Compte-rendu de la réunion préparatoire au lancement

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Compte-rendu de la réunion préparatoire au lancement
du réseau des hôpitaux méditerranéens RESHOMED
Mercredi 3 décembre 2014
Marseille – Villa Méditerranée
Allocutions de bienvenue et présentation des travaux :
Jean-Jacques ROMATET, Directeur Général de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille,
ouvre les débats en accueillant un certain nombre de partenaires qui ont répondu au souhait
des porteurs de l’initiative de créer un réseau vivant, favorisant les échanges en s’appuyant
sur les relations déjà existantes, et avec des propositions de thématiques concrètes.
La constitution d’un réseau est un exercice complexe : le réseau doit avoir un moteur, qui est
l’envie d’échanger et la possibilité de trouver des réponses à ses attentes. Le réseau réussit
quand tout le monde a intérêt à faire tourner le moteur et trouve un intérêt dans les échanges.
Il y avait déjà eu une réflexion sur le thème « Culture et Santé », à laquelle avaient
notamment participé des partenaires algériens, marocains et égyptiens. Cette réflexion a
donné l’idée d’aller explorer d’autres pistes.
Parmi les thématiques, certaines avaient déjà été évoquées, notamment l’éthique, du fait de
son fort déterminisme culturel. Le poids croissant des maladies chroniques a été aussi évoqué,
de même que le partage des connaissances avec les technologies de communication.
Il ne faut pas choisir de traiter des sujets trop nombreux ; il vaut mieux commencer
modestement avant de s’élargir à la fois en termes de thématiques et de nombre de membres.
En parallèle se déroule aujourd’hui le Conseil d’Administration du Réseau Mère Enfant de la
Francophonie : il conviendra de rechercher des points de jonction avec ce réseau et avec les
autres car nous pouvons toujours en tirer des expériences.
Nous devons intégrer très rapidement la dimension de la communication, et voir quelles
informations partager et diffuser, et comment alimenter nos réflexions avec les informations
circulant dans la presse.
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L’aide déterminée de la Région PACA est précieuse et est co-fondatrice de notre démarche
car continue et pratique. Que le Président Vauzelle en soit remercié, ainsi que le docteur
Polski.
Nous souhaitons apporter une dimension pratique à un discours politique volontariste : il faut
des actes concrets pour que la mer nous unisse.
Le docteur Ladislas Polski, Conseiller régional PACA, accueille les participants au nom du
Président Vauzelle, dans ce lieu symbolique qu’est la Villa Méditerranée, jetant un pont
symbolique entre les deux rives, et, en cela, parfaitement adapté à nos travaux.
Cette initiative s’inscrit dans une semaine consacrée à la Santé en Méditerranée, avec
plusieurs manifestations en cohérence : Assises Hospitalo-Universitaires, Hôpital Expo
Méditerranée, Séminaire sur la santé des jeunes en Méditerranée.
En faisant de Marseille la ville-phare euro-méditerranéenne de la santé pendant quelques
jours, les organisateurs affirment l’importance de la santé pour nos sociétés : sujet de
solidarité d’autant plus important à défendre en période de crise, sujet de développement
permettant la création de richesses, sujet porteur d’innovations.
Les coopérations projetées à travers les thématiques pressenties peuvent être également
comprises comme des atouts pour le développement. Avec ces propositions techniques, ce
projet, en période de crise économique, sociale, morale, est porteur d’espoir dans nos pays.
Monsieur Polski souhaite plein succès aux travaux.
Hervé d’ORIANO, Directeur des Relations Internationales de l’AP-HM, présente le
programme et les objectifs de la réunion : tout d’abord, il s’agit d’échanger sur l’intérêt de la
création d’un réseau, à partir du constat que sur ces thèmes il y avait des relations bilatérales,
mais qu’on n’était pas encore passé à l’étape de la mise en commun de toutes les expériences
et de leur pérennisation.
Le deuxième objectif est de parvenir, à l’issue des échanges, à proposer un « bureau
provisoire » chargé de préparer l’Assemblée Générale constitutive, en précisant d’une part les
règles du fonctionnement, et d’autre part, les contours de ce qui doit nous réunir.
Il est proposé d’organiser les débats en 4 segments : intérêt du réseau, ingénierie et
fonctionnement, contenu scientifique, calendrier pour 2015.
Session 1 : intérêt du réseau :
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Eric de Roodenbeke, Directeur de la Fédération Internationale des Hôpitaux, rappelle ce
qu’est cette organisation créée en 1929, plateforme d’échanges pour les fédérations nationales
et les hôpitaux sur les questions stratégiques. Elle est la voix des hospitaliers auprès de l’OMS
qui la consulte régulièrement.
Il présente la Charte sur les Partenariats Hospitaliers. Il évoque également le groupe
international d’hôpitaux universitaires, qui a monté une première initiative sur la fin de vie.
Il indique que les thématiques pressenties pour le réseau sont au sommet de l’agenda
international :
-
l’éthique : avec une déclaration internationale de plusieurs associations sur les
pratiques éthiques en matière de recherche clinique
-
les maladies chroniques et la polymorbidité : mises en avant en marge de l’Assemblée
Générale des Nations Unies 2012, et ayant donné lieu à un livre blanc publié par la
FIH
-
la révolution du virtuel : notamment à propos du dossier universel du patient, la
mobilité, la distance avec la télémédecine
-
le management : il y a une initiative regroupant les principales associations de
directeurs d’hôpitaux développant un corpus sur les compétences essentielles pour
diriger les établissements de santé, en cours de finalisation.
Il assure le futur réseau de l’appui de la FIH.
M. Mohammed Harif, Directeur Général du CHU Mohammed VI de Marrakech, trouve le
projet ambitieux et pertinent, car il y a plusieurs relations existantes mais c’est le moyen de
leur donner une dimension nouvelle. Certains pays méditerranéens traversent une période
difficile : mouvements sociaux et politiques, transformations populationnelles, montée des
maladies chroniques, plus lourdes et plus coûteuses, nécessitant plus de compétences et une
adaptation laborieuse : ce réseau peut être une aide pour cette réorganisation nécessaire, car
au-delà des aspects médicaux, il y a d’autres aspects à considérer, notamment culturels.
Il rappelle l’expérience « Culture et Santé » qui a contribué à une réflexion nationale au
Maroc sur la santé mentale. L’hôpital est quelquefois en conflit avec la société et nous devons
réhabiliter son image, et celle du système hospitalier en tant que porteur de valeurs de
solidarité, d’humanisme, d’éthique : l’hôpital est le lieu où ces valeurs peuvent être portées le
plus haut. Nous avons à apprendre de ceux qui nous ont précédés dans l’organisation et nous
espérons participer au partage de connaissances.
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Il remercie l’APHM d’être à l’initiative de cette démarche. Tout le monde doit contribuer à ce
que la Méditerranée soit un lieu d’échanges et porteur de valeurs.
Questions et commentaires de la salle :
Paul Hage, neuro-chirurgien à l’hôpital Saint-Georges de Beyrouth, demande des précisions
sur la nature du réseau. Hervé d’Oriano indique qu’il sera ce que les membres en décideront,
mais qu’à ce stade est proposée dans le projet de statut une association d’hôpitaux, membres
sur une base volontaire, décidant de faire un certain nombre de choses ensemble, avec des
cotisations, un siège hébergé par un hôpital, et des instances de gouvernance et d’animation
scientifique. Est aussi proposée la notion de membres associés pour des institutions de
recherche, des universités, des entités du secteur privé ou autres collectivités, participant à la
vie du réseau, en y apportant soit un financement, soit une contribution scientifique. Ces
propositions sont soumises à discussion dans la session 2, puis seront validées dans leur
acception finale lors de l’Assemblée Générale constitutive.
Le docteur Jean-Jacques Denis, chargé de mission auprès de la Direction des Relations
Internationales de l’APHM, rappelle que le réseau ne doit pas être un réseau de spécialités
médicales, qu’il doit aborder les sujets de manière transversale, qu’il doit placer l’hôpital au
sein de son environnement géographique, politique et quant aux déterminants sociaux de la
santé. Les pays du sud de la Méditerranée ont une expérience très forte et peuvent contribuer
au réseau. Il y a une communauté de professionnels et de patients entre les deux rives et
l’approfondissement des dimensions culturelles ne pourra qu’être bénéfique à cet égard.
Les membres doivent apporter ce qu’ils souhaitent y trouver en termes de questions et de
réponses.
Le Professeur Lamri Larbi, membre fondateur du Réseau maghrébin des systèmes de santé,
Professeur d’économie à Alger, intervient sur l’articulation par rapport aux sociétés savantes
organisées par disciplines, mais qui sont trop réservées aux spécialistes, ce qui prive de
l’approche multi-factorielle. L’approche en réseau peut être intéressante à cet égard car elle
permet d’intégrer tous les représentants de manière complémentaire pour expliquer tous les
déterminants. Rappelant l’expérience du réseau qu’il a initié, il indique que la création est
difficile : il faut mettre de la volonté et éviter les questions qui fâchent au début.
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Le docteur Ahmed Bouzidi, de la Faculté de Médecine de Tunis, pense que l’approche en
réseau est prometteuse mas elle ne doit pas être trop centrée sur les professionnels de santé :
elle doit aussi permettre d’intégrer le patient et le citoyen via des organisations représentant la
société civile. D’autre part il faut se baser sur les problématiques communes dans la région :
le réseau doit donc apporter des solutions concrètes sur des objectifs précis et ne doit pas
rester dans les généralités.
Le docteur Sidi Saïd, du CHU de Bab El Oued, rappelle le partenariat avec l’APHM qui
existe depuis 15 ans ; il souhaite qu’il aille jusqu’au jumelage. Il salue l’initiative qui pourra
bénéficier aux établissements au niveau local. Il rappelle les Journées Méditerranéennes de
Neuro-chirurgie organisées dans les années 80 par le Professeur Vigouroux, qui avaient
permis le développement de cette discipline en Méditerranée .
Hervé d’Oriano demande si le réseau peut adhérer à la FIH et comment celle-ci peut relayer
les activités du réseau pour faire connaître ses travaux. Eric de Roodenbeke rappelle que la
FIH est une organisation de membres à laquelle peut adhérer le réseau. Tout membre a son
mot à dire et bénéficie de services. La FIH peut mettre ses outils de communication virtuelle à
disposition du réseau. Si le Conseil d’Administration l’accepte, le réseau peut bénéficier du
soutien de la FIH. En tant que Directeur, Eric de Roodenbeke appuiera cette initiative, sans
sous-estimer les difficultés organisationnelles dont il est bon d’avoir conscience dès le début
pour anticiper et relayer les bonnes volontés.
Session 2 : ingénierie et fonctionnement du réseau :
Hervé d’Oriano présente les différents chapitres du projet de statuts qui sont soumis à la
réflexion, puis qui devront être adoptés lors de l’Assemblée Générale constitutive. Il insiste
notamment sur la question de la préparation de l’AG par un « bureau provisoire ». Il présente
les 5 volets sur lesquels un certain nombre de questions se posent, qui devront être tranchées
par l’AG :
- statuts :

présentation du projet de statuts et discussion

question du siège : localisation, hébergement, siège tournant ?

procédure d’adoption : Assemblée Générale constitutive à convoquer
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
bureau provisoire pour sa préparation
- gouvernance et fonctionnement :

instances de gouvernance

animation

quels types d’activités ?

quelle animation entre les activités ?

comment s’associer à d’autres évènements ?

comment s’associer à des centres de ressources ? ex : Villa Méditerranée
- financement :

types de financement :
 cotisations
 bailleurs : locaux, nationaux, internationaux
 secteur privé

modalités de financement :
 appui au fonctionnement
 sur projets

ingénierie de financement :
 financement d’activités
 financement pérenne d’une stratégie
- communication :

communication interne :
 site web :
financement,
conception, hébergement,
maintenance
(contenu et technique)
 forum
 bulletin
 visio-conférences

communication externe :
 site web
 publications scientifiques
 Actes des colloques
6

partenariats :
 techniques : exs : Ministères de la Santé, Universités, Fédérations
Hospitalières nationales
 scientifiques : exs : FIH, sociétés savantes, autres réseaux.
Questions et commentaires de la salle :
M. Adrien Absolu, chargé de mission auprès de la Division Santé et Protection Sociale de
l’Agence Française de Développement, présente rapidement les missions de l’AFD.
Il cite comme exemple de réseau le RESAOLAB, porté par la Fondation Mérieux, efficace
pour se mobiliser rapidement lors des crises sanitaires.
Il rappelle le fonctionnement du Fonds des Réseaux et Partenariats Hospitaliers. En 2009 lui
ont été octroyés 320 M euros ; suite à une évaluation positive, le crédit a été reconduit et porté
à 2 millions d’euros en 2011, avec la gestion confiée à la FHF. Ce Fonds pourrait être une
piste de financement intéressante pour ce réseau dès lors qu’il sera constitué officiellement.
Hervé d’Oriano rappelle que l’AFD a apporté, à partir de ce Fonds, une contribution
significative à cette réunion de préparation du lancement et à Hôpital Expo Méditerranée, et la
remercie. Il remercie également la DGOS du Ministère de la Santé, et notamment son
Département international dirigé par M. Eric Trottmann, qui a également co-financé cette
réunion.
M. Mohammed Harif, DG du CHU de Marrakech, pense qu’il est important de capitaliser sur
l’existant, en passant en revue les programmes en cours pour aller de l’avant. Les Facultés de
Médecine vont être avec nous pour la première fois, ce qui est un enrichissement. Il faudra
rapidement des actions permettant de montrer une présence sur le terrain, et pas seulement des
colloques, afin d’avoir un impact mesurable.
M. Saïd Belkadi, président en exercice du RESHAOC, rappelle qu’une délégation de ce
réseau est présente et qu’il faudra travailler ensemble. Il insiste sur le rôle des points focauxpays, qui sont aussi des moteurs et des relais importants dans les pays. Il faut préciser leur
rôle dans le règlement intérieur. Il annonce qu’il présentera le RESHAOC lors de la table
ronde du 4 décembre à Hôpital Expo Méditerranée.
M. Pascal Omyale, Secrétaire Exécutif du RESHAOC, souhaite insister sur la question de la
localisation du siège, au regard de l’expérience du RESHAOC : dans un premier temps, le
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siège était tournant et cela a créé des difficultés : il faut s’accorder sur un siège fixe. La notion
de comité scientifique est également intéressante, car pour le RESHAOC, il ne se réunit que
lors des Rencontres Hospitalières. Il pose la question du lien entre Secrétariat Exécutif et
Comité scientifique. Il pose également la question du commissariat aux comptes pour donner
le quitus des comptes que valide l’Assemblée Générale.
Hervé d’Oriano pense que le comité scientifique, s’il est permanent, doit avoir sa propre
gouvernance, en parallèle au secrétariat exécutif qui assure la gouvernance administrative, et
que les deux doivent converger au niveau de l’AG qui est l’instance délibérante. Il rappelle
que les propositions tiennent déjà compte des expériences des autres réseaux.
Session 3 : Contenu scientifique :
Le Professeur Pierre Fuentes rappelle qu’il est Professeur de Chirurgie thoracique, Professeur
émérite à AMU, et Président de la Fondation THETIS, réseau qui met en relation 65
universités des pays du pourtour méditerranéen. Il a fallu à ce réseau quelques années pour
pouvoir se fixer des objectifs et peut-être faut-il s’inspirer des choses qui existent déjà. Ila
fallu d’abord se connaître, se comprendre, identifier les points d’expertise et les points de
faiblesse à combler pour les uns et les autres.
Chacun doit y mettre ce qu’il peut apporter et chercher ce qu’il veut y trouver. Il faut du
temps pour que les établissements apportent leur patrimoine. Dans un second temps, il a fallu
se donner des objectifs de partage. Pour THETIS, la vocation est de mettre en commun les
expertises des uns et des autres pour que plusieurs partenaires puissent travailler ensemble sur
un même projet
pour lequel le réseau trouve les financements et gère au quotidien la
répartition des moyens.
On peut s’en inspirer pour fixer des objectifs dans le cadre de RESHOMED, c’est-à-dire des
objectifs pas forcément communs à tous mais qui puissent être partagés par certains
seulement tout en étant portés par l’ensemble du réseau.
Thématique 1 : Ethique :
Me Annagrazia Altavilla, avocat, Professeur associé AMU, responsable
des relations
extérieures de l’Espace éthique méditerranéen, présente celui-ci : créé par un accord APHMAMU à l’initiative de Jean-François Mattei, il est un lieu de rencontre entre soignants et
professionnels et société civile ; il constitue un pôle de recherche et d’enseignement.
Il propose notamment un master « Ethique, Science, Santé et Société » et des DU, DIU, ainsi
que la formation professionnelle des agents de l’APHM.
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Depuis 2012 il est devenu un espace inter-régional PACA-Corse. Il a développé des activités
au niveau international : projet Culture et Santé de l’APHM, ; il est le référent pour le
nouveau réseau Mediterranean Alzheimer Alliance, réseau d’associations de malades et de
professionnels.
Il participe à des projets européens focalisés sur la Pédiatrie et conduit diverses activités dans
ce cadre.
Dans le cadre de RESHOMED, il pourrait développer des initiatives de formation avec une
approche pluri-disciplinaire et pluri-culturelle, afin de contribuer au débat « existe-t-il une
éthique bio-méditerranéenne ? ».
En réponse à une question, Me Altavilla indique que l’Espace dispose de capacités
d’enseignement à distance.
Thématique 2 : Prise en charge des maladies chroniques :
Le docteur Christine Bara, Directrice de la Filière Cancer et Maladies chroniques à l’APHM,
présente la réflexion portée par l’APHM. L’OMS a fait de ce sujet une stratégie mondiale,
recouvrant maladies cardio-vasculaires, maladies métaboliques liées à la nutrition, cancers,
maladies respiratoires chroniques.
Ce champ est aussi questionnable car peuvent y entrer la santé mentale et les maladies neurodégénératives. Ces maladies ont des facteurs de risque souvent communs et représentent un
poids de santé publique majeur : 30 % des patients ont moins de 60 ans et 63% des décès leur
sont dûs. Une projection OMS à 10 ans prévoit une augmentation de 17% de cette mortalité.
Les pays les plus touchés seront africains et de la Méditerranée de l’est.
Ces maladies impactent directement les questions d’accès aux soins puisqu’elles touchent
davantage les personnes à faible revenu.
Plusieurs enjeux nécessitent d’avoir des stratégies communes et des stratégies de coopération
internationale. La surveillance et la prise en charge de ces patients au long cours obligent à
penser les choses de façon différente : on va passer d’une gestion par spécialité à une gestion
organisée sur la base du parcours centré autour du patient, ce qui implique la nécessité de
coordonner les interventions de plusieurs équipes soignantes qui vont devoir assurer la prise
en charge dans la durée. Il y a aussi la prise en compte de la qualité de vie des patients qui
doivent vivre plus longtemps et mieux.
L’impact sociétal mis en avant est aussi de pouvoir personnaliser les traitements. Dans ce
défi, la prévention des risques, l’information du patient, l’observance thérapeutique sont des
enjeux importants, ainsi que la prise en compte des facteurs environnementaux.
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Il en résulte que nos organisations vont devoir évoluer, notamment en direction de
l’ambulatoire qui va se développer. Cette modalité rend plus nécessaire la coordination entre
équipes soignantes de l’hôpital, mais aussi des hôpitaux environnants et avec les médecins
libéraux.
Enfin il faut des plateformes de services autour de l’éducation thérapeutique, permettant
l’accès aux bio-technologies ; la recherche est également très importante (bio-banking,
cohortes, génétique). On mesure aussi l’enjeu sociétal à la montée en charge des associations
de patients.
Il est nécessaire de conduire des réflexions croisées et l’APHM peut s’y associer dans le cadre
de ce réseau.
Le Professeur Mohamed El Riwini, Professeur de Chirurgie, responsable de la filière de
formation francophone à la Faculté de Médecine d’Alexandrie, rappelle les partenariats
existants dans la région, qui ont connu une étape avec Culture et Santé.
Ce réseau peut constituer un nouveau projet ambitieux permettant de mieux se connaître et
également de développer les échanges Sud-Sud.
Sur la prise en charge des maladies chroniques, ce thème est très important car il est national
et international : on compte 38 millions de décès par an dans le monde à cause de ces
maladies. Il convient d’encourager les pays à mettre en évidence leurs chiffres relatifs à ces
maladies. C’est sur la prise en charge que se joue l’enjeu du fait de son coût très élevé : entre
58 et 80% des budgets de santé dans les pays en développement leur sont dédiés.
Si on parvient à coordonner les savoir-faire et les connaissances, on peut arriver à une prise en
charge plus efficiente. Les mots-clés à retenir sont : prise en charge, facteurs de risque, mise
en évidence des déterminants sociaux, recherche, formation.
M. Larbi rappelle que ces maladies ont un coût très élevé en Algérie. Le pays est en train de
préparer un Plan Cancer très coûteux et un Plan Diabète, au détriment quelquefois d’autres
secteurs. L’une des causes est la défaillance de la prévention.
Un participant dans la salle indique que le volet dépistage et prévention doit être aussi intégré.
Christine Bara rappelle que l’éducation thérapeutique doit intégrer ces questions, et le champ
de la recherche y est très important ; aujourd’hui l’éducation thérapeutique est un moyen
d’entrée dans la recherche et d’inclusion des patients dans les cohortes.
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Un participant signale que parmi les facteurs de risque, les habitudes alimentaires sont
importantes. Il pourrait être utile d’investir le champ de la promotion de la santé avec les
nouvelles technologies d’information pour promouvoir une alimentation saine.
Thématique 3 : e-learning et partage de données :
Le Professeur Pierre Champsaur, Chef de service de Radiologie à l’APHM, délégué de la
CME pour le système d’information, pose la question de l’intérêt du réseau et des outils
existants : certains d’entre eux sont déjà disponibles à Marseille: un réseau internet
fonctionnel, un PACS pour le stockage des images (450 000 examens par an pour les 4
établissements de l’APHM) qui va être proposé à tous les établissements PACA pour
mutualiser les investissements à partir de 2015.
Le deuxième «étage est l’outil de communication : celle-ci concerne les informations liées au
patient, ce qui amène à poser immédiatement la question de la sécurisation des données
individuelles. Dans l’autre grande problématique qui est l’accès à la formation par des
plateformes il n’y a pas le même souci de sécurisation.
Pour la sécurisation, nous avons plusieurs solutions : la messagerie sécurisée qui a largement
progressé, la gestion des droits d’accès au dossier, la traçabilité des échanges pour les outils
de téléradiologie.
En termes d’objectifs pour les activités du réseau, il convient d’identifier quels sont les réels
besoins, probablement 1 ou 2 cibles stratégiques très précises. Il faut ensuite dire ce qu’on
veut mettre en commun autour de ce besoin, et enfin assurer un outil de communication sous
forme de base de données partagées qui doit être hébergée avec des caractéristiques de
confidentialité, de droits d’accès et de partage.
On peut imaginer beaucoup de choses mais il faut débuter par du concret, par exemple le
partage d’images. Comme première idée on peut imaginer dans le PACS APHM, une tranche
qui soit au service du réseau : il faudra se demander comment financer cette tranche, comment
assurer la communication et dans quel projet médical précis.
Comme deuxième idée, on peut imaginer des échanges autour du dossier du patient, par
exemple dans le cadre de travaux de recherche. On peut dédier un serveur spécialisé pour ces
échanges.
Enfin il faut imaginer le fonctionnement concret du réseau : il n’y a pas de problèmes
techniques pour l’envoi d’informations, mais il faut organiser les relations entre interlocuteurs
identifiés, avec des cibles précises, une volumétrie, des outils de traçabilité.
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Pour démarrer, il faut essayer de mettre en œuvre ces outils sur 2 ou 3 cibles, et ensuite
analyser ce qui marche ou pas avant d’aller plus loin. Il ne faut pas trop embrasser. C’est à
chacun de définir ses priorités. La discussion ne doit pas venir d’en haut.
Le Professeur Paul Hage, neuro-chirurgien, vice-doyen à l’Université Balamand de Beyrouth,
explique qu’il a mis en place des moyens de communication internationaux pour les examens
des étudiants.
Pour les besoins de partage de données, un besoin fréquent est la radiologie, pour avoir un
deuxième avis sur une image ; un autre est l’anapath qui pourrait être un thème essentiel
notamment dans les neuro-sciences.
L’idée est d’avoir un réseau sûr et efficace sur quelques cibles, plutôt que d’échanger sur
beaucoup de choses qui ne servent à rien.
Le docteur Bouzidi, Faculté de Médecine de Tunis, pense qu’il faut se fixer des objectifs
précis et obtenir des petits succès pour construire un grand projet. Il y a deux niveaux de
collaboration possibles dans ce réseau :
-
partage d’informations relevant de la télémédecine, pour l’aide à la décision
diagnostique et thérapeutique, dans un cadre mutuel et interactif
-
collaboration de réseautage pour contribuer à réduire les disparités d’accès aux
soins à l’intérieur des pays selon les régions.
Il faudrait créer des micro-réseaux dans les pays associés au RESHOMED. Cette
problématique existe d’ailleurs aussi en France.
Un autre axe à développer est la promotion de la santé pour contribuer à la prévention par une
diffusion au-delà des professionnels de la santé.
Le Professeur Harif parle de la plateforme de radiologie montée à Marrakech ; il y a
également un programme de télé-Urgences avec un hôpital où il n’y a pas assez de
spécialistes.
Le Professeur Champsaur indique qu’on peut imaginer dans le réseau la notion de partage
d’expériences. En France, toutes les technologies sont disponibles mais pour autant cela ne
fonctionne pas toujours très bien car c’est complexe. Il serait intéressant que des experts
puissent partager leurs expériences en échangeant sur des problématiques humaines,
médicales, technologiques.
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Le docteur Jean-Jacques Denis précise qu’il faut aller vers un réseau d’hôpitaux et non un
réseau médical. Pour le financement, il faudrait laisser une porte ouverte à un financement
privé. Chacun doit exprimer ses objectifs et ses attentes pour donner une orientation précise.
Le réseau doit intégrer des réseaux plus larges comme Thetis, ou le réseau de l’Université
numérique francophone, en ayant une partie « hub ».
Ce n’est pas un réseau uniquement Nord-Sud, mais si les partenaires du Sud le décident, il
peut aussi favoriser les relations Sud-Sud.
En termes de problématiques, il faut privilégier la transversalité : éthique, management,
hôpital et système de santé, prévention. Sur la prise en charge, il est important de fixer des
pistes avec comme objectifs pour les malades le droit d’accès à des soins de qualité.
Thématique 4 : la formation des cadres au management :
Jean-Michel Budet, Directeur Général Adjoint de l’APHM, part de l’idée de
professionnalisation du management des établissements et le réseau peut constituer une
opportunité dans le cadre de cette démarche. Très souvent les formations sont sans lendemain
car elles concernent un thème général sans dimension concrète. Il faut passer de la théorie à la
pratique, notamment par le partage d’expériences car on a tous à apprendre les uns des autres
et on doit construire ensemble.
Il faut sortir des questions qui sont propres à chaque pays, qui dépendent du cadre législatif et
du financement, et entrer dans les fondamentaux de la gestion, qui sont applicables partout.
On attend du réseau des réponses pratiques. On peut aborder le management par le biais de la
qualité, la gestion des risques et le développement durable, qui sont une porte d’entrée
intéressante permettant de passer en revue l’intégralité de la gestion d’un établissement.
Nous avons tous l’obligation de gérer de manière efficiente en fonction du niveau de moyens
de chacun, et nous avons tous une responsabilité sociétale car l’hôpital doit être exemplaire,
notamment dans la relation avec les patients et avec l’environnement.
Enfin nous pouvons partager ensemble sur la question de la valorisation de l’image de
l’hôpital : le sujet de la communication est important à travers la question de l’impact sur la
santé, mais aussi à travers l’impact économique qui est sous-estimé. Sur ces thèmes il pourrait
y avoir un travail actif.
D’autre part, si on crée un site web, on peut l’utiliser pour y mettre une base documentaire à
partager sur les bonnes pratiques de gestion. On pourrait aussi publier ensemble des
expériences de gestion qui auraient été menées collectivement. On aurait intérêt à travailler
avec les Ecoles de management quel que soit leur statut.
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Au total, ce réseau peut être une opportunité pour des réalisations pratiques.
Alain Tessier, Directeur des Partenariats à l’APHM, rappelle son expérience dans les pays du
pourtour méditerranéen et évoque l’inadéquation souvent constatée entre nos interventions et
les besoins véritables. Cependant quand il y a une élaboration commune des programmes de
formation, il peut y avoir une adaptation : le réseau peut permettre de travailler sur le contenu
de manière participative. Il faut cibler ce que l’on souhaite : volet généraliste sur les
techniques de management en liaison avec les Ecoles, ou modules plus techniques et concrets,
comme par exemple la gestion des flux de patients ou de consultants.
Marie-Georges Fayn, Directrice d’une agence de communication, se satisfait qu’on
commence à penser à la dimension communication dès la conception du projet alors que
souvent on ne s’en préoccupe qu’après le démarrage. Les nouvelles technologies de
l’information peuvent permettre de s’affranchir des distances. Il y a plusieurs types
d’informations à mettre en place : agendas et programmes des manifestations, ouverture sur
les autres réseaux et les autres initiatives de ce type, informations engageantes sur ce qu’ont
pu construire les autres réseaux, informations concernant l’environnement de la santé où on
pourrait rassembler les parutions dans la presse francophone de ces pays tous les jours à partir
de mots-clés (exemples : diabète, obésité, management, gestion des risques). On pourrait
mettre ces informations en perspective pour savoir quel est le cadre de ces évolutions afin de
pouvoir situer nos interventions.
On peut nourrir des éléments d’information si chacun apporte sa contribution.
Session 4: synthèse :
Hervé d’Oriano indique que le message est bien passé selon lequel il convient de s’orienter
vers des activités concrètes et pratiques, et de ne pas s’en tenir à des discussions générales.
Le Professeur Fuentes rappelle la difficulté immédiate consistant à imaginer comment mettre
en forme les idées avancées ce matin ainsi que d’autres à venir. Il y a manifestement un
intérêt à porter ce projet de création de réseau, y compris chez certains interlocuteurs qui
n’ont pu être là aujourd’hui. Il faut donc saisir cette opportunité et imaginer comment
travailler dans des délais raisonnables.
De nombreux sujets ont été abordés mais en laissant beaucoup de questions en suspens; il
nous appartient maintenant de rentrer dans les détails concrets. L’idée de constituer un ou
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deux groupes sur des portions du projet pour synthétiser les avis, y compris avec des avis
contradictoires, semble être une bonne formule.
Il faut donc que d’ici là les bonnes volontés se manifestent pour constituer ces groupes mais
aussi que tous les participants réagissent sur les documents provisoires adressés récemment,
de manière à ce que ce réseau ne soit pas marseillais mais méditerranéen.
Le Professeur Fuentes propose 3 temps :
-
à réception du compte-rendu et des projets de statuts, les participants renvoient
leurs critiques et commentaires, à la fois à titre individuel mais aussi au titre de
leurs institutions au sein desquelles elles devront en discuter préalablement si ces
institutions souhaitent ensuite adhérer au réseau
-
ensuite les groupes de travail les étudient et en font une synthèse qui est réadressée
aux établissements
-
enfin, l’Assemblée Générale constitutive vote sur des positions consensuelles ou
choisit à partir d’options différentes.
Hervé d’Oriano propose le calendrier suivant pour ces 3 étapes :
-
envoi du compte-rendu et des documents provisoires au 15 janvier, et retour des
remarques pendant le mois de février
-
fin février : réunion des 2 groupes de travail pour échanger sur les remarques et
bâtir les propositions à soumettre à l’AG
-
avril : tenue de l’AG constitutive.
Ce calendrier a plusieurs intérêts : il permet d’envoyer un dossier concret à nos bailleurs en
termes de compte-rendu de la préparation ; mais certains vont aussi peut-être nous
accompagner pour la première année d’activité, donc ce sera en même temps un document de
projet jetant les bases d’une demande de financement pour la suite.
Le Professeur Hicham, CHU de Rabat, indique que le soubassement juridique existe avec
l’exemple des autres réseaux ; le travail le plus important est celui qui concerne le contenu
scientifique à préciser et le timing proposé doit permettre de faire naître le projet de statuts.
Les candidatures suivantes sont proposées pour les groupes de travail :
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groupe « gouvernance » : CHU de Rabat, DAJ APHM, CHU Oran, M. Pascal
Omyale, Hervé d’Oriano
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groupe « contenu scientifique » : CHU de Marrakech, Faculté d’Alexandrie,
Hôpital Saint-Georges de Beyrouth, CHU de Bab El Oued, faculté de Tunis, M.
Temsamani , Professeur Fuentes.
Pour alimenter le travail de ce groupe, le Professeur Fuentes souhaite avoir la remontée de
l’existence de l’expertise dans chaque établissement, mais aussi des difficultés éprouvées pour
lesquelles il y aurait des attentes sur ce que peut apporter le réseau. Ceci sera demandé lors de
l’envoi des documents en demandant à chaque établissement de remplir une fiche.
Hervé d’Oriano remercie les participants de leurs contributions et lève la séance à 12H30.
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