Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (X), n° 2, mars/avril 2006
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et paragangliome
Phéochromocytome
phéochromocytome et un anticorps
polyclonal. Par la suite, de nom-
breuses équipes ont développé des
méthodes de dosage de la CgA utili-
sant d’autres traceurs (enzyma-
tiques), d’autres anticorps (mono-
clonaux, polyclonaux) et d’autres
standards (CgA bovine). Des résul-
tats divergents par rapport à la
méthode de référence ont été consta-
tés, principalement en raison du
niveau de purification variable du
traceur et des différents anticorps
utilisés susceptibles de reconnaître
des épitopes distincts. Il est généra-
lement recommandé d’utiliser des
dosages immunométriques fondés
sur l’emploi d’anticorps dirigés
contre la partie médiane de la CgA,
puisque cette protéine est soumise à
une protéolyse précoce sur ces extré-
mités carboxy- et amino-terminales.
Actuellement, trois trousses de
dosage plasmatique de la CgA sont
commercialisées par DakoCytoma-
tion, Cis-Bio International et Euro-
diagnostica. La sensibilité et la spé-
cificité diagnostique de chacune de
ces trousses testées sur une série de
46 patients atteints de tumeurs neu-
roendocrines ont montré que, selon
la trousse utilisée, la sensibilité
variait de 67 à 93 % et la spécificité
de 85 à 96 % (22) ! Ces observations
doivent donc être prises en compte
par le clinicien pour l’interprétation
des tests diagnostiques.
Sensibilité et spécificité du
dosage plasmatique de la CgA
Chez les patients porteurs de
tumeurs neuroendocrines, la sensibi-
lité du dosage de la CgA circulante
dépend principalement de trois para-
mètres : le volume tumoral, le siège
de la tumeur primitive et l’existence
d’une sécrétion hormonale associée.
Les phéochromocytomes surréna-
liens font partie de la catégorie des
tumeurs neuroendocrines à forte
sécrétion de CgA et pour lesquelles
la sensibilité du dosage de la pro-
téine varie de 76 à 100 %. D’autre
part, il a été montré que les concen-
trations de CgA sont corrélées de
façon linéaire à la taille de la tumeur
(23). On peut donc s’attendre à des
valeurs normales (faux négatifs)
dans les petites tumeurs, par
exemple la majorité des paragan-
gliomes de la tête et du cou. Par
ailleurs, comme mentionné précé-
demment, les concentrations circu-
lantes de CgA sont directement cor-
rélées à l’existence d’une sécrétion,
et on peut donc également s’attendre
à des valeurs normales dans certains
paragangliomes non sécrétants. De
fait, une étude portant sur une série
de 25 patients atteints de paragan-
gliomes rapporte une sensibilité du
dosage de la CgA de 8 % seulement,
alors que l’énolase spécifique du
neurone, un autre marqueur général
des tumeurs neuroendocrines, pré-
sente une sensibilité presque
cinq fois supérieure (24). La mesure
de la CgA plasmatique peut égale-
ment être à l’origine de faux positifs
dus à un stress majeur, une insuffi-
sance rénale ou une hypergastriné-
mie secondaire (inhibiteurs de la
pompe à protons, gastrite atro-
phique, maladie de Biermer).
Dans 9 cas sur 10, les patients por-
teurs d’un phéochromocytome pré-
sentent des signes d’hypertension
artérielle témoignant de l’hypersé-
crétion de noradrénaline. Plusieurs
études ont donc été menées afin
d’évaluer la spécificité du dosage de
la CgA à partir de patients atteints
d’hypertension artérielle essentielle.
Des résultats contradictoires ont été
observés, certaines études rappor-
tant une élévation des concentra-
tions de CgA (25, 26) alors que
d’autres ne relevaient aucune diffé-
rence significative vis-à-vis de
témoins normotendus (23, 27).
Dosage d’autres granines et
peptides dérivés
Bien que la CgA soit un marqueur
fiable couramment utilisé en cli-
nique, la détection immunohistochi-
mique et la quantification plasma-
tique d’autres granines ou de
peptides dérivés peuvent également
avoir un intérêt pour le diagnostic
des tumeurs neuroendocrines (1). À
titre d’exemple, les prolactinomes
présentent une immunoréactivité de
type CgB et SgII, mais sont dépour-
vues de CgA. D’autres néoplasmes
neuroendocrines produisent de
faibles quantités de CgA et, dans
ces cas, la sensibilité du dosage de
cette granine est faible, i.e. 25 %
pour les cancers médullaires de la
thyroïde et les tumeurs à cellule de
Merkel, et 10 % pour les insuli-
nomes et les paragangliomes. Une
étude menée sur une série de
tumeurs gastro-intestinales a
démontré l’importance de combiner
plusieurs marqueurs de la famille
des granines, puisque les néoplasies
rectales exprimaient plus fréquem-
ment la SgII que la CgA (28). De
nombreux travaux sont en cours
pour caractériser de nouveaux mar-
queurs dérivés des granines. Une
étude menée sur 27 échantillons
plasmatiques a révélé une sensibi-
lité identique, de l’ordre de 80 %, de
la CgA et du peptide dérivé WE14
pour le diagnostic des phéochromo-
cytomes, alors que ce peptide est
plus sensible que la CgA pour le
dépistage des paragangliomes
(résultats non publiés). D’autre part,
des études d’immunohistochimie et
d’immunoblot ont permis de mettre
en évidence la présence de la SgII
dans les phéochromocytomes à des
concentrations comparables à celles
de la CgA (29, 30). Enfin, R. Ischia
et al. (31) ont montré que les
concentrations sériques de la SN
augmentent d’un facteur 5 chez les
patients porteurs d’un phéochromo-
cytome.
La mise au point d’un dosage radio-
immunologique du peptide EM66
“flanquant” la SN au sein de la SgII
a permis de démontrer une sensibi-
lité de 100 % de ce dosage pour le
diagnostic des phéochromocytomes
(figure 3, p. 65), et de montrer
qu’après exérèse de la tumeur les
taux d’EM66 reviennent rapidement
à des niveaux contrôles (32). Bien
que ces résultats aient été obtenus à