engagement.html • http://www.business-leader.ch/ • http://www.virtualegis.com/ Pascal ALIX Avocat à la Cour • http://www.maire-info.com/index.asp Edition du 6 Septembre 2007 • http://www.apicil.com/AEL/ • http://www.observatoire-parentalite.com/ • http://www.unaf.fr/spip.php?article8479 « Conciliation entre vie professionnelle et vie familiale » Quelles attentes les Français ont-ils vis-à-vis de l’entreprise ? Rapport page 16 • http://tempsreel.nouvelobs.com/index.html 25.06.2008 • http://www.lexpress.fr/ Bruno Askenazi, publié le 21/05/2007 « Manager à distance Webhelp: des salariés bien contrôlés » • http://www.droit-technologie.org/upload/legislation/doc/68-1.pdf Texte de l’accord cadre européen 16 juillet 2002 • http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006051257&dateTexte=20100322 Loi n°2005-102 du 11 février 2005 pour « l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 137 Livres • L. Taskin, P. Vendramin : le Télétravail une vague silencieuse novembre 2004 • SCHNEIDER B. & ROSENSHOM N. (1997), Télétravail : Réalité ou espérance ? , Paris, PUF “ • G. Madou « télétravail et travail à domicile » – Ed. Du puits fleuri - juin 2006 ” • Pierre Béarn recueil de poésie « Couleurs d'usine », paru en 1951 • Yves Lasfargue France Chercheur et consultant. Créateur de l'OBERGO (Observatoire des conditions de travail et l'ERGOstressie). Co-auteur, avec Pierre Mathevon, du livre "Qualité de vie et santé au travail" • Patrick Duncombe « Le télétravail L’entreprise en réseau est avancée » Les éditions DEMOS p 161 Articles de Presse & revues • Plan national de prévention et de lutte « pandémie grippale » et ses 6 fiches techniques. Circulaire B9 n°BCFF0919655C • Lettre de la DATAR, décembre 1991, n°135. • Article revue Liaisons sociales n° 350 du 15/12/2005 • Article revue RH&M N°33 - Avril 2009 Recherches et pr ospectives pages 64 et 65 • Article revue « Management » septembre 2009 • Article revue « Repères RH » - avril 2008 • Les Echos mardi 18 novembre 2008 • Magazine 01 informatique - 7 janvier 2010 • La tribune du 14/12/2009 point de vue de Jean-Claude Delgènes • Hebdomadaire Argus de l’assurance Sondage IFOP pour l’association « promotion et suivi de la sécurité routière »– 27 novembre 2009 • Hebdomadaire Argus de l’assurance – 4 décembre 2009 p 54 • Article France Soir 13 août 2009 • Magazine Relation client N°81 juin-août 2009 • « Génération Y, mode d’emploi », Daniel Ollivier, Catherine Tanguy, De Boeck, 2008, • Article RH&M n°35 octobre 2009 Nicole Turbe-Suetens Enquêtes et rapports • Rapport parlementaire 2006 Pierre Morel-A-Lhuissier « du télétravail au travail mobile » • Enquête réalisée par le Cabinet Adwise « les TPE/PME et le télétravail » sept. 2009 • Centre d’analyse stratégique : le développement du télétravail dans la société numérique de demain novembre 2009 • Etude CREDOC – Enquêtes sur les « Conditions de vie et les Aspirations des Français » (2007) • DARES Premières synthèses décembre 2004 n°51-3 • ECATT rapport final “Bench marking telework and e commerce in Europe – août 2000” Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 138 • Rapport du Forum des droits sur l'Internet 14 décembre 2004 (association financée en partie par le ministère de l’Economie, des finances et de l’industrie constituée de personnes morales publiques ou privées). • Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance - rapport 2008 p20 et suivantes • Observatoire de l’évolution des métiers de l’assurance - Quels métiers demain ? – rapport juin 2006 Hélène Lopez - MBA Enass – Le télétravail dans les sociétés d’assurance – thèse professionnelle 2010 139 Thèse professionnelle soutenue en mars 2010 MBA Manager d’entreprise d’assurance pour l’obtention du Président du Jury : François EWALD Une école est un lieu de production et de diffusion de connaissances. L’Ecole nationale d’assurances s’organise pour répondre le mieux possible à cette mission en direction de ses élèves d’abord, mais aussi de la profession de l’assurance et de ses partenaires : • les « séminaires innovation » animés par les auditeurs du Centre des Hautes Etudes d’Assurance (CHEA), permettent aux professionnels de suivre les grandes innovations en assurance telles qu’on peut les observer à l’étranger ; • les « dialogues de l’Enass » éclairent l’actualité par le débat avec une personnalité remarquable ; • « les travaux de l’Enass », que nous lançons aujourd’hui, sont destinés à faire bénéficier la profession des travaux menés au sein de l’Enass par ses professeurs et ses élèves, à tous les niveaux, dans la mesure où les jurys qui les ont évalués ont noté leur qualité et leur originalité. Ces travaux vous seront adressés par Internet, certains d’entre eux pouvant faire l’objet d’un tirage sur papier ou même, être édités. Nous souhaitons que toutes ces initiatives vous soient profitables. François Ewald Directeur de l’Ecole nationale d’assurances