UNE EXTENSION DE L'INEGALITE DE MARKOV : APPLICATION A L'EVALUATION DE LA
VALUE-AT-RISK POUR DES SINISTRALITES CATASTROPHI
UES
79
1. INTRODUCTION
Le nom seul de calcul des probabilités est un paradoxe : la probabilité, opposée à la
certitude, c'est ce qu'on ne sait pas, et comment peut-on calculer ce que l'on ne connaît
pas ? Henri Poincaré (La Science et l'hypothèse)
Bien souvent en assurance, et particulièrement lorsque les prestations garanties sont
la conséquence d'événements extrêmes, les lois de probabilité sont largement inconnues.
Les risques qui peuvent rendre les assureurs ou les réassureurs insolvables peuvent ne
jamais avoir été observés. On peut d'ailleurs imaginer que les distributions de probabilité
sous-jacentes ont des queues très épaisses et que les variables aléatoires concernées ne
possèdent pas de variance. C'est par exemple le cas de la loi de Pareto utilisable pour les
montants de sinistres Y supérieurs à un certain seuil ymin:
y
y
yYP min . Lorsque le
paramètre est inférieur ou égal à 2 il n'y a pas de variance.
Les seules certitudes ou quasi-certitudes que l'on ait pour ces variables aléatoires
dangereuses, c'est qu'elles sont non négatives et, pour qu'il y ait une prime d'assurance,
qu'elles possèdent une espérance mathématique (dans le cas Pareto >1). Avec cette
information minimaliste, pour déterminer la probabilité qu'une variable dépasse un certain
seuil, on dispose de l'inégalité de Markov (voir BOGAERT):
Soit Z une variable aléatoire réelle définie sur un espace probabilisé, et
supposée presque sûrement positive ou nulle. Alors
a
ZE
aZP0,a . L'égalité se
produit lorsque Z ne peut prendre que les valeurs 0 ou a, avec les probabilité respectives
aZP1aZP et
aZP , de sorte que
aZPaaZP0ZE
.
Si Z est une somme de variables non négatives, le cas limite précédent ne peut pas
se produire et on peut espérer améliorer l'inégalité de Markov. Dans une première partie
une nouvelle inégalité pour une somme de 2 variables non négatives sera démontrée. On
envisagera dans une deuxième partie le cas d'une somme de n variables ayant la même
espérance mathématique; une formule résultera de l'inégalité de la première partie, une
autre formule sera présentée, bien qu'il s'agisse d'une conjecture non démontrée. En
troisième partie les formules seront appliquées sur un exemple pour déterminer une
majorante de la value-at-risk.