voiceMagazine LE MAGAZINE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES COOPÉRATIVES ET MUTUELLES D’ASSURANCE Assurer la NouvelleZélande rurale dans un esprit de partenariat PLUS Portrait de DG : Tracer la voie de la mutuelle santé française MGEN Mike Pritula de McKinsey and Company : Mes sept questions à l’adresse du secteur de l’assurance Mouvement Desjardins : Adhérer aux changements technologiques en mode coopératif ÉDITION 83, SEPTEMBRE 2015 voiceMagazine 22 ÉDITION 83/SEPTEMBRE 2015 EDITORIAL ET PRODUCTION REDACTRICE-EN-CHEF Faye Lageu REDACTRICE-EN-CHEF ADJOINTE Alison Grant CONCEPTION Gareth Kendrick CONTRIBUTIONS Andrew Bibby, Shaun Tarbuck, Faye Lageu, Alison Grant, Jonathan L. Schwartz, Michael A. Hamilton 2 TRADUCTION Français: Hayet Dhifallah, Alison Grant Espagnol: Flow Languages, Alison Grant Japonais: Rieko James 6 12 SOUMISSIONS D’ARTICLES: A l’ICMIF nous serons heureux de recevoir des articles de la part de nos membres et de nos membres de soutien. Si vous souhaitez soumettre un article ou échanger des idees sur un article nous vous prions de bien vouloir envoyer un email a Alison Grant, Rédactrice - en-chef-adjointe, a : [email protected] Les articles devraient porter sur les actualites par exemple la cooperation entre les membres; pratique exemplaire des mutuelles et cooperatives ; reglementation ; fusions et acquisitions ; rapports et/ ou commentaires sur les tendances de l’industrie; les evenements et conferences recentes ou a venir. Les articles des non-membres sont egalement les bienvenus et seront consideres ; ils doivent etre en relation avec le theme des mutuelles ou cooperatives. L’ICMIF SE RESERVE LE CONTROLE EDITORIAL COMPLET ABONNEMENTS +44 161 929 5163 [email protected] COMMENTAIRE 1...................... La famille mutuelle s’élargit LEADERSHIP 2...................... Portrait de PDG : Chris Black Assurer la Nouvelle-Zélande rurale dans un esprit de partenariat 6...................... Portrait de DG : Jean-Louis Davet Tracer la voie de la mutuelle santé française MGEN 10..................... Mike Pritula : mes sept questions à l’adresse du secteur de l’assurance 12..................... Anders Sundström: Depuis deux ans, l’ICMIF commence à trouver sa voix 14..................... Changements climatiques : les avantages possibles pour les assureurs s’ils en relèvent les défis 16..................... Main dans la main : Réduire les risques de catastrophe contribuera à une croissance durable – déclaration de la Conférence mondiale sur l’investissement 18..................... Investir mieux, investir intelligemment : Le projet d’investissement Smart Risk génère un large écho dans l’industrie 19..................... L’assureur coopératif britannique consolide sa position financière 20.................... L’avenir est mutuel en Scandinavie avec la transformation de Skandia en une société détenue par ses membres 22.................... Mouvement Desjardins: Adhérer aux changements technologiques en mode coopératif INFLUENCE Copyright © 2015 ICMIF. Tous droits reserves. La reproduction sans permission est prohibee. les points de vue et opinions exprimes dans voice sont ceux de leurs auteurs et ne sauraient refleter la position officielle de l’icmif, de l’ensemble de ses membres ou de leurs employes respectifs (sauf mention contraire). Le contenu fourni l’est a titre informatif uniquement et sans garantie. voice donne des hyperliens, mais l’ICMIF n’exerce aucune autorite sur les sites tiers, dont chacun conserve ses propres politiques et procedures independantes. Voice est publie par la Federation Internationale des Cooperatives et Mutuelles d’Assurance (ICMIF), Denzell house, Denzell Gardens, Dunham Road, Bowdon, Cheshire, WA14 4QE, Royaume-Uni. www.icmif.org 24.................... Qu’y a-t-il au programme de l’OCDE pour l’assurance 27..................... L a voix de l’ICMIF se fait entendre au sein du groupe de travail international sur l’assurance RÉSAUTAGE 28.................... Participation confirmée d’autres conférenciers à la Conférence de Minneapolis 29.................... L ancement à Minneapolis : un nouveau programme de l’ICMIF pour faciliter les détachements entre organisations membres 32..................... Le réseautage international porte ses fruits pour Zenrosai et Benenden ARTICLES DE FOND PAR DES INVITÉS 30.................... Surabondance d’accessoires : l’impact de la technologie prêt-à-porter sur l’industrie de l’assurance ÉVÉNEMENTS 33.................... Calendrier des événements 2015 C O M M E N TA I R E La famille mutuelle s’élargit Il y eut sans doute une époque où les mutuelles et coopératives étaient un peu sur la défensive. Il fallait impérativement être en bourse, nous disait-on. Ne comprenez-vous pas, essayaient de nous dire toutes sortes d’aspirants experts, que les sociétés d’assurance par actions sont l’avenir ? Cela semble bien loin, maintenant. Ce n’est pas seulement le fait que les mutuelles et coopératives ont régulièrement accru leur part de marché, année après année, depuis la crise financière de 2007-2008. C’est aussi que la famille mutuelle grandit d’autres façons. Comme annoncé dans cette édition, la vénérable compagnie d’assurance de Skandia est maintenant une mutuelle. L’entreprise scandinave a été rachetée en 2012 à son précédent propriétaire, une multinationale cotée en Bourse et l’opération a été immédiatement lancée pour la convertir en une entreprise mutuelle détenue par ses sociétaires. Les modifications juridiques sont maintenant achevées et Skandia est gérée au bénéfice non plus d’actionnaires mais de ses 1,4 million de sociétaires. Et Skandia n’est pas un cas unique. En Finlande, Pohjola, la banque financière et compagnie d’assurance auparavant cotée, a été retirée de la cote et elle est Shaun Tarbuck, DG, ICMIF maintenant complètement de retour dans la famille coopérative, intégrée au sein du Groupe OP. Ce type d’évolutions suscitent en moi un profond sentiment de fierté pour la façon dont les mutuelles et coopératives membres de l’ICMIF mettent en avant leur haute position morale, affichent fièrement leur différence mutuelle et accordent la priorité aux besoins de leurs sociétaires. Loin d’être une actualité dépassée, nous sommes en train de nous tailler une place de plus en plus importante dans le secteur des assurances dans une période où le monde va avoir besoin de toute l’aide des assureurs possible pour améliorer un avenir qui s’annonce de plus en plus exposé à des risques. Plus loin dans cette édition, vous pourrez prendre connaissance de l’initiative que nous lançons en ce moment pour promouvoir les investissements « smart risk » (soit placements à risque intelligents), approche visant à combiner l’expertise des assureurs dans le domaine de l’analyse du risque et celui de la souscription avec nos décisions en matière d’investissement. Je suis profondément convaincu que c’est vraiment la voie à suivre pour les décisions d’investissement dans des actifs, car elle maximise le rendement potentiel des investissements sur un mode durable et responsable. Notre rôle en tant qu’assureurs mutuels et coopératifs est d’obtenir la reconnaissance des autres. Nous avons réuni pour le programme de conférences de la Conférence biennale de cette année organisée par l’ICMIF à Minneapolis, un éventail sans précédent de conférenciers extérieurs qui nous feront part de leurs réflexions et nous inviteront à saisir les opportunités qui se présentent à nous. Nos conférences biennales sont toujours des occasions extrêmement stimulantes, mais je pense que cette année, la Conférence sera encore plus spéciale. Comme de coutume, l’équipe de l’ICMIF travaille activement, de concert avec l’organisation membre qui nous accueillera à Minneapolis, Thrivent Financial, à toutes les dispositions pratiques qui contribuent à la réussite des conférences. Je me réjouis de vous voir en octobre prochain sur les rives du fleuve Mississippi. VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 1 LEADERSHIP PORTRAIT DE PDG : CHRIS BLACK Assurer la NouvelleZélande rurale dans un esprit de partenariat Chris Black, Président Directeur Général de la société d’assurance générale agricole néo-zélandaise FMG, est récemment devenu membre du Conseil d’administration de l’ICMIF. Voice nous fait découvrir comment son approche du leadership contribue à la croissance et à la consolidation de la mutuelle. 2 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP Chris Black Le principal assureur agricole néo-zélandais, Farmers L’industrie de l’assurance en Nouvelle-Zélande Mutual Group (FMG), est confronté à un problème continue à être essentiellement entre les mains de lié aux sinistres incendie qui doit sûrement être compagnies étrangères, avec deux grandes entreprises unique en son genre parmi les entreprises membres australiennes détenant plus de 70 % du marché. FMG de l’ICMIF : le nombre de tracteurs agricoles qui détient actuellement une part de marché globale prennent feu chaque année. Les coupables – les relativement petite, environ 5 %. En revanche, en pyromanes responsables d’une série de sinistres – sont termes d’activité d’assurance générale dans les zones les étourneaux. Ces oiseaux aiment bâtir leur nid dans rurales, elle obtient près de 50 % de part de marché. des endroits chauds, sombres et secs et il s’avère que « FMG est considérée comme l’expert en conseils en les compartiments moteur des tracteurs, sont parfaits matière de risques agricoles et en assurance agricole. pour cela ! Ceci est notre avantage concurrentiel essentiel », Face à ce problème, la mutuelle a mené une campagne affirme Chris. intensive par le biais de YouTube et d’autres médias La taille relativement petite de FMG l’a néanmoins pour persuader les agriculteurs de « s’arrêter et encouragée à adopter une stratégie de croissance très soulever le capot » : soulever le capot du moteur pour déterminée. « Nous devons prendre de l’expansion, vérifier s’il y a un nid avant de mettre le contact et ce qui permettra de réduire nos coûts unitaires de faire démarrer le tracteur. Cette initiative a donné service, afin de continuer à être compétitifs à long d’excellents résultats. « Ces cinq dernières années, terme », déclare-t-il. en dépit du nombre croissant de tracteurs assurés par la mutuelle, nous avons réussi à réduire de moitié le nombre et la valeur des demandes d’indemnités pour incendie de tracteurs reçues par FMG », déclare le Développer la fidélisation de la clientèle Chris Black a pris la direction de FMG à la fin de Président Directeur Général de FMG, Chris Black. 2008 et depuis lors, il supervise une entreprise qui C’est un exemple de l’excellente capacité de FMG à a doublé de taille, en termes de revenu aussi bien comprendre son cœur de marché, les agriculteurs et que d’effectifs. La mutuelle cible en partie les petits les cultivateurs néo-zélandais. « FMG a été créée il y exploitants et les clients particuliers potentiels de la a 110 ans par des agriculteurs pour des agriculteurs. Nouvelle-Zélande rurale et provinciale qui ne sont pas A l’époque, le sentiment était que les assureurs directement impliqués dans une activité agricole, mais étrangers ne comprenaient pas vraiment les risques elle réussit aussi à développer son volume d’activités liés à l’agriculture néo-zélandaise, et que le coût de sur son cœur de marché, grâce à l’élargissement de la l’assurance était trop élevé », explique Chris. Il fait gamme de produits achetés par la clientèle existante et observer que la Nouvelle-Zélande demeure un pays l’acquisition de nouveaux clients. La solide réputation où l’agriculture occupe une place importante et de FMG a contribué à impulser ce développement. où les produits agricoles constituent sa principale « Nous nous servons comme outil principal de exportation. « L’objectif premier de FMG en tant que Net Promoter Score (NPS) pour mesurer le taux de mutuelle qui a résisté à l’épreuve du temps est recommandation par les clients. Nous avons été ravis d’« améliorer le sort de la Nouvelle-Zélande rurale », de constater qu’au cours des cinq dernières années, dit-il. notre NPS a augmenté de +11 à VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 3 LEADERSHIP +50 », explique Chris. Près d’un tiers de tous les plutôt une assurance chez l’assureur qui offre le plus nouveaux contrats l’an dernier, ajoute-t-il, étaient le bas prix tout simplement. « C’est pourquoi nous résultat de recommandations de clients existants. consacrons beaucoup d’efforts à expliquer en quoi La fidélisation de la clientèle obtient un bon score FMG est différent », commente Chris. également, avec un taux de 94 % pour l’activité La croissance de l’entreprise doit être conciliée globale et plus de 97 % parmi les agriculteurs et avec cette approche. « Un des défis auxquels sont cultivateurs. Comme le souligne Chris, étant donné confrontées de nombreuses entreprises, dont la nôtre, que le coût d’acquisition d’un nouveau client est sept est de trouver le compromis entre développer une fois supérieur à celui de la fidélisation d’un client meilleure entreprise et augmenter la taille de son existant, il est évident sur un plan commercial pour entreprise. Pour notre part, nous considérons que la une entreprise de veiller à avoir des clients satisfaits juste mesure devrait être un équilibre 50/50 entre les qui soient fidèles et engagés par rapport à sa marque. deux. Sans vouloir sacrifier la qualité de nos produits FMG cherche à atteindre ce résultat en fournissant et services, mais en même temps nous devons prendre des conseils et un service de qualité. Elle a décidé de de l’expansion. » ne pas distribuer ses produits par le biais de courtiers Avoir des clients heureux, poursuit Chris Black, est mais d’opter plutôt pour une relation directe avec les en rapport direct avec avoir des employés heureux, et clients. FMG utilise son propre modèle de distribution sa démarche, en tant que Directeur général, est basée basé sur une équipe mobile sur le terrain, constituée sur cette philosophie. « Pour réussir, une organisation de conseillers et d’évaluateurs qui travaillent à partir a besoin de leaders dans toute la hiérarchie, pas de trente bureaux répartis dans tout le pays. Ils seulement au sommet, dit-il. Je qualifierai mon style sont appuyés par un centre national de ventes et de de direction d’inclusif, c’est-à-dire que je dirige en me services qui gère les demandes de renseignements tenant à côté, comme un joueur/un entraineur, en par téléphone et courriel. « L’un des changements quelque sorte. Ma démarche consiste à consacrer du distinctifs que nous avons effectués il y a quelques temps aux grands enjeux stratégiques tout en suivant années, c’est d’établir une norme d’excellence pour dans le détail une sélection de quelques aspects, et je notre service téléphonique, à savoir laisse tout ce qui se situe entre les deux se dérouler « 99/10 ». Autrement dit, nous faisons le maximum sans intervenir. Cela implique de responsabiliser les pour répondre à 99 % de tous les appels en dix collègues pour qu’ils prennent leurs propres secondes. Les critiques ont trouvé que c’était trop décisions. » Globalement, ces décisions seront les coûteux, mais nous considérons pour notre part qu’un bonnes, déclare Chris, mais si elles sont mauvaises, bon service revient bien moins cher à fournir qu’un c’est bien aussi, du moment que les gens tirent les mauvais service », explique Chris. leçons de l’expérience pour la fois suivante. Le problème trop souvent rencontré quand on vend Cette démarche semble fonctionner. Chris Black de l’assurance, poursuit-il, est que les clients ne souligne avec fierté le fait que l’enquête annuelle comparent pas la couverture d’assurance proposée par réalisée par IBM Kenexa a classé FMG en seconde l’assureur concurrent ou les conditions mais achètent position parmi les meilleurs lieux de travail dans des L’équipe de direction de FMG : Conrad Wilkshire, Directeur général, Conseil et Assurance ; Mike Lange, Directeur général, Produits et Services; Chris Black, PDG ; Geoff Yeats, Directeur général, Services d’informations commerciales ; Andrea Brunner, Directeur général, Marketing, Distribution et Ressources humaines ; et Dave Kibblewhite, Directeur, Finance, Investissement & Risque 4 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP entreprises de grande taille en Nouvelle-Zélande ces conseil ». Et FMG, ajoute-t-il, adopte une philosophie deux dernières années. du risque qui est loin d’être unanimement partagée dans l’industrie. « Beaucoup considèrent le risque Communauté comme un élément négatif à éviter ou à atténuer. En tant que mutuelle, FMG a pour politique de Quant à nous, nous sommes d’avis que le risque donner en retour à la communauté rurale. La mutuelle constitue une part importante du résultat. En fournit un certain nombre de bourses chaque année, d’autres termes, vous ne pouvez rien réaliser sans destinées à des diplômés en agriculture ayant obtenu prendre des risques. Par conséquent, chez FMG, nous de brillants résultats et elle sponsorise également des encourageons les gens à prendre des risques calculés centaines d’événements organisés à la campagne. Elle afin d’atteindre leurs objectifs », dit-il. Ici, l’adjectif vient aussi de lancer une nouvelle initiative innovante clé est « calculé » – il implique d’avoir un programme conçue pour soutenir la santé mentale et le bien-être éducatif efficace de sensibilisation au risque. des agriculteurs et de leurs familles. Comme le fait La propre réussite professionnelle de Chris Black remarquer Chris, les agriculteurs ont tendance à avoir dans sa mission de diriger une mutuelle d’assurance des solutions pour veiller à la santé de leur bétail et prospère et rentable fait suite à une carrière où il a maintenir en bon état leur terre agricole, mais ils commencé par obtenir son diplôme d’arpenteur- ne sont parfois pas aussi déterminés quant il s’agit géomètre avant de travailler à Londres pendant de s’occuper d’eux-mêmes. L’initiative Farmstrong, quelques années chez CitiGroup et UBS Warburg programme sans but lucratif lancé en partenariat avec puis d’occuper une série de postes de direction à la la Mental Health Foundation de Nouvelle-Zélande, Bank of New Zealand et à la National Australia Bank. a son propre site web – www.farmstrong.co.nz – qui Il dit le plus grand bien de la structure de propriété propose des conseils et sponsorise également un mutuelle et de ses avantages. « Ayant eu l’occasion médecin de campagne qui se déplace dans le pays d’expérimenter dans mon travail différents modèles pour s’adresser aux agriculteurs lors d’événements d’entreprise et structures de propriété, je pense que le communautaires. « Nous pensons que Farmstrong est modèle mutuel présente le net avantage de pouvoir une initiative importante et fort utile et nous espérons adopter une perspective à long terme sur l’entreprise, qu’à terme, elle apportera des changements positifs au bénéfice des sociétaires. La capacité de contrôler pour la Nouvelle-Zélande rurale », dit Chris. son propre destin est un immense avantage. » Chris Black vit à Auckland, la plus grande ville Revenu des primes de Nouvelle-Zélande et centre de l’industrie de 250000 l’assurance, ce qui l’oblige à se déplacer régulièrement en direction du sud jusqu’à Wellington où se trouve le siège de FMG. Au début, dit-il, il faisait la navette 200000 (NZD : en milliers) chaque semaine, mais depuis quelque temps, grâce à la technologie, il a tendance à être au siège deux 150000 semaines sur trois, et à passer le reste du temps à effectuer des visites à d’autres bureaux de FMG, à traiter de questions liées à l’industrie ou à travailler à 100000 partir de chez lui. Même si cela réclame plus d’efforts pour compenser le fait de « ne pas pouvoir profiter 50000 autant qu’il le voudrait de conversations autour du distributeur de café, dit-il avec humour, il y a sans 0 2008 2009 2010 2011 2012 2013 doute beaucoup plus de temps disponible pour une 2014 réflexion sur l’entreprise, au lieu d’être immergé dedans ». Prendre des risques calculés Farmstrong est dans le droit fil de la démarche globale de FMG, de ses efforts pour travailler étroitement avec ses sociétaires, de les aider à prendre plus conscience des risques auxquels ils sont confrontés et à apprendre comment les gérer. « Nous avons entrepris il y a près Système de la santé publique néo-zélandais, ont trois enfants, dont l’aîné est âgé de 23 et le benjamin de 17 ans, qui vivent encore tous chez leurs parents. Cela contribue à une vie de famille gratifiante, et la ville d’Auckland elle-même – avec le magnifique de sept ans d’essayer de briser ce que nous appelons golfe de Hauraki et ses îles tout proches – offre un tas le cycle de l’assurance à coût majoré, dans lequel d’opportunités de relaxation en dehors du travail. Sa vous payez une prime, vous faites une demande d’indemnité, vous voyez votre prime augmenter, vous faites une autre demande d’indemnisation, etc. », déclare Chris. Alors que FMG, dit-il, a ce qu’il appelle une « stratégie d’assurance axée sur le Chris et son épouse Kate, qui travaille au sein du famille, dit Chris, aime faire du bateau en été, et luimême joue au golf et au tennis ; la musique l’intéresse également beaucoup. « Ma philosophie est que, même si l’on avance en âge, le meilleur reste toujours à venir », dit-il. VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 5 LEADERSHIP PORTRAIT DE DG : JEAN-LOUIS DAVET Tracer la voie de la mutuelle santé française MGEN Voice s’entretient avec JeanLouis Davet, qui dirige avec succès sa mutuelle santé, MGEN, à une époque de rapide mutation. 6 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP Il fut un temps où les nouvelles des et centres de santé mentale. Les adhérents et assurés à la MGEN ont accès au propre réseau de dentistes exploits de Jean-Louis Davet avaient et d’opticiens de la mutuelle. En d’autres termes, plus de chance de se trouver dans la MGEN propose une large gamme de produits d’assurance maladie et fournit des services de santé la rubrique sportive des quotidiens. directs. Nageur accompli dans sa jeunesse, Mais, comme l’explique Jean-Louis, le succès soutenu il a régulièrement participé aux du Groupe MGEN ne saurait être considéré comme automatiquement acquis. Il évoque ce qu’il appelle championnats nationaux de natation « l’intensification violente de la concurrence sur le en France pendant plus de dix ans. cœur de cible » de la MGEN. Il est également conscient L’époque de la natation de compétition est sans doute de la tendance croissante à l’individualisme dans révolue, mais Jean-Louis Davet continue à faire des la société, associée à un déclin de certaines formes vagues au niveau national dans le paysage français, à traditionnelles d’organisation collective, comme les son poste de directeur général de la grande mutuelle syndicats et les partis politiques. Qu’on le veuille ou santé française MGEN. Le système de soins de santé pas, il n’y a plus autant de personnes qui adhèrent français a connu une période de mutation sans aux principes de solidarité et d’entraide, et en précédent, et Jean-Louis (qui est à la tête de la MGEN particulier à l’idée de solidarité entre les générations. depuis 2008) a piloté sa mutuelle sans encombre « Il est évident qu’avec le renforcement de la logique durant toute cette période de transformation, en de marché de la santé et de l’esprit consumériste, veillant à ce qu’elle demeure commercialement viable disparaît l’idée qu’une protection sociale résulte mais aussi qu’elle reste fidèle à ses racines mutuelles. d’une conquête sociale qui mérite de s’engager MGEN – à l’origine « La Mutuelle Générale de pour la pérenniser. Désormais, pour un nombre d’adhérents de plus en plus important, la MGEN est l’Éducation Nationale » – a été créée en 1946, quand vue uniquement comme un assureur et non comme plus d’une centaine de sociétés mutualistes de une copropriété vecteur de lien social, de solidarité et l’enseignement locales se sont regroupées, juste au moment de la conception, après-guerre, du service de protection », affirme-t-il. national de santé universel français. Comme son nom D’autres enjeux existent également. Notamment, une le suggère, les racines de la MGEN se trouvent dans le des avancées de la médecine ces dernières années dans système d’enseignement ; sa vocation était d’aider les l’analyse de la constitution génétique, qui implique enseignants à avoir les soins de santé nécessaires sur la que potentiellement, une prime d’assurance maladie base d’un système d’entraide et de solidarité. peut être adaptée spécialement aux risques de santé Les choses ont bien changé depuis 1946 mais le particuliers à une personne – là encore, on s’éloigne Groupe de la MGEN continue à fournir une couverture maladie destinée aux enseignants, aux professeurs de choisir les meilleurs clients. Une autre avancée est domaines de la culture, de la communication et du sport. Elle gère la partie des soins de santé financée par l’État pour ces professions et elle propose également maladie (qui incluent les soins de longue durée, l’assurance vie, l’assurance invalidité, la protection des Tout cela signifie qu’au total, près de quatre millions de Français sont protégés grâce à la MGEN. La mutuelle possède et gère directement trente-six centres de soins de santé et centres médicaux et elle est copropriétaire, au sein d’un consortium, de plus de 2 500 autres centres à travers le pays – maisons de repos, centres pour les personnes âgées dépendantes médicales qui entraine une augmentation croissante la réalité du vieillissement rapide de la population. que le régime public fournit. Ces polices d’assurance Concurrence la poussée rapide de l’innovation et la technologie des coûts des soins de santé. Un autre enjeu encore est une assurance complémentaire santé, complétant ce pour tous, quels que soit leur profession. même temps que cela représente une opportunité pour des assureurs commerciaux moins scrupuleux et aux chercheurs, ainsi qu’aux professionnels des revenus et les produits de retraite) sont disponibles de l’idée de protection et de solidarité mutuelles, en Désengagement de l’État Et, pour couronner le tout, l’État se désengage en matière de fourniture d’une couverture universelle de soins de santé. En France, le coût des soins de santé a continué à s’élever ces dernières années, ce qui a entrainé un déficit colossal du budget du gouvernement alloué à la santé. Généralement, l’État couvrait auparavant près de 77 % du coût des soins de santé, 14 % étaient financés par le biais de polices d’assurance complémentaire (soit individuelle soit collective), et les ménages individuels payaient de leur poche la différence, soit environ 9 %-10 %. VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 7 LEADERSHIP Mais l’État se tourne maintenant de plus en plus choisie par les concurrents du secteur privé, celle de vers le secteur privé pour combler le déficit en l’offre d’une série de produits fortement segmentée, matière de soins de santé. Naturellement, cela offre la MGEN a néanmoins abandonné son offre d’un potentiellement de nouveaux débouchés pour les produit unique pour tous ses adhérents, avec une mutuelles santé, mais comme le fait remarquer Jean- prime basée uniquement sur le revenu des adhérents. Louis Davet, ce n’est pas forcément si intéressant que Il existe maintenant une gamme de cinq produits clés, cela pour les adhérents de la MGEN ou pour la société pour lesquels les coûts des primes sont basés en partie en général. « De ce point de vue, nous sommes un sur le revenu et en partie sur l’âge. « Cela constitue “assureur paradoxal” : nous avons toujours soutenu une rupture fondamentale avec un principe d’offre le principe d’un haut niveau de couverture par unique monolithique maintenu depuis la création de l’assurance maladie obligatoire universelle, et nous la MGEN il y a 70 ans », observe Jean-Louis Davet. Ce préférons, pour l’intérêt de nos citoyens, disposer de changement a nécessité une mise en œuvre rigoureuse moins de matière assurable. En effet, là où s’arrête ainsi qu’un ambitieux programme de changement l’AMO commence le terrain de jeu des inégalités culturel au sein de l’organisation, mais les adhérents et les tentations de segmentation excessive », dit- à la MGEN l’ont bien accueilli. « Notre assemblée il. En revanche, ajute-t-il, si le régime de base est générale a voté à plus de 90% cette évolution supprimé pour certains groupes de personnes ou majeure », ajoute Jean-Louis. certains risques de santé, la MGEN envisagerait alors Dans la foulée, une forte pénétration du marché de sérieusement d’intervenir pour proposer des produits l’assurance soins de longue durée a été observée, où la de remplacement. MGEN est devenue, quasiment du jour au lendemain, La réaction de la MGEN face à ces défis a été, sous la le leader du marché, en détenant 40 % du marché direction de Jean-Louis Davet, pluridimensionnelle. français. La MGEN a également entamé des activités à Elle a d’abord diversifié son produit d’assurance petite échelle au Portugal. « A ce jour, 15 000 citoyens maladie de base. Tout en ne suivant pas la voie portugais sont adhérents MGEN. Nous expérimentons ainsi une certaine forme de “mutualité européenne” », explique Jean-Louis. Siège de la MGEN Mutualisme 2.0 Plus important a été la décision prise par la MGEN en 2011 de s’associer avec cinq mutuelles de santé de plus petite taille pour créer un groupe mutualiste, Istya, plutôt que d’adopter une approche traditionnelle d’acquisition. Et plus important encore a été sa très récente décision de s’unir avec Harmonie Mutuelle pour créer une nouvelle mutuelle sur le marché français de la santé, décision ratifiée par les Assemblées générales de la MGEN et d’Harmonie en juillet de cette année. L’alliance stratégique avec Harmonie Mutuelle, une autre organisation fortement engagée envers le modèle mutualiste, devrait voir la création dans les tout prochains mois d’un nouveau groupe mutualiste combiné qui fournira une couverture maladie à plus de 8,2 millions de Français (près de douze millions si toutes les mutuelles santé déjà partenaires de la MGEN et d’Harmonie rejoignent elles aussi le groupe). « Nous ne cherchons pas la taille pour la satisfaction d’être gros. Harmonie et MGEN partagent la même vision de l’avenir de la protection sociale, de la santé et des services associés. En France, nous sommes les deux plus importants acteurs mutualistes du secteur », déclare Jean-Louis Davet. Ensemble, les deux mutuelles seront en mesure d’offrir le plus large réseau de centres de soins de santé sans but lucratif à travers la France, et d’investir amplement dans de nouvelles activités et des services innovants. Assurer le succès de cette restructuration majeure des mutuelles santé en France sera l’une des missions 8 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP stratégiques essentielles de Jean-Louis Davet dans les repensé de fond en comble notre système de mois à venir. Mais il a également d’autres initiatives gouvernance mutualiste de manière à renforcer cette importantes en cours. Il évoque le fait que la MGEN capacité [la réactivité et l’agilité indispensables à ce est devenu le promoteur du développement de ce qu’il contexte mouvant], tout en respectant les valeurs appelle « Mutualisme 2.0 », un modèle de mutualité essentielles de démocratie et de participation des rajeuni, en phase avec les nouvelles tendances de adhérents aux décisions », dit Jean-Louis Davet. l’économie qui se développent depuis peu, intégrant Il y a, tout bien considéré, largement de quoi l’occuper des aspects comme le travail collaboratif et l’économie dans les mois et les années à venir. Jean-Louis collaboratrice. « Nous ne pouvons être seulement continue néanmoins la natation, mais maintenant, spectateurs de la transformation de nos sociétés. pour le plaisir et pour garder la forme. Il continue Nous devons être acteurs du développement de également à jouer du saxophone ténor, pour lequel il l’entrepreneuriat social, des nouvelles économies, a développé un talent quand il était plus jeune. Dans des réseaux sociaux… pour appuyer des économies le temps, dit-il, il lui arrivait d’embarquer allégrement nouvelles en dehors d’une vision strictement à bord d’un avion en emportant son saxo et de partir libérale », déclare-t-il. Et il est vital d’amener les vers une destination en France ou dans un autre pays adhérents à la MGEN à s’engager dans toute cette pour passer une nuit à jouer dans un concert avec entreprise ! d’autres musiciens avant de reprendre un avion pour être à son bureau le lendemain matin (en remettant à plus tard le projet de dormir). Il a eu le privilège, dit-il, de pouvoir entendre en concert un bon nombre des légendes du jazz, et quand il était plus jeune, il lui arrivait de passer trois ou quatre nuits par semaine à s’imprégner des sons des clubs de jazz parisiens. Ses goûts musicaux sont cependant éclectiques : il est grand amateur de musique classique, notamment des compositeurs comme Monteverdi, Bach, Mozart, Beethoven, Chopin, Schubert et Schumann. Et aussi, il reste indéfectiblement fidèle à certains de ses groupes de rock favoris, comme les Rolling Stones, The Doors, Lou Reed et le Velvet Underground. Outre cela, il s’intéresse énormément à l’art pictural, que ce soit d’anciens maitres ou des artistes modernes comme Picasso et Bacon ; il aime aussi bien la danse classique que la danse contemporaine et il a une profonde curiosité pour les autres cultures ; on pourrait penser que Jean-Louis Davet a eu une formation en sciences humaines. Mais en fait, il est diplômé de l’École Centrale de Paris, la prestigieuse école d’ingénieurs et de commerce, et il possède un doctorat de mathématiques. Sa nomination à la tête de la MGEN a suivi une période d’activité en tant que consultant auprès d’entreprises comme Cap Gemini Engagement des adhérents et Ernst & Young, et il a occupé précédemment le La MGEN possède un héritage démocratique très poste de directeur général de la filiale française de solide, et les adhérents (environ 1,8 million) élisent les délégués des assemblées dans chaque département français et ceux de l’Assemblée générale nationale, l’entreprise allemande FESTO. Grâce à cet itinéraire professionnel, il possède une perspective unique sur les meilleures méthodes pour renforcer la très l’organe souverain qui élit à son tour le Conseil importante tradition mutuelle existant en France. d’administration. A une époque où les adhérents peuvent devenir désengagés de leurs organisations, la MGEN a continué à obtenir un taux de participation des membres aux élections de 25 %. En même temps, certaines des structures démocratiques traditionnelles, notamment les assemblées départementales, perdent de leur vitalité. La MGEN a récemment remanié son système de gouvernance, en partie pour que l’organisation puisse réagir plus rapidement à la nécessité d’un changement. « Nous avons donc VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 9 LEADERSHIP Mike Pritula : mes sept questions à l’adresse du secteur de l’assurance L’un des conférenciers invités de la Conférence biennale de l’ICMIF organisée cette année à Minneapolis est Michael S. Pritula. Mike occupe un poste de Directeur chez McKinsey & Company et il est un dirigeant principal de pratique stratégique et un associé du Bureau de New York de McKinsey, qui dessert l’industrie de l’assurance sur les questions de stratégie. Dans le cadre de son travail, il possède une expérience approfondie sur tous les régions du monde, et sa clientèle se répartit en Asie, en Amérique du Nord et en Europe. Voice lui a demandé de donner les grandes lignes de sa contribution à la Conférence. 10 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP 4. Nos marchés cibles sont-ils adéquats, L’industrie de l’assurance au stade actuel demeure aussi essentielle pour le développement de base des activités économiques qu’auparavant, et elle l’est sans que ce soit en termes de segment de doute encore plus. Elle joue le rôle de l’oxygène pour clientèle et de géographie, compte tenu la vie du commerce partout, à la fois omniprésente et de nos compétences et de nos capacités nécessaire et souvent reléguée au second plan dans ? Et dans quel sens devraient-ils le monde des services financiers. Tout comme l’air changer ? que nous respirons, elle se présente sous des formes positives et, parfois, négatives mais elle perdure parce que ceux qui participent aux activités économiques 5. Comment notre modèle opérationnel et sociales ne peuvent, bien souvent, assumer tout le changera-t-il pour prendre en compte la poids du risque inhérent à leurs activités. Les assureurs disponibilité des services de vendeurs recherchent cette lacune en matière de création de et de fournisseurs pour l’industrie de risque et cette incapacité à supporter les risques ; ils l’assurance ? Quelles activités notre font alors l’apport de capitaux pour compenser ce manque et demandent un dédommagement pour cela. société devrait-elle conserver ? Quelles C’est la volonté de la part des assurés à payer pour activités devrions-nous cesser ? combler cette lacune en matière de souscription de 6. Pourquoi fournissons-nous certains risque qui a alimenté l’industrie il y a des siècles et continue à le faire aujourd’hui. produits, et devrions-nous en proposer Ces demandes des assurés génèrent aujourd’hui à plus ou moins ? l’échelle mondiale une industrie qui a souscrit pour 2,4 milliards USD de primes d’assurance vie et primes afférentes et 1,6 milliard USD de primes d’assurance générale en 2014. L’industrie est gigantesque. 7. Disposons-nous de la technologie et avons-nous le talent nécessaire pour soutenir la concurrence sur nos marchés La concurrence entre assureurs pour ces primes n’a au cours des dix prochaines années ? jamais été aussi féroce qu’aujourd’hui. D’année en année, les assureurs sont plus compétents et aptes à Ces questions sont simples, et pourtant y répondre répondre aux besoins de leurs assurés, comme cela a efficacement nécessite de la part des équipes de toujours été le cas. Mais il semble que la technologie direction un examen approprié, la volonté de ait accéléré le rythme d’évolution de l’industrie, lequel rassembler les faits dans une situation donnée et elle ne se ralentira pas. exige d’eux de répondre honnêtement et directement à 1. Comment gèrerons-nous les données ces questions. Les assureurs mutuels et coopératifs, quels que soient internes, les données externes et les compétences spécifiques, et comment les marchés qu’ils ont choisis, doivent aborder ces questions de toute urgence : leurs concurrents non les associer pour réaliser une meilleure mutuels évoluent à un rythme très rapide et, en souscription du risque que nos particulier, ils tirent avantage de la flexibilité du capital et des innovations sur le marché. Cependant, concurrents ? les assureurs mutuels et coopératifs possèdent des 2. Comment modifierons-nous nos modèles opérationnels pour qu’ils prennent avantages par rapport à leurs pairs non mutuels : ils peuvent entretenir avec leurs assurés une relation plus profonde, plus significative que les autres en compte la rapide augmentation de assureurs ; généralement, ils sont capables d’avoir l’utilisation de la technologie numérique une vision à plus long terme de leur entreprise ; par les consommateurs et les clients et ils peuvent éviter les innombrables dépenses et distractions incontournables pour les sociétés professionnels ? d’assurance par actions. Néanmoins, les assureurs mutuels et coopératifs 3. Comment ajusterons-nous notre doivent encore chercher les réponses aux questions stratégie de gestion du capital étant énoncées ci-dessus. Ils sont confrontés à un donné les formes de plus en plus variées environnement plus difficile et plus concurrentiel de capital et de réassurance dont nous qu’auparavant, mais qui présente des avantages plus disposons ? grands qu’auparavant à condition d’agir rapidement et correctement. VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 11 LEADERSHIP Anders Sundström: Depuis deux ans, l’ICMIF commence à trouver sa voix 12 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP Anders Sundström est Président du Anders, ex-Président directeur général de Folksam, actuellement Président de la Fédération suédoise des Conseil d’administration de l’ICMIF depuis deux ans et il présidera pour la coopératives de consommation et Président du conseil d’administration de la Swedbank, se prépare à passer un moment très intense sur le podium à Minneapolis première fois la Conférence biennale de l’ICMIF en octobre prochain. C’est mais il dit qu’il est néanmoins très impatient d’écouter les débats et discussions. « Le programme, un moment approprié, dit-il, pour faire avec ses conférenciers intéressants, tables rondes et le point sur les progrès réalisés par opportunités de réseautage, s’annonce prometteur. J’espère que nous réussirons à obtenir un bon équilibre l’organisation depuis la Conférence durant la Conférence entre le besoin à long terme de changement et notre légitime impatience que les de 2013 à Cape Town et pour jauger choses commencent à se produire ici et maintenant, si la stratégie qu’il supervise est tant en ce qui concerne les changements climatiques adéquatement mise en œuvre. que d’autres enjeux sociétaux. » Anders dit qu’il est globalement satisfait des Pour l’avenir, Anders souhaite également le évolutions jusque-là. A sa nomination au poste de renforcement de la relation entre l’ICMIF et Président, il a appelé l’ICMIF à axer sa stratégie sur l’organisation européenne des assureurs mutuels deux domaines : d’une part, développer ses activités et coopératifs, AMICE. « Je vois une excellente de plaidoyer et de lobbying auprès des principales opportunité de coopération plus étroite, plus organisations internationales et sectorielles, d’autre structurée avec l’AMICE », dit-il, ajoutant que le but part veiller à ce que les membres tirent de réels est de voir la force mondiale de l’ICMIF reposer sur de avantages de leur statut de membre de l’ICMIF, par solides antennes régionales. exemple, un meilleur réseautage et un meilleur Si vous lui demandez de désigner des domaines où échange de connaissances. l’ICMIF a obtenu moins de succès ou sur lesquels « Il reste encore beaucoup à faire, mais la mise en elle a encore besoin de concentrer ses efforts, œuvre de la nouvelle stratégie a dépassé les attentes – Anders réfléchit alors soigneusement. Parfois, j’imaginais qu’il faudrait plus de temps pour arriver au dit-il, quand les assureurs coopératifs et mutuels stade actuel, affirme-t-il. Nous avons réussi à faire de sont le sujet de discussion, l’accent est uniquement grands progrès en tant que porte-parole des sociétés porté sur le modèle de gouvernance. Mais le débat coopératives et mutuelles au niveau international, et doit être élargi, suggère-t-il. « Nous ne devrions notre voix est réellement écoutée. Je pense également pas nous contenter de parler exclusivement de que nous jouissons d’une position unique, celle de gouvernance. Il vaudrait mieux décrire, du point de pouvoir intégrer notre expertise en matière de risque vue d’une partie prenante, la façon dont les sociétés dans les discussions et les initiatives en cours dans le coopératives et mutuelles d’assurance donnent en cadre de l’ONU, du G20/B20, etc. » retour à la société de multiples façons, que ce soit sous forme de demandes d’indemnisation, taxes, Mais il y a encore d’autres points sur lesquels nos rémunérations, remboursements, soutien aux efforts doivent porter. La réponse d’Anders à la question de savoir ce qu’il reste à faire à l’ICMIF par rapport à sa liste de mesures à prendre tient en deux mots : encore plus de membres. Accroitre le nombre de membres donne plus de poids à l’ICMIF pour sa tâche de plaidoyer, souligne-t-il, mais c’est également initiatives communautaires, etc. Cela est fondé sur une approche à long terme, où la viabilité constitue une partie naturelle de la fourniture d’une couverture d’assurance à un prix abordable à bon nombre de gens », dit-il. un solide indicateur du bon fonctionnement de « Toutes les organisations se doivent de constamment l’organisation et du fait qu’elle procure de réels évoluer, y compris l’ICMIF, mais telle qu’elle est avantages à ses membres. « Nous devons démontrer actuellement, c’est une organisation qui fonctionne qu’être membre de l’ICMIF confère une valeur extrêmement bien, et il est toujours agréable de ajoutée et constitue un moyen de créer un avantage travailler avec l’équipe de l’ICMIF. Mes collègues concurrentiel, dit-il. La Conférence biennale de au Conseil d’administration mettent beaucoup de Minneapolis compte parmi les participants des dévouement et de compétence dans leur tâche, et cela organisations non membres, outre les organisations contribue grandement à rendre la mienne, celle de membres, et j’espère que nous pourrons leur faire Président, stimulante », ajoute-t-il. appréhender l’utilité d’être membre de l’ICMIF – de telle façon qu’elles décident après cela de devenir membres. » VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 13 LEADERSHIP Changements climatiques : les avantages possibles pour les assureurs s’ils en relèvent les défis Le message lancé par les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental des Nations-Unies sur l’évolution du climat (GIEC) est peu réjouissant. Le GIEC a évoqué l’intensification du réchauffement climatique mondial qui accroit la probabilité d’« impacts graves, étendus et irréversibles ». La Conférence des NationsUnies sur les changements climatiques, la COP21, prévue à Paris en décembre prochain pourrait bien, selon certains, se révéler quasiment la dernière chance pour le monde de s’unir afin de contrer la menace. 14 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP Les assureurs connaissent les risques entrainés par inondations. Notre couverture est disponible pour un réchauffement rapide de la planète : inondations, les propriétaires de toute la province – pas seulement sécheresses, et autres phénomènes météorologiques ceux qui courent un faible risque d’inondation ou catastrophiques. De nombreux membres de l’ICMIF de refoulement d’égout », a précisé Kathy Bardswick, ont pris de l’avance par rapport au reste de l’industrie, Présidente et chef de la direction de Co-operators. en faisant preuve d’un engagement fort à l’égard du « Nous coopèrerons avec les clients pour les aider développement durable, notamment en prenant des à comprendre le risque de dégât des eaux à leur mesures positives pour réduire leur propre empreinte domicile, les encourager à prendre des mesures carbone. C’est une performance louable en termes préventives et leur offrir une certaine souplesse pour de responsabilité sociale – mais est-ce également leur permettre de souscrire la protection qui soit la judicieux du point de vue commercial ? plus judicieuse pour leur famille et eux-mêmes », a Selon Liz Green, Vice-présidente principale de indiqué Kathy. l’ICMIF pour les Relations extérieures, la réponse « Il existe aussi des possibilités de récompenser les est résolument affirmative. Les membres de automobilistes qui se préoccupent de l’environnement l’ICMIF qui jouent un rôle pilote en prenant des et qui essaient de réduire l’usage excessif de initiatives solides en matière de responsabilité véhicules », déclare Liz Green. Elle souligne le travail sociale et environnementale des entreprises sont entrepris par Folksam (Suède) et d’autres membres également en meilleure position par rapport à leurs de l’ICMIF pour lancer des polices d’assurance concurrents quand il s’agit de répondre aux nouvelles automobile liées directement à l’utilisation des préoccupations de leurs clients. véhicules en faisant appel à la technologie de « Naturellement, les assureurs mutuels et coopératifs surveillance télématique. Ces produits, ciblant souvent devraient être exemplaires dans leurs activités de les conducteurs débutants qui doivent normalement responsabilité sociale des entreprises. Mais il ne s’acquitter de primes d’assurance élevées, peuvent s’agit pas simplement d’être de bonnes entreprises également être intéressants pour les automobilistes citoyennes du monde. C’est également rentable en de tous âges soucieux de l’environnement, suggère termes d’opportunités commerciales. Être axé sur le Liz. « Une fois de plus, les membres de l’ICMIF sont triple résultat peut en fait améliorer le seul résultat potentiellement bien placés pour être les premiers à visé par une entreprise – le profit », déclare-t-elle. profiter de ce nouveau marché », déclare Liz. Elle cite des exemples tirés parmi les assureurs Les signes ne manquent assurément pas indiquant membres de l’ICMIF qui, dit-elle, ont fait montre qu’un nombre croissant d’investisseurs individuels d’innovation dans les produits qu’ils conçoivent. « J’ai tiennent à voir leur argent investi de manière été impressionnée d’entendre parler, lors du dernier responsable sur le plan social et environnemental. Forum des Leaders sur la Communication de l’ICMIF, Selon Novethic, le centre de recherche français sur par exemple, du travail entrepris actuellement par l’investissement socialement responsable (ISR), ces Co-operators au Canada sur la résilience aux derniers mois ont vu une rapide augmentation du inondations », explique-t-elle. désengagement du public vis-à-vis des sociétés ayant une activité dans les secteurs des énergies fossiles, la Comme évoqué dans Voice 79 (mai 2014), jusque- raison en étant une prise de conscience croissante là, l’assurance habitation classique souscrite par les propriétaires canadiens ne couvrait généralement pas le risque d’inondation des terres. L’an dernier, Cooperators a publié un rapport d’enquête sur le sujet et piliers : l’éducation, le plaidoyer (lobbying politique) et – enfin et surtout - les solutions produits. A cet égard, Co-operators a lancé en mai de cette année à Alberta un nouveau produit d’assurance – disponible pour tous les propriétaires – lequel offre pour la existante en pratiques d’investissement responsable, car ceci constitue un avantage concurrentiel. « J’ai remarqué que l’un de nos membres britanniques qui détient un solide portefeuille de produits ISR, Ecclesiastical, affirme sur une page de son site web : “Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère en matière première fois une protection complète contre les inondations. Ce produit, qui offre des incitatifs pour encourager les propriétaires à réduire la probabilité de pertes, sera disponible dans le reste du pays d’ici la fin de l’année. « En tant que coopérative, nous cherchons à répondre canadiens une meilleure protection contre les et Divest/Invest aux États-Unis. membres de l’ICMIF transforment leur bonne pratique La réponse de Co-operators se fonde sur trois évidence un besoin de fournir aux propriétaires évoque en particulier les mouvements Go Fossil Free Pour Liz Green, cela tombe sous le sens que les a lancé un appel à l’action. à des demandes non satisfaites, et il existe de toute des dangers des changements climatiques. Novethic d’investissement responsable”, et je pense qu’ils ont absolument raison. A mon avis, nous allons voir un pourcentage croissant de fonds d’investisseurs privés s’orienter dans une direction responsable sur le plan environnemental dans les toutes prochaines années. Les mutuelles et coopératives qui ont déjà une politique éthique seront bien placées pour saisir cette opportunité commerciale en pleine expansion. » VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 15 LEADERSHIP Main dans la main : Réduire les risques de catastrophe contribuera à une croissance durable – déclaration de la Conférence mondiale sur l’investissement La plantation d’arbres peut sauver des vies et préserver les moyens d’existence en réduisant les dommages entrainés par les inondations et les vents violents. Van Lyna, fillette âgée de six ans, plante un arbre dans la province de Prey Veng, au Cambodge. Photo d’Arantxa Cedillo, PNUD Cambodge La nouvelle feuille de route des Nations Unies (ONU) ne prenant pas en compte le risque et l’absence de pour gérer le risque de catastrophe – le Cadre d’action règlementation. Il est essentiel d’offrir des incitatifs de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe à l’investissement privé dans la réduction du risque adopté en mars dernier par les États membres – est en pour parvenir à un développement durable et lien direct avec la cause du développement durable atteindre les objectifs fixés dans le Cadre d’action de partout dans le monde, selon Margareta Wahlström, Sendai. » Les délégués ont également entendu Sabbir chef du Bureau des Nations Unies pour la réduction Patel, Vice-président principal, Marchés émergents, des risques de catastrophe (ONU-SIPC). « La réduction ICMIF, décrire le rôle important que peut jouer le du risque de catastrophe n’est pas qu’une question secteur coopératif et mutuel de l’assurance dans la d’ordre technique. Elle concerne véritablement réduction du risque de catastrophe. plusieurs secteurs », a-t-elle déclaré aux délégués Le message qui a émergé des discussions en amont lors d’une session sur les investissements résistants du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des aux catastrophes et le développement durable risques de catastrophe 2015-2030 est que, si le risque organisée durant la Conférence internationale sur n’est pas adéquatement identifié et appréhendé et le financement du développement à Addis Abeba que des mesures ne sont pas prises pour le réduire en juillet dernier. « Il est nécessaire de prendre des quand des décisions en matière d’investissement mesures plus ciblées pour mettre l’accent sur les sont prises, c’est le caractère durable de la croissance facteurs de risque sous-jacents tels que l’urbanisation et du développement lui-même qui sera compromis. rapide, la mauvaise gestion des terres, les politiques 16 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP Comme l’a souligné l’ONU-SIPC, les pertes économiques provoquées par les catastrophes ont régulièrement augmenté ces dernières années, phénomène exacerbé par des facteurs comme les changements climatiques et l’urbanisation déséquilibrée. L’estimation des pertes dues à des événements climatiques – séismes, tsunamis, cyclones et inondations – se situe actuellement entre 250 milliards USD et 300 milliards USD par an, et l’ONU-SIPC suggère que ce chiffre pourrait atteindre 415 milliards USD d’ici 2030. Ceci sans compter plus de 700 000 décès, et environ 1,5 milliards de vies touchées des suites de catastrophes d’origine naturelle au cours de la dernière décennie. L’assurance, et en particulier les coopératives et les assureurs mutuels, sont perçus par l’ONU-SIPC comme jouant un rôle essentiel dans la réussite de la mise en œuvre du Cadre d’action de Sendai (Voice 82). Les assureurs, du fait qu’ils possèdent des connaissances en matière de risque, peuvent contribuer à fournir des informations qui guident le comportement décisionnel ; ils peuvent contribuer à orienter vers une politique sensible au risque et ils peuvent élaborer des solutions innovantes pour minimiser le risque et développer la protection sociale. Les assureurs peuvent également, de par leur position de gestionnaires d’actifs, jouer un rôle pionnier dans l’intégration d’une compréhension du risque de catastrophe et des changements climatiques dans les décisions en matière d’investissement (voir page 18). Sabbir Patel, Vice-président principal, Marchés émergents, ICMIF, à la Conférence internationale sur le financement du développement, Addis Abeba (Éthiopie) particulier, non seulement permet aux particuliers de reconstruire en mieux mais elle leur confère aussi l’indépendance pour se protéger par eux-mêmes et ne pas être obligés de compter complètement sur l’aide publique et la charité des bailleurs de fonds », a Ce message a été fermement souligné par Sabbir Patel, ajouté Sabbir. Il a souligné l’importance particulière de l’ICMIF, dans son allocution à Addis Abeba. « Avec du secteur mutuel et coopératif de l’assurance. « Les sa capacité financière et son expertise en matière mutuelles et coopératives renforcent et formalisent la de risque, le secteur de l’assurance peut contribuer solidarité inhérente et l’aspiration à une vie meilleure fortement aux efforts visant à atteindre une résilience qui est au cœur des communautés pauvres, et de financière et à renforcer la gestion du risque, a-t-il dit s’approprier leur propre avenir », a-t-il affirmé. aux délégués. L’assurance est un vecteur de croissance économique et de développement durable, mais elle permet aussi une identification et une compréhension adéquates du risque, et elle facilite la prise de mesures appropriées pour le réduire et empêcher sa création. » La microassurance en particulier a eu un rôle important à jouer, a-t-il poursuivi : « Bâtir des communautés résistantes exige avant tout de rendre les individus et les ménages résilients. Et pour cela, il faut une vision globale plus large de tous les risques encourus par des communautés vulnérables et pas seulement des risques liés à des catastrophes. La Margareta Wahlström et Sabbir Patel ont été rejoints sur le podium par, notamment, le ministre des Finances du Mozambique, Adriano Afonso Maleiane, qui a souligné l’intérêt direct des mesures de réduction des risques dans des pays comme le sien qui sont très exposés au risque d’inondation. L’ICMIF poursuit sa collaboration étroite avec l’ONU-SIPC avec le démarrage de la mise en œuvre du Cadre d’action de Sendai, et Margareta Wahlström participera comme conférencière invitée à la Conférence biennale de l’ICMIF en octobre prochain. microassurance, ou l’assurance inclusive, a démontré qu’elle était un outil efficace pour protéger les actifs des populations pauvres contre ces risques. » « La fourniture de microassurance et, selon nous, la microassurance axée sur la communauté en VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 17 LEADERSHIP Investir mieux, investir intelligemment : Le projet d’investissement Smart Risk génère un large écho dans l’industrie Le projet d’investissement Smart Risk, initiative conjointe de l’ICMIF et de l’International Insurance Society (IIS), Secrétaire général des Nations Unies, qui est un ardent défenseur des efforts de l’industrie de l’assurance », déclare Faye. sera abordé lors d’une session de la L’investissement Smart Risk est un concept plus Conférence biennale 2015 de l’ICMIF, large que les classiques investissements socialement en octobre prochain à Minneapolis. Le Faye Lageu Nations Unies, jusque et y compris Ban Ki-moon, le concept de tirer parti de l’expertise en matière d’évaluation du risque et responsables (ISR), en raison de l’accent qui y est mis sur l’intégration des considérations de risque. Néanmoins, avec les changements climatiques fermement inscrits à l’agenda international, notamment l’annonce du G7 de l’abandon progressif de l’appliquer aux décisions relatives à de l’utilisation de tous les combustibles fossiles d’ici la la gestion d’actifs a suscité un intérêt fin de ce siècle, il n’est pas surprenant que l’attention considérable dans toute l’industrie de l’assurance. « L’investissement Smart Risk réunit deux parties du secteur des assurances qui, historiquement, n’ont pas toujours dialogué », déclare Faye Lageu, Vice-présidente, Business Intelligence, ICMIF. Mais le concept pourrait contribuer à transformer la façon dont les assureurs proposent des solutions aux risques sociaux et environnementaux croissants dans le monde. L’initiative fait suite à l’annonce conjointe de l’ICMIF et de l’IIS faite lors de la Conférence des Nations Unies (ONU) sur les changements climatiques à New York en septembre dernier. Le Directeur général de l’ICMIF, Shaun Tarbuck, s’est engagé à ce que l’industrie de l’assurance joue pleinement son rôle pour relever les se soit jusque-là concentrée essentiellement sur l’aspect environnemental. « L’investissement Smart Risk vise les facteurs de risque immédiat et urgent de changements climatiques, mais il cherche aussi de manière plus large à inclure d’autres risques environnementaux et sociaux. Il aide les compagnies d’assurance à anticiper les risques de changements règlementaires et politiques associés sans compromettre l’objectif de continuer à maximiser le rendement des placements pour l’organisation et ses clients », explique Faye. L’ICMIF prend actuellement l’initiative de constituer un comité consultatif qui aura pour tâche d’élaborer un ensemble de définitions et un cadre de travail qui fera avancer le projet d’investissement Smart Risk. Ce comité sera composé d’acteurs clés de l’industrie, dont des membres de l’ICMIF. défis des changements climatiques en doublant ses Pour Tarbuck, l’industrie de l’assurance connait investissements intelligents sur le plan climatique, actuellement « une transformation qui confirme soit de 42 milliards USD à 84 milliards USD, d’ici la capacité de l’industrie de l’assurance et sa la tenue de la Conférence des Nations Unies sur les détermination à gérer les risques associés au changements climatiques, UN COP21, en décembre changement social et environnemental. Cela prochain à Paris, et en les augmentant encore par la entrainera de meilleurs résultats commerciaux et un suite pour atteindre 420 milliards USD à la fin de la meilleur avenir en perspective ». décennie. « Le projet fait actuellement l’objet d’un examen attentif et teinté d’espoir, de la part des 18 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP L’assureur coopératif britannique consolide sa position financière La branche assurance générale du géant Co-operative Group (RU) a renforcé sa position financière et sa capacité à développer ses activités avec une émission d’obligations couronnée de succès d’une valeur de 70 millions GBP (109 millions USD), placée sur les marchés commerciaux. CIS General Insurance Ltd, qui opère sous le nom de Co-operative Insurance, utilisera le produit généré par l’émission d’obligations pour financer un programme d’investissement en rapport avec l’objectif stratégique de devenir l’assureur préféré des huit millions de clients du marché de détail du Co-operative Group. « Cette levée de fonds marque une étape importante pour Co-operative Insurance, déclare Mark Summerfield, Directeur général. Nous avons une stratégie prometteuse pour faire aller de l’avant notre entreprise, axée sur notre objectif qui est de devenir l’assureur incontournable pour les sociétaires du Groupe. Cela nous donne les moyens d’exploiter nos avantages concurrentiels en nous concentrant plus sur nos sociétaires et leurs besoins en assurance. » Mark Summerfield La consolidation de la position de Co-operative Insurance fait suite à une période de turbulences pour Co-operative Group, qui a dû vendre l’an dernier la majorité de ses actions dans sa filiale bancaire ainsi que se dessaisir d’autres branches d’activités autres que la vente d’assurance au détail, notamment agricole et pharmaceutique. L’émission réussie d’une obligation subordonnée Tier 2 à taux fixe est un autre exemple de la façon dont les coopératives peuvent, en cas de nécessité, lever des fonds des marchés de capitaux tout en conservant leur structure coopérative. Le capital des coopératives Le rapport Survey of Cooperative Capital (Enquête sur le capital des coopératives), commandé par l’Alliance coopérative internationale (ACI) et rédigé par Michael Andrews, est disponible sur le site web de l’ACI, http://ica.coop/es/node/11170 VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 19 LEADERSHIP L’avenir est mutuel en Scandinavie avec la transformation de Skandia en une société détenue par ses membres L’intérieur du siège de Skandia, Stockholm, Suède 20 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP Un virage spectaculaire vers la mutualisation de l’assurance et des services financiers se déroule en Scandinavie. Skandia, un des noms les plus historiques dans le domaine de l’assurance en Suède, a achevé sa transformation juridique en une mutuelle entièrement détenue par ses sociétaires. Entre-temps en Finlande, Pohjola, une importante société d’assurance générale, de banque et de gestion d’actifs qui était auparavant cotée en Bourse a été retirée de la cote et elle est maintenant devenue une société entièrement coopérative. La décision de Skandia de devenir une mutuelle fait suite au rachat réussi des activités scandinaves de Skandia en 2012 auprès d’Old Mutual, le groupe de services financiers basé en Afrique du Sud qui avait acquis Skandia en 2005 (acquisition qui avait soulevé la controverse). Old Mutual (qui, en dépit de son nom, est une société non mutuelle et inscrite à la Bourse de Londres) a conservé les activités de Skandia en dehors de la Scandinavie, et les a maintenant rebaptisées de son propre nom. Une succursale d’OP-Pohjola Skandia, la société privilégie la durabilité et l’équité plutôt que le rendement à court terme des ventes, et elle est très attachée à ce que Skandia a été créée à Stockholm en 1855 et elle est inscrite à la ses bénéfices récompensent ses assurés de longue date. Bourse de Stockholm depuis 1863. Au cours des années 1960, Skandia Tandis que le processus de mutualisation de Skandia suscitait un a fait l’acquisition de Thule Life Insurance Company, qui a été renommée Skandia Liv. Skandia Liv était une société de distribution à responsabilité limitée, à but non lucratif et opérée sur une base mutuelle. En 2012, Skandia Liv a acquis le groupe Skandia auprès de son ancien propriétaire, Old Mutual. Une nouvelle société mutuelle d’assurance vie a été créée, Skandia Öms, qui a acquis l’entreprise auprès de Skandia Liv, à la suite de quoi Skandia Liv a été intégrée à Skandia Öms. L’opération s’est achevée en janvier 2014. Skandia Öms est détenue par ses clients, au nombre de 1,4 million, lesquels ont le droit de voter pour élire le Conseil représentatif des sociétaires et d’assister aux assemblées générales annuelles. L’expérience acquise par Skandia durant le processus de mutualisation est susceptible de présenter un intérêt considérable en cas d’autres processus de mutualisation ou de remutualisation similaires. Le processus a impliqué la création à titre provisoire d’une Fondation (la Thule Foundation) qui a été pendant un court moment propriétaire de l’entreprise. Les activités de Skandia dans les pays nordiques ont été rachetées auprès d’Old Mutual pour un montant de 22,5 milliards SEK (2,6 milliards USD). intérêt considérable en Suède, le groupe financier Pohjola en Finlande se retirait de la Bourse d’Helsinki, suite à une décision prise par le groupe coopératif bancaire OP-Pohjola de faire une offre d’achat visant les actions dans Pohjola détenues par des investisseurs extérieurs. Au moment de l’offre, annoncée en février de l’année dernière, OP-Pohjola détenait 37 % des actions cotées même si cette participation leur conférait 61 % de droits de vote. Selon OP, le groupe souhaitait abandonner le modèle hybride d’une institution financière cotée en Bourse, dont la structure n’était que partiellement coopérative et transformer la structure de l’entreprise pour qu’elle soit entièrement coopérative. Ce changement, qui impliquait un prix de l’offre près de 18 % supérieur au cours de clôture au moment de l’offre, a été accueilli avec enthousiasme par les marchés financiers et l’acquisition a été finalisée à la fin de l’année dernière. Pohjola, assureur opérant à l’origine en tant que société cotée depuis 1912, fournit des services bancaires à ses clients (soit des moyennes ou grandes entreprises soit des particuliers), possède une branche gestion des actifs importante et propose également de l’assurance générale. La société fournit La seconde AGA de la nouvelle mutuelle s’est tenue en mai dernier des services de banque centrale pour les quelque 180 banques et avait à son ordre du jour l’élection des membres du Conseil coopératives locales qui, ensemble, constituent la coopérative représentatif, l’organe qui exerce officiellement la fonction de centrale OP. propriété de la société et qui nomme le Conseil d’administration. La décision de Pohjola de se retirer de la cote a été suivie par une Deux cent candidats se sont présentés, parmi lesquels quatorze ont été sélectionnés par un Comité de nomination et ont constitué une liste restreinte de candidats pour les sept sièges disponibles. Les quatorze noms sur les bulletins de vote ont été choisis pour représenter l’éventail complet des clients de Skandia et pour offrir les compétences nécessaires pour ce poste. De nouvelles élections auront lieu l’année prochaine quand le Conseil représentatif atteindra son effectif complet de 21 membres, et que les dispositions provisoires impliquant des candidats de la Thule Foundation arriveront à leur terme. Skandia obtient de bons résultats dans son nouveau rôle mutuel, et elle a d’ailleurs dû en décembre dernier imposer des limites temporaires à l’épargne annuelle maximale dans des polices d’assurance mixte et d’autres polices pour décourager les investissements spéculatifs. Selon Bengt-Åke Fagerman, DG de décision de renommer l’ensemble du groupe du nom d’OP. Un retrait séparé de la cote est actuellement en cours pour la grande banque coopérative de la région d’Helsinki, qui est cotée en Bourse séparément depuis les années 1990, par un caprice de l’histoire. En 2016, cette banque, Helsinki OP, sera intégrée dans la famille coopérative OP. D’après le DG d’OP, Reijo Karhinen, l’initiative de retirer Pohjola de la cote ramène le groupe à ses racines coopératives. Ce changement a été encouragé par une règlementation plus stricte du secteur bancaire, lequel a imposé un contrôle plus strict de la gestion de la banque. Sans le retrait de la cote, a-t-il fait valoir, il est fort probable que l’ensemble du groupe OP-Pohjola aurait tôt ou tard fini par être lui-même une entreprise cotée en Bourse. Le retrait de la Bourse renforce les racines et le caractère fortement finlandais d’OP, affirme-t-il. VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 21 LEADERSHIP Mouvement Desjardins: Adhérer aux changements technologiques en mode coopératif Monique F. Leroux s’adressant aux participants du Sommet international des Coopératives de 2014 Les premiers à adopter l’Apple Watch, la montre durant toute la période où elle a dirigé le groupe hyper-médiatisée, peuvent l’utiliser pour avoir l’heure, financier coopératif basé au Québec. Consciente de envoyer des messages à des amis ou savoir quels sont la manière dont la technologie change le secteur de les films au programme dans les cinémas de leur ville. l’assurance et des services financiers, notamment Mais, s’ils sont clients de l’organisation membre de en drainant la concurrence potentielle de nouveaux l’ICMIF, le Mouvement Desjardins, premier groupe acteurs tels PayPal et Google n’appartenant pas au financier coopératif du Canada et le cinquième plus secteur financier traditionnel, elle a fait de ce thème grand dans le monde, ils peuvent également s’en servir l’un de ses axes prioritaires. L’innovation constante, pour connaitre le solde de leur compte à la caisse dit-elle, est nécessaire aux coopératives pour demeurer populaire ou bien virer des liquidités excédentaires sur pertinentes face à leurs membres. « De nos jours, il un compte à intérêt élevé. ne suffit pas d’avoir une bonne idée, encore faut-il Le logo de Desjardins est affiché sur l’écran de l’Apple rapidement la concrétiser », prévient-elle. Watch, prêt à être utilisé pour appeler l’application Le désir de promouvoir une culture de l’innovation au mobile qui y est intégrée. C’est un exemple de la façon sein de Desjardins s’est traduit par le lancement d’une dont Desjardins veille très consciemment à rester à la large sélection de nouveaux produits et services ces pointe de l’innovation technologique. dernières années. En 2011, par exemple, Desjardins « La technologie est en train de transformer notre est devenu le premier assureur au Canada à lancer façon d’apprendre, d’acheter, d’entretenir des relations un programme mobile d’assistance voyage. En 2013, sociales, a déclaré Monique Leroux, Présidente du le groupe a une nouvelle fois pris une avance sur Conseil d’administration et Présidente et Chef de la les autres concurrents en proposant aux clients direction du Mouvement Desjardins, à son auditoire Ajusto, une police d’assurance automobile basée lors de l’Assemblée générale annuelle de la coopérative sur la télématique. Depuis mars 2015, l’application qui s’est tenue en mars dernier à Montréal. Ajusto dispense d’installer un dispositif télématique L’innovation technologique fait maintenant partie permanent dans le véhicule qui est conduit. En intégrante de notre quotidien », a-t-elle ajouté. 2014, Desjardins a lancé Hop-Ép@rgne, la première Pour Monique Leroux, la nécessité pour Desjardins d’adhérer à l’innovation a été un solide fil conducteur application mobile d’épargne instantanée au Canada. Comme il se doit pour une coopérative, Desjardins a adopté une approche très fortement collaborative dans son désir de créer une culture de l’innovation. En septembre dernier, lors de son 22e congrès annuel, près de 2 000 délégués ont eu l’opportunité de discuter des façons dont le Mouvement Desjardins continuera à être à la pointe de l’innovation. Près de 4 000 employés ont rejoint le réseau excentriQ, plateforme collaborative en ligne qui permet au personnel de se rencontrer pour discuter d’idées et concevoir des solutions créatives. C’est l’une des nombreuses initiatives récentes, comme également la création en 2011 du Groupe Technologies Desjardins, une unité spécialisée qui fournit l’expertise technologique à tous les composantes du Mouvement Desjardins. Plus récemment, Desjardins a mis en place son initiative I3D, basée sur le célèbre programme i3 du Filene Research Institute (Idées, Innovation, Implémentation). Au début de l’année, Monique Leroux a également annoncé le projet de 22 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 LEADERSHIP Employés de Desjardins en action au cours d’une session I3D ce qu’elle appelle le Laboratoire d’innovation de transformation auxquels ils font face. Conjointement Desjardins. « Nos experts, nos employés passionnés et organisée par le Mouvement Desjardins et l’Alliance nos partenaires pourront ainsi travailler à concevoir coopérative internationale, la troisième édition du des prototypes. Ils pourront également explorer les Sommet promet d’être, une fois encore, un événement technologies les plus avancées, dans un espace de à ne pas manquer. collaboration et de coopération multidisciplinaire, stimulant et performant », a-t-elle annoncé à Faits saillants du deuxième trimestre l’auditoire de l’Assemblée générale. L’idée qu’il existe, ou qu’il devrait exister, une affinité naturelle entre les principes traditionnels de coopération et l’approche collaborative vis-à-vis des changements technologiques qui se manifestent dans des aspects comme les logiciels open source a déjà • Hausse significative de CAD 183 des excédents, qui atteignent CAD 629 • Très bonne performance des secteurs d’assurance, dont les excédents sont en hausse de CAD 194 été exprimée par plusieurs auteurs du mouvement • Rendement des capitaux propres de 11,4 % coopératif ces dernières années. Desjardins a clairement l’intention de mettre la théorie en pratique. • Croissance de 8,9 % des revenus d’exploitation « Tout en demeurant ce que nous sommes, un • Actif de CAD 250,9 groupe financier coopératif avec des valeurs de • Ratio de fonds propres de la catégorie 1A de 16,0 % coopération fortes, nous faisons le choix d’innover. De devenir encore plus performants pour toujours mieux répondre, de façon efficace, aux besoins de nos membres et clients. Ceux d’aujourd’hui, mais aussi ceux de demain », a dit Monique Leroux. La prochaine édition du Sommet international des Coopératives qui se tiendra à Québec en octobre 2016, • Considéré, pour une deuxième année consécutive, comme l’institution financière la plus solide en Amérique du Nord, selon le classement des World’s Strongest Banks, de Bloomberg. sur le thème Coopératives : le pouvoir d’agir, constituera pour les coopératives et mutuelles une formidable opportunité de relever les défis en termes de VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 23 INFLUENCE Qu’y a-t-il au programme de l’OCDE pour l’assurance Le siège de l’OCDE, Paris, France 24 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 INFLUENCE L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) joue un rôle important dans l’élaboration du programme mondial sur les questions financières et en particulier – par le biais de son Comité des assurances et des pensions privées – sur les thèmes clés touchant le secteur de l’assurance. Timothy Bishop, Chef de Division, Division des affaires financières, Direction des affaires financières et des entreprises à l’OCDE, explique à Voice certains aspects de la vision actuelle de l’OCDE. Q. Comment percevez-vous la contribution de l’assurance à la croissance et à la stabilité ? Timothy Bishop de l’OCDE pour les questions de protection des assurés. Dans le cadre d’un projet plus large sur les rentes, un bref rapport sera élaboré, qui portera sur les questions de protection des consommateurs R : Les marchés et les institutions de l’assurance font partie des en matière de rentes. En outre, le Comité envisage de produire un principaux piliers des systèmes financiers modernes, jouant un rôle rapport sur les conseils financiers et l’intermédiation financière, et/ou essentiel dans l’atténuation des risques dans l’économie et dans les questions de conduite sur le marché basée sur les produits. la contribution à la mobilisation de l’épargne et la canalisation des investissements. L’OCDE a cherché à mieux comprendre le mécanisme de la contribution du secteur de l’assurance à la croissance et la stabilité économiques. Q. De quelle manière l’OCDE contribue-t-il à la protection des assurés ? Q. Vous évoquez la révision récente des Lignes directrices de l’OECD sur la gouvernance des assureurs ? Quel résultat peut-on anticiper ? R: En mai 2011, le Conseil de l’OCDE a adopté les Lignes directrices révisées de l’OCDE sur la gouvernance des assureurs, en se fondant sur l’original, Recommandations de l’OCDE relatives aux lignes directrices sur R : L’OCDE est un ardent promoteur de la protection financière la gouvernance des assureurs (2005). Les lignes directrices révisées ont des consommateurs et a élaboré les Principes de haut niveau du G20/ pris en considération les enseignements tirés de la crise financière, OCDE sur la protection financière des consommateurs, conçus pour insistant notamment sur l’impératif que constitue la mise en place être applicables aux différentes parties du secteur financier. En ce d’un conseil possédant le leadership, l’expertise et l’autonomie de qui concerne l’assurance, l’OCDE a réalisé au fil des ans un certain décision voulus, et également de systèmes efficaces de gestion des nombre de documents portant sur la protection des assurés. risques et de contrôle interne ; et au sein de l’entreprise d’assurance, Par exemple, les Recommandations sur les bonnes pratiques pour la gestion des sinistres de l’OCDE abordent chaque étape de la procédure de gestion des sinistres considérée comme particulièrement importante pour les assurés. Plus récemment, l’OCDE a publié un rapport sur les régimes de protection des assurés qui analyse les avantages de l’institution d’un régime de protection des assurés et les caractéristiques appropriées de la conception de ce type de régime. les recommandations visent la nécessité d’un dispositif intégré de reporting, de mécanismes de rémunération viables et de structures de groupe parfaitement comprises. Les Lignes directrices peuvent avoir un rôle particulièrement important à jouer dans le développement des marchés de l’assurance qui élaborent des pratiques de bonne gouvernance. La révision des Lignes directrices a principalement lieu pour évaluer la mise en œuvre des Lignes directrices, mais elle inclut aussi un exposé des efforts réalisés par les pouvoirs publics et l’industrie En termes de travail prévu, le Comité des assurances et des pour renforcer la gouvernance des assureurs et l’énumération des pensions privées de l’OCDE (CAPP), l’organe qui fait progresser les améliorations possibles à apporter aux Lignes directrices pour être en travaux dans le domaine de l’assurance, envisage de faire avancer phase avec l’évolution des pratiques du marché et de l’orientation des le dossier portant sur les questions de conduite sur le marché. La marchés. Cette révision prendra également en compte les récentes récente révision par le Comité des Lignes directrices de l’OCDE sur la révisions des Principes de gouvernement d’entreprise de l’OCDE. gouvernance des assureurs met en relief l’intérêt soutenu au sein des pays VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 25 INFLUENCE Q: Existe-t-il un lien entre les travaux de l’OCDE sur l’assurance et la prochaine Conférence COP21 de Paris en décembre? seraient probablement en bonne position pour déterminer quels types de risques les sociétaires souhaiteraient prendre pour mieux se protéger du risque assuré, et pour proposer des options qui correspondent à la demande des sociétaires en matière de R: La COP21 fournira à l’OCDE l’opportunité de présenter les travaux transfert de risque. Les produits mutuels en particulier pourraient de la Division des affaires financières en termes de financement de être intéressants pour les consommateurs en quête de produits la lutte contre les changements climatiques et de financement des d’assurance qui incarnent certains principes, comme les produits risques de catastrophe. La Division est bien placée pour contribuer proposés par les assureurs mutuels qui réalisent des investissements aux débats relatifs à la façon dont les instruments financiers responsables au plan éthique, social et environnemental. pourraient aider à gérer les impacts financiers des catastrophes liées aux changements climatiques. La gouvernance est également une composante que les assureurs mutuels et coopératifs pourraient prendre en compte. La crise L’OCDE participe, par le biais de la Présidence française, aux financière a mis en évidence le problème que pose l’existence discussions de la COP sur le rôle de l’assurance dans le processus d’institutions financières mues par des motivations de profit à de transition vers une économie à faible production de carbone et court terme. Les assureurs mutuels et coopératifs ont un modèle dans le traitement des impacts des changements climatiques, et elle d’entreprise qui leur permet de viser des objectifs à long terme. prévoit d’organiser une manifestation parallèle durant la COP21 pour discuter des questions afférentes. Q. A eux tous, les assureurs détiennent près d’un tiers de tous les avoirs gérés par des fonds institutionnels. Comment ces fonds peuvent-ils soutenir de manière plus optimale les investissements à long terme dans les infrastructures et les investissements « verts » ? Les assureurs mutuels et coopératifs sont soumis à des exigences différentes, du fait que ce sont des entreprises non cotées. Il est possible que les assureurs mutuels et coopératifs aient de meilleures normes de divulgation de sorte que leur modèle d’entreprise offre les avantages mentionnés ci-dessus et garantisse à leurs sociétaires la transparence concernant leur gouvernance et leurs activités. R: Traditionnellement, les investisseurs institutionnels ont été Q. Quel est le rôle de l’OCDE dans les discussions au niveau mondial sur la règlementation ? considérés comme des sources de capitaux à long terme avec des R: Le rôle principal de l’OCDE dans les discussions au niveau portefeuilles de placements reposant sur les deux principales mondial sur la règlementation consiste en l’analyse des questions catégories d’actifs (obligations et actions) et un horizon de placement hautement prioritaires et l’identification des bonnes pratiques et des en rapport avec la nature souvent à long terme de leur passif. principes afférents qui peuvent soutenir les efforts en matière de réformes. Ces dernières années, l’OCDE a fourni des analyses sur les Dans la conjoncture actuelle de faibles rendements, on note un intérêt accru pour ce qu’on appelle les actifs alternatifs, lesquels, bien que souvent moins liquides que les titres traditionnels, pourraient produire des rendements accrus. Les assureurs vie, avec leur passif à long terme, sont peut-être en meilleure position pour investir dans des actifs à long terme, comme l’infrastructure. Cependant, tout investissement de ce type devrait être basé sur une évaluation rigoureuse des risques dans un cadre efficace de gestion actif-passif. En outre, il pourrait y avoir des possibilités de partenariats avec des institutions financières sans doute mieux placées pour comprendre les risques inhérents à des actifs à long terme et potentiellement complexes comme l’infrastructure. Bien que les technologies vertes présentent des risques potentiels assez élevés, l’OCDE cherche à déterminer de quelle manière le financement des investissements verts pourrait être soutenu par les investisseurs institutionnels et parmi eux, les assureurs. Q: Les assureurs mutuels et coopératifs ont-ils un rôle particulier à jouer ? R: Les assureurs mutuels et coopératifs jouent un rôle important, celui de fournir les services qui servent les intérêts de leurs sociétaires. En particulier, les assureurs mutuels et coopératifs 26 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 réformes structurelles du secteur bancaire, les garanties bancaires implicites, le financement à long terme des investissements, le financement des PME et la règlementation des placements. Ce travail pourrait avoir une incidence directe sur les initiatives en matière de règlementation au niveau national, régional et international mais le rôle de l’OCDE est complémentaire à cet égard, excepté dans les domaines où elle peut avoir un leadership reconnu, comme par exemple dans les régimes de retraite privés, la protection financière des consommateurs et l’éducation financière. L’OCDE reconnait le rôle du Conseil de stabilité financière (FSB) et de certains organismes de normalisation pour faire progresser les grandes questions internationales liées au contrôle. Cet article est une version abrégée des réponses fournies par Tim Bishop pour publication dans Voice. Pour lire l’article complet, veuillez visiter la section Affaires publiques du site web de l’ICMIF : www.icmif.org/influence/public-affairs INFLUENCE La voix de l’ICMIF se fait entendre au sein du groupe de travail international sur l’assurance La voix mutuelle commence à se faire davantage entendre dans certains des documents de référence en cours d’élaboration pour le sommet du G20 et le Sommet parallèle Business 20 (B20), qui se dérouleront en Turquie en novembre prochain. L’ICMIF elle-même collabore au sein du groupe de travail sur l’assurance avec les entreprises membres de la Fédération, Desjardins (Canada) et Thrivent Financial (E.-U.) ainsi qu’avec trois organisations bancaires coopératives. « L’un de nos objectifs a été de veiller à ce que le modèle d’assurance mutuelle et l’ICMIF, Shaun Tarbuck. La réunion du groupe de travail du B20 sur le financement de la croissance à Paris en mai 2015. Deuxième à partir de la droite, Shaun Tarbuck, Directeur général, ICMIF et à l’extrême droite, Teresa Rasmussen, Vice-présidente principale, avocatconseil et secrétaire, Thrivent Financial (États-Unis) A titre d’exemple d’un aspect où la participation a fortement mis en avant par l’ICMIF et ses alliés au sein porté ses fruits, Shaun cite la reconnaissance dans du groupe de travail. l’un des rapports du B20 du rôle que le microtakaful « Pour obtenir les résultats que nous souhaitons dans (microassurance conforme à la Charia) peut jouer les sommets internationaux classiques, il faut travailler pour limiter le risque et l’incertitude auxquels sont dur en amont lors des séances de rédaction dans les confrontées les petites entreprises. L’ICMIF a établi coulisses, explique Shaun. Jusqu’à récemment, la une étroite relation de travail avec les nombreux voix coopérative et mutuelle était presque totalement prestataires de takaful et de microtakaful, dont absente des débats du B20 et du G20. Nous avons plusieurs sont devenus des organisations membres de travaillé d’arrache-pied ces derniers temps pour l’ICMIF. remédier à cette lacune, et il est encourageant de Une recommandation qui sera également valable l’an voir que nos efforts commencent à être payants. Le prochain, quand la Chine accueillera le G20 et le B20, niveau de connaissance et d’appréhension du modèle celle d’entreprendre des travaux sur l’importance d’entreprise coopératif et mutuel est bien plus élevé des secteurs de l’assurance et des fonds de pension aujourd’hui parmi les décideurs et les stratèges. » pour le financement d’entreprises, et sur les normes Les membres de l’ICMIF qui souhaitent de plus amples informations sur le détail des travaux entrepris lors des forums du B20 sont invités à contacter Shaun Tarbuck, [email protected] coopérative ne disparaisse pas dans ces importants documents politiques par manque d’une voix mutuelle au sein des groupes de travail », explique le DG de internationales de fonds propres pour le secteur de l’assurance, sur la nécessité d’accroitre la sensibilisation au risque et aux solutions d’atténuation des risques et de regroupement des risques pour y faire face, et sur les moyens de mettre en œuvre les accords internationaux sur le risque de catastrophes, le développement durable et les changements climatiques. Ces thèmes ont été VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 27 NETWORKING Participation confirmée d’autres conférenciers à la Conférence de Minneapolis Monica Woodley, Directrice éditoriale de l’Intelligence Unit du Groupe The Economist et auteur de plusieurs rapports de recherche sur l’assurance et le secteur des services financiers, est le plus récent ajout à la liste des conférenciers qui participeront à la Conférence biennale de l’ICMIF en octobre prochain à Minneapolis. Avant de rejoindre le groupe The Economist, Monica était une journaliste financière spécialisée dans la gestion des fortunes et des actifs au Financial Times et à Euromoney. Elle possède une maitrise en politique de l’université Georgetown et détient le diplôme du Certificat en programmation financière. Son nom vient s’ajouter à la longue liste des conférenciers prévus à la Conférence ; vous trouverez les détails complets sur le site web dédié à la Conférence. Parmi les autres conférenciers invités renommés figurent Margareta Wahlström (Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la réduction des risques de catastrophes), Holly Ransom (Directrice, HRE Global), Mike Pritula (Directeur, McKinsey and Company), Rowan Douglas (Président, Willis Research Network) et Marc Gordon (Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes). « Nous sommes également en train de conclure des accords avec plusieurs autres conférenciers. Tel que le programme se présente actuellement, il annonce d’ores et déjà que cette Conférence sera l’une des plus animées et stimulantes que nous ayons jamais organisée », affirme le DG de l’ICMIF, Shaun Tarbuck. Le site web de la Conférence fournit également toutes les informations pratiques sur les dispositions relatives au voyage et sur l’hébergement pour la manifestation. Pour de plus amples informations sur la Conférence, veuillez visiter la page : http://conferences.icmif.org/minneapolis2015 28 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 NETWORKING Lancement à Minneapolis : un nouveau programme de l’ICMIF pour faciliter les détachements entre organisations membres Un programme destiné à aider les employés des entreprises membres de l’ICMIF à organiser des détachements de courte durée auprès d’autres sociétés de l’ICMIF sera lancé lors de la Conférence de Minneapolis en octobre. Cette idée présente potentiellement des avantages à la fois pour les personnes détachées et, en facilitant pour les deux entreprises membres concernées. Daisuke Yokomizu avec Bill McKinney, Viceprésident, Stratégie & Gestion du développement à long terme, Thrivent Financial (États-Unis) Mike Ashurst, Vice-président, ICMIF (Réassurance Association (JCIA) et Thrivent Financial (E.-U.). En et Perfectionnement professionnel) indique qu’un effet, Daisuke, qui a entamé en juin dernier sa période certain nombre d’entreprises ont déjà manifesté leur de détachement auprès de Thrivent, la poursuivra intérêt pour ce programme, et certains candidats dans cette fraternité (société de secours mutuel) basée potentiels à des détachements ont déjà été identifiés. à Minneapolis jusqu’en novembre 2016. « Du fait que la plupart des organisations membres « J’espère acquérir une connaissance approfondie de de l’ICMIF opèrent au niveau national, elles n‘ont l’approche de l’engagement envers la communauté, normalement pas l’opportunité dont jouissent leurs ses sociétaires et le gouvernement pratiquée par concurrentes multinationales d’envoyer des employés Thrivent », déclare-t-il. Il évoque les traits communs prometteurs dans un autre pays, pour bénéficier de aux assureurs coopératifs japonais et aux fraternités l’expérience de vie et du développement de carrière américaines, notamment l’idée d’une fourniture que cela offre. Le programme international de d’assurance fondée sur le statut de sociétaire et les détachement offre potentiellement cette possibilité mesures fiscales particulières qui s’y appliquent, et il aux membres de l’CMIF », déclare Mike. mentionne également avoir été frappé par la méthode Le rôle de l’ICMIF dans ce programme, ajoute-t-il, efficace de Thrivent pour faire connaître ses activités sera celui de médiateur et de « marieuse », détenant et raconter son histoire – enseignements qu’il espère les informations sur les opportunités potentielles pouvoir emporter avec lui en rentrant au Japon. de détachement et sur les employés éventuellement Daisuke espère, dit-il, que son expérience en à détacher. Le programme prévoyait à l’origine des encouragera d’autres à envisager sérieusement l’idée déplacements d’une durée de trois à six mois, mais d’un détachement entre organisations membres. les commentaires recueillis semblent indiquer que Des informations plus détaillées sur le programme certains détachements de personnel pourraient être international de détachement seront communiquées pour de plus courtes périodes. Dans certains cas, des lors d’une des sessions parallèles le second jour de la détachements de plus longue durée seraient également Conférence biennale de l’ICMIF à Minneapolis en opportuns. Les échanges directs de personnel en octobre prochain. Pour de plus amples informations, détachement entre deux entreprises sont une autre veuillez contacter Mike Ashurst, Vice-président, option envisageable. Réassurance et Leadership à l’adresse [email protected] l’échange informel d’informations entre sociétés, Daisuke Yokomizu a déjà découvert les avantages d’un détachement de ce dernier type, grâce à un accord bilatéral entre la Japanese Cooperative Insurance VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 29 ARTICLES DE FOND PAR DES INVITÉS par Jonathan L. Schwartz et Michael A. Hamilton de Goldberg Segalla LLP Surabondance d’accessoires : l’impact de la technologie prêt-àporter sur l’industrie de l’assurance Selon un récent rapport de PricewaterhouseCoopers, un Américain sur cinq possède actuellement un dispositif portable et un une récente enquête sur la productivité en milieu de travail a révélé que 58 % des employés sondés (et 66 % de la Génération Y) accepteraient d’utiliser la technologie prêt-à-porter si cela les aidait à travailler plus efficacement. sur dix en porte un quotidiennement. Se fondant La croissance du marché des produits portables a des implications sur le taux rapide d’intégration des « portables » importantes pour l’industrie de l’assurance. En fait, une enquête dans le tissu social, Forbes a appelé l’année 2014 « L’Année de la Technologie prêt-à-porter ». Les dispositifs portables sont un sous-ensemble de l’« Internet des objets » et sont définis comme des accessoires dans lesquels sont intégrés des micro-capteurs et qui peuvent être portés sur soi ou transportés, et sont connectés pour fournir en permanence des mesures et une surveillance. On y trouve les bracelets de remise en forme (Fitbit), les montres « intelligentes » (Apple Watch), les lunettes intelligentes (Google Glass), les vêtements « intelligents », les caméras portables et bien d’autres. Grâce au boom des Smartphones et aux avancées dans le domaine du « cloud computing », les prix des microcapteurs ont baissé et leur taille s’est réduite par rapport à l’époque de la mise sur le marché par Pulsar de sa première montre calculatrice en 1975, ou par Bluetooth de la première oreillette en 2000 et par GoPro sa caméra en 2004. Et la technologie des micro-capteurs continuera sa progression exponentielle – dans les prochains cinq à dix ans, le nombre de biens de consommation capables d’intégrer cette technologie sera incroyable. Selon l’estimation des experts, le marché mondial des dispositifs portables devrait connaitre une croissance de 250 %, soit d’un montant de 12,6 milliards USD d’ici 2018. Ce chiffre pourrait même être une estimation assez prudente, du fait que les dispositifs portables sont déjà très populaires parmi la génération Y et deviennent de plus en plus à la mode et abordables. En plus de l’usage personnel, le marché des entreprises clientes devrait connaitre une remarquable croissance au cours des cinq prochaines années. Comme preuve que les produits portables deviendront inéluctablement aussi essentiels sur le lieu de travail que le sont les ordinateurs aujourd’hui, 30 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 d’Accenture auprès de 200 cadres supérieurs de sociétés d’assurance (de multiples branches d’assurance) a montré que 63 % des personnes enquêtées s’attendent à ce que la technologie prêt-à-porter sera largement adoptée par l’industrie de l’assurance dans les deux prochaines années. Par exemple, les produits portables présentent de grands avantages en termes d’examen et de traitement des demandes d’indemnité, comme quand un demandeur allègue que ses activités physiques ont diminué depuis l’incident qui a causé ses blessures. De plus, les produits portables permettent aux experts en sinistres sur le terrain ou aux ingénieurs patrimoniaux, au cours d’une inspection ou d’une expertise, de prendre des photos et filmer des vidéos, prendre des notes et avoir accès aux informations en temps réel. L’enquête postérieure à la catastrophe pourrait ainsi être menée dans de meilleures conditions de sécurité, du fait que les experts en sinistres auraient les mains libres pour monter sur une échelle, inspecter des toits et manipuler des machines. En outre, les camionneurs pourraient bientôt utiliser des lunettes « intelligentes » pour enregistrer leurs voyages. L‘avantage pour les assureurs serait de leur donner accès à des informations en temps réel sur une collision, par exemple, au lieu de devoir s’en tenir uniquement aux preuves recueillies après l’événement. Les produits portables sont utiles non seulement aux compagnies d’assurance dommages, mais aussi aux compagnies d’assurance maladie en leur permettant de relever efficacement les tendances en matière de régime alimentaire, forme physique, habitudes de sommeil et maladies et, à partir de ces données, de mieux souscrire une couverture. Par conséquent, certaines compagnies d’assurance maladie proposent déjà aux sociétés des rabais d’entreprise si leurs employés participants acceptent de transférer régulièrement ARTICLES DE FOND PAR DES INVITÉS leurs données physiques personnelles. De même, la question de savoir si une utilisation excessive des les compagnies d’assurance vie offrent des remises produits portables – et des lunettes intelligentes, en importantes sur les primes pour les « points bien-être particulier – pourrait entrainer des maux de tête, » accumulés par l’assuré, et dont les données sont une vision double et des vertiges. Enfin, la norme collectées à partir des produits portables des assurés. juridique applicable à l’utilisation de produits Les produits portables comportent cependant des portables est loin d’être établie. Par exemple, on ignore défis de taille pour l’industrie de l’assurance. Par si les sociétés qui fabriquent et vendent des produits exemple, ils peuvent susciter de graves préoccupations portables sont assujetties à des lois sur la protection concernant la protection de la vie privée car ils des renseignements personnels et sur la protection augmentent de façon spectaculaire la quantité de des renseignements personnels sur la santé, même données personnelles à collecter et stocker. Cela si elles ne vendent pas ni ne diffusent à des tiers les pourrait aisément accroitre les effets des atteintes à informations collectées. la protection des données. De la même façon, avec Nous nous trouvons au stade initial de la transition la quantité énorme d’informations qui deviennent « intelligente » qui nous fait passer des appareils disponibles, les assureurs doivent également veiller à portatifs à la technologie prêt-à-porter. Et l’assurance gérer efficacement les données. Les changements en se trouve au cœur de cela, du fait que la technologie termes de volumes et de types d’informations mettront prêt-à-porter offre une variété d’applications utiles encore plus l’accent sur les capacités des assureurs pour l’industrie. Il faut vraiment nous attendre, dans à collecter, interpréter et utiliser les big data. Ainsi, les cinq à dix ans prochains, à ce que la technologie l’industrie de l’assurance se verra obligée de continuer prêt-à-porter génère suffisamment d’informations pour à faire évoluer ses plateformes technologiques, par que les assureurs arrivent à proposer une couverture exemple en établissant des partenariats avec des d’assurance adaptée aux besoins de chaque particulier, sociétés opérant dans les domaines du numérique et ce qui représentera un énorme avantage pour les de la technologie du cloud computing, afin de mieux assureurs autant que pour les assurés. Dans le même intégrer leurs fonctions TI dans leurs processus de temps, cette nouvelle ère des big data présente pour souscription et de traitement des sinistres. l’industrie de l’assurance des défis croissants liés à Une autre préoccupation concernant la protection l’aspect juridique, technologique et à la protection de de la vie privée est l’utilisation de produits portables la vie privée. pour se livrer à une surveillance non autorisée à l’aide de la technologie de géolocalisation. Cette capacité entrainera assurément des plaintes pour atteinte à la vie privée et violations présumées des lois antisurveillance. De plus, les produits portables utilisés au travail peuvent augmenter le nombre de blessures dues à leur tendance à déconcentrer les employés. Une préoccupation du même ordre est suscitée par VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 31 ACTUALITÉS DES MEMBRES Le réseautage international porte ses fruits pour Zenrosai et Benenden Visite de Zenrosai au siège de l’ICMIF, mai 2015 L’ICMIF a eu le plaisir d’accueillir en mai dernier de formation, ce dernier nous a permis d’avoir un un groupe d’étude venu en délégation de Zenrosai excellent aperçu des stratégies de leadership idéales (Japon), dans le cadre de son programme de formation pour diriger efficacement une coopérative. Nous en RH pour les jeunes employés voués à devenir les devrons dorénavant mettre en œuvre ces méthodes futurs leaders de leur organisation. L’ICMIF a apporté pour promouvoir nos idées. » sa contribution à Zenrosai grâce à ce programme plus La mutuelle santé Benenden (RU) a eu l’opportunité de de dix fois, et à cette occasion les délégués de Zenrosai rencontrer une autre organisation membre de l’ICMIF, ont également rendu visite à l’organisation britannique Sygeforsikringen danmark, du Danemark, qui opère membre de l’ICMIF, NFU Mutual et à la fédération des également dans le secteur de l’assurance maladie. Une coopératives britanniques, Co-operatives UK. délégation de hauts cadres de Benenden a récemment Les neuf délégués ont été accueillis au siège de fait le déplacement vers Copenhague pour rencontrer l’ICMIF par Liz Green, Vice-présidente principale, le DG et le Responsable Conformité de danmark à qui a évoqué les tendances actuelles du secteur de Copenhague. l’assurance coopérative et mutuelle, et la manière « Notre rencontre avec danmark avait pour but de dont l’ICMIF défend les intérêts de ses membres voir comment cette mutuelle se positionne dans dans l’élaboration des politiques mondiales. Les son propre pays, avec un produit qui n’est pas très délégués ont également reçu des exemplaires de éloigné de celui que nous proposons chez Benenden, récentes publications de l’ICMIF, Part du marché a dit Lawrence Christensen, Directeur Marketing du mutualiste mondial et Mutuelles, Le Top 500. « Ces Groupe. Ce que nous avons découvert au Danemark études, qui montrent que l’assurance coopérative / a complètement dépassé nos attentes et nous avons mutuelle est un secteur en expansion sur le marché tiré quelques enseignements très précieux de ce mondial, peuvent être utilisées pour démontrer aux voyage d’étude. Faire partie de la communauté de membres existants et potentiels de Zenrosai que l’ICMIF offre notamment comme réel avantage des nous avons une forte influence, basée sur un esprit opportunités de ce genre et nous encourageons les coopératif. En mettant en application ces faits, je autres organisations membres de l’ICMIF à tirer, elles m’emploierai à renforcer la sympathie, la confiance aussi, les enseignements les unes des autres. » et la participation de nos membres, a déclaré une des délégués, Takako Nakamura. En tant que jeune femme, j’ai été impressionnée par la manière dont Mme Green représente avec confiance une organisation internationale, a-t-elle ajouté. Mike Ashurst, Vice-président, a également présenté aux délégués le Cours de gestion avancé de l’ICMIF. Masaaki Fujihata, le responsable des délégués, a déclaré : « Concernant le but de notre programme 32 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5 Pour de plus amples informations sur l’organisation de visites à d’autres organisations membres de l’ICMIF ou des visites au siège de l’ICMIF, veuillez contacter Vicky Jordan-Killoran, Responsable des services pour les membres, ICMIF à l’adresse vicky@ icmif.org ÉVÉNEMENTS ICMIF Calendrier des événements 2015 MOIS ÉVENÉMENT LIEU HÔTE Conférence biennale de l’ICMIF Minneapolis, E.-U. Thrivent Financial 9-10 Cours de gestion pour les Stockholm, Suède Folksam 10–11 Conférence de l’Alliance coopérative internationale Antalya, Turquie L’ACI et le Syndicat OCTOBRE 6–9 NOVEMBRE leaders futurs potentiels de l’ICMIF (ACI) national des coopératives de Turquie A confirmer Séminaire sur les sinistres Londres, RU A confirmer Séminaire du Réseau de développement de l’ICMIF Colombo, Sri Lanka Sanasa Insurance Company et Amana Takaful 8-15 Cours de gestion avancé Manchester, RU A confirmer TBC Forum des Leaders sur la Communication (FLC) combiné avec le Forum des Leaders sur la Règlementation (FLR) Europe TBC, RU A confirmer Réunion des Officiels de la Réassurance (MORO) Londres, RU ICMIF Réunion annuelle du Groupe latino-américain de réassurance San Salvador, El Salvador Seguros Futuro Sommet international des coopératives Québec, Canada Desjardins et ACI DECEMBRE 7-9 MAI 2016 JUIN 6-8 AOUT 22-26 OCTOBER 11-13 Pour obtenir les dernières informations, veuillez consulter le site web de l’ICMIF : www.icmif.org/networking Rapports à paraitre prochainement : Lancement prévu lors de la Conférence biennale de l’ICMIF (Quelques rapports seront disponibles uniquement en anglais) • Market InSights: North America 2014 • Infographie mondial du marché mutuel et coopératif 2014 • Membres de l’ICMIF : Statistiques clés 2014 • ICMIF Global Manifesto: Protecting lives and livelihoods • Examen biennal de l’ICMIF (2013-2015) • ICMIF: The value of belonging VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 33 RÉUNION DES PROFESSIONNELS DE LA RÉASSURANCE (MORO) 2016 6-8 JUIN 2016 : DATES À RETENIR ! Présentation du MORO Quelques-uns des thèmes qui seront abordés lors de MORO 2016 : Innovation et marché londonien de la réassurance (allocution d’ouverture) Situation actuelle du marché (table ronde) Risques émergents Risque catastrophique mondial Réassurer intelligemment Mini Monte Carlo Si vous êtes intéressé à participer à cet événement ou désirez recevoir davantage d’informations, veuillez contacter Mike Ashurst, Vice-Président, Réassurance & développement Professionnel, ICMIF, [email protected] MORO est l’acronyme anglais correspondant à Réunion des professionnels de la réassurance. C’est un événement exceptionnel qui réunit tous les deux ans des professionnels de la réassurance venant du secteur coopératif et mutuel. En 2014, 110 responsables de réassurance de 55 compagnies dans 27 pays se sont réunis à Miami pour apprendre les uns des autres et faire des affaires ensemble. Le 23e MORO qui se tiendra en 2016 à la City de Londres du 6 au 8 juin devrait drainer un nombre équivalent de participants, selon les prévisions. Les bonnes raisons pour vous de participer au MORO 2016 Le MORO est une formidable occasion pour vous d’échanger des connaissances dans le domaine de la réassurance et de débattre de questions d’intérêt commun avec vos pairs du monde entier dans un environnement porteur et propice à la collaboration. Au programme de cet événement qui se déroulera sur trois journées : conférences de haut niveau, tables rondes, séances en petits groupes et entrevues individuelles, consacrées exclusivement aux questions de réassurance touchant les assureurs mutuels et coopératifs. Au sujet de MORO 2016 Le prochain MORO se tiendra à l’hôtel Double TreeTower of London au cœur de la City de Londres du lundi 6 au mercredi 8 juin 2016. La conférence aura pour thème Innovation et durabilité.