CORRECTION BACCALAUREAT TERMINALE S - Izi-Bac

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CORRECTION BACCALAUREAT
TERMINALE S – SESSION 2012
La décolonisation
de la fin de la Seconde Guerre mondiale aux années 1960
Introduction
➔ Phrase d'accroche :
✗ En 1945, la Seconde Guerre mondiale vient de s'achever. Les puissances
coloniales doivent désormais affronter la montée des nationalismes dans
leurs colonies et les revendications indépendantistes qui en découlent.
➔ Définition des termes du sujet :
✗ « Décolonisation » : Processus par lequel une colonie devient un Etat
indépendant
➔ Définition des bornes chronologiques :
✗ Entre 1945 et les années 1960 : les empires coloniaux éclatent partout
dans le monde.
✗ « Fin de la Seconde Guerre mondiale » : Triomphe des idées de liberté,
d'égalité. Principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes défendu par
l'O.N.U. nouvellement créée. Début de la rivalité Est-Ouest entre les deux
Grands, qui sont par ailleurs hostiles à la colonisation.
✗ « Années 1960 »: Ce n'est pas la fin de la décolonisation. Une décennie
charnière car c'est le moment où les Européens se retirent massivement
d'Afrique (les Belges du Congo, les Français d'Afrique noire, de l'Algérie).
C'est à cette époque également que le « Tiers-Monde » cherche à se faire
entendre sur la scène internationale (Conférence à Belgrade en 1961 ; à
l'O.N.U. dans le cadre de la C.N.U.C.E.D. notamment.
➔ Problématique :
✗ Dans quelle mesure le processus de décolonisation, par ses modalités et ses
rythmes très différenciés selon les territoires, a-t-il fait émerger un TiersMonde fragile, incapable de s'affirmer sur la scène internationale ?
➔ Choix du plan :
✗ Le plan doit, à la fois intégrer, la dimension chronologique et la dimension
thématique.
➔ Annonce du plan :
✗ Dans un premier temps, on verra quels sont les moteurs de la
décolonisation.
✗ Puis, il faudra étudier les rythmes et les modalités d'émancipation des
peuples colonisés.
✗ Enfin, il faudra analyser comment la décolonisation, à la fin des années
1960, a fait naître un « Tiers Monde » bien fragile, qui a des difficultés à
s'affirmer sur la scène internationale dans un contexte de Guerre froide.
1°/ Un contexte favorable à la décolonisation
Le processus de décolonisation s'explique à la fois par des causes externes et internes. La
fin de la Seconde Guerre mondiale fait basculer le monde dans un nouveau contexte
politique, favorable à la décolonisation.
A. Des causes externes
➔ La Seconde Guerre mondiale a considérablement affaibli les puissances coloniales,
qui ont dû faire appel à leurs colonies pour gagner le conflit face aux puissances
de l'Axe.
➔ Le prestige colonial a volé en éclat, tout comme la « bonne conscience coloniale
» : les Britanniques ont dû demander l'intervention de l'Inde pour combattre les
Japonais sur le front du Pacifique. En échange, ils se sont engagés à leur donner
l'indépendance à la fin du conflit.
➔ Les vainqueurs de la guerre, les Etats-Unis et l'U.R.S.S. sont, par ailleurs, hostiles à
la colonisation, pour des raisons différentes.
✗ Les États-Unis sont d'anciennes colonies de la couronne britanniques. Ils
sont donc très attachés au principe des peuples à disposer d'eux-mêmes
(principe affirmé par Wilson dans ses 14 Points à la fin de la Première
Guerre mondiale, et réaffirmé par Roosevelt dans la Charte de l'Atlantique
en 1941).
✗ L'U.R.S.S., de son côté, dénigre le colonialisme qui participe, selon elle, de
l'économie capitaliste.
➔ De plus, la création de l'O.N.U., en 1945, permet aussi aux peuples colonisés de
faire entendre leurs voix sur la scène internationale.
B. Des causes internes
➔ Aux causes externes, s'ajoutent des causes internes aux pays colonisés qui
expliquent le processus de décolonisation.
➔ Développement des mouvements nationalistes dès le début du XXème siècle. Ces
mouvements sont dirigés par les élites locales, dont certaines ont été formées en
métropole (Gandhi en Angleterre, Ho Chi Minh ou Senghor en France,...). Ces
élites diffusent les idées humanistes de liberté, d'égalité, de justice, de bonheur, de
droits de l'homme, dans les sociétés colonisées. Naissance d'une véritable
conscience politique dans les colonies.
➔ Effet d'entraînement (effet domino, effet boule de neige) également entre les
colonies : moteur de la décolonisation.
Transition : La décolonisation s'explique à la fois par des causes externes (contexte
international d'après-guerre + nouveau contexte de la Guerre froide) mais aussi par des
causes internes, relevant de la politique intérieure des territoires colonisés.
2°/ Des rythmes et des modalités d'émancipation différenciés
La décolonisation s'est opérée selon des rythmes et des modalités très différenciés en
fonction des territoires.
A. Des rythmes de décolonisation
différenciés entre l'Asie et l'Afrique
➔ 1945-1955 : Décolonisation débute d'abord en Asie : conscience politique plus
forte.
✗ 1947 : Indépendance de l'Inde (joyau de couronne britannique, dirigé par
Lord Mountbatten) négociée par les nationalistes : Gandhi, Jinnah, Nehru.
Partition entre l'Union indienne à majorité hindoue, et le Pakistan
musulman. Gandhi ne souhaitait pas cette division du pays. Effet domino :
contagion de la décolonisation aux autres colonies proches de l'Inde.
✗ 1949 : Indépendance des Indes néerlandaises qui constituent désormais
l'Indonésie.
✗ 1954 : Défaite des Français à Dien Bien Phu. L'Indochine n'est plus
française, suite aux Accords de Genève. Naissance de quatre États : le
Laos, le Cambodge et les deux Vietnam.
✗ 1957 : Indépendance de la Malaisie.
➔ 1955 : Conférence de Bandoeng en Indonésie. Les nationalistes asiatiques
encouragent les nationalistes africains à réclamer leur indépendance. Moment de
basculement du processus de décolonisation vers l'Afrique.
➔ 1955-1965 : Décolonisation de l'Afrique :
✗ 1956 : Décolonisation des protectorats français du Maroc et de la Tunisie.
Pression des nationalistes depuis les années 1930 (Bourguiba, Néo Destour,
en Tunisie ; Istiqlal et Ben Youssef au Maroc). Impression que la France se
détache de ces deux protectorats pour mieux garder l'Algérie.
✗ 1957 : Décolonisation du Ghana britannique
✗ 1960 : Année des 17 indépendances : indépendance de l'Afrique occidentale
et équatoriale, de Madagascar, du Congo belge, Nigéria britannique...
✗ 1962 : Décolonisation de l'Algérie après huit ans de guerre. Accords
d'Evian.
✗ 1963 : Indépendance du Kenya
✗ 1965 : Indépendance de la Rhodésie du Sud.
B. Des modalités différentes
➔ Des décolonisations négociées ou obtenues dans le sang ? Les puissances
coloniales ont réagi différemment face à la montée des nationalismes.
✗ Décolonisations imposées par l'O.N.U. : Néerlandais sommés de quitter les
Indes néerlandaises en 1949.
✗ Décolonisations négociées : Ce sont les plus nombreuses. Elles sont le fait
surtout des Britanniques qui font preuve de pragmatisme et souhaitent
garder leur influence à travers le Commonwealth par exemple. Processus de
self-government pour permettre un transfert du pouvoir aux autorités locales.
✗ Décolonisations par les armes : Elles sont moins nombreuses mais
beaucoup plus traumatisantes pour les peuples (Indochine, Algérie). Elles
sont le fait des Français qui sont très réticents à l'idée de renoncer à leur
empire. Elles ont lieu essentiellement dans les colonies de peuplement, là
où beaucoup d'Européens sont présents et attachés à ce que la colonie reste
dans le giron de la métropole (Algérie avec les Pieds-Noirs).
➔ Il faut toutefois nuancer cette dichotomie car, même dans les cas des
décolonisations négociées, celles-ci ont donné lieu à des traumatismes pour les
populations. Ex : Décolonisation de l'Inde britannique a engendré de vastes
mouvements de population (les musulmans rejoignant le Pakistan) et une nouvelle
guerre (Cachemire).
C. Un contexte de Guerre froide qui ne
facilite pas le processus de décolonisation
➔ Poids des deux Grands dans les décolonisations. Le processus de décolonisation
permet aux deux Grands de rivaliser indirectement.
➔ 1947 : Doctrine Truman promet d'endiguer (containment) le communisme.
➔ 1949 : Indonésie devient indépendante grâce au soutien américain, à travers
l'action de l'O.N.U. Il s'agit d'éviter que le communisme ne se propage au sein de
ce territoire. Les Néerlandais sont donc priés par les États-Unis de quitter ce
territoire.
➔ Lors de la guerre d'Indochine, le Viêt-minh est soutenu par la Chine communiste
alors que les Américains soutiennent la France. Le Vietnam obtient son
indépendance grâce à cet appui de taille. Les guerres de décolonisation sont donc
des moments d'affrontement indirect pour les deux Grands.
Transition : Le processus de décolonisation est donc un processus complexe qui s'est
effectué selon des rythmes et des modalités qui ont varié en fonction des territoires. Le
contexte de la Guerre froide a également complexifié le processus d'émancipation des
colonies. Cette pluralité des situations fait donc naître un autre monde, un « TiersMonde », qui présente toutefois de graves difficultés lorsqu'il s'agit de parler d'une seule
et même voix sur la scène internationale.
3°/ Un Tiers-Monde bien fragile
La décolonisation fait naître des États indépendants et libres mais qui présentent de très
lourdes séquelles, à la fois économiques et politiques, héritées de l'époque coloniale, ce
qui les empêche de s'affirmer sur le plan international.
A. Un processus inachevé dans les années
1960
➔ Fin des années 1960 : la décolonisation n'est pas terminée.
➔ Des territoires, surtout en Afrique, ne sont pas encore indépendants. Il s'agit
notamment de l'Angola, de la Rhodésie ou encore du Mozambique.
➔ En se retirant, les puissances coloniales laissent les nouveaux États dans des
difficultés très profondes.
B. Des États confrontés à de réelles
difficultés
➔ Difficultés économiques : grande pauvreté dans ces nouveaux Etats (c'est une
conséquence de l'économie de pillage mise en place par les puissances coloniales)
qui incite certains chercheurs à parler de « sous-développement ».
➔ Difficultés politiques : guerres civiles entre des ethnies concurrentes pour prendre
le pouvoir (ex : guerre du Biafra au Nigéria) ou pour discuter le tracé des
frontières ; mise en place de dictatures (ex : Congo) ; corruption ; systèmes
clientélistes traditionnels.
C. Une unité illusoire du Tiers Monde
➔ Même si ces Etats éprouvent de réelles difficultés, ils souhaitent compter dans la
nouvelle économie mondiale et veulent s'affirmer sur la scène internaitonale, à
une époque où le monde est scindé par la logique bipolaire.
➔ 1955 : Conférence de Bandoeng en Indonésie pour s'unir. Volonté de constituer
un « Tiers-Monde » (formule d'Alfred Sauvy), une troisième voie
➔ 1961 : Conférence de Belgrade : création du Mouvement des non-alignés.
➔ Malgré cette unité, conflits persistent entre Etats du Tiers Monde. Exemple : Inde
et Pakistan se disputent le Cachemire (1965). Internationalisation des conflits de
décolonisation.
➔ O.N.U. profondément renouvelée : arrivée de nombreux Etats-membres en son
sein ; nouveau Secrétaire Général de 1961-1971 est issu du Tiers-Monde (le
Birman, U Thant)
➔ 1964 : 1ère Conférence de la C.N.U.C.E.D (Conférence des Nations Unies sur le
Commerce et le Développement) : échec car désaccord au sein du Tiers Monde et
pays développés refusent de partager leurs richesses.
Conclusion
➔ La décolonisation n'est donc pas achevée à la fin des années 1960 même si elle est
bien entamée partout dans le monde. Un nouvel ordre mondial est né et compte,
dans un monde bipolaire, un « Tiers-Monde » qui présente, toutefois, des
difficultés très profondes, lié au développement. Dans la précipitation, les
puissances coloniales ont abandonné à leur sort des États très fragiles qui,
aujourd'hui encore, n'ont pas réglé les problèmes hérités de cette époque.
➔ Les séquelles sont telles que le « Tiers-Monde » n'est pas parvenu à fonder une
unité pour faire entendre sa voix sur la scène internationale. L'éclatement des Suds
témoigne aujourd'hui de cette incapacité à s'unir.
CORRECTION BACCALAUREAT
TERMINALE L-ES-S – SESSION 2012
La Ve République : institutions et vie politique
Introduction
➔ Phrase d'accroche :
✗ Depuis 1958, la France est sous le régime de la Ve République. Fondées par
le Général de Gaulle, les institutions françaises de la Ve République ont dû,
au fur et à mesure, être adaptées aux évolutions de la société française.
➔ Définition des termes du sujet :
✗ « Ve République » : Régime politique qui succède à la IVe République à
partir de 1958.
✗ « Institutions »: Ensemble des structures politiques et sociales établies par
la loi, et notamment la loi suprême qu'est la Constitution, et qui permettent
de régir un État. Ce sont les organes décisionnels en France qui détiennent
l'exercice du pouvoir ou son contrôle : présidence et gouvernement ;
parlementaires (Assemblée nationale et Sénat) ; corps intermédiaires
(syndicats, associations,...)
✗ « Vie politique » : C'est, à la fois, l'organisation des forces politiques, la
constitution et l'évolution de majorités ou de forces d'opposition par
exemple mais aussi la pratique politique (participation des français aux
décisions politiques par les référendums ou encore l'abstention).
➔ Définition des bornes chronologiques :
✗ Le sujet ne propose pas des bornes chronologiques.
✗ Cela dit, le sujet permet de les déduire puisque la Ve République court de
1958 à nos jours.
➔ Problématique :
✗ Il s'agit d'étudier les relations entre, d'un côté, le moule institutionnel,
instauré par De Gaulle en 1958, et de l'autre, l'évolution de la vie politique
française.
✗ Dans quelle mesure les institutions fondées par la Constitution de 1958
ont-elles dû être adaptées pour répondre aux attentes des Français et aux
différentes crises posées par la vie politique française ?
➔ Choix du plan :
✗ Plusieurs plans sont possibles, chronologique comme thématique. Il faut
éviter le plan trop simple : 1. Les institutions et 2. La vie politique car le but
du sujet est d'étudier les rapports, les relations entre ces deux termes.
✗ Le plan le plus efficace est sans doute celui qui allie la dimension
chronologique (pour le découpage des grandes parties) à la dimension
thématique.
➔ Annonce du plan :
✗ Dans un premier temps, il faudra analyser la nature des institutions fondées
par De Gaulle et voir comment Pompidou s'est inscrit dans la continuité de
cette nouvelle République.
✗ Puis, l'on verra que les institutions ont dû être adaptées, à partir des années
1970, pour prendre en compte les attentes des Français.
✗ Enfin, les institutions ont été encore réformées, dans les années 2000, pour
rendre l'exercice du pouvoir plus efficace.
1°/ Une République gaullienne : la naissance de nouvelles institutions (19581974)
Pour comprendre dans quel contexte les institutions de la Ve République ont été créées,
il faut analyser la chute de la IVe République.
A. La chute de la IVe République
➔ 1958 : Création d'une nouvelle République par le Général de Gaulle pour
remplacer le régime parlementaire de la IVe République.
➔ La IVe République avait créée en 1946. Régime parlementaire instable qui a vu se
succéder 17 gouvernements. Régime incapable de mener des politiques sur le long
terme car l'Assemblée Nationale a le pouvoir de censurer le gouvernement.
➔ 13 mai 1958 : Émeute à Alger menée par les Français d'Algérie, qui demandent le
retour du Général de Gaulle au pouvoir. Le Président de la République, René
Coty, se trouve dans l'incapacité de gérer la question algérienne. Il est obligé de
rappeler le Général de Gaulle qui impose ses conditions. Fin de la IVe
République.
B. La mise en place d'une nouvelle
République et d'un régime semi-présidentiel
➔ Eté 1958 : La future Constitution de la Ve République est rédigée et reprend les
idées développées en 1946 par le Général De Gaulle dans son discours de Bayeux.
Elle instaure un régime « semi-présidentiel », et non plus parlementaire. Pour De
Gaulle, le Président doit être « la clé de voûte des institutions ». On reconnaît bien
là le militaire, l'homme du 18 juin, celui qui a dû prendre des mesures
exceptionnelles au moment de l'occupation de la France.
➔ La Constitution prévoit un pouvoir exécutif fort qui renforce l'autorité
présidentielle. Le Président nomme le Premier Ministre, a le pouvoir de dissoudre
l'Assemblée nationale. Pour la gauche qui est à l'époque dans l'opposition, c'est
une sorte de « Coup d'État permanent » (F.Mitterrand, 1964) qui est permis au
Président de la République avec cette mesure.
➔ Le Président est, par ailleurs, le Chef des Armées. Il peut en cas de crise grave,
menaçant l'intégrité du territoire, prendre des mesures exceptionnelles sans
consulter les parlementaires (article 16).
➔ Le pouvoir législatif est confié aux deux chambres, le Sénat et l'Assemblée
Nationale qui voient cependant leurs pouvoirs limités. L'Assemblée Nationale ne
peut plus censurer le gouvernement.
➔ Par ailleurs, la Constitution prévoit que le Président puisse consulter directement
les Français grâce au référendum, ce qui contribue à marginaliser les partis
politiques. C'est chose faite le 28 septembre 1958 lorsque les Français approuvent
à 79% la nouvelle Constitution.
➔ Constitution de 1958 prévoit aussi la création d'un Conseil Constitutionnel qui
veille à la régularité des scrutins et des référendums. Ses décisions s'imposent
« aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles »
(art. 62 de la Constitution 1958).
➔ 1962 : Suite aux attentats, organisés par l'O.A.S. qui ont failli lui coûter la vie, De
Gaulle demande une révision constitutionnelle. Il souhaite que le Président de la
République soit élu au suffrage universel direct. Les Français approuvent, par
référendum, en octobre 1962, ce nouveau mode de scrutin à 62%.
➔ De Gaulle instaure donc une relation directe avec les Français, qui passe
également par une utilisation des médias (allocutions télévisuelles fréquentes).
C. Une continuité institutionnelle assurée
sous la présidence de Pompidou
➔ Crise de mai 1968 : De Gaulle ne parvient pas à gérer la crise étudiante qui se
transforme en grève générale. Répression très forte. Mécontentement d'une
grande partie des Français.
➔ 27 avril 1969 : Référendum organisé sur la réforme du Sénat et de la
régionalisation. Comme De Gaulle a annoncé qu'il démissionnerait si le « non »
l'emportait, le débat porte moins sur la réforme du Sénat que sur le fait de laisser
ou pas De Gaulle au pouvoir. Le « non » l'emporte à 52% car l'opposition à la
politique du Président en fonction est de plus en plus forte.
➔ En tenant sa parole et en démissionnant, De Gaulle renforce la légitimité des
institutions de la Ve République. Georges Pompidou, son ancien Premier
Ministre, lui succède et s'inscrit dans la continuité de la politique gaullienne, en
menant une politique de grandeur et d'indépendance nationale.
➔ 1974 : Décès de Georges Pompidou. Valéry Giscard d'Estaing, partisan d'une
droite plus modérée, lui succède.
2°/ Adapter les institutions pour se rapprocher des citoyens français (1974-années
2000)
A son arrivée au pouvoir en 1974, Valéry Giscard d'Estaing se veut le président du
rajeunissement, du changement et de la modernité.
A. Abaisser l'âge de la majorité
➔ Valéry Giscard d'Estaing est conscient qu'il faut prendre en compte les évolutions
de la société française. Les jeunes constituent une force politique importante. Ils
ont été capables de faire chuter De Gaulle, au moment de la crise de mai 1968.
➔ Il faut donc faire évoluer les institutions et permettre aux jeunes de voter. L'âge de
la majorité passe donc de 21 ans à 18 ans.
B. Alternance politique et cohabitation : une
bipolarisation de la vie politique française
➔ Avec les décès de De Gaulle et de Pompidou, les forces politiques se
recomposent en France, que ce soit à droite ou à gauche. Les partis se multiplient
(Front National fondé en 1972, Les Verts en 1974,...).
➔ Le scrutin majoritaire qui permet de dégager une majorité forte, favorise la
bipolarisation de la vie politique, comme le montrent les élections présidentielles
de 1974 et 1981.
➔ 1981 : L'élection du socialiste, François Mitterrand, conduit à l'alternance politique
pour la première fois depuis la mise en place de la Ve République.
➔ 1986 : L'opposition remporte les législatives. Mitterrand doit faire évoluer les
institutions de la Ve République pour prendre en compte le choix des Français. La
Constitution de 1958 ne prévoyait pas ces situations de cohabitation. Mitterrand
innove et choisit donc un Premier Ministre issu de l'opposition : Jacques Chirac.
Deux autres épisodes de cohabitation ont lieu entre 1993 et 1995 et entre 1997 et
2002. A chaque fois, la vie politique se trouve paralysée par la rivalité entre ces
deux têtes de l'exécutif et les pouvoirs du Président sont réduits.
C. L'acte de décentralisation : des citoyens
au cœur du processus de décision
➔ 1982 : Loi Defferre. Premier acte de décentralisation en France. Les collectivités
territoriales bénéficient de nouveaux pouvoirs pour prendre en compte les
attentes des citoyens français.
➔ Principe de subsidiarité : c'est la recherche du niveau pertinent pour effectuer une
action publique, c'est à dire faire veiller à ce qu'une action publique soit effectuée
par le plus petit échelon possible.
➔ Contexte européen en évolution : à partir de 1979, les citoyens élisent les
parlementaires européens au suffrage universel direct.
3°/ Réformer les institutions de la République pour éviter une paralysie de la vie
politique française (Années 2000)
A. Des réformes institutionnelles pour
garantir l'efficacité du pouvoir politique
➔ Face aux risques de situations de cohabitation qui paralysent la vie politique
française, Jacques Chirac décide de faire un référendum en 2000 pour ramener le
mandat présidentiel à cinq ans et le faire coïncider avec le mandat législatif.
Inversion du calendrier électoral pour permettre le fait présidentiel (appelé aussi le
fait majoritaire), c'est à dire permettre au Président d'obtenir une majorité à
l'Assemblée et mener ainsi sa politique. Le quinquennat est donc adopté à 73%.
➔ Élections présidentielles de 2002 : Le 21 avril, Jacques Chirac se retrouve au
deuxième tour des élections face à Jean-Marie Le Pen, candidat du Front
National. La montée des extrêmes signe l'atténuation de la bipolarisation de la vie
politique puisque la gauche, incarnée par Lionel Jospin, chef de gouvernement
depuis 1997, est marginalisée. Ces résultats dénotent une crise de la représentation
politique en France puisque 28% des Français ne se sont pas déplacés pour aller
voter ce jour-là.
➔ 2005: Référendum sur le traité constitutionnel : vifs débats en France. Les
partisans du « non » sont présents dans tous les partis. L'échiquier politique est
bouleversé par ce débat. 55% des Français rejettent le traité.
B. Quel avenir pour la Ve République ?
➔ Ve République est un régime aujourd'hui très critiqué : abstention, montée des
extrêmes, périodes de cohabitation, une Assemblée nationale muselée et d'où
certains partis sont absents, sont autant de raisons qui poussent de nombreux
politiques à penser le passage à une VIe République (S.Royal, A.Montebourg,
F.Bayrou,...)
➔ Cette VIe République établirait une démocratie parlementaire (pouvoirs du
Parlement seraient renforcés), favoriserait le dialogue social entre grands patrons
et syndicats, accorderait une plus grande représentation aux territoires locaux
(renforcés par la décentralisation) et associerait davantage le peuple aux décisions
(démocratie participative).
➔ Toutefois, ce changement de République n'est pas à l'ordre du jour puisque les
deux derniers Présidents élus ne l'avaient pas intégré à leur programme. N.
Sarkozy en 2007 s'est plutôt inscrit, durant son mandat, dans
l'hyperprésidentialisation. Quant à F. Hollande, il a fondé toute sa campagne en
2012 sur l'idée du changement, sans pour autant envisagé celui-ci.
Conclusion
➔ Depuis 1958, les institutions de la Ve République ont su s'adapter aux évolutions
de la vie politique française. Le moule constitutionnel pensé par et pour le
Général de Gaulle en 1958 s'est, au fil du temps, assoupli pour mieux prendre en
compte les attentes des français et dépasser les blocages de la vie politique. Si
aujourd'hui c'est un régime contesté par certains, il demeure toutefois solide, y
compris en temps de crise.
CORRECTION BACCALAUREAT
Terminale S-L-ES - Session 2012
Vers un nouvel ordre mondial : espoirs et réalités.
Document 1 : Le « nouvel ordre mondial » selon John Kenneth Galbraith
Document 2 : De l'anticommunisme au jihad anti-américain
Document 3 : Les États-Unis et le monde
Document 4 : Les défis d'un monde qui change
Première partie
Analysez l'ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes :
1. Comment John Galbraith envisage-t-il le nouvel ordre mondial et le rôle de
l'O.N.U. à la fin des années 1980 ? (document 1)
John Galbraith envisage un nouvel ordre mondial fondé sur une aide financière
des pays riches aux pays pauvres. Selon lui, la pauvreté est responsable des désordres
politiques dans le monde : « un nouvel ordre mondial […] doit aussi aller au-delà des
conflits et des massacres pour s'attaquer à leurs causes. » Pour que la paix soit garantie
dans ce nouveau contexte international, il faut que les pays riches aident les pays les
moins avancés, à la fois en donnant des fonds, en diffusant la démocratie mais aussi en
promouvant l'éducation.
John Galbraith envisage également un rôle plus étendu pour l'O.N.U. Avec la fin
de la rivalité Est/Ouest, les relations internationales ont évolué. Lors de la guerre du
Golfe, les deux anciens rivaux, les États-Unis et l'U.R.S.S. se sont, pour la première fois,
soutenus mutuellement. Pour Galbraith, il est désormais nécessaire qu'il y ait « un certain
abandon de souveraineté » au profit de l'O.N.U. Il faut que les Nations-Unies, selon lui,
puissent non seulement empêcher les conflits inter-étatiques mais également intraétatiques, notamment en ayant le pouvoir de s'ingérer dans la politique intérieure d'un
pays.
2. En quoi les nouvelles menaces évoquées par les documents 1, 2 et 3
montrent-elles les limites de cette analyse ?
La pensée de Galbraith est très difficile à mettre en place car les États-Unis ne
sont pas prêts à abandonner une partie de leur souveraineté au profit des Nations-Unies.
Ils y sont d'autant moins prêts qu'ils ont pris conscience de leur vulnérabilité, au moment
des attentats terroristes du 11 septembre 2001. De plus, la pensée manichéenne
développée par les élites politiques américaines, à commencer par Georges W. Bush, qui
engage les États-Unis dans une guerre contre « l'Axe du Mal », sans le soutien des
Nations-Unies, constitue également une limite à l'analyse de Galbraith.
3. De quelle vision du monde le document 3 témoigne-t-il ?
Le document 3 témoigne d'une vision manichéenne du monde. Plantu formule ici une
critique de la pensée américaine qui aurait tendance, selon lui, à classer les peuples du
monde soit du côté du Bien, c'est à dire du côté des valeurs chères aux Américains
(libéralisme, capitalisme, droits de l'homme,...), soit du côté du Mal qui regrouperait les
ennemis de l'Amérique. C'est une pensée qui ne permet pas de saisir toute la complexité
du monde.
4. En confrontant les documents 1 et 4, montrez à quels défis la communauté
internationale n'a pas répondu en 2005.
John Galbraith, en 1991, souhaitait que l'O.N.U. voit son rôle être accru dans le nouvel
ordre mondial. Or, en 2005, la lutte contre la pauvreté et pour l'éducation n'a pas été
menée à son terme. Ces objectifs qui avaient été rappelés au moment de la Déclaration
du Millénaire n'ont pas pu être atteints car le contexte international, marqué par le
terrorisme, a réduit le partenariat entre les pays du Nord et les pays du Sud. Pire, l'O.N.U.
semble même ne plus être considérée comme une organisation de confiance. Même si le
monde est « plus riche » qu'en 1991, les inégalités persistent et sont responsables du
désordre international. Le défi du développement n'ayant pas été relevé, l'instabilité
politique mondiale demeure.
Deuxième partie
A l'aide des réponses aux questions, des informations contenues dans les
documents et de ses connaissances, le candidat rédigera une réponse organisée
au sujet suivant :
Vers un nouvel ordre mondial : espoirs et réalités.
En 1991, beaucoup d'espoirs sont placés dans l'Organisation des Nations-Unies.
Qu'en est-il quinze ans plus tard, en 2005 ? Quelle est la teneur du nouvel ordre mondial
hérité de la Guerre froide ?
La fin de l'affrontement entre les États-Unis et l'U.R.S.S. fait naître un nouvel
ordre mondial, placé sous l'égide de l'O.N.U. Comme l'indique John Galbraith,
économiste américain, dans l'article paru le 16 avril 1991 dans Le Monde, l'année 1991
suscite beaucoup d'espoirs. Lors de la guerre du Golfe qui a opposé les États-Unis à
l'Irak, suite à l'invasion du Koweit, George Bush a sollicité l'appui de l'O.N.U. et d'une
coalition internationale pour intervenir militairement. Beaucoup d'espoirs sont donc
fondés sur la capacité de l'O.N.U à résoudre les conflits. Galbraith espère également que,
dans le cadre de l'O.N.U., les pays riches, développés vont soutenir les pays les moins
avancés, récemment décolonisés. Selon lui, en effet, le manque d'éducation, l'absence de
développement sont les causes de l'instabilité politique entre les États mais également au
sein des États. Il faut donc qu'un partenariat Nord/Sud soit mis en place à l'échelle
mondiale pour résorber les déséquilibres économiques.
Cette analyse est toutefois très difficile à mettre en place car les décennies 1990 et
2000 sont marquées par des attentats terroristes d'une extrême violence (11 septembre
2001 notamment). Face au jihad lancé par les islamistes radicaux dans le monde entier,
les États-Unis de George W. Bush répliquent, sans l'accord de l'O.N.U. La pensée
manichéenne qui consiste à réduire le monde en deux camps, le Bien et le Mal, empêche
d'établir le partenariat Nord/Sud voulu par Galbraith en 1991. Les crédits américains ne
bénéficient donc pas aux pays du Sud mais sont utilisés, aux États-Unis, pour financer la
guerre contre le terrorisme international.
Conséquence de cette guerre menée par les États-Unis contre le terrorisme, les
inégalités Nord/Sud s'accroissent, déstabilisant un peu plus les pays du Sud qui ont des
difficultés à s'insérer dans un contexte de mondialisation avancée. Kofi Annan, Secrétaire
Général des Nations-Unies en 2005, ne peut alors que prendre note de l'échec de la
Déclaration du Millénaire. Le pouvoir est mal réparti, tout comme les richesses, ce qui
engendre une instabilité politique forte à l'échelle mondiale.
Les espoirs fondés sur le nouvel ordre mondial émanant de la Guerre froide en
1991 ont donc été rapidement réduits à néant, lorsque le terrorisme s'est imposé sur la
scène internationale. Lorsque les États-Unis ont été frappés sur leur sol par les jihadistes,
le 11 septembre 2001, les relations Nord/Sud ont été fragilisées et l'O.N.U. marginalisée.
La politique de dialogue et de partenariat s'est donc effacée devant la guerre. Cinq ans
plus tard, les inégalités économiques et politiques entre le Nord et les Sud persistent et
plongent dans de nouvelles conflictualités une bonne partie du monde, sous l'oeil
impuissant de l'O.N.U.
Annexe à rendre avec la copie
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Page 9/9
CORRECTI ONS BACCALAUREAT
TERMINALE S-ES-L : Session 2012
Centres d'impulsion et inégalités de développement
dans le monde
10/ Des centres d'impulsion, maioritairement concentrés au Nord et qui
génèrent des flux d'échanges dans une économie mondialisée
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Pôles de la Triade
Mégalopoles
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Nouveaux territoires de la mondialisation
Flux maieurs eritre les pôles de la Triade
Limite Nord/Sud
Desespaces inégalement développés et intégtés à la mondialisation
A. Des Notds, espaces moteurs de la mondialisation
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PrD
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Pays en recomposition (ex Pays du bloc soviétique)
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NPIA: quatte dragons (Cotée du Sud, Tarwan,
Singapour,
Hong-Kong)
B. L'émergence d'un Sud de plus en plus industrialisé
ffi
Pays éme(gents, rrotâmment les BRICS (Brésil, Chine, Inde,
Afrique du Sud)
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Pays exportateurs
d'\drocarbures
C. Des pays du Sud en marge de la mondialisation
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Pays les moins avancés
Annexe à rendre avec la copie
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Page 8i9
CORRECTION BACCALAUREAT
TERMINALE S - Session 2A12
L'esoace méditercanéen : une interface Nord-Sud
L0/ Des espaces inégalement développés.
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Indicateur de Développement Humain (I.D.H.).
O,,1b Ot87O
Limite Nord/Sud conventionnelle.
Autre tracé possible de la limite Nord/sud.
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Séne,^C-{f
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Métropoles du Nord: des espaces urbains en réseaux
concentrent de multiples activités et richesses.
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Métropoles du Sud: des espaces urbains mârqués par de forts
contrastes spatiaux (pas de mise en réseau).
20/ Une interface marquée par des flux dissymétriques
A. Des flux de population et de capitaux dissymétriques.
Flux touristiques Nord-Sud.
€
Migrations de travail Sud-Nord.
-->- - ->
Transferts financiers effectués par les émigrés vers leur pays
d'origine et I. D. E. (Investis sements Directs à l'F,trartger).
B. Des ports et des littoraux anénagés pour faciliter les échanges.
I
Pofis d'exportation d'hydrocarbures.
À
Ports d'rmpoftation d'hydrocarbures.
t
Flux d'hydrocarbures.
æ
Littoraux aménagés pour L'activité touristique.
Zones dédiées
-
^
à
l'agriculture irtiguée (agriculture destinée
ensuite à l'exportation).
Porn
d*
@nker.lytl.lÀ
"
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