maladies congénitales. La honte concerne
le fait d’être atteint par la maladie. Elle
est liée au regard que posent les per-
sonnes sur elles-mêmes, sur les autres et
sur la vie en général : elles se sentent
jugées par les autres, elles peuvent se
sentir exclues parce que stigmatisées du
fait d’être atteint de cette maladie. Une
conséquence peut en être un isolement de
la famille qui ne fréquente plus les autres,
évitant de sortir : le fait d’être vu en
pré-sence du malade peut faire mal, ou
encore de se sentir « étiqueté » ou objet
d’un sentiment de pitié. En plus de
l’isolement vis-à-vis de la communauté,
certaines personnes se replient sur elles,
évitant de communiquer avec les autres
membres de la famille. L’isolement est
parfois vécu par un membre familial : un
père de fa-mille peut ainsi se réfugier
dans son tra-vail pour y consacrer de
plus en plus de temps ; une mère de
famille peut se lais-ser absorber par des
tâches ménagères et ce, dans la mesure
où les patients sont très dépendants des
parents, malgré tou-te l’agressivité
exprimée dans des phases délirantes.
Les frères et sœurs du (de la) malade peu-
vent ressentir qu’ils n’ont plus leur place à
la maison, si toute la vie familiale est or-
ganisée autour du (de la) malade. Ils peu-
vent avoir le sentiment que le patient « ne
fait pas d’efforts » ; « ne cherche pas à
travailler » ; « ne pense qu’à écouter de la
musique ou à fumer », quand il s’agit d’une
forme de la maladie où prédomine le com-
portement autistique. Dans d’autres cas,
lorsqu’un patient cherche à communiquer,
ils peuvent le percevoir « envahissant » ;
« attirant toujours l’attention à lui » ; et
ils peuvent manquer de patience avec lui
(avec elle).
Un comportement d’hyper-maturité peut
être constaté chez l’un des frères et
sœurs : il ou elle cherche à ne pas se faire
remarquer par ses parents ; il agit dans le
sens d’éviter toute critique ; il devient
prévoyant, renonce à certains besoins per-
sonnels, anticipe les réactions du malade ;
et surtout, il (elle) cherche à soulager les
parents dont l’effort continuel est perçu.
Un sentiment d’hypersensibilité est
constaté chez les frères et sœurs : cer-
tains s’en défendent en se blindant contre
les comportements du (de la) malade, se
durcissent intérieurement disant même
parfois qu’ « il fait semblant être mala-de
». Il arrive aussi qu’ils développent des
maladies dépressives ou comportementa-
les (anorexie, boulimie …).
Un piège important est la focalisation sur
le (la) malade, ce qui peut être remar-qué
dans le cas d’autres maladies au long cours.
Il arrive que le père ou la mère ar-rête de
travailler pour pouvoir s’occuper du
patient. Il y a souvent comme moti-vations
le fait de lui faire découvrir des aspects
positifs de la vie, de le rassurer sur
l’amour familial, d’insister sur le fait qu’il
peut compter sur la relation avec les
parents. Les parents veulent réparer les
dommages constatés dans le fonctionne-
ment du patient, ils veulent le faire pro-
gresser malgré son handicap.
Certaines motivations prennent origine
dans une culpabilité plus ou moins conscien-
te, les parents se sentant responsables de
la maladie de leur enfant. Il convient de
dire aussi que dans bien des cas, les
parents ont assumé leur rôle de s’occuper
de leur fils ou de leur fille malade devant le
constat qu’il ou elle ne pouvait pas devenir
indépendant du fait de sa maladie, et ils ont
suivi la lente progression du handicap tout en
se sentant impuissants. Ce qui est piégeant
est par exemple le dysfonction-nement de «
se sacrifier», c’est-à-dire de renoncer à
avoir une vie personnelle avec
12