Arcangelo FIGLIUZZI
A.E.H.S.C. – Lycée Montaigne – Mulhouse
"Les spécialisations commerciales internationales des nations découlent-elles
nécessairement des avantages comparatifs ?"
Introduction
L’analyse ricardienne de l’échange international fait de la différence de coûts comparatifs le déterminant essentiel de la
spécialisation internationale. Cette proposition théorique va former, tout au long du 19ème siècle, la pierre angulaire de la
doctrine du "laisser faire, laisser passer ", puisqu'elle débouche sur l'idée d'un libre-échange bénéfique pour toutes les
nations, rompant ainsi avec des siècles de domination intellectuelle des idées mercantilistes et protectionnistes.
Toutefois, à peine formulée, cette approche théorique se heurte à la dureté des faits: le libre-échange ne va guère aller de soi,
ni au 19ème siècle, comme l'a montré P. Bairoch, ni même après 1945 où il ne finira par s'imposer qu'après de longues et
difficiles négociations commerciales multilatérales. C'est qu'en effet le contexte dans lequel l'analyse ricardienne s'est déployé
a radicalement changé: la nation n'est plus l'acteur-clé du commerce international, et surtout, les développements théoriques
post-ricardiens ont montré que le volontarisme de l'Etat peut suppléer à l'absence d'avantages comparatifs; en d'autres termes,
la spécialisation peut être un préalable à l'existence d'avantages comparatifs.
Nous suivrons donc le cheminement suivant: l'approche ricardienne et ses développements ultérieurs tente de fonder
théoriquement la supériorité du libre-échange et de la spécialisation internationale reposant sur les avantages comparatifs (1ère
partie), mais dès le 19ème siècle et surtout après 1945, les caractéristiques du commerce international ne répondent
qu'imparfaitement à cette approche théorique (2ème partie), suscitant l'émergence de nouvelles théories de la spécialisation
internationale (3ème partie).
I. L'analyse ricardienne et ses développements constituent la base théorique de la spécialisation
internationale…
A. La théorie ricardienne: la spécialisation comme conséquence des avantages comparatifs.
La théorie des avantages comparatifs peut être formulée ainsi: un pays se spécialisera dans la production pour
laquelle son avantage comparatif par rapport aux produits étrangers et par rapport aux autres produits qu'il est lui-
même capable de fabriquer est le plus marqué (son désavantage le moins prononcé). Il abandonnera aux autres pays
la production dans laquelle son avantage comparatif est le moins fort (son désavantage le plus marqué).
Pour Ricardo, c'est la différence qui crée l'échange et également simultanément la spécialisation des nations. La
différence de productivité, donc de technologie, entre les différentes fabrications et entre les pays constitue la force
motrice de l'échange . On retiendra donc qu'un pays gagnera à échanger avec un autre s'il se spécialise dans la
production du bien pour laquelle il dispose d'une plus grande productivité du travail ou d'une meilleure technologie
ou encore dont le coût de production sera le plus faible par rapport aux autres produits et par rapport aux pays
partenaires. En conséquence, le modèle ricardien débouche sur la domination du commerce interbranche. Cette
analyse repose sur des hypothèses fortes: immobilité internationale des facteurs de production, utilisation de la
valeur-travail, nullité des coûts de transport.
B. Les développements de la théorie HOS et le paradoxe de Leontief
Expliquer ici l'analyse HOS et montrer que l'on reste tout à fait dans la logique ricardienne de l'avantage comparatif
comme préalable à la spécialisation.
Le "paradoxe de Leontiev" constitue apparemment une première brèche dans cette analyse ricardienne; cependant les
explications du paradoxe restent dans le droit fil de la théorie.
Par contre, le théorème de Stolper-Samuelson (expliquer) pose un problème de cohérence interne à la théorie: si ce
théorème est vrai, alors il débouche sur la disparition progressive des avantages comparatifs: sur quoi se fonde alors
la spécialisation ?
II. …mais dès le 19ème siècle et surtout après 1945, les caractéristiques du commerce international ne
répondent qu'imparfaitement à cette approche théorique…
A. En fait, dès le 19ème siècle, l'évolution historique ne se plie pas aux aboutissants du modèle:
J. Stuart-Mill montre que les avantages du libre-échange ne sont pas également répartis entre les nations. Le CI est
bien un jeu à somme positive, mais les gains ne sont pas répartis également.
Surtout, l'histoire économique montre que le libre-échange n'a pas réussi à s'imposer au 19ème siècle: les travaux de
P. Bairoch le montrent (à développer) ; on peut aussi remarquer que la GB n'adhère aux principes libre-échangistes
que parce qu'elle n'a rien à redouter de la concurrence européenne: ses positions dans le domaine de l'industrie et de
la finance sont très supérieures à celles de ses concurrents.
La supériorité du libre-échange et de la spécialisation selon les avantages comparatifs n'est pas démontrée: cas des
E.U. ou de l'Allemagne du Zollverein.