à l’entourage, à leur Direction, des réactions d’incompréhension naissent, voire des blocages. C’est le reproche
que l’on peut parfois leur faire : ne pas assez communiquer.
Or si on ne collabore pas avec les familles, dans les 8 mois on constate des rechutes. Il faut impérativement inclu-
re les proches dans les soins.
L’alogie se caractérise par des difficultés au niveau de la conversation. Environ 45 secondes sont nécessaires
au malade atteint de schizophrénie pour rassembler ses idées et les exprimer. De ce fait, il existe un décalage
dans la discussion, sans compter que le discours est pauvre et les réponses sont brèves. Il faut donc faire preuve
de patience, de pardon. Si on n’est pas informé, on finit par être découragé et on a uniquement l’impression
d’une perte d’énergie. En élaborant un projet médical précis, on amène progressivement l’individu à répondre de
manière plus étoffée. Les promenades proposées aux patients entrent, par exemple, dans cette logique.
Les familles associent fréquemment l’apathie (mollesse, nonchalance) du patient aux médicaments. Cette situa-
tion provoque souvent colère, énervement, des sentiments que l’on renvoie vers le médecin psychiatre. Le risque
est la suspension du traitement. Si l’apathie est perçue comme un symptôme de la pathologie, on réagit différem-
ment, on éprouve de la compassion, on incite à poursuivre la médication.
Dans le cadre des soins, les ateliers cuisine peuvent aider à combattre l’apathie.
Un autre symptôme négatif est le déficit d’attention. Pour un patient schizophrène, il est difficile de se concen-
trer plus de 15 minutes. Il retient uniquement les démonstrations visuelles et non les démonstrations verbales.
Devant de tels symptômes, le personnel soignant doit être innovant, créatif, il doit être encouragé dans
ce sens, tout en argumentant systématiquement ses initiatives auprès à la fois de sa hiérarchie, du patient et de
son entourage. Intervenant comme formateur à l’institut Camille Miret, le Dr RAJAONSON salue d’ailleurs à plu-
sieurs reprises l’implication des salariés et leur professionnalisme.
UNE SEULE ET MÊME ÉQUIPE
Pour le Dr RAJAONSON, les proches constituent « la 3ème force », les deux autres étant les patients et les soi-
gnants. Ces trois « équipes » ne doivent en former qu’une seule afin de ne pas disperser leur énergie.
D’un côté, se trouvent la schizophrénie, les délires, l’alogie, l’apathie…, de l’autre, les familles, les patients,
les soignants, les collectivités, les associations. « Soit on gagne tous ensemble, soit on perd tous ensemble ».
Ce que l’on essaie d’obtenir c’est le match nul.
Il est facile de rejeter la faute sur l’autre. On doit
être unis contre la maladie et surtout ne pas oublier
que le patient est un individu avant tout. Trop sou-
vent, on ne voit même plus le malade mais seulement
l’expression de sa maladie. L’ennemi, c’est elle et
non lui.
Pour avoir un poids dans la Société, être écoutés par
ceux qui font les lois, il est nécessaire de se fédérer.
Les soignants doivent expliquer davantage ce
qu’ils font, communiquer plus avec l’entourage
sur les soins prodigués, l’importance du suivi
médicamenteux... Les familles, elles, doivent
essayer de mettre leur colère de côté et accep-
ter de donner du temps aux professionnels pour
voir les premiers effets apparaître.
L’image d’une équipe de foot est employée par le Dr RAJAONSON
pour bien rappeler dans quel camp on se situe.
LES CAUSES DE LA SCHIZOPHRÉNIE
A l’origine de tout, on trouve : «hyperactivité dopaminergique au niveau du système limbique du système
nerveux central ». Pour expliquer ces termes scientifiques, le Dr RAJAONSON utilise une image : s’appuyant sur
un dessin, il prend l’exemple de l’électricité qui passe entre deux neurones. C’est la dopamine qui permet
ce transfert.
Chez un patient schizophrène, les neurones situés en amont produisent trop de dopamine qui remplit ensuite
les neurones en aval, c’est ce qui entraîne la perception de voix, les délires… On va par conséquent chercher à
réguler ce flux. Aujourd’hui la science ne permet pas de pallier complètement ce dysfonctionnement mais
elle parvient à empêcher le « gavage » des neurones en aval en mettant en place une sorte de bouclier de protec-
tion. Ce bouclier ce sont les médicaments dont on dispose actuellement. D’où l’importance de prendre le traite-
ment prescrit à des heures régulières.