CORRECTION BACCALAUREAT
TERMINALE S – SESSION 2012
La décolonisation
de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 1960
Introduction
Phrase d'accroche :
En 1945, la Seconde Guerre mondiale vient de s'achever. Les puissances
coloniales doivent désormais affronter la montée des nationalismes dans
leurs colonies et les revendications indépendantistes qui en découlent.
Définition des termes du sujet :
« Décolonisation » : Processus par lequel une colonie devient un Etat
indépendant
Définition des bornes chronologiques :
Entre 1945 et les années 1960 : les empires coloniaux éclatent partout
dans le monde.
« Fin de la Seconde Guerre mondiale » : Triomphe des idées de liberté,
d'égalité. Principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes défendu par
l'O.N.U. nouvellement créée. Début de la rivalité Est-Ouest entre les deux
Grands, qui sont par ailleurs hostiles à la colonisation.
« Années 1960 »: Ce n'est pas la fin de la décolonisation. Une décennie
charnière car c'est le moment où les Européens se retirent massivement
d'Afrique (les Belges du Congo, les Français d'Afrique noire, de l'Algérie).
C'est à cette époque également que le « Tiers-Monde » cherche à se faire
entendre sur la scène internationale (Conférence à Belgrade en 1961 ; à
l'O.N.U. dans le cadre de la C.N.U.C.E.D. notamment.
Problématique :
Dans quelle mesure le processus de décolonisation, par ses modalités et ses
rythmes très différenciés selon les territoires, a-t-il fait émerger un Tiers-
Monde fragile, incapable de s'affirmer sur la scène internationale ?
Choix du plan :
Le plan doit, à la fois intégrer, la dimension chronologique et la dimension
thématique.
Annonce du plan :
Dans un premier temps, on verra quels sont les moteurs de la
décolonisation.
Puis, il faudra étudier les rythmes et les modalités d'émancipation des
peuples colonisés.
Enfin, il faudra analyser comment la décolonisation, à la fin des années
1960, a fait naître un « Tiers Monde » bien fragile, qui a des difficultés à
s'affirmer sur la scène internationale dans un contexte de Guerre froide.
1°/ Un contexte favorable à la décolonisation
Le processus de décolonisation s'explique à la fois par des causes externes et internes. La
fin de la Seconde Guerre mondiale fait basculer le monde dans un nouveau contexte
politique, favorable à la décolonisation.
A. Des causes externes
La Seconde Guerre mondiale a considérablement affaibli les puissances coloniales,
qui ont faire appel à leurs colonies pour gagner le conflit face aux puissances
de l'Axe.
Le prestige colonial a volé en éclat, tout comme la « bonne conscience coloniale
» : les Britanniques ont demander l'intervention de l'Inde pour combattre les
Japonais sur le front du Pacifique. En échange, ils se sont engagés à leur donner
l'indépendance à la fin du conflit.
Les vainqueurs de la guerre, les Etats-Unis et l'U.R.S.S. sont, par ailleurs, hostiles à
la colonisation, pour des raisons différentes.
Les États-Unis sont d'anciennes colonies de la couronne britanniques. Ils
sont donc très attachés au principe des peuples à disposer d'eux-mêmes
(principe affirmé par Wilson dans ses 14 Points à la fin de la Première
Guerre mondiale, et réaffirmé par Roosevelt dans la Charte de l'Atlantique
en 1941).
L'U.R.S.S., de son côté, dénigre le colonialisme qui participe, selon elle, de
l'économie capitaliste.
De plus, la création de l'O.N.U., en 1945, permet aussi aux peuples colonisés de
faire entendre leurs voix sur la scène internationale.
B. Des causes internes
Aux causes externes, s'ajoutent des causes internes aux pays colonisés qui
expliquent le processus de décolonisation.
Développement des mouvements nationalistes dès le début du XXème siècle. Ces
mouvements sont dirigés par les élites locales, dont certaines ont été formées en
métropole (Gandhi en Angleterre, Ho Chi Minh ou Senghor en France,...). Ces
élites diffusent les idées humanistes de liberté, d'égalité, de justice, de bonheur, de
droits de l'homme, dans les sociétés colonisées. Naissance d'une véritable
conscience politique dans les colonies.
Effet d'entraînement (effet domino, effet boule de neige) également entre les
colonies : moteur de la décolonisation.
Transition : La décolonisation s'explique à la fois par des causes externes (contexte
international d'après-guerre + nouveau contexte de la Guerre froide) mais aussi par des
causes internes, relevant de la politique intérieure des territoires colonisés.
2°/ Des rythmes et des modalités d'émancipation différenciés
La décolonisation s'est opérée selon des rythmes et des modalités très différenciés en
fonction des territoires.
A. Des rythmes de décolonisation
différenciés entre l'Asie et l'Afrique
1945-1955 : Décolonisation débute d'abord en Asie : conscience politique plus
forte.
1947 : Indépendance de l'Inde (joyau de couronne britannique, dirigé par
Lord Mountbatten) négociée par les nationalistes : Gandhi, Jinnah, Nehru.
Partition entre l'Union indienne à majorité hindoue, et le Pakistan
musulman. Gandhi ne souhaitait pas cette division du pays. Effet domino :
contagion de la décolonisation aux autres colonies proches de l'Inde.
1949 : Indépendance des Indes néerlandaises qui constituent désormais
l'Indonésie.
1954 : Défaite des Français à Dien Bien Phu. L'Indochine n'est plus
française, suite aux Accords de Genève. Naissance de quatre États : le
Laos, le Cambodge et les deux Vietnam.
1957 : Indépendance de la Malaisie.
1955 : Conférence de Bandoeng en Indonésie. Les nationalistes asiatiques
encouragent les nationalistes africains à réclamer leur indépendance. Moment de
basculement du processus de décolonisation vers l'Afrique.
1955-1965 : Décolonisation de l'Afrique :
1956 : Décolonisation des protectorats français du Maroc et de la Tunisie.
Pression des nationalistes depuis les années 1930 (Bourguiba, Néo Destour,
en Tunisie ; Istiqlal et Ben Youssef au Maroc). Impression que la France se
détache de ces deux protectorats pour mieux garder l'Algérie.
1957 : Décolonisation du Ghana britannique
1960 : Année des 17 indépendances : indépendance de l'Afrique occidentale
et équatoriale, de Madagascar, du Congo belge, Nigéria britannique...
1962 : Décolonisation de l'Algérie après huit ans de guerre. Accords
d'Evian.
1963 : Indépendance du Kenya
1965 : Indépendance de la Rhodésie du Sud.
B. Des modalités différentes
Des décolonisations négociées ou obtenues dans le sang ? Les puissances
coloniales ont réagi différemment face à la montée des nationalismes.
Décolonisations imposées par l'O.N.U. : Néerlandais sommés de quitter les
Indes néerlandaises en 1949.
Décolonisations gociées : Ce sont les plus nombreuses. Elles sont le fait
surtout des Britanniques qui font preuve de pragmatisme et souhaitent
garder leur influence à travers le Commonwealth par exemple. Processus de
self-government pour permettre un transfert du pouvoir aux autorités locales.
Décolonisations par les armes : Elles sont moins nombreuses mais
beaucoup plus traumatisantes pour les peuples (Indochine, Algérie). Elles
sont le fait des Français qui sont très réticents à l'idée de renoncer à leur
empire. Elles ont lieu essentiellement dans les colonies de peuplement,
où beaucoup d'Européens sont présents et attachés à ce que la colonie reste
dans le giron de la métropole (Algérie avec les Pieds-Noirs).
Il faut toutefois nuancer cette dichotomie car, même dans les cas des
décolonisations négociées, celles-ci ont donné lieu à des traumatismes pour les
populations. Ex : Décolonisation de l'Inde britannique a engendré de vastes
mouvements de population (les musulmans rejoignant le Pakistan) et une nouvelle
guerre (Cachemire).
C. Un contexte de Guerre froide qui ne
facilite pas le processus de décolonisation
Poids des deux Grands dans les décolonisations. Le processus de décolonisation
permet aux deux Grands de rivaliser indirectement.
1947 : Doctrine Truman promet d'endiguer (containment) le communisme.
1949 : Indonésie devient indépendante grâce au soutien américain, à travers
l'action de l'O.N.U. Il s'agit d'éviter que le communisme ne se propage au sein de
ce territoire. Les Néerlandais sont donc priés par les États-Unis de quitter ce
territoire.
Lors de la guerre d'Indochine, le Viêt-minh est soutenu par la Chine communiste
alors que les Américains soutiennent la France. Le Vietnam obtient son
indépendance grâce à cet appui de taille. Les guerres de décolonisation sont donc
des moments d'affrontement indirect pour les deux Grands.
Transition : Le processus de décolonisation est donc un processus complexe qui s'est
effectué selon des rythmes et des modalités qui ont varié en fonction des territoires. Le
contexte de la Guerre froide a également complexifié le processus d'émancipation des
colonies. Cette pluralité des situations fait donc naître un autre monde, un « Tiers-
Monde », qui présente toutefois de graves difficultés lorsqu'il s'agit de parler d'une seule
et même voix sur la scène internationale.
3°/ Un Tiers-Monde bien fragile
La décolonisation fait naître des États indépendants et libres mais qui présentent de très
lourdes séquelles, à la fois économiques et politiques, héritées de l'époque coloniale, ce
qui les empêche de s'affirmer sur le plan international.
A. Un processus inachevé dans les années
1960
Fin des années 1960 : la décolonisation n'est pas terminée.
Des territoires, surtout en Afrique, ne sont pas encore indépendants. Il s'agit
notamment de l'Angola, de la Rhodésie ou encore du Mozambique.
En se retirant, les puissances coloniales laissent les nouveaux États dans des
difficultés très profondes.
B. Des États confrontés à de réelles
difficultés
Difficultés économiques : grande pauvreté dans ces nouveaux Etats (c'est une
conséquence de l'économie de pillage mise en place par les puissances coloniales)
qui incite certains chercheurs à parler de « sous-développement ».
Difficultés politiques : guerres civiles entre des ethnies concurrentes pour prendre
le pouvoir (ex : guerre du Biafra au Nigéria) ou pour discuter le tracé des
frontières ; mise en place de dictatures (ex : Congo) ; corruption ; systèmes
clientélistes traditionnels.
C. Une unité illusoire du Tiers Monde
Même si ces Etats éprouvent de réelles difficultés, ils souhaitent compter dans la
nouvelle économie mondiale et veulent s'affirmer sur la scène internaitonale, à
une époque où le monde est scindé par la logique bipolaire.
1955 : Conférence de Bandoeng en Indonésie pour s'unir. Volonté de constituer
un « Tiers-Monde » (formule d'Alfred Sauvy), une troisième voie
1961 : Conférence de Belgrade : création du Mouvement des non-alignés.
Malgré cette unité, conflits persistent entre Etats du Tiers Monde. Exemple : Inde
et Pakistan se disputent le Cachemire (1965). Internationalisation des conflits de
décolonisation.
O.N.U. profondément renouvelée : arrivée de nombreux Etats-membres en son
sein ; nouveau Secrétaire Général de 1961-1971 est issu du Tiers-Monde (le
Birman, U Thant)
1964 : 1ère Conférence de la C.N.U.C.E.D (Conférence des Nations Unies sur le
Commerce et le Développement) : échec car désaccord au sein du Tiers Monde et
pays développés refusent de partager leurs richesses.
Conclusion
La décolonisation n'est donc pas achevée à la fin des années 1960 même si elle est
bien entamée partout dans le monde. Un nouvel ordre mondial est et compte,
dans un monde bipolaire, un « Tiers-Monde » qui présente, toutefois, des
difficultés très profondes, lié au développement. Dans la précipitation, les
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