537 Retour sur l’article d’Agathe Raynaud-Simon*, publié dans La Revue du Praticien-Médecine Générale du 15 septembre 2009. * Service de gériatrie, hôpital Bichat, AP-HP, 75877 Paris Cedex 18. [email protected] R R Lésions cutanées d’origine ischémique par compression des tissus mous entre un plan dur et les saillies osseuses et hypoperfusion capillaire. R Quelle que soit leur cause (déficit neurologique, immobilisation soudaine, plurifactorielle), la cicatrisation est longue (parfois plusieurs semaines). R Nettoyage et détersion R Choix du pansement Prévention Supports R Pour mieux répartir les pressions, notamment au niveau des zones atteintes ou à risque (talons, sacrum). R Lit médicalisé (à hauteur variable avec ridelles et potence) : – facilite positionnement correct, soins d’hygiène et mobilisations ; – risques faibles à modérés : matelas mousse de type gauffrier, classe IA, remboursé par la Sécurité sociale ; – risque plus élevé ou escarres constituées : matelas mousse à mémoire de forme (classe II) ou à air dynamique (classe IA). Peuvent être loués auprès de distributeurs de matériel médical sur ordonnance. R Coussins pour le fauteuil : en mousse gauffrier, mémoire de forme, gel… R Cales en mousse thermoformée pour les patients couchés. R Certains services de soins à domicile bénéficient d’un ergothérapeute qui évalue le patient en situation et met en place le matériel utile. Mobilisation R Positions alternées au lit et mise au fauteuil réduisent les appuis prolongés sur des zones sensibles. R Changements de position à planifier au mieux toutes les 2 à 3 heures. Soins de nursing R Permettent de maintenir le patient propre et au sec et d’inspecter les zones d’appui. R Effleurage doux avec des huiles type Sanyrène ou Prescaryl : possible en peau saine sans rougeur persistante à la levée de l’appui. R Déconseillées : les pommades occlusives car favorisent la macération sans aucun effet protecteur. R À l’eau du robinet ou au sérum physiologique (en dosettes). R Pas d’antiseptique ni d’antibiotique local (risque de destruction de la flore bactérienne, de sélection de germes résistants ou de sensibilisation au produit). R Détersion manuelle (bistouri) : élimine nécrose et fibrine. Favorisée par le maintien d’un milieu chaud et humide qui contribue aussi au bourgeonnement et à l’épithélialisation. Sets à pansements R Matériel adapté avec compresses stériles ou non, champs, pinces, lames de bistouri, ciseaux à bouts pointus, gants stériles. Certains contiennent des pansements… R Remboursables selon la LPPR (BBraun, Médiset, Hartman, Molnlycke, Convatec, Tetraset…). Rougeur R Rapidement régressive si suppression des facteurs de pression et mise en place de mesures de prévention. R Effet antalgique d’un hydrocolloïde mince. Phlyctène à contenu clair R Inciser la bulle pour évacuer le liquide et laisser le toit en place. R Si hémorragique : découper le toit afin de limiter le risque infectieux. Appliquer ensuite un hydrocolloïde et laisser en place jusqu’à saturation. Plaie nécrotique (noire) ou fibrineuse (jaune) R Impose une double détersion pour éliminer les débris nécrotiques et limiter le risque infectieux : manuelle à l’aide d’un bistouri et autolytique. R Si nécrose sèche : utiliser un hydrogel pour la ramollir par hyperhydratation (couche de 3-4 mm, sans déborder en peau saine), puis recouvrir d’une plaque d’hydrocolloïde mince LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 25 l N° 865 l SEPTEMBRE 2011 TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE PIQÛRE DE RAPPEL Escarres traitées à domicile L’auteur déclare participer ou avoir participé à des interventions ponctuelles pour Nutricia et Nestlé Clinical Nutrition. PIQÛRE DE RAPPEL 538 ou d’un film de polyuréthane. Laisser en place 2 à 3 jours et renouveler jusqu’à ramollissement de la nécrose. R Si plaie exsudative : préférer un pansement absorbant comme un alginate recouvert d’un pansement secondaire (compresses, pansement absorbant ou film de polyuréthane). Changer tous les 1 à 2 jours selon la quantité d’exsudat. R Si très exsudative : hydrocellulaire seul ou en pansement secondaire sur un alginate ou un hydrofibre. R Si plaie creuse, choisir des mèches d’alginates ou d’hydrofibres recouvertes d’un pansement secondaire : hydrocolloïde ou hydrocellulaire. Plaie bourgeonnante (rouge) R Prendre en compte : profondeur, localisation, quantité d’exsudats, peau périlésionnelle. R Hydrocolloïde, hydrocellulaire, alginate, hydrofibre, pansement à base d’acide hyaluronique, tulle ou interface. Renouveler le pansement à saturation. R Hyperbourgeonnement : contrôlé par un dermocorticoïde local prescrit pendant quelques jours. Plaie en cours d’épithélialisation (rose) R À maintenir en milieu humide avec un hydrocolloïde mince, un pansement à base d’acide hyaluronique, un tulle ou un interface. R Utilisation possible d’un film de polyuréthane semi-perméable, assez onéreux. Plaie infectée R À suspecter si odeur nauséabonde, augmentation de la taille des exsudats, douleurs, R écoulement purulent, inflammation périlésionnelle, lymphangite. R Peut être nettoyée avec un antiseptique qui sera rincé avant le pansement (à refaire tous les jours). R Alginate, hydrocellulaire, ou hydrofibre, mais pas un hydrocolloïde (contre-indiqué car occlusif). R Les pansements à base de charbon limitent la prolifération bactérienne et les odeurs. Ceux à l’argent ont une activité bactéricide qui peut être utile. R Antibiotiques per os parfois indispensable devant des signes infectieux avérés. Autres traitements De la douleur R Fondamental pour le confort du malade et pour des soins locaux dans de bonnes conditions. Prescription en fonction de l’intensité (paliers I à III). R On peut aussi utiliser des anesthésiques locaux comme Emla. Prise en charge nutritionnelle R Peser régulièrement (la dénutrition étant souvent associée aux escarres). R Viser des apports énergétiques de 30 à 40 kcal/kg/j et 1,2 à 1,5 g de protéines/kg/j. R Privilégier la voie orale : enrichissement de l’alimentation, collations et prescription de compléments nutritionnels oraux hyperénergétiques et hyperprotidiques. R En cas d’échec, envisager la nutrition entérale. ● Principales caractéristiques des pansements (liste non exhaustive) • Alginates (Algostéril, Comfeel Seasorb, Urgosorb…) – Pouvoir absorbant important : 10 à 15 ҂ son poids ; capacités hémostatiques – Drainage des exsudats et formation d’un gel – Mèches et compresses • Hydrocellulaires (Allevyn, Biatain, Cellosorb, Combiderm, Mepilex…) – Constitués d’une couche de transfert non adhérente, d’une couche hydrophile très absorbante et d’un film semi-perméable – Absorption importante : 10 ҂ son poids – Pas de gel : absorption verticale, pas de macération – Plaques adhésives ou non, formes anatomiques, cavitaires, repositionnables • Hydrocolloïdes (Algoplaque, Comfeel, Duoderm…) – Composé de carboxyméthylcellulose ; recouvert d’un film de polyuréthane, semi-perméable à occlusif – Renouvellement à saturation : la plaque prend un aspect blanc, translucide – Effets secondaires : gel nauséabond au contact des exsudats en dehors de toute infection, macérations des berges (relayer avec un pansement plus absorbant type hydrocellulaire), eczéma de contact lié à l’adhésif – Contre-indiqué sur plaie infectée – Formes adaptées au talon ou sacrum • Hydrofibre (Aquacel) – Absorption très importante : 30 ҂ son poids – Gel cohésif au contact de la plaie – Indolore au retrait – Mèches et compresses • Hydrogel (Duoderm Hydrogel, Intrasite Gel, Purilon Gel, Urgo Hydrogel…) – Gels contenant de 75 à 90 % d’eau – Hydratation des tissus nécrotiques • À base d’acide hyaluronique (Effidia, ialuset…) – Compresses imprégnées, crème, spray • À l’argent (Actisorb Ag, Aquacel Ag, Biatain Ag, Cellosorb Ag, ialuset Ag, Mepilex Ag, Urgotul Ag…) – Plus ou moins adhésif et absorbant – Activité antibactérienne • Au charbon (Actisorb, Carboflex, Carbonet…) – Compresses plus ou moins absorbantes – Limitent les odeurs • Tulles ou interfaces (Adaptic, Jelonet, Mepitel, Urgotul, Vaselitulle…) – Imprégnés de corps gras neutres – Non absorbants ; non adhérents à la plaie LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 25 l N° 865 l SEPTEMBRE 2011 TOUS DROITS RESERVES - LA REVUE DU PRATICIEN MEDECINE GENERALE