L’Allemagne de Berlin : un géant économique et plus un nain géopolitique Grandes dates • 23 mai 1949 : Création de la République fédérale d’Allemagne, la RFA, avec comme capitale Bonn (Rhénanie du Nord Westphalie). • 7 octobre 1949 : Création de la République démocratique allemande, la RDA avec comme capitale Berlin Est. • 15 novembre 1959 : Congrès de Bad Godesberg du SPD, le programme abandonnant la référence au marxisme et acceptant les lois de l’économie sociale de marché. • 9 novembre 1989 : Chute du Mur de Berlin • 3 octobre 1991 : Réunification par intégration des 6 Länders de l’exRDA au sein de la République Fédérale d’Allemagne, avec comme capitale Berlin. • 1er janvier 2002 : Abandon du Deutsch Mark et mise en service de l’Euro • 2003 : Lancement de l’Agenda 2010, avec la réforme structurelle du marché du travail (Lois Hartz). • I l’Allemagne : le modèle politique d’une démocratie coopérative • II l’Allemagne : le modèle économique de la troisième voie d’une économie sociale de marché • III l’Allemagne : le renouveau d’une puissance géopolitique • Conclusion : forces et faiblesses du modèle allemand en 2012 I L’Allemagne, le modèle d’une démocratie coopérative • Loi Fondamentale du 23 mai 1949 a créé une République fédérale, démocratique et sociale • Lutte contre la concentration du pouvoir avec le fédéralisme : division verticale entre le Bund et les 16 Länder. • Séparation horizontale des pouvoirs avec le Bundestag, seul organe constitutionnel fédéral élu au suffrage universel direct, et le Tribunal Fédéral Constitutionnel. • Un mode de scrutin mixte privilégiant la constitution de « petites coalitions » (CDU/CSU/FDP ou SPD/Grüne) ou de « grandes coalitions » ( CDU/ CSU/ SPD) de 2005 à 2009… de 2013 à 2017 ? II L’Allemagne, le modèle économique d’une économie sociale de marché • Modèle du « capitalisme rhénan », troisième voie entre le capitalisme anglo saxon et le communisme collectiviste, inspiré de l’ordo- libéralisme né en Allemagne dans les années 30 • L’ordre économique d’échange ne se constitue pas spontanément, il doit être institué et protégé par l’Etat de droit : un Etat fort pour un marché fort. • La gestion économique est partagée entre trois acteurs : * la politique monétaire pour la Bundesbank (Buba) * la politique budgétaire pour le gouvernement * la politique salariale pour les partenaires sociaux. • Ludwig Erhard, ministre fédéral de l’économie du Chancelier Konrad Adenauer de 1949 à 1963, est le père du « soziale Marktwirtschaft » et du « miracle économique allemand ». Il a même publié en 1957 un ouvrage intitulé « La prospérité pour tous » (« Wolhstand für Alle ») • Quatre grandes étapes ont façonné le modèle allemand : * 1949- 1963 : Reconstruction économique * 1963- 1982 : Keynésianisme et chocs pétroliers * 1982- 1998 : Retour aux sources et unité allemande. * 2002- 2012 : Réformes structurelles • Reconstruction économique de 1949 à 1963 : mise en place des institutions de régulation du libéralisme Principe d’autonomie des partenaires sociaux dans les négociations sociales avec les Conventions collectives (1949), création d’un organe des salariés et de la cogestion du conseil de surveillance d’une entreprise (1952), d’une Bundesbank indépendante (1957), et d’un Office fédéral des Cartels pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles. • Interventionnisme keynésien de 1963 à 1982 : réapparition des cycles économiques et des chocs pétroliers nécessitant une politique macroéconomique active Heure de la social- démocratie avec le SPD et de l’ère social- libérale dans l’alliance avec le FDP, avec l’accroissement du rôle de l’Etat dans l économie (30% du PIB en 1960, 48,5% en 2002) : réformes dans l’éducation, hausse des transferts sociaux • Renouveau libéral et réunification de 1982 à 1998 : un moins d’Etat contrecarré par la crise et l’unité allemande. Demi- échec du chancelier Helmut Kohl dû au système allemand de décision « multi-acteurs ». L’intégration économique et sociale du territoire est- allemand a entraîné : transferts financiers annuels de 4% du PIB, accroissement de l’endettement public, hausse du chômage, baisse de compétitivité du site de production « Allemagne » • Réformes structurelles de 2003 à 2012 : objectif d’une nouvelle dynamique économique pour sauver les grands équilibres sociaux. Réélu en 2002, le chancelier Gerhard Schröder lança en mars 2003 un plan de réformes structurelles (Agenda 2010) : assouplissement de la réglementation économique, réforme de la sécurité sociale et du marché du travail, baisse des impôts et des prélèvements sociaux pour réduire le coût du travail … Baisse d’un million de chômeurs, premier exportateur mondial. III L’Allemagne, le renouveau d’une puissance géopolitique. • L’Allemagne est « la »puissance exportatrice du monde, dépassée depuis 3 ans par la Chine : en 2011, 1 060 milliards d’euros ( 429 milliards d’euros pour la France); avec un excédent de 158 milliards (+117 pour la Chine et – 70 pour la France). • D’où à la fois des ambitions légitimes d’un véritable statut international (siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU, abstention pour l’intervention en Libye,) … et la réapparition d’une certaine germanophobie (Merkel = Bismarck) • Crainte d’une « Europe allemande » avec l’Allemagne de Berlin, succédant à une « Allemagne européenne » de l’Allemagne de Bonn. • Démission du Président fédéral allemand Horst Köhler le 31 mai 2010 après avoir déclaré : « Un engagement militaire peut être nécessaire pour protéger nos intérêts, par exemple la liberté des voies commerciales, en empêchant l’instabilité dans des régions qui aurait des effets négatifs sur nos échanges, nos emplois et nos revenus » . L’Allemagne : un modèle à suivre ?. • Points forts : * le « Made in Germany », « Deutsche Qualität » * la filière d’apprentissage et d’alternance comme voie d’excellence pour toutes les branches : 1,5 million en RFA, 600 000 en France (chômeurs de – 25 ans : 5,5% contre 24%). * la « règle d’or » budgétaire inscrite dans la Loi Fondamentale. • Points faibles : * la situation économique fragile de ses marchés d’exportation en Europe (10% en France, 40% en zone Euro et 60% dans UE) et même dans les BRICS * « Allemagne va bien, mais les allemands vont moins bien » : 25% des salariés gagnent moins de 9,15 euros brut de l’heure ( d’où projets de hausses salariales et d’un salaire minimum national) * la démographie vieillissante entraînant une baisse de 20% de la population en 50 ans : 82 millions en 2010 contre 64 millions en 2060