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CONSEIL27
fonction de la situation métabo-
lique de la vache. Le taux de gly-
cémie, d’urée, mais aussi d’acé-
tone (en cas de déséquilibre
métabolique) du liquide follicu-
laire est comparable à celui du
sang: si la vache est bien approvi-
sionnée en énergie, l’ovule dans le
follicule sera également bien nour-
ri. Si au contraire le métabolisme
de la vache est surchargé en raison
d’une concentration élevée en urée
ou en acétone, l’ovule doit égale-
ment se débattre contre ces
toxines. Les troubles du métabo-
lisme de la vache modifient donc
la composition du liquide follicu-
laire et endommagent l’ovule, ce
qui constitue un obstacle à la fu-
ture gestation. Etant donné que le
développement et la maturation
des ovules durent plusieurs se-
maines, une carence énergétique
en début de lactation peuvent en-
core exercer une influence néga-
tive au moment où la vache devrait
être réinséminée. Ces effets sont
les plus prononcés en cas de court
délai de mise à la reproduction.
Intéressant: le liquide folliculaire
présente une autre composition
après une injection de prostaglan-
dine faite par le vétérinaire pour
provoquer les chaleurs que lors de
chaleurs naturelles – l’approvi-
sionnement de l’ovule est diffé-
rent. Est-ce la raison pour laquelle
le taux de fécondation diverge?
Ovulation après la fin des
chaleurs
Le follicule produit l’hormone des
chaleurs (oestrogène) qui, par le
biais d’un mécanisme complexe,
informe le cerveau que le follicule
est mûr et que l’ovulation est im-
minente. Suite de quoi, l’hypo-
physe sécrète l’hormone luténéi-
sante (LH). L’ovule se dissocie de
la paroi du follicule et la surface du
follicule s’amincit à un endroit. Au
moment de l’ovulation, la paroi se
rompt à cet endroit. Le liquide fol-
liculaire emporte l’ovule dans le
pavillon de l’oviducte qui s’est pla-
cé de sorte à recouvrir la déchirure
du follicule. L’ovulation ressemble
donc pour ainsi dire à un rinçage
de l’ovule. Chez les bovins, ce pro-
cessus a lieu alors que les symp-
tômes extérieurs des chaleurs s’es-
tompent: normalement environ 24
à 36 heures après le début des cha-
leurs principales, soit 8 à 12 heures
après la fin des chaleurs princi-
pales.
Le moment optimal pour
inséminer
Après l’insémination, les sperma-
tozoïdes doivent encore mûrir en-
viron six heures dans le tractus
génital femelle avant d’être ca-
pables de féconder. Ils sont fixés à
la paroi de l’oviducte et «gardés
au frais» jusqu’après l’ovulation.
L’arrivée d’un ovule sain dans
l’oviducte déclenche la libération
immédiate des spermatozoïdes et
la fécondation peut avoir lieu. Pour
que le timing joue et que les diffé-
rents processus concordent, l’insé-
mination doit être faite 12 à 24
heures après le début des chaleurs
principales et/ou l’acceptation de
chevauchement.
Ovulation retardée en cas
de carence énergétique
De nombreux chefs d’exploitation
se plaignent que l’intervalle
conseillé pour effectuer les insé-
minations ne soit pas approprié
pour toutes leurs vaches. Des cha-
leurs prolongées ou une ovulation
retardée – qui souvent n’est pas en-
core intervenue plusieurs heures
après l’insémination pourtant bien
planifiée – sont alors évoquées
comme causes des faibles taux de
gestation. D’où viennent ces déca-
lages temporels intervenant dans
le cycle des chaleurs?
Des essais effectués dans les an-
nées septante et quatre-vingts dé-
montrent que dans 19 à 31% des
cas (une fourchette relativement
grande), l’ovulation a eu lieu plus
de 24 heures après que les symp-
tômes des chaleurs s’étaient es-
tompés. Dans une étude plus ré-
cente (SARMENTO et BRAUN,
2006), des vaches ont été exami-
nées dans le Baden-Württemberg;
chez 46% des animaux, l’ovula-
tion n’avait pas encore eu lieu 12
heures après la fin des chaleurs
principales. Le phénomène est
donc réellement fréquent chez les
vaches modernes. Des travaux ef-
fectués par l’Université de Giessen
ont mis en évidence un lien étroit
entre une production élevée, no-
tamment un mauvais approvision-
nement en énergie pendant les
chaleurs, et une ovulation retardée
(WEHREND et BOSTEDT,
2005). Un faible taux de glycémie
en particulier est responsable du
retardement de l’ovulation.
Les scientifiques supposent donc
qu’un apport ciblé de propylène-
glycole peu avant ou pendant les
chaleurs pourrait exercer un effet
positif sur le développement de
l’ovule et le processus d’ovulation
chez les vaches à problèmes qui
reviennent fréquemment en cha-
leurs. Pour évaluer les chances de
gestation, avant l’utilisation de se-
mence particulièrement précieuse
(semence sexée par ex.), un test
d’acétone (par ex. Ketolac®) peut
être indiqué. Les répercussions
d’un manque en énergie sur les
processus avant et pendant l’ovu-
lation ne peuvent généralement
pas être corrigées par la seule uti-
lisation d’hormones (par ex. injec-
tion pour stimuler l’ovulation); ces
interventions ne conduisent que
rarement au succès. De plus, les
troubles de la maturation et de la
libération de l’ovule sont souvent
bien trop complexes pour qu’une
seule injection puisse y remédier.
Pour écarter les causes de manière
durable, il faut souvent faire des
recherches intensives et approfon-
dies.
Une double insémination
est-elle judicieuse?
Une autre solution qui pourrait
sembler logique est d’inséminer à
double (en l’espace de 24 heures
par exemple) les animaux qui ont
une ovulation retardée ou des cha-
leurs prolongées, dans le but de
faire concorder au mieux le mo-
ment de l’insémination avec l’ovu-
lation, malgré un retard de cette
dernière. Malheureusement, les es-
sais scientifiques n’ont montré au-
cune amélioration notoire du taux
de fécondation avec une double in-
sémination en cas d’ovulation re-
tardée. On admet donc que, dans
ces situations-là, l’ovule est trop
âgé et donc plus fécondable ou que
les conditions dans la matrice ne
sont plus favorables pour l’em-
bryon, sous l’effet prolongé de
l’hormone des chaleurs et de l’acé-
tone par exemple. Dans la pratique,
il est par ailleurs difficile de dia-
gnostiquer s’il s’agit d’une ovula-
tion retardée ou non, d’autant plus
que les ovaires ne devraient pas
être palpés pendant l’insémination.
Récents résultats de recherches
Un mauvais approvisionnement en énergie endommage les ovules de
la vache à long terme et nuit ainsi à sa fécondité. Un manque en éner-
gie déséquilibre par ailleurs le processus de maturation de l’ovule
dans le follicule et retarde l’ovulation. L’insémination et l’ovulation ne
concordent plus.
Les injections d’hormones pour provoquer l’ovulation et les doubles
inséminations ne peuvent pas corriger un mauvais approvisionnement
en énergie.
Image d’un ovaire au microscope. La surface du follicule s’est déchirée
en un endroit et le liquide folliculaire emporte l’ovule (grande cellule
claire) entouré des cellules nutritives (petites cellules noires).
Paroi du follicule
Ovule et cellules nutritives