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1 RÉSUMÉ MANAGÉRIAL
On peut remonter aux ouvrages de Bowen (1953) et Friedman (1962) pour discerner les
fondements de ce qui constitue aujourd’hui la performance sociale des entreprises. Au fil des
années, certains chercheurs, tels Johnson (1971), Carroll (1979, 1999), Wood (1991) et Spicer
(1978) tentent de créer des modèles permettant d’évaluer la qualité de la performance sociale des
firmes, menant ainsi aux premiers balbutiements de ce qui allait devenir l’investissement
socialement responsable.
Alors que plusieurs scandales corporatifs surviennent au début du 21e siècle, tels ceux
d’Enron, d’Adelphia et de WorldCom, le concept d’investissement socialement responsable
commence à se raffiner; différentes dimensions permettant de le quantifier sont créées et on
assiste ici au début des critères ESG (environnement, social, gouvernance). Plusieurs essaient
alors d’établir une relation entre la performance ESG et la performance financière des firmes en
se fiant à différentes variables substitutives permettant de l’évaluer (Van Beurden & Gössling,
2008, Margolis et al., 2007), toutefois c’est avec l’avènement de banques de données
professionnelles comme celle de Kinder, Lydenberg & Domini (KLD) qu’un portrait plus
complet de la performance ESG est disponible pour les entreprises publiques.
La présente étude s’intéresse à la dimension de gouvernance des entreprises publiques
américaines. Plus précisément, on cherche ici à savoir si la qualité de la gouvernance telle
qu’évaluée par KLD entretient un lien avec la probabilité d’occurrence d’événements de
gouvernance négatifs recensés dans le Wall Street Journal (WSJ). Les hypothèses de travail sont
déclinées de manière à déterminer si la qualité de la gouvernance entretient une relation avec la
fréquence, l’amplitude ainsi que la durée du traitement médiatique de ces événements. Pour ce
faire, un modèle logistique similaire à celui de Zavgren (1985) est utilisé, et la cote de
gouvernance de KLD est construite selon la méthode suggérée par Bouslah et al. (2011). Outre
cette cote, on contrôle également pour la taille, l’industrie et le risque des entreprises, ainsi que
pour les variables d’information publique macroéconomiques telles que suggérées par Ferson &
Schadt (1996). Un test de robustesse est également fait afin de contrôler pour le niveau de
couverture médiatique totale des entreprises.
Les résultats suggèrent que la qualité de la gouvernance d’une firme est généralement liée
de manière négative et significative à sa probabilité de faire face à un événement de gouvernance
négatif. La relation inverse semble exister en ce qui concerne certaines variables d’entreprise,
soit la taille et le risque. Aucune relation stable à travers les différentes régressions n’est décelée
concernant l’industrie ainsi que les variables de contrôle d’économie. Les relations décelées sont
généralement robustes au niveau de couverture médiatique totale des entreprises, qui elle-même
a une relation très significative avec la probabilité d’une firme de voir un événement de
gouvernance négatif la concernant être médiatisé.
Les implications pratiques de ce papier sont nombreuses, notamment car on illustre ici
qu’il existe un certain contenu informationnel à la cote de gouvernance de KLD. De plus, il est
démontré que la qualité de la gouvernance des firmes, entre autres variables, peut être indicatrice
de la probabilité d’événements néfastes la concernant. Des tests similaires à ceux de la présente
étude pourraient être performés avec différentes variables de performance sociale et provenant de
différents fournisseurs autres que KLD afin de vérifier si les relations établies ici restent