Assurer la Nouvelle- Zélande rurale dans un esprit de

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voiceMagazine
LE MAGAZINE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES
COOPÉRATIVES ET MUTUELLES D’ASSURANCE
Assurer la NouvelleZélande rurale
dans un esprit de
partenariat
PLUS
Portrait de DG : Tracer la voie de la
mutuelle santé française MGEN
Mike Pritula de McKinsey and Company :
Mes sept questions à l’adresse du secteur de l’assurance
Mouvement Desjardins : Adhérer aux changements
technologiques en mode coopératif
ÉDITION 83, SEPTEMBRE 2015
voiceMagazine
22
ÉDITION 83/SEPTEMBRE 2015
EDITORIAL ET PRODUCTION
REDACTRICE-EN-CHEF Faye Lageu
REDACTRICE-EN-CHEF ADJOINTE
Alison Grant
CONCEPTION Gareth Kendrick
CONTRIBUTIONS
Andrew Bibby, Shaun Tarbuck, Faye Lageu,
Alison Grant, Jonathan L. Schwartz,
Michael A. Hamilton
2
TRADUCTION
Français:
Hayet Dhifallah, Alison Grant
Espagnol:
Flow Languages, Alison Grant
Japonais:
Rieko James
6
12
SOUMISSIONS D’ARTICLES:
A l’ICMIF nous serons heureux de recevoir
des articles de la part de nos membres et de
nos membres de soutien. Si vous souhaitez
soumettre un article ou échanger des idees
sur un article nous vous prions de bien
vouloir envoyer un email a Alison Grant,
Rédactrice - en-chef-adjointe, a :
[email protected]
Les articles devraient porter sur les
actualites par exemple la cooperation entre
les membres; pratique exemplaire des
mutuelles et cooperatives ; reglementation
; fusions et acquisitions ; rapports et/
ou commentaires sur les tendances de
l’industrie; les evenements et conferences
recentes ou a venir.
Les articles des non-membres sont
egalement les bienvenus et seront
consideres ; ils doivent etre en relation avec
le theme des mutuelles ou cooperatives.
L’ICMIF SE RESERVE LE CONTROLE
EDITORIAL COMPLET
ABONNEMENTS
+44 161 929 5163 [email protected]
COMMENTAIRE
1...................... La famille mutuelle s’élargit
LEADERSHIP
2...................... Portrait de PDG : Chris Black
Assurer la Nouvelle-Zélande rurale dans un esprit de partenariat
6...................... Portrait de DG : Jean-Louis Davet
Tracer la voie de la mutuelle santé française MGEN
10..................... Mike Pritula : mes sept questions à l’adresse du secteur de l’assurance
12..................... Anders Sundström: Depuis deux ans, l’ICMIF commence à trouver sa voix
14..................... Changements climatiques : les avantages possibles
pour les assureurs s’ils en relèvent les défis
16..................... Main dans la main : Réduire les risques de catastrophe contribuera à une
croissance durable – déclaration de la Conférence mondiale sur l’investissement
18..................... Investir mieux, investir intelligemment : Le projet d’investissement
Smart Risk génère un large écho dans l’industrie
19..................... L’assureur coopératif britannique consolide sa position financière
20.................... L’avenir est mutuel en Scandinavie avec la transformation
de Skandia en une société détenue par ses membres
22.................... Mouvement Desjardins: Adhérer aux changements
technologiques en mode coopératif
INFLUENCE
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Bowdon, Cheshire, WA14 4QE, Royaume-Uni.
www.icmif.org
24.................... Qu’y a-t-il au programme de l’OCDE pour l’assurance
27..................... L a voix de l’ICMIF se fait entendre au sein du groupe
de travail international sur l’assurance
RÉSAUTAGE
28.................... Participation confirmée d’autres conférenciers à la Conférence de Minneapolis
29.................... L ancement à Minneapolis : un nouveau programme de l’ICMIF
pour faciliter les détachements entre organisations membres
32..................... Le réseautage international porte ses fruits pour Zenrosai et Benenden
ARTICLES DE FOND PAR DES INVITÉS
30.................... Surabondance d’accessoires : l’impact de la technologie
prêt-à-porter sur l’industrie de l’assurance
ÉVÉNEMENTS
33.................... Calendrier des événements 2015
C O M M E N TA I R E
La famille mutuelle s’élargit
Il y eut sans doute une époque où les mutuelles et coopératives
étaient un peu sur la défensive. Il fallait impérativement être
en bourse, nous disait-on. Ne comprenez-vous pas, essayaient
de nous dire toutes sortes d’aspirants experts, que les sociétés
d’assurance par actions sont l’avenir ?
Cela semble bien loin, maintenant. Ce n’est pas seulement le fait que les mutuelles
et coopératives ont régulièrement accru leur part de marché, année après année,
depuis la crise financière de 2007-2008. C’est aussi que la famille mutuelle grandit
d’autres façons.
Comme annoncé dans cette édition, la vénérable compagnie d’assurance de Skandia
est maintenant une mutuelle. L’entreprise scandinave a été rachetée en 2012 à son
précédent propriétaire, une multinationale cotée en Bourse et l’opération a été
immédiatement lancée pour la convertir en une entreprise mutuelle détenue par ses
sociétaires. Les modifications juridiques sont maintenant achevées et Skandia est
gérée au bénéfice non plus d’actionnaires mais de ses 1,4 million de sociétaires.
Et Skandia n’est pas un cas unique. En Finlande, Pohjola, la banque financière
et compagnie d’assurance auparavant cotée, a été retirée de la cote et elle est
Shaun Tarbuck, DG, ICMIF
maintenant complètement de retour dans la famille coopérative, intégrée au sein
du Groupe OP.
Ce type d’évolutions suscitent en moi un profond sentiment de fierté pour la façon
dont les mutuelles et coopératives membres de l’ICMIF mettent en avant leur haute
position morale, affichent fièrement leur différence mutuelle et accordent la priorité
aux besoins de leurs sociétaires. Loin d’être une actualité dépassée, nous sommes
en train de nous tailler une place de plus en plus importante dans le secteur
des assurances dans une période où le monde va avoir besoin de toute l’aide des
assureurs possible pour améliorer un avenir qui s’annonce de plus en plus exposé à
des risques.
Plus loin dans cette édition, vous pourrez prendre connaissance de l’initiative que
nous lançons en ce moment pour promouvoir les investissements « smart risk »
(soit placements à risque intelligents), approche visant à combiner l’expertise des
assureurs dans le domaine de l’analyse du risque et celui de la souscription avec nos
décisions en matière d’investissement. Je suis profondément convaincu que c’est
vraiment la voie à suivre pour les décisions d’investissement dans des actifs, car
elle maximise le rendement potentiel des investissements sur un mode durable et
responsable.
Notre rôle en tant qu’assureurs mutuels et coopératifs est d’obtenir la
reconnaissance des autres. Nous avons réuni pour le programme de conférences
de la Conférence biennale de cette année organisée par l’ICMIF à Minneapolis, un
éventail sans précédent de conférenciers extérieurs qui nous feront part de leurs
réflexions et nous inviteront à saisir les opportunités qui se présentent à nous. Nos
conférences biennales sont toujours des occasions extrêmement stimulantes, mais
je pense que cette année, la Conférence sera encore plus spéciale.
Comme de coutume, l’équipe de l’ICMIF travaille activement, de concert avec
l’organisation membre qui nous accueillera à Minneapolis, Thrivent Financial, à
toutes les dispositions pratiques qui contribuent à la réussite des conférences. Je me
réjouis de vous voir en octobre prochain sur les rives du fleuve Mississippi.
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 1
LEADERSHIP
PORTRAIT DE PDG : CHRIS BLACK
Assurer la NouvelleZélande rurale dans un
esprit de partenariat
Chris Black, Président Directeur Général de la
société d’assurance générale agricole néo-zélandaise
FMG, est récemment devenu membre du Conseil
d’administration de l’ICMIF. Voice nous fait découvrir
comment son approche du leadership contribue à la
croissance et à la consolidation de la mutuelle.
2 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
Chris Black
Le principal assureur agricole néo-zélandais, Farmers
L’industrie de l’assurance en Nouvelle-Zélande
Mutual Group (FMG), est confronté à un problème
continue à être essentiellement entre les mains de
lié aux sinistres incendie qui doit sûrement être
compagnies étrangères, avec deux grandes entreprises
unique en son genre parmi les entreprises membres
australiennes détenant plus de 70 % du marché. FMG
de l’ICMIF : le nombre de tracteurs agricoles qui
détient actuellement une part de marché globale
prennent feu chaque année. Les coupables – les
relativement petite, environ 5 %. En revanche, en
pyromanes responsables d’une série de sinistres – sont
termes d’activité d’assurance générale dans les zones
les étourneaux. Ces oiseaux aiment bâtir leur nid dans
rurales, elle obtient près de 50 % de part de marché.
des endroits chauds, sombres et secs et il s’avère que
« FMG est considérée comme l’expert en conseils en
les compartiments moteur des tracteurs, sont parfaits
matière de risques agricoles et en assurance agricole.
pour cela !
Ceci est notre avantage concurrentiel essentiel »,
Face à ce problème, la mutuelle a mené une campagne
affirme Chris.
intensive par le biais de YouTube et d’autres médias
La taille relativement petite de FMG l’a néanmoins
pour persuader les agriculteurs de « s’arrêter et
encouragée à adopter une stratégie de croissance très
soulever le capot » : soulever le capot du moteur pour
déterminée. « Nous devons prendre de l’expansion,
vérifier s’il y a un nid avant de mettre le contact et
ce qui permettra de réduire nos coûts unitaires de
faire démarrer le tracteur. Cette initiative a donné
service, afin de continuer à être compétitifs à long
d’excellents résultats. « Ces cinq dernières années,
terme », déclare-t-il.
en dépit du nombre croissant de tracteurs assurés par
la mutuelle, nous avons réussi à réduire de moitié le
nombre et la valeur des demandes d’indemnités pour
incendie de tracteurs reçues par FMG », déclare le
Développer la fidélisation
de la clientèle
Chris Black a pris la direction de FMG à la fin de
Président Directeur Général de FMG, Chris Black.
2008 et depuis lors, il supervise une entreprise qui
C’est un exemple de l’excellente capacité de FMG à
a doublé de taille, en termes de revenu aussi bien
comprendre son cœur de marché, les agriculteurs et
que d’effectifs. La mutuelle cible en partie les petits
les cultivateurs néo-zélandais. « FMG a été créée il y
exploitants et les clients particuliers potentiels de la
a 110 ans par des agriculteurs pour des agriculteurs.
Nouvelle-Zélande rurale et provinciale qui ne sont pas
A l’époque, le sentiment était que les assureurs
directement impliqués dans une activité agricole, mais
étrangers ne comprenaient pas vraiment les risques
elle réussit aussi à développer son volume d’activités
liés à l’agriculture néo-zélandaise, et que le coût de
sur son cœur de marché, grâce à l’élargissement de la
l’assurance était trop élevé », explique Chris. Il fait
gamme de produits achetés par la clientèle existante et
observer que la Nouvelle-Zélande demeure un pays
l’acquisition de nouveaux clients. La solide réputation
où l’agriculture occupe une place importante et
de FMG a contribué à impulser ce développement.
où les produits agricoles constituent sa principale
« Nous nous servons comme outil principal de
exportation. « L’objectif premier de FMG en tant que
Net Promoter Score (NPS) pour mesurer le taux de
mutuelle qui a résisté à l’épreuve du temps est
recommandation par les clients. Nous avons été ravis
d’« améliorer le sort de la Nouvelle-Zélande rurale »,
de constater qu’au cours des cinq dernières années,
dit-il.
notre NPS a augmenté de +11 à
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 3
LEADERSHIP
+50 », explique Chris. Près d’un tiers de tous les
plutôt une assurance chez l’assureur qui offre le plus
nouveaux contrats l’an dernier, ajoute-t-il, étaient le
bas prix tout simplement. « C’est pourquoi nous
résultat de recommandations de clients existants.
consacrons beaucoup d’efforts à expliquer en quoi
La fidélisation de la clientèle obtient un bon score
FMG est différent », commente Chris.
également, avec un taux de 94 % pour l’activité
La croissance de l’entreprise doit être conciliée
globale et plus de 97 % parmi les agriculteurs et
avec cette approche. « Un des défis auxquels sont
cultivateurs. Comme le souligne Chris, étant donné
confrontées de nombreuses entreprises, dont la nôtre,
que le coût d’acquisition d’un nouveau client est sept
est de trouver le compromis entre développer une
fois supérieur à celui de la fidélisation d’un client
meilleure entreprise et augmenter la taille de son
existant, il est évident sur un plan commercial pour
entreprise. Pour notre part, nous considérons que la
une entreprise de veiller à avoir des clients satisfaits
juste mesure devrait être un équilibre 50/50 entre les
qui soient fidèles et engagés par rapport à sa marque.
deux. Sans vouloir sacrifier la qualité de nos produits
FMG cherche à atteindre ce résultat en fournissant
et services, mais en même temps nous devons prendre
des conseils et un service de qualité. Elle a décidé de
de l’expansion. »
ne pas distribuer ses produits par le biais de courtiers
Avoir des clients heureux, poursuit Chris Black, est
mais d’opter plutôt pour une relation directe avec les
en rapport direct avec avoir des employés heureux, et
clients. FMG utilise son propre modèle de distribution
sa démarche, en tant que Directeur général, est basée
basé sur une équipe mobile sur le terrain, constituée
sur cette philosophie. « Pour réussir, une organisation
de conseillers et d’évaluateurs qui travaillent à partir
a besoin de leaders dans toute la hiérarchie, pas
de trente bureaux répartis dans tout le pays. Ils
seulement au sommet, dit-il. Je qualifierai mon style
sont appuyés par un centre national de ventes et de
de direction d’inclusif, c’est-à-dire que je dirige en me
services qui gère les demandes de renseignements
tenant à côté, comme un joueur/un entraineur, en
par téléphone et courriel. « L’un des changements
quelque sorte. Ma démarche consiste à consacrer du
distinctifs que nous avons effectués il y a quelques
temps aux grands enjeux stratégiques tout en suivant
années, c’est d’établir une norme d’excellence pour
dans le détail une sélection de quelques aspects, et je
notre service téléphonique, à savoir
laisse tout ce qui se situe entre les deux se dérouler
« 99/10 ». Autrement dit, nous faisons le maximum
sans intervenir. Cela implique de responsabiliser les
pour répondre à 99 % de tous les appels en dix
collègues pour qu’ils prennent leurs propres
secondes. Les critiques ont trouvé que c’était trop
décisions. » Globalement, ces décisions seront les
coûteux, mais nous considérons pour notre part qu’un
bonnes, déclare Chris, mais si elles sont mauvaises,
bon service revient bien moins cher à fournir qu’un
c’est bien aussi, du moment que les gens tirent les
mauvais service », explique Chris.
leçons de l’expérience pour la fois suivante.
Le problème trop souvent rencontré quand on vend
Cette démarche semble fonctionner. Chris Black
de l’assurance, poursuit-il, est que les clients ne
souligne avec fierté le fait que l’enquête annuelle
comparent pas la couverture d’assurance proposée par
réalisée par IBM Kenexa a classé FMG en seconde
l’assureur concurrent ou les conditions mais achètent
position parmi les meilleurs lieux de travail dans des
L’équipe de direction de FMG : Conrad Wilkshire, Directeur général, Conseil et Assurance ; Mike Lange, Directeur général, Produits
et Services; Chris Black, PDG ; Geoff Yeats, Directeur général, Services d’informations commerciales ; Andrea Brunner, Directeur
général, Marketing, Distribution et Ressources humaines ; et Dave Kibblewhite, Directeur, Finance, Investissement & Risque
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LEADERSHIP
entreprises de grande taille en Nouvelle-Zélande ces
conseil ». Et FMG, ajoute-t-il, adopte une philosophie
deux dernières années.
du risque qui est loin d’être unanimement partagée
dans l’industrie. « Beaucoup considèrent le risque
Communauté
comme un élément négatif à éviter ou à atténuer.
En tant que mutuelle, FMG a pour politique de
Quant à nous, nous sommes d’avis que le risque
donner en retour à la communauté rurale. La mutuelle
constitue une part importante du résultat. En
fournit un certain nombre de bourses chaque année,
d’autres termes, vous ne pouvez rien réaliser sans
destinées à des diplômés en agriculture ayant obtenu
prendre des risques. Par conséquent, chez FMG, nous
de brillants résultats et elle sponsorise également des
encourageons les gens à prendre des risques calculés
centaines d’événements organisés à la campagne. Elle
afin d’atteindre leurs objectifs », dit-il. Ici, l’adjectif
vient aussi de lancer une nouvelle initiative innovante
clé est « calculé » – il implique d’avoir un programme
conçue pour soutenir la santé mentale et le bien-être
éducatif efficace de sensibilisation au risque.
des agriculteurs et de leurs familles. Comme le fait
La propre réussite professionnelle de Chris Black
remarquer Chris, les agriculteurs ont tendance à avoir
dans sa mission de diriger une mutuelle d’assurance
des solutions pour veiller à la santé de leur bétail et
prospère et rentable fait suite à une carrière où il a
maintenir en bon état leur terre agricole, mais ils
commencé par obtenir son diplôme d’arpenteur-
ne sont parfois pas aussi déterminés quant il s’agit
géomètre avant de travailler à Londres pendant
de s’occuper d’eux-mêmes. L’initiative Farmstrong,
quelques années chez CitiGroup et UBS Warburg
programme sans but lucratif lancé en partenariat avec
puis d’occuper une série de postes de direction à la
la Mental Health Foundation de Nouvelle-Zélande,
Bank of New Zealand et à la National Australia Bank.
a son propre site web – www.farmstrong.co.nz – qui
Il dit le plus grand bien de la structure de propriété
propose des conseils et sponsorise également un
mutuelle et de ses avantages. « Ayant eu l’occasion
médecin de campagne qui se déplace dans le pays
d’expérimenter dans mon travail différents modèles
pour s’adresser aux agriculteurs lors d’événements
d’entreprise et structures de propriété, je pense que le
communautaires. « Nous pensons que Farmstrong est
modèle mutuel présente le net avantage de pouvoir
une initiative importante et fort utile et nous espérons
adopter une perspective à long terme sur l’entreprise,
qu’à terme, elle apportera des changements positifs
au bénéfice des sociétaires. La capacité de contrôler
pour la Nouvelle-Zélande rurale », dit Chris.
son propre destin est un immense avantage. »
Chris Black vit à Auckland, la plus grande ville
Revenu des primes
de Nouvelle-Zélande et centre de l’industrie de
250000
l’assurance, ce qui l’oblige à se déplacer régulièrement
en direction du sud jusqu’à Wellington où se trouve
le siège de FMG. Au début, dit-il, il faisait la navette
200000
(NZD : en milliers)
chaque semaine, mais depuis quelque temps, grâce
à la technologie, il a tendance à être au siège deux
150000
semaines sur trois, et à passer le reste du temps à
effectuer des visites à d’autres bureaux de FMG, à
traiter de questions liées à l’industrie ou à travailler à
100000
partir de chez lui. Même si cela réclame plus d’efforts
pour compenser le fait de « ne pas pouvoir profiter
50000
autant qu’il le voudrait de conversations autour du
distributeur de café, dit-il avec humour, il y a sans
0
2008
2009
2010
2011
2012
2013
doute beaucoup plus de temps disponible pour une
2014
réflexion sur l’entreprise, au lieu d’être immergé
dedans ».
Prendre des risques calculés
Farmstrong est dans le droit fil de la démarche globale
de FMG, de ses efforts pour travailler étroitement avec
ses sociétaires, de les aider à prendre plus conscience
des risques auxquels ils sont confrontés et à apprendre
comment les gérer. « Nous avons entrepris il y a près
Système de la santé publique néo-zélandais, ont trois
enfants, dont l’aîné est âgé de 23 et le benjamin de
17 ans, qui vivent encore tous chez leurs parents.
Cela contribue à une vie de famille gratifiante, et
la ville d’Auckland elle-même – avec le magnifique
de sept ans d’essayer de briser ce que nous appelons
golfe de Hauraki et ses îles tout proches – offre un tas
le cycle de l’assurance à coût majoré, dans lequel
d’opportunités de relaxation en dehors du travail. Sa
vous payez une prime, vous faites une demande
d’indemnité, vous voyez votre prime augmenter, vous
faites une autre demande d’indemnisation, etc. »,
déclare Chris. Alors que FMG, dit-il, a ce qu’il appelle
une « stratégie d’assurance axée sur le
Chris et son épouse Kate, qui travaille au sein du
famille, dit Chris, aime faire du bateau en été, et luimême joue au golf et au tennis ; la musique l’intéresse
également beaucoup. « Ma philosophie est que, même
si l’on avance en âge, le meilleur reste toujours à
venir », dit-il.
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 5
LEADERSHIP
PORTRAIT DE DG : JEAN-LOUIS DAVET
Tracer la voie de
la mutuelle santé
française MGEN
Voice s’entretient avec JeanLouis Davet, qui dirige avec
succès sa mutuelle santé,
MGEN, à une époque de
rapide mutation.
6 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
Il fut un temps où les nouvelles des
et centres de santé mentale. Les adhérents et assurés
à la MGEN ont accès au propre réseau de dentistes
exploits de Jean-Louis Davet avaient
et d’opticiens de la mutuelle. En d’autres termes,
plus de chance de se trouver dans
la MGEN propose une large gamme de produits
d’assurance maladie et fournit des services de santé
la rubrique sportive des quotidiens.
directs.
Nageur accompli dans sa jeunesse,
Mais, comme l’explique Jean-Louis, le succès soutenu
il a régulièrement participé aux
du Groupe MGEN ne saurait être considéré comme
automatiquement acquis. Il évoque ce qu’il appelle
championnats nationaux de natation
« l’intensification violente de la concurrence sur le
en France pendant plus de dix ans.
cœur de cible » de la MGEN. Il est également conscient
L’époque de la natation de compétition est sans doute
de la tendance croissante à l’individualisme dans
révolue, mais Jean-Louis Davet continue à faire des
la société, associée à un déclin de certaines formes
vagues au niveau national dans le paysage français, à
traditionnelles d’organisation collective, comme les
son poste de directeur général de la grande mutuelle
syndicats et les partis politiques. Qu’on le veuille ou
santé française MGEN. Le système de soins de santé
pas, il n’y a plus autant de personnes qui adhèrent
français a connu une période de mutation sans
aux principes de solidarité et d’entraide, et en
précédent, et Jean-Louis (qui est à la tête de la MGEN
particulier à l’idée de solidarité entre les générations.
depuis 2008) a piloté sa mutuelle sans encombre
« Il est évident qu’avec le renforcement de la logique
durant toute cette période de transformation, en
de marché de la santé et de l’esprit consumériste,
veillant à ce qu’elle demeure commercialement viable
disparaît l’idée qu’une protection sociale résulte
mais aussi qu’elle reste fidèle à ses racines mutuelles.
d’une conquête sociale qui mérite de s’engager
MGEN – à l’origine « La Mutuelle Générale de
pour la pérenniser. Désormais, pour un nombre
d’adhérents de plus en plus important, la MGEN est
l’Éducation Nationale » – a été créée en 1946, quand
vue uniquement comme un assureur et non comme
plus d’une centaine de sociétés mutualistes de
une copropriété vecteur de lien social, de solidarité et
l’enseignement locales se sont regroupées, juste au
moment de la conception, après-guerre, du service
de protection », affirme-t-il.
national de santé universel français. Comme son nom
D’autres enjeux existent également. Notamment, une
le suggère, les racines de la MGEN se trouvent dans le
des avancées de la médecine ces dernières années dans
système d’enseignement ; sa vocation était d’aider les
l’analyse de la constitution génétique, qui implique
enseignants à avoir les soins de santé nécessaires sur la
que potentiellement, une prime d’assurance maladie
base d’un système d’entraide et de solidarité.
peut être adaptée spécialement aux risques de santé
Les choses ont bien changé depuis 1946 mais le
particuliers à une personne – là encore, on s’éloigne
Groupe de la MGEN continue à fournir une couverture
maladie destinée aux enseignants, aux professeurs
de choisir les meilleurs clients. Une autre avancée est
domaines de la culture, de la communication et du
sport. Elle gère la partie des soins de santé financée par
l’État pour ces professions et elle propose également
maladie (qui incluent les soins de longue durée,
l’assurance vie, l’assurance invalidité, la protection des
Tout cela signifie qu’au total, près de quatre millions
de Français sont protégés grâce à la MGEN. La
mutuelle possède et gère directement trente-six
centres de soins de santé et centres médicaux et elle
est copropriétaire, au sein d’un consortium, de plus
de 2 500 autres centres à travers le pays – maisons de
repos, centres pour les personnes âgées dépendantes
médicales qui entraine une augmentation croissante
la réalité du vieillissement rapide de la population.
que le régime public fournit. Ces polices d’assurance
Concurrence
la poussée rapide de l’innovation et la technologie
des coûts des soins de santé. Un autre enjeu encore est
une assurance complémentaire santé, complétant ce
pour tous, quels que soit leur profession.
même temps que cela représente une opportunité
pour des assureurs commerciaux moins scrupuleux
et aux chercheurs, ainsi qu’aux professionnels des
revenus et les produits de retraite) sont disponibles
de l’idée de protection et de solidarité mutuelles, en
Désengagement de l’État
Et, pour couronner le tout, l’État se désengage en
matière de fourniture d’une couverture universelle
de soins de santé. En France, le coût des soins de
santé a continué à s’élever ces dernières années,
ce qui a entrainé un déficit colossal du budget du
gouvernement alloué à la santé. Généralement, l’État
couvrait auparavant près de 77 % du coût des soins
de santé, 14 % étaient financés par le biais de polices
d’assurance complémentaire (soit individuelle soit
collective), et les ménages individuels payaient de leur
poche la différence, soit environ 9 %-10 %.
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 7
LEADERSHIP
Mais l’État se tourne maintenant de plus en plus
choisie par les concurrents du secteur privé, celle de
vers le secteur privé pour combler le déficit en
l’offre d’une série de produits fortement segmentée,
matière de soins de santé. Naturellement, cela offre
la MGEN a néanmoins abandonné son offre d’un
potentiellement de nouveaux débouchés pour les
produit unique pour tous ses adhérents, avec une
mutuelles santé, mais comme le fait remarquer Jean-
prime basée uniquement sur le revenu des adhérents.
Louis Davet, ce n’est pas forcément si intéressant que
Il existe maintenant une gamme de cinq produits clés,
cela pour les adhérents de la MGEN ou pour la société
pour lesquels les coûts des primes sont basés en partie
en général. « De ce point de vue, nous sommes un
sur le revenu et en partie sur l’âge. « Cela constitue
“assureur paradoxal” : nous avons toujours soutenu
une rupture fondamentale avec un principe d’offre
le principe d’un haut niveau de couverture par
unique monolithique maintenu depuis la création de
l’assurance maladie obligatoire universelle, et nous
la MGEN il y a 70 ans », observe Jean-Louis Davet. Ce
préférons, pour l’intérêt de nos citoyens, disposer de
changement a nécessité une mise en œuvre rigoureuse
moins de matière assurable. En effet, là où s’arrête
ainsi qu’un ambitieux programme de changement
l’AMO commence le terrain de jeu des inégalités
culturel au sein de l’organisation, mais les adhérents
et les tentations de segmentation excessive », dit-
à la MGEN l’ont bien accueilli. « Notre assemblée
il. En revanche, ajute-t-il, si le régime de base est
générale a voté à plus de 90% cette évolution
supprimé pour certains groupes de personnes ou
majeure », ajoute Jean-Louis.
certains risques de santé, la MGEN envisagerait alors
Dans la foulée, une forte pénétration du marché de
sérieusement d’intervenir pour proposer des produits
l’assurance soins de longue durée a été observée, où la
de remplacement.
MGEN est devenue, quasiment du jour au lendemain,
La réaction de la MGEN face à ces défis a été, sous la
le leader du marché, en détenant 40 % du marché
direction de Jean-Louis Davet, pluridimensionnelle.
français. La MGEN a également entamé des activités à
Elle a d’abord diversifié son produit d’assurance
petite échelle au Portugal. « A ce jour, 15 000 citoyens
maladie de base. Tout en ne suivant pas la voie
portugais sont adhérents MGEN. Nous expérimentons
ainsi une certaine forme de “mutualité européenne” »,
explique Jean-Louis.
Siège de la MGEN
Mutualisme 2.0
Plus important a été la décision prise par la MGEN en
2011 de s’associer avec cinq mutuelles de santé de plus
petite taille pour créer un groupe mutualiste, Istya,
plutôt que d’adopter une approche traditionnelle
d’acquisition. Et plus important encore a été sa
très récente décision de s’unir avec Harmonie
Mutuelle pour créer une nouvelle mutuelle sur le
marché français de la santé, décision ratifiée par les
Assemblées générales de la MGEN et d’Harmonie en
juillet de cette année.
L’alliance stratégique avec Harmonie Mutuelle, une
autre organisation fortement engagée envers le
modèle mutualiste, devrait voir la création dans les
tout prochains mois d’un nouveau groupe mutualiste
combiné qui fournira une couverture maladie à plus
de 8,2 millions de Français (près de douze millions si
toutes les mutuelles santé déjà partenaires de la MGEN
et d’Harmonie rejoignent elles aussi le groupe). « Nous
ne cherchons pas la taille pour la satisfaction d’être
gros. Harmonie et MGEN partagent la même vision
de l’avenir de la protection sociale, de la santé et des
services associés. En France, nous sommes les deux
plus importants acteurs mutualistes du
secteur », déclare Jean-Louis Davet. Ensemble, les deux
mutuelles seront en mesure d’offrir le plus large réseau
de centres de soins de santé sans but lucratif à travers
la France, et d’investir amplement dans de nouvelles
activités et des services innovants.
Assurer le succès de cette restructuration majeure
des mutuelles santé en France sera l’une des missions
8 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
stratégiques essentielles de Jean-Louis Davet dans les
repensé de fond en comble notre système de
mois à venir. Mais il a également d’autres initiatives
gouvernance mutualiste de manière à renforcer cette
importantes en cours. Il évoque le fait que la MGEN
capacité [la réactivité et l’agilité indispensables à ce
est devenu le promoteur du développement de ce qu’il
contexte mouvant], tout en respectant les valeurs
appelle « Mutualisme 2.0 », un modèle de mutualité
essentielles de démocratie et de participation des
rajeuni, en phase avec les nouvelles tendances de
adhérents aux décisions », dit Jean-Louis Davet.
l’économie qui se développent depuis peu, intégrant
Il y a, tout bien considéré, largement de quoi l’occuper
des aspects comme le travail collaboratif et l’économie
dans les mois et les années à venir. Jean-Louis
collaboratrice. « Nous ne pouvons être seulement
continue néanmoins la natation, mais maintenant,
spectateurs de la transformation de nos sociétés.
pour le plaisir et pour garder la forme. Il continue
Nous devons être acteurs du développement de
également à jouer du saxophone ténor, pour lequel il
l’entrepreneuriat social, des nouvelles économies,
a développé un talent quand il était plus jeune. Dans
des réseaux sociaux… pour appuyer des économies
le temps, dit-il, il lui arrivait d’embarquer allégrement
nouvelles en dehors d’une vision strictement
à bord d’un avion en emportant son saxo et de partir
libérale », déclare-t-il. Et il est vital d’amener les
vers une destination en France ou dans un autre pays
adhérents à la MGEN à s’engager dans toute cette
pour passer une nuit à jouer dans un concert avec
entreprise !
d’autres musiciens avant de reprendre un avion pour
être à son bureau le lendemain matin (en remettant
à plus tard le projet de dormir). Il a eu le privilège,
dit-il, de pouvoir entendre en concert un bon nombre
des légendes du jazz, et quand il était plus jeune, il lui
arrivait de passer trois ou quatre nuits par semaine
à s’imprégner des sons des clubs de jazz parisiens.
Ses goûts musicaux sont cependant éclectiques : il
est grand amateur de musique classique, notamment
des compositeurs comme Monteverdi, Bach, Mozart,
Beethoven, Chopin, Schubert et Schumann. Et aussi, il
reste indéfectiblement fidèle à certains de ses groupes
de rock favoris, comme les Rolling Stones, The Doors,
Lou Reed et le Velvet Underground.
Outre cela, il s’intéresse énormément à l’art pictural,
que ce soit d’anciens maitres ou des artistes modernes
comme Picasso et Bacon ; il aime aussi bien la
danse classique que la danse contemporaine et il
a une profonde curiosité pour les autres cultures ;
on pourrait penser que Jean-Louis Davet a eu une
formation en sciences humaines. Mais en fait, il est
diplômé de l’École Centrale de Paris, la prestigieuse
école d’ingénieurs et de commerce, et il possède un
doctorat de mathématiques. Sa nomination à la tête
de la MGEN a suivi une période d’activité en tant que
consultant auprès d’entreprises comme Cap Gemini
Engagement des adhérents
et Ernst & Young, et il a occupé précédemment le
La MGEN possède un héritage démocratique très
poste de directeur général de la filiale française de
solide, et les adhérents (environ 1,8 million) élisent
les délégués des assemblées dans chaque département
français et ceux de l’Assemblée générale nationale,
l’entreprise allemande FESTO. Grâce à cet itinéraire
professionnel, il possède une perspective unique
sur les meilleures méthodes pour renforcer la très
l’organe souverain qui élit à son tour le Conseil
importante tradition mutuelle existant en France.
d’administration. A une époque où les adhérents
peuvent devenir désengagés de leurs organisations, la
MGEN a continué à obtenir un taux de participation
des membres aux élections de 25 %. En même temps,
certaines des structures démocratiques traditionnelles,
notamment les assemblées départementales, perdent
de leur vitalité. La MGEN a récemment remanié
son système de gouvernance, en partie pour que
l’organisation puisse réagir plus rapidement à la
nécessité d’un changement. « Nous avons donc
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 9
LEADERSHIP
Mike Pritula : mes sept
questions à l’adresse du
secteur de l’assurance
L’un des conférenciers invités de
la Conférence biennale de l’ICMIF
organisée cette année à Minneapolis
est Michael S. Pritula. Mike occupe un
poste de Directeur chez McKinsey &
Company et il est un dirigeant principal
de pratique stratégique et un associé
du Bureau de New York de McKinsey,
qui dessert l’industrie de l’assurance
sur les questions de stratégie. Dans
le cadre de son travail, il possède une
expérience approfondie sur tous les
régions du monde, et sa clientèle se
répartit en Asie, en Amérique du Nord
et en Europe. Voice lui a demandé
de donner les grandes lignes de sa
contribution à la Conférence.
10 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
4. Nos marchés cibles sont-ils adéquats,
L’industrie de l’assurance au stade actuel demeure
aussi essentielle pour le développement de base des
activités économiques qu’auparavant, et elle l’est sans
que ce soit en termes de segment de
doute encore plus. Elle joue le rôle de l’oxygène pour
clientèle et de géographie, compte tenu
la vie du commerce partout, à la fois omniprésente et
de nos compétences et de nos capacités
nécessaire et souvent reléguée au second plan dans
? Et dans quel sens devraient-ils
le monde des services financiers. Tout comme l’air
changer ?
que nous respirons, elle se présente sous des formes
positives et, parfois, négatives mais elle perdure parce
que ceux qui participent aux activités économiques
5. Comment notre modèle opérationnel
et sociales ne peuvent, bien souvent, assumer tout le
changera-t-il pour prendre en compte la
poids du risque inhérent à leurs activités. Les assureurs
disponibilité des services de vendeurs
recherchent cette lacune en matière de création de
et de fournisseurs pour l’industrie de
risque et cette incapacité à supporter les risques ; ils
l’assurance ? Quelles activités notre
font alors l’apport de capitaux pour compenser ce
manque et demandent un dédommagement pour cela.
société devrait-elle conserver ? Quelles
C’est la volonté de la part des assurés à payer pour
activités devrions-nous cesser ?
combler cette lacune en matière de souscription de
6. Pourquoi fournissons-nous certains
risque qui a alimenté l’industrie il y a des siècles et
continue à le faire aujourd’hui.
produits, et devrions-nous en proposer
Ces demandes des assurés génèrent aujourd’hui à
plus ou moins ?
l’échelle mondiale une industrie qui a souscrit pour
2,4 milliards USD de primes d’assurance vie et primes
afférentes et 1,6 milliard USD de primes d’assurance
générale en 2014. L’industrie est gigantesque.
7. Disposons-nous de la technologie et
avons-nous le talent nécessaire pour
soutenir la concurrence sur nos marchés
La concurrence entre assureurs pour ces primes n’a
au cours des dix prochaines années ?
jamais été aussi féroce qu’aujourd’hui. D’année en
année, les assureurs sont plus compétents et aptes à
Ces questions sont simples, et pourtant y répondre
répondre aux besoins de leurs assurés, comme cela a
efficacement nécessite de la part des équipes de
toujours été le cas. Mais il semble que la technologie
direction un examen approprié, la volonté de
ait accéléré le rythme d’évolution de l’industrie, lequel
rassembler les faits dans une situation donnée et elle
ne se ralentira pas.
exige d’eux de répondre honnêtement et directement à
1. Comment gèrerons-nous les données
ces questions.
Les assureurs mutuels et coopératifs, quels que soient
internes, les données externes et les
compétences spécifiques, et comment
les marchés qu’ils ont choisis, doivent aborder ces
questions de toute urgence : leurs concurrents non
les associer pour réaliser une meilleure
mutuels évoluent à un rythme très rapide et, en
souscription du risque que nos
particulier, ils tirent avantage de la flexibilité du
capital et des innovations sur le marché. Cependant,
concurrents ?
les assureurs mutuels et coopératifs possèdent des
2. Comment modifierons-nous nos modèles
opérationnels pour qu’ils prennent
avantages par rapport à leurs pairs non mutuels : ils
peuvent entretenir avec leurs assurés une relation plus
profonde, plus significative que les autres
en compte la rapide augmentation de
assureurs ; généralement, ils sont capables d’avoir
l’utilisation de la technologie numérique
une vision à plus long terme de leur entreprise ;
par les consommateurs et les clients
et ils peuvent éviter les innombrables dépenses
et distractions incontournables pour les sociétés
professionnels ?
d’assurance par actions.
Néanmoins, les assureurs mutuels et coopératifs
3. Comment ajusterons-nous notre
doivent encore chercher les réponses aux questions
stratégie de gestion du capital étant
énoncées ci-dessus. Ils sont confrontés à un
donné les formes de plus en plus variées
environnement plus difficile et plus concurrentiel
de capital et de réassurance dont nous
qu’auparavant, mais qui présente des avantages plus
disposons ?
grands qu’auparavant à condition d’agir rapidement et
correctement.
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 11
LEADERSHIP
Anders Sundström:
Depuis deux ans, l’ICMIF
commence à trouver sa voix
12 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
Anders Sundström est Président du
Anders, ex-Président directeur général de Folksam,
actuellement Président de la Fédération suédoise des
Conseil d’administration de l’ICMIF
depuis deux ans et il présidera pour la
coopératives de consommation et Président du conseil
d’administration de la Swedbank, se prépare à passer
un moment très intense sur le podium à Minneapolis
première fois la Conférence biennale
de l’ICMIF en octobre prochain. C’est
mais il dit qu’il est néanmoins très impatient
d’écouter les débats et discussions. « Le programme,
un moment approprié, dit-il, pour faire
avec ses conférenciers intéressants, tables rondes et
le point sur les progrès réalisés par
opportunités de réseautage, s’annonce prometteur.
J’espère que nous réussirons à obtenir un bon équilibre
l’organisation depuis la Conférence
durant la Conférence entre le besoin à long terme
de changement et notre légitime impatience que les
de 2013 à Cape Town et pour jauger
choses commencent à se produire ici et maintenant,
si la stratégie qu’il supervise est
tant en ce qui concerne les changements climatiques
adéquatement mise en œuvre.
que d’autres enjeux sociétaux. »
Anders dit qu’il est globalement satisfait des
Pour l’avenir, Anders souhaite également le
évolutions jusque-là. A sa nomination au poste de
renforcement de la relation entre l’ICMIF et
Président, il a appelé l’ICMIF à axer sa stratégie sur
l’organisation européenne des assureurs mutuels
deux domaines : d’une part, développer ses activités
et coopératifs, AMICE. « Je vois une excellente
de plaidoyer et de lobbying auprès des principales
opportunité de coopération plus étroite, plus
organisations internationales et sectorielles, d’autre
structurée avec l’AMICE », dit-il, ajoutant que le but
part veiller à ce que les membres tirent de réels
est de voir la force mondiale de l’ICMIF reposer sur de
avantages de leur statut de membre de l’ICMIF, par
solides antennes régionales.
exemple, un meilleur réseautage et un meilleur
Si vous lui demandez de désigner des domaines où
échange de connaissances.
l’ICMIF a obtenu moins de succès ou sur lesquels
« Il reste encore beaucoup à faire, mais la mise en
elle a encore besoin de concentrer ses efforts,
œuvre de la nouvelle stratégie a dépassé les attentes –
Anders réfléchit alors soigneusement. Parfois,
j’imaginais qu’il faudrait plus de temps pour arriver au
dit-il, quand les assureurs coopératifs et mutuels
stade actuel, affirme-t-il. Nous avons réussi à faire de
sont le sujet de discussion, l’accent est uniquement
grands progrès en tant que porte-parole des sociétés
porté sur le modèle de gouvernance. Mais le débat
coopératives et mutuelles au niveau international, et
doit être élargi, suggère-t-il. « Nous ne devrions
notre voix est réellement écoutée. Je pense également
pas nous contenter de parler exclusivement de
que nous jouissons d’une position unique, celle de
gouvernance. Il vaudrait mieux décrire, du point de
pouvoir intégrer notre expertise en matière de risque
vue d’une partie prenante, la façon dont les sociétés
dans les discussions et les initiatives en cours dans le
coopératives et mutuelles d’assurance donnent en
cadre de l’ONU, du G20/B20, etc. »
retour à la société de multiples façons, que ce soit
sous forme de demandes d’indemnisation, taxes,
Mais il y a encore d’autres points sur lesquels nos
rémunérations, remboursements, soutien aux
efforts doivent porter. La réponse d’Anders à la
question de savoir ce qu’il reste à faire à l’ICMIF par
rapport à sa liste de mesures à prendre tient en deux
mots : encore plus de membres. Accroitre le nombre
de membres donne plus de poids à l’ICMIF pour sa
tâche de plaidoyer, souligne-t-il, mais c’est également
initiatives communautaires, etc. Cela est fondé sur
une approche à long terme, où la viabilité constitue
une partie naturelle de la fourniture d’une couverture
d’assurance à un prix abordable à bon nombre de
gens », dit-il.
un solide indicateur du bon fonctionnement de
« Toutes les organisations se doivent de constamment
l’organisation et du fait qu’elle procure de réels
évoluer, y compris l’ICMIF, mais telle qu’elle est
avantages à ses membres. « Nous devons démontrer
actuellement, c’est une organisation qui fonctionne
qu’être membre de l’ICMIF confère une valeur
extrêmement bien, et il est toujours agréable de
ajoutée et constitue un moyen de créer un avantage
travailler avec l’équipe de l’ICMIF. Mes collègues
concurrentiel, dit-il. La Conférence biennale de
au Conseil d’administration mettent beaucoup de
Minneapolis compte parmi les participants des
dévouement et de compétence dans leur tâche, et cela
organisations non membres, outre les organisations
contribue grandement à rendre la mienne, celle de
membres, et j’espère que nous pourrons leur faire
Président, stimulante », ajoute-t-il.
appréhender l’utilité d’être membre de l’ICMIF – de
telle façon qu’elles décident après cela de devenir
membres. »
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 13
LEADERSHIP
Changements climatiques :
les avantages possibles pour
les assureurs s’ils en relèvent
les défis
Le message lancé par les scientifiques du Groupe
d’experts intergouvernemental des Nations-Unies sur
l’évolution du climat (GIEC) est peu réjouissant. Le GIEC
a évoqué l’intensification du réchauffement climatique
mondial qui accroit la probabilité d’« impacts graves,
étendus et irréversibles ». La Conférence des NationsUnies sur les changements climatiques, la COP21,
prévue à Paris en décembre prochain pourrait bien,
selon certains, se révéler quasiment la dernière chance
pour le monde de s’unir afin de contrer la menace.
14 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
Les assureurs connaissent les risques entrainés par
inondations. Notre couverture est disponible pour
un réchauffement rapide de la planète : inondations,
les propriétaires de toute la province – pas seulement
sécheresses, et autres phénomènes météorologiques
ceux qui courent un faible risque d’inondation ou
catastrophiques. De nombreux membres de l’ICMIF
de refoulement d’égout », a précisé Kathy Bardswick,
ont pris de l’avance par rapport au reste de l’industrie,
Présidente et chef de la direction de Co-operators.
en faisant preuve d’un engagement fort à l’égard du
« Nous coopèrerons avec les clients pour les aider
développement durable, notamment en prenant des
à comprendre le risque de dégât des eaux à leur
mesures positives pour réduire leur propre empreinte
domicile, les encourager à prendre des mesures
carbone. C’est une performance louable en termes
préventives et leur offrir une certaine souplesse pour
de responsabilité sociale – mais est-ce également
leur permettre de souscrire la protection qui soit la
judicieux du point de vue commercial ?
plus judicieuse pour leur famille et eux-mêmes », a
Selon Liz Green, Vice-présidente principale de
indiqué Kathy.
l’ICMIF pour les Relations extérieures, la réponse
« Il existe aussi des possibilités de récompenser les
est résolument affirmative. Les membres de
automobilistes qui se préoccupent de l’environnement
l’ICMIF qui jouent un rôle pilote en prenant des
et qui essaient de réduire l’usage excessif de
initiatives solides en matière de responsabilité
véhicules », déclare Liz Green. Elle souligne le travail
sociale et environnementale des entreprises sont
entrepris par Folksam (Suède) et d’autres membres
également en meilleure position par rapport à leurs
de l’ICMIF pour lancer des polices d’assurance
concurrents quand il s’agit de répondre aux nouvelles
automobile liées directement à l’utilisation des
préoccupations de leurs clients.
véhicules en faisant appel à la technologie de
« Naturellement, les assureurs mutuels et coopératifs
surveillance télématique. Ces produits, ciblant souvent
devraient être exemplaires dans leurs activités de
les conducteurs débutants qui doivent normalement
responsabilité sociale des entreprises. Mais il ne
s’acquitter de primes d’assurance élevées, peuvent
s’agit pas simplement d’être de bonnes entreprises
également être intéressants pour les automobilistes
citoyennes du monde. C’est également rentable en
de tous âges soucieux de l’environnement, suggère
termes d’opportunités commerciales. Être axé sur le
Liz. « Une fois de plus, les membres de l’ICMIF sont
triple résultat peut en fait améliorer le seul résultat
potentiellement bien placés pour être les premiers à
visé par une entreprise – le profit », déclare-t-elle.
profiter de ce nouveau marché », déclare Liz.
Elle cite des exemples tirés parmi les assureurs
Les signes ne manquent assurément pas indiquant
membres de l’ICMIF qui, dit-elle, ont fait montre
qu’un nombre croissant d’investisseurs individuels
d’innovation dans les produits qu’ils conçoivent. « J’ai
tiennent à voir leur argent investi de manière
été impressionnée d’entendre parler, lors du dernier
responsable sur le plan social et environnemental.
Forum des Leaders sur la Communication de l’ICMIF,
Selon Novethic, le centre de recherche français sur
par exemple, du travail entrepris actuellement par
l’investissement socialement responsable (ISR), ces
Co-operators au Canada sur la résilience aux
derniers mois ont vu une rapide augmentation du
inondations », explique-t-elle.
désengagement du public vis-à-vis des sociétés ayant
une activité dans les secteurs des énergies fossiles, la
Comme évoqué dans Voice 79 (mai 2014), jusque-
raison en étant une prise de conscience croissante
là, l’assurance habitation classique souscrite par les
propriétaires canadiens ne couvrait généralement pas
le risque d’inondation des terres. L’an dernier, Cooperators a publié un rapport d’enquête sur le sujet et
piliers : l’éducation, le plaidoyer (lobbying politique)
et – enfin et surtout - les solutions produits. A cet
égard, Co-operators a lancé en mai de cette année à
Alberta un nouveau produit d’assurance – disponible
pour tous les propriétaires – lequel offre pour la
existante en pratiques d’investissement responsable,
car ceci constitue un avantage concurrentiel. « J’ai
remarqué que l’un de nos membres britanniques
qui détient un solide portefeuille de produits ISR,
Ecclesiastical, affirme sur une page de son site web :
“Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère en matière
première fois une protection complète contre les
inondations. Ce produit, qui offre des incitatifs pour
encourager les propriétaires à réduire la probabilité de
pertes, sera disponible dans le reste du pays d’ici la fin
de l’année.
« En tant que coopérative, nous cherchons à répondre
canadiens une meilleure protection contre les
et Divest/Invest aux États-Unis.
membres de l’ICMIF transforment leur bonne pratique
La réponse de Co-operators se fonde sur trois
évidence un besoin de fournir aux propriétaires
évoque en particulier les mouvements Go Fossil Free
Pour Liz Green, cela tombe sous le sens que les
a lancé un appel à l’action.
à des demandes non satisfaites, et il existe de toute
des dangers des changements climatiques. Novethic
d’investissement responsable”, et je pense qu’ils ont
absolument raison. A mon avis, nous allons voir
un pourcentage croissant de fonds d’investisseurs
privés s’orienter dans une direction responsable sur
le plan environnemental dans les toutes prochaines
années. Les mutuelles et coopératives qui ont déjà une
politique éthique seront bien placées pour saisir cette
opportunité commerciale en pleine expansion. »
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 15
LEADERSHIP
Main dans la main : Réduire les
risques de catastrophe contribuera
à une croissance durable –
déclaration de la Conférence
mondiale sur l’investissement
La plantation d’arbres
peut sauver des vies et
préserver les moyens
d’existence en réduisant
les dommages entrainés
par les inondations et les
vents violents. Van Lyna,
fillette âgée de six ans,
plante un arbre dans la
province de Prey Veng,
au Cambodge. Photo
d’Arantxa Cedillo, PNUD
Cambodge
La nouvelle feuille de route des Nations Unies (ONU)
ne prenant pas en compte le risque et l’absence de
pour gérer le risque de catastrophe – le Cadre d’action
règlementation. Il est essentiel d’offrir des incitatifs
de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe
à l’investissement privé dans la réduction du risque
adopté en mars dernier par les États membres – est en
pour parvenir à un développement durable et
lien direct avec la cause du développement durable
atteindre les objectifs fixés dans le Cadre d’action de
partout dans le monde, selon Margareta Wahlström,
Sendai. » Les délégués ont également entendu Sabbir
chef du Bureau des Nations Unies pour la réduction
Patel, Vice-président principal, Marchés émergents,
des risques de catastrophe (ONU-SIPC). « La réduction
ICMIF, décrire le rôle important que peut jouer le
du risque de catastrophe n’est pas qu’une question
secteur coopératif et mutuel de l’assurance dans la
d’ordre technique. Elle concerne véritablement
réduction du risque de catastrophe.
plusieurs secteurs », a-t-elle déclaré aux délégués
Le message qui a émergé des discussions en amont
lors d’une session sur les investissements résistants
du Cadre d’action de Sendai pour la réduction des
aux catastrophes et le développement durable
risques de catastrophe 2015-2030 est que, si le risque
organisée durant la Conférence internationale sur
n’est pas adéquatement identifié et appréhendé et
le financement du développement à Addis Abeba
que des mesures ne sont pas prises pour le réduire
en juillet dernier. « Il est nécessaire de prendre des
quand des décisions en matière d’investissement
mesures plus ciblées pour mettre l’accent sur les
sont prises, c’est le caractère durable de la croissance
facteurs de risque sous-jacents tels que l’urbanisation
et du développement lui-même qui sera compromis.
rapide, la mauvaise gestion des terres, les politiques
16 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
Comme l’a souligné l’ONU-SIPC, les pertes
économiques provoquées par les catastrophes ont
régulièrement augmenté ces dernières années,
phénomène exacerbé par des facteurs comme
les changements climatiques et l’urbanisation
déséquilibrée. L’estimation des pertes dues à des
événements climatiques – séismes, tsunamis, cyclones
et inondations – se situe actuellement entre 250
milliards USD et 300 milliards USD par an, et
l’ONU-SIPC suggère que ce chiffre pourrait atteindre
415 milliards USD d’ici 2030. Ceci sans compter plus
de 700 000 décès, et environ 1,5 milliards de vies
touchées des suites de catastrophes d’origine naturelle
au cours de la dernière décennie.
L’assurance, et en particulier les coopératives et les
assureurs mutuels, sont perçus par l’ONU-SIPC comme
jouant un rôle essentiel dans la réussite de la mise
en œuvre du Cadre d’action de Sendai (Voice 82). Les
assureurs, du fait qu’ils possèdent des connaissances
en matière de risque, peuvent contribuer à fournir
des informations qui guident le comportement
décisionnel ; ils peuvent contribuer à orienter vers
une politique sensible au risque et ils peuvent élaborer
des solutions innovantes pour minimiser le risque et
développer la protection sociale. Les assureurs peuvent
également, de par leur position de gestionnaires
d’actifs, jouer un rôle pionnier dans l’intégration
d’une compréhension du risque de catastrophe et
des changements climatiques dans les décisions en
matière d’investissement (voir page 18).
Sabbir Patel, Vice-président principal, Marchés
émergents, ICMIF, à la Conférence internationale sur le
financement du développement, Addis Abeba (Éthiopie)
particulier, non seulement permet aux particuliers
de reconstruire en mieux mais elle leur confère aussi
l’indépendance pour se protéger par eux-mêmes et
ne pas être obligés de compter complètement sur
l’aide publique et la charité des bailleurs de fonds », a
Ce message a été fermement souligné par Sabbir Patel,
ajouté Sabbir. Il a souligné l’importance particulière
de l’ICMIF, dans son allocution à Addis Abeba. « Avec
du secteur mutuel et coopératif de l’assurance. « Les
sa capacité financière et son expertise en matière
mutuelles et coopératives renforcent et formalisent la
de risque, le secteur de l’assurance peut contribuer
solidarité inhérente et l’aspiration à une vie meilleure
fortement aux efforts visant à atteindre une résilience
qui est au cœur des communautés pauvres, et de
financière et à renforcer la gestion du risque, a-t-il dit
s’approprier leur propre avenir », a-t-il affirmé.
aux délégués. L’assurance est un vecteur de croissance
économique et de développement durable, mais elle
permet aussi une identification et une compréhension
adéquates du risque, et elle facilite la prise de mesures
appropriées pour le réduire et empêcher sa création. »
La microassurance en particulier a eu un rôle
important à jouer, a-t-il poursuivi : « Bâtir des
communautés résistantes exige avant tout de rendre
les individus et les ménages résilients. Et pour cela, il
faut une vision globale plus large de tous les risques
encourus par des communautés vulnérables et pas
seulement des risques liés à des catastrophes. La
Margareta Wahlström et Sabbir Patel ont été rejoints
sur le podium par, notamment, le ministre des
Finances du Mozambique, Adriano Afonso Maleiane,
qui a souligné l’intérêt direct des mesures de réduction
des risques dans des pays comme le sien qui sont très
exposés au risque d’inondation.
L’ICMIF poursuit sa collaboration étroite avec
l’ONU-SIPC avec le démarrage de la mise en œuvre
du Cadre d’action de Sendai, et Margareta Wahlström
participera comme conférencière invitée à la
Conférence biennale de l’ICMIF en octobre prochain.
microassurance, ou l’assurance inclusive, a démontré
qu’elle était un outil efficace pour protéger les actifs
des populations pauvres contre ces risques. »
« La fourniture de microassurance et, selon nous,
la microassurance axée sur la communauté en
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 17
LEADERSHIP
Investir mieux, investir
intelligemment :
Le projet d’investissement
Smart Risk génère un large
écho dans l’industrie
Le projet d’investissement Smart Risk,
initiative conjointe de l’ICMIF et de
l’International Insurance Society (IIS),
Secrétaire général des Nations Unies, qui est un ardent
défenseur des efforts de l’industrie de l’assurance »,
déclare Faye.
sera abordé lors d’une session de la
L’investissement Smart Risk est un concept plus
Conférence biennale 2015 de l’ICMIF,
large que les classiques investissements socialement
en octobre prochain à Minneapolis. Le
Faye Lageu
Nations Unies, jusque et y compris Ban Ki-moon, le
concept de tirer parti de l’expertise
en matière d’évaluation du risque et
responsables (ISR), en raison de l’accent qui y est
mis sur l’intégration des considérations de risque.
Néanmoins, avec les changements climatiques
fermement inscrits à l’agenda international,
notamment l’annonce du G7 de l’abandon progressif
de l’appliquer aux décisions relatives à
de l’utilisation de tous les combustibles fossiles d’ici la
la gestion d’actifs a suscité un intérêt
fin de ce siècle, il n’est pas surprenant que l’attention
considérable dans toute l’industrie de
l’assurance.
« L’investissement Smart Risk réunit deux parties du
secteur des assurances qui, historiquement, n’ont pas
toujours dialogué », déclare Faye Lageu,
Vice-présidente, Business Intelligence, ICMIF. Mais
le concept pourrait contribuer à transformer la façon
dont les assureurs proposent des solutions aux risques
sociaux et environnementaux croissants dans le
monde.
L’initiative fait suite à l’annonce conjointe de l’ICMIF
et de l’IIS faite lors de la Conférence des Nations Unies
(ONU) sur les changements climatiques à New York
en septembre dernier. Le Directeur général de l’ICMIF,
Shaun Tarbuck, s’est engagé à ce que l’industrie de
l’assurance joue pleinement son rôle pour relever les
se soit jusque-là concentrée essentiellement sur l’aspect
environnemental.
« L’investissement Smart Risk vise les facteurs de risque
immédiat et urgent de changements climatiques,
mais il cherche aussi de manière plus large à inclure
d’autres risques environnementaux et sociaux. Il aide
les compagnies d’assurance à anticiper les risques de
changements règlementaires et politiques associés sans
compromettre l’objectif de continuer à maximiser le
rendement des placements pour l’organisation et ses
clients », explique Faye.
L’ICMIF prend actuellement l’initiative de constituer
un comité consultatif qui aura pour tâche d’élaborer
un ensemble de définitions et un cadre de travail qui
fera avancer le projet d’investissement Smart Risk. Ce
comité sera composé d’acteurs clés de l’industrie, dont
des membres de l’ICMIF.
défis des changements climatiques en doublant ses
Pour Tarbuck, l’industrie de l’assurance connait
investissements intelligents sur le plan climatique,
actuellement « une transformation qui confirme
soit de 42 milliards USD à 84 milliards USD, d’ici
la capacité de l’industrie de l’assurance et sa
la tenue de la Conférence des Nations Unies sur les
détermination à gérer les risques associés au
changements climatiques, UN COP21, en décembre
changement social et environnemental. Cela
prochain à Paris, et en les augmentant encore par la
entrainera de meilleurs résultats commerciaux et un
suite pour atteindre 420 milliards USD à la fin de la
meilleur avenir en perspective ».
décennie. « Le projet fait actuellement l’objet d’un
examen attentif et teinté d’espoir, de la part des
18 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
L’assureur coopératif
britannique consolide sa
position financière
La branche assurance générale du géant Co-operative
Group (RU) a renforcé sa position financière et sa capacité
à développer ses activités avec une émission d’obligations
couronnée de succès d’une valeur de 70 millions GBP (109
millions USD), placée sur les marchés commerciaux.
CIS General Insurance Ltd, qui opère sous le nom de Co-operative Insurance,
utilisera le produit généré par l’émission d’obligations pour financer un programme
d’investissement en rapport avec l’objectif stratégique de devenir l’assureur préféré
des huit millions de clients du marché de détail du Co-operative Group.
« Cette levée de fonds marque une étape importante pour Co-operative Insurance,
déclare Mark Summerfield, Directeur général. Nous avons une stratégie prometteuse
pour faire aller de l’avant notre entreprise, axée sur notre objectif qui est de devenir
l’assureur incontournable pour les sociétaires du Groupe. Cela nous donne les
moyens d’exploiter nos avantages concurrentiels en nous concentrant plus sur nos
sociétaires et leurs besoins en assurance. »
Mark Summerfield
La consolidation de la position de Co-operative Insurance fait suite à une période
de turbulences pour Co-operative Group, qui a dû vendre l’an dernier la majorité de
ses actions dans sa filiale bancaire ainsi que se dessaisir d’autres branches d’activités
autres que la vente d’assurance au détail, notamment agricole et pharmaceutique.
L’émission réussie d’une obligation subordonnée Tier 2 à taux fixe est un autre
exemple de la façon dont les coopératives peuvent, en cas de nécessité, lever des
fonds des marchés de capitaux tout en conservant leur structure coopérative.
Le capital des coopératives
Le rapport Survey of Cooperative Capital (Enquête sur le capital des
coopératives), commandé par l’Alliance coopérative internationale (ACI) et rédigé
par Michael Andrews, est disponible sur le site web de l’ACI,
http://ica.coop/es/node/11170
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 19
LEADERSHIP
L’avenir est mutuel en
Scandinavie avec la
transformation de Skandia
en une société détenue par
ses membres
L’intérieur du siège de Skandia, Stockholm, Suède
20 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
Un virage spectaculaire vers la mutualisation de l’assurance et des
services financiers se déroule en Scandinavie. Skandia, un des noms
les plus historiques dans le domaine de l’assurance en Suède, a achevé
sa transformation juridique en une mutuelle entièrement détenue
par ses sociétaires. Entre-temps en Finlande, Pohjola, une importante
société d’assurance générale, de banque et de gestion d’actifs qui
était auparavant cotée en Bourse a été retirée de la cote et elle est
maintenant devenue une société entièrement coopérative.
La décision de Skandia de devenir une mutuelle fait suite au rachat
réussi des activités scandinaves de Skandia en 2012 auprès d’Old
Mutual, le groupe de services financiers basé en Afrique du Sud
qui avait acquis Skandia en 2005 (acquisition qui avait soulevé la
controverse). Old Mutual (qui, en dépit de son nom, est une société
non mutuelle et inscrite à la Bourse de Londres) a conservé les
activités de Skandia en dehors de la Scandinavie, et les a maintenant
rebaptisées de son propre nom.
Une succursale d’OP-Pohjola
Skandia, la société privilégie la durabilité et l’équité plutôt que le
rendement à court terme des ventes, et elle est très attachée à ce que
Skandia a été créée à Stockholm en 1855 et elle est inscrite à la
ses bénéfices récompensent ses assurés de longue date.
Bourse de Stockholm depuis 1863. Au cours des années 1960, Skandia
Tandis que le processus de mutualisation de Skandia suscitait un
a fait l’acquisition de Thule Life Insurance Company, qui a été
renommée Skandia Liv. Skandia Liv était une société de distribution
à responsabilité limitée, à but non lucratif et opérée sur une base
mutuelle. En 2012, Skandia Liv a acquis le groupe Skandia auprès de
son ancien propriétaire, Old Mutual. Une nouvelle société mutuelle
d’assurance vie a été créée, Skandia Öms, qui a acquis l’entreprise
auprès de Skandia Liv, à la suite de quoi Skandia Liv a été intégrée à
Skandia Öms. L’opération s’est achevée en janvier 2014. Skandia Öms
est détenue par ses clients, au nombre de 1,4 million, lesquels ont
le droit de voter pour élire le Conseil représentatif des sociétaires et
d’assister aux assemblées générales annuelles.
L’expérience acquise par Skandia durant le processus de
mutualisation est susceptible de présenter un intérêt considérable
en cas d’autres processus de mutualisation ou de remutualisation
similaires. Le processus a impliqué la création à titre provisoire d’une
Fondation (la Thule Foundation) qui a été pendant un court moment
propriétaire de l’entreprise. Les activités de Skandia dans les pays
nordiques ont été rachetées auprès d’Old Mutual pour un montant de
22,5 milliards SEK (2,6 milliards USD).
intérêt considérable en Suède, le groupe financier Pohjola en Finlande
se retirait de la Bourse d’Helsinki, suite à une décision prise par le
groupe coopératif bancaire OP-Pohjola de faire une offre d’achat
visant les actions dans Pohjola détenues par des investisseurs
extérieurs. Au moment de l’offre, annoncée en février de l’année
dernière, OP-Pohjola détenait 37 % des actions cotées même si cette
participation leur conférait 61 % de droits de vote. Selon OP, le
groupe souhaitait abandonner le modèle hybride d’une institution
financière cotée en Bourse, dont la structure n’était que partiellement
coopérative et transformer la structure de l’entreprise pour qu’elle
soit entièrement coopérative.
Ce changement, qui impliquait un prix de l’offre près de 18 %
supérieur au cours de clôture au moment de l’offre, a été accueilli
avec enthousiasme par les marchés financiers et l’acquisition a été
finalisée à la fin de l’année dernière. Pohjola, assureur opérant à
l’origine en tant que société cotée depuis 1912, fournit des services
bancaires à ses clients (soit des moyennes ou grandes entreprises soit
des particuliers), possède une branche gestion des actifs importante
et propose également de l’assurance générale. La société fournit
La seconde AGA de la nouvelle mutuelle s’est tenue en mai dernier
des services de banque centrale pour les quelque 180 banques
et avait à son ordre du jour l’élection des membres du Conseil
coopératives locales qui, ensemble, constituent la coopérative
représentatif, l’organe qui exerce officiellement la fonction de
centrale OP.
propriété de la société et qui nomme le Conseil d’administration.
La décision de Pohjola de se retirer de la cote a été suivie par une
Deux cent candidats se sont présentés, parmi lesquels quatorze ont
été sélectionnés par un Comité de nomination et ont constitué
une liste restreinte de candidats pour les sept sièges disponibles.
Les quatorze noms sur les bulletins de vote ont été choisis pour
représenter l’éventail complet des clients de Skandia et pour offrir les
compétences nécessaires pour ce poste. De nouvelles élections auront
lieu l’année prochaine quand le Conseil représentatif atteindra son
effectif complet de 21 membres, et que les dispositions provisoires
impliquant des candidats de la Thule Foundation arriveront à leur
terme.
Skandia obtient de bons résultats dans son nouveau rôle mutuel,
et elle a d’ailleurs dû en décembre dernier imposer des limites
temporaires à l’épargne annuelle maximale dans des polices
d’assurance mixte et d’autres polices pour décourager les
investissements spéculatifs. Selon Bengt-Åke Fagerman, DG de
décision de renommer l’ensemble du groupe du nom d’OP. Un
retrait séparé de la cote est actuellement en cours pour la grande
banque coopérative de la région d’Helsinki, qui est cotée en Bourse
séparément depuis les années 1990, par un caprice de l’histoire.
En 2016, cette banque, Helsinki OP, sera intégrée dans la famille
coopérative OP.
D’après le DG d’OP, Reijo Karhinen, l’initiative de retirer Pohjola de
la cote ramène le groupe à ses racines coopératives. Ce changement
a été encouragé par une règlementation plus stricte du secteur
bancaire, lequel a imposé un contrôle plus strict de la gestion de la
banque. Sans le retrait de la cote, a-t-il fait valoir, il est fort probable
que l’ensemble du groupe OP-Pohjola aurait tôt ou tard fini par être
lui-même une entreprise cotée en Bourse. Le retrait de la Bourse
renforce les racines et le caractère fortement finlandais d’OP,
affirme-t-il.
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 21
LEADERSHIP
Mouvement Desjardins: Adhérer
aux changements technologiques
en mode coopératif
Monique F. Leroux
s’adressant aux
participants du Sommet
international des
Coopératives de 2014
Les premiers à adopter l’Apple Watch, la montre
durant toute la période où elle a dirigé le groupe
hyper-médiatisée, peuvent l’utiliser pour avoir l’heure,
financier coopératif basé au Québec. Consciente de
envoyer des messages à des amis ou savoir quels sont
la manière dont la technologie change le secteur de
les films au programme dans les cinémas de leur ville.
l’assurance et des services financiers, notamment
Mais, s’ils sont clients de l’organisation membre de
en drainant la concurrence potentielle de nouveaux
l’ICMIF, le Mouvement Desjardins, premier groupe
acteurs tels PayPal et Google n’appartenant pas au
financier coopératif du Canada et le cinquième plus
secteur financier traditionnel, elle a fait de ce thème
grand dans le monde, ils peuvent également s’en servir
l’un de ses axes prioritaires. L’innovation constante,
pour connaitre le solde de leur compte à la caisse
dit-elle, est nécessaire aux coopératives pour demeurer
populaire ou bien virer des liquidités excédentaires sur
pertinentes face à leurs membres. « De nos jours, il
un compte à intérêt élevé.
ne suffit pas d’avoir une bonne idée, encore faut-il
Le logo de Desjardins est affiché sur l’écran de l’Apple
rapidement la concrétiser », prévient-elle.
Watch, prêt à être utilisé pour appeler l’application
Le désir de promouvoir une culture de l’innovation au
mobile qui y est intégrée. C’est un exemple de la façon
sein de Desjardins s’est traduit par le lancement d’une
dont Desjardins veille très consciemment à rester à la
large sélection de nouveaux produits et services ces
pointe de l’innovation technologique.
dernières années. En 2011, par exemple, Desjardins
« La technologie est en train de transformer notre
est devenu le premier assureur au Canada à lancer
façon d’apprendre, d’acheter, d’entretenir des relations
un programme mobile d’assistance voyage. En 2013,
sociales, a déclaré Monique Leroux, Présidente du
le groupe a une nouvelle fois pris une avance sur
Conseil d’administration et Présidente et Chef de la
les autres concurrents en proposant aux clients
direction du Mouvement Desjardins, à son auditoire
Ajusto, une police d’assurance automobile basée
lors de l’Assemblée générale annuelle de la coopérative
sur la télématique. Depuis mars 2015, l’application
qui s’est tenue en mars dernier à Montréal.
Ajusto dispense d’installer un dispositif télématique
L’innovation technologique fait maintenant partie
permanent dans le véhicule qui est conduit. En
intégrante de notre quotidien », a-t-elle ajouté.
2014, Desjardins a lancé Hop-Ép@rgne, la première
Pour Monique Leroux, la nécessité pour Desjardins
d’adhérer à l’innovation a été un solide fil conducteur
application mobile d’épargne instantanée au Canada.
Comme il se doit pour une coopérative, Desjardins
a adopté une approche très fortement collaborative
dans son désir de créer une culture de l’innovation.
En septembre dernier, lors de son 22e congrès annuel,
près de 2 000 délégués ont eu l’opportunité de discuter
des façons dont le Mouvement Desjardins continuera
à être à la pointe de l’innovation.
Près de 4 000 employés ont rejoint le réseau
excentriQ, plateforme collaborative en ligne qui
permet au personnel de se rencontrer pour discuter
d’idées et concevoir des solutions créatives. C’est
l’une des nombreuses initiatives récentes, comme
également la création en 2011 du Groupe Technologies
Desjardins, une unité spécialisée qui fournit
l’expertise technologique à tous les composantes du
Mouvement Desjardins. Plus récemment, Desjardins
a mis en place son initiative I3D, basée sur le célèbre
programme i3 du Filene Research Institute (Idées,
Innovation, Implémentation). Au début de l’année,
Monique Leroux a également annoncé le projet de
22 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
LEADERSHIP
Employés de Desjardins
en action au cours
d’une session I3D
ce qu’elle appelle le Laboratoire d’innovation de
transformation auxquels ils font face. Conjointement
Desjardins. « Nos experts, nos employés passionnés et
organisée par le Mouvement Desjardins et l’Alliance
nos partenaires pourront ainsi travailler à concevoir
coopérative internationale, la troisième édition du
des prototypes. Ils pourront également explorer les
Sommet promet d’être, une fois encore, un événement
technologies les plus avancées, dans un espace de
à ne pas manquer.
collaboration et de coopération multidisciplinaire,
stimulant et performant », a-t-elle annoncé à
Faits saillants du deuxième trimestre
l’auditoire de l’Assemblée générale.
L’idée qu’il existe, ou qu’il devrait exister, une
affinité naturelle entre les principes traditionnels de
coopération et l’approche collaborative vis-à-vis des
changements technologiques qui se manifestent dans
des aspects comme les logiciels open source a déjà
• Hausse significative de CAD 183 des
excédents, qui atteignent CAD 629
• Très bonne performance des secteurs
d’assurance, dont les excédents sont en
hausse de CAD 194
été exprimée par plusieurs auteurs du mouvement
• Rendement des capitaux propres de 11,4 %
coopératif ces dernières années. Desjardins a
clairement l’intention de mettre la théorie en pratique.
• Croissance de 8,9 % des revenus
d’exploitation
« Tout en demeurant ce que nous sommes, un
• Actif de CAD 250,9
groupe financier coopératif avec des valeurs de
• Ratio de fonds propres de la catégorie 1A
de 16,0 %
coopération fortes, nous faisons le choix d’innover.
De devenir encore plus performants pour toujours
mieux répondre, de façon efficace, aux besoins de nos
membres et clients. Ceux d’aujourd’hui, mais aussi
ceux de demain », a dit Monique Leroux.
La prochaine édition du Sommet international des
Coopératives qui se tiendra à Québec en octobre 2016,
• Considéré, pour une deuxième année
consécutive, comme l’institution financière
la plus solide en Amérique du Nord, selon
le classement des World’s Strongest Banks,
de Bloomberg.
sur le thème Coopératives : le pouvoir d’agir, constituera
pour les coopératives et mutuelles une formidable
opportunité de relever les défis en termes de
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 23
INFLUENCE
Qu’y a-t-il au programme de
l’OCDE pour l’assurance
Le siège de l’OCDE, Paris, France
24 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
INFLUENCE
L’Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) joue un rôle important dans
l’élaboration du programme mondial sur les questions
financières et en particulier – par le biais de son
Comité des assurances et des pensions privées – sur
les thèmes clés touchant le secteur de l’assurance.
Timothy Bishop, Chef de Division, Division des
affaires financières, Direction des affaires financières
et des entreprises à l’OCDE, explique à Voice
certains aspects de la vision actuelle de l’OCDE.
Q. Comment percevez-vous la contribution de
l’assurance à la croissance et à la stabilité ?
Timothy Bishop
de l’OCDE pour les questions de protection des assurés. Dans le cadre
d’un projet plus large sur les rentes, un bref rapport sera élaboré,
qui portera sur les questions de protection des consommateurs
R : Les marchés et les institutions de l’assurance font partie des
en matière de rentes. En outre, le Comité envisage de produire un
principaux piliers des systèmes financiers modernes, jouant un rôle
rapport sur les conseils financiers et l’intermédiation financière, et/ou
essentiel dans l’atténuation des risques dans l’économie et dans
les questions de conduite sur le marché basée sur les produits.
la contribution à la mobilisation de l’épargne et la canalisation
des investissements. L’OCDE a cherché à mieux comprendre
le mécanisme de la contribution du secteur de l’assurance à la
croissance et la stabilité économiques.
Q. De quelle manière l’OCDE contribue-t-il à la
protection des assurés ?
Q. Vous évoquez la révision récente des Lignes
directrices de l’OECD sur la gouvernance des
assureurs ? Quel résultat peut-on anticiper ?
R: En mai 2011, le Conseil de l’OCDE a adopté les Lignes directrices
révisées de l’OCDE sur la gouvernance des assureurs, en se fondant sur
l’original, Recommandations de l’OCDE relatives aux lignes directrices sur
R : L’OCDE est un ardent promoteur de la protection financière
la gouvernance des assureurs (2005). Les lignes directrices révisées ont
des consommateurs et a élaboré les Principes de haut niveau du G20/
pris en considération les enseignements tirés de la crise financière,
OCDE sur la protection financière des consommateurs, conçus pour
insistant notamment sur l’impératif que constitue la mise en place
être applicables aux différentes parties du secteur financier. En ce
d’un conseil possédant le leadership, l’expertise et l’autonomie de
qui concerne l’assurance, l’OCDE a réalisé au fil des ans un certain
décision voulus, et également de systèmes efficaces de gestion des
nombre de documents portant sur la protection des assurés.
risques et de contrôle interne ; et au sein de l’entreprise d’assurance,
Par exemple, les Recommandations sur les bonnes pratiques pour la
gestion des sinistres de l’OCDE abordent chaque étape de la procédure
de gestion des sinistres considérée comme particulièrement
importante pour les assurés.
Plus récemment, l’OCDE a publié un rapport sur les régimes de
protection des assurés qui analyse les avantages de l’institution d’un
régime de protection des assurés et les caractéristiques appropriées de
la conception de ce type de régime.
les recommandations visent la nécessité d’un dispositif intégré de
reporting, de mécanismes de rémunération viables et de structures
de groupe parfaitement comprises. Les Lignes directrices peuvent avoir
un rôle particulièrement important à jouer dans le développement
des marchés de l’assurance qui élaborent des pratiques de bonne
gouvernance.
La révision des Lignes directrices a principalement lieu pour évaluer
la mise en œuvre des Lignes directrices, mais elle inclut aussi un
exposé des efforts réalisés par les pouvoirs publics et l’industrie
En termes de travail prévu, le Comité des assurances et des
pour renforcer la gouvernance des assureurs et l’énumération des
pensions privées de l’OCDE (CAPP), l’organe qui fait progresser les
améliorations possibles à apporter aux Lignes directrices pour être en
travaux dans le domaine de l’assurance, envisage de faire avancer
phase avec l’évolution des pratiques du marché et de l’orientation des
le dossier portant sur les questions de conduite sur le marché. La
marchés. Cette révision prendra également en compte les récentes
récente révision par le Comité des Lignes directrices de l’OCDE sur la
révisions des Principes de gouvernement d’entreprise de l’OCDE.
gouvernance des assureurs met en relief l’intérêt soutenu au sein des pays
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 25
INFLUENCE
Q: Existe-t-il un lien entre les travaux de l’OCDE
sur l’assurance et la prochaine Conférence COP21
de Paris en décembre?
seraient probablement en bonne position pour déterminer quels
types de risques les sociétaires souhaiteraient prendre pour
mieux se protéger du risque assuré, et pour proposer des options
qui correspondent à la demande des sociétaires en matière de
R: La COP21 fournira à l’OCDE l’opportunité de présenter les travaux
transfert de risque. Les produits mutuels en particulier pourraient
de la Division des affaires financières en termes de financement de
être intéressants pour les consommateurs en quête de produits
la lutte contre les changements climatiques et de financement des
d’assurance qui incarnent certains principes, comme les produits
risques de catastrophe. La Division est bien placée pour contribuer
proposés par les assureurs mutuels qui réalisent des investissements
aux débats relatifs à la façon dont les instruments financiers
responsables au plan éthique, social et environnemental.
pourraient aider à gérer les impacts financiers des catastrophes liées
aux changements climatiques.
La gouvernance est également une composante que les assureurs
mutuels et coopératifs pourraient prendre en compte. La crise
L’OCDE participe, par le biais de la Présidence française, aux
financière a mis en évidence le problème que pose l’existence
discussions de la COP sur le rôle de l’assurance dans le processus
d’institutions financières mues par des motivations de profit à
de transition vers une économie à faible production de carbone et
court terme. Les assureurs mutuels et coopératifs ont un modèle
dans le traitement des impacts des changements climatiques, et elle
d’entreprise qui leur permet de viser des objectifs à long terme.
prévoit d’organiser une manifestation parallèle durant la COP21 pour
discuter des questions afférentes.
Q. A eux tous, les assureurs détiennent près
d’un tiers de tous les avoirs gérés par des
fonds institutionnels. Comment ces fonds
peuvent-ils soutenir de manière plus optimale
les investissements à long terme dans les
infrastructures et les investissements « verts » ?
Les assureurs mutuels et coopératifs sont soumis à des exigences
différentes, du fait que ce sont des entreprises non cotées. Il est
possible que les assureurs mutuels et coopératifs aient de meilleures
normes de divulgation de sorte que leur modèle d’entreprise offre
les avantages mentionnés ci-dessus et garantisse à leurs sociétaires la
transparence concernant leur gouvernance et leurs activités.
R: Traditionnellement, les investisseurs institutionnels ont été
Q. Quel est le rôle de l’OCDE dans les discussions
au niveau mondial sur la règlementation ?
considérés comme des sources de capitaux à long terme avec des
R: Le rôle principal de l’OCDE dans les discussions au niveau
portefeuilles de placements reposant sur les deux principales
mondial sur la règlementation consiste en l’analyse des questions
catégories d’actifs (obligations et actions) et un horizon de placement
hautement prioritaires et l’identification des bonnes pratiques et des
en rapport avec la nature souvent à long terme de leur passif.
principes afférents qui peuvent soutenir les efforts en matière de
réformes. Ces dernières années, l’OCDE a fourni des analyses sur les
Dans la conjoncture actuelle de faibles rendements, on note un
intérêt accru pour ce qu’on appelle les actifs alternatifs, lesquels, bien
que souvent moins liquides que les titres traditionnels, pourraient
produire des rendements accrus. Les assureurs vie, avec leur passif
à long terme, sont peut-être en meilleure position pour investir
dans des actifs à long terme, comme l’infrastructure. Cependant,
tout investissement de ce type devrait être basé sur une évaluation
rigoureuse des risques dans un cadre efficace de gestion actif-passif.
En outre, il pourrait y avoir des possibilités de partenariats avec des
institutions financières sans doute mieux placées pour comprendre
les risques inhérents à des actifs à long terme et potentiellement
complexes comme l’infrastructure.
Bien que les technologies vertes présentent des risques potentiels
assez élevés, l’OCDE cherche à déterminer de quelle manière le
financement des investissements verts pourrait être soutenu par les
investisseurs institutionnels et parmi eux, les assureurs.
Q: Les assureurs mutuels et coopératifs ont-ils un
rôle particulier à jouer ?
R: Les assureurs mutuels et coopératifs jouent un rôle important,
celui de fournir les services qui servent les intérêts de leurs
sociétaires. En particulier, les assureurs mutuels et coopératifs
26 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
réformes structurelles du secteur bancaire, les garanties bancaires
implicites, le financement à long terme des investissements, le
financement des PME et la règlementation des placements. Ce travail
pourrait avoir une incidence directe sur les initiatives en matière de
règlementation au niveau national, régional et international mais
le rôle de l’OCDE est complémentaire à cet égard, excepté dans les
domaines où elle peut avoir un leadership reconnu, comme par
exemple dans les régimes de retraite privés, la protection financière
des consommateurs et l’éducation financière. L’OCDE reconnait le
rôle du Conseil de stabilité financière (FSB) et de certains organismes
de normalisation pour faire progresser les grandes questions
internationales liées au contrôle.
Cet article est une version abrégée des réponses
fournies par Tim Bishop pour publication dans Voice.
Pour lire l’article complet, veuillez visiter la section
Affaires publiques du site web de l’ICMIF :
www.icmif.org/influence/public-affairs
INFLUENCE
La voix de l’ICMIF se fait
entendre au sein du groupe
de travail international sur
l’assurance
La voix mutuelle commence à se faire
davantage entendre dans certains
des documents de référence en cours
d’élaboration pour le sommet du G20
et le Sommet parallèle Business 20
(B20), qui se dérouleront en Turquie en
novembre prochain.
L’ICMIF elle-même collabore au sein du groupe de
travail sur l’assurance avec les entreprises membres
de la Fédération, Desjardins (Canada) et Thrivent
Financial (E.-U.) ainsi qu’avec trois organisations
bancaires coopératives. « L’un de nos objectifs a été
de veiller à ce que le modèle d’assurance mutuelle et
l’ICMIF, Shaun Tarbuck.
La réunion du groupe de travail du B20 sur le
financement de la croissance à Paris en mai 2015.
Deuxième à partir de la droite, Shaun Tarbuck,
Directeur général, ICMIF et à l’extrême droite, Teresa
Rasmussen, Vice-présidente principale, avocatconseil et secrétaire, Thrivent Financial (États-Unis)
A titre d’exemple d’un aspect où la participation a
fortement mis en avant par l’ICMIF et ses alliés au sein
porté ses fruits, Shaun cite la reconnaissance dans
du groupe de travail.
l’un des rapports du B20 du rôle que le microtakaful
« Pour obtenir les résultats que nous souhaitons dans
(microassurance conforme à la Charia) peut jouer
les sommets internationaux classiques, il faut travailler
pour limiter le risque et l’incertitude auxquels sont
dur en amont lors des séances de rédaction dans les
confrontées les petites entreprises. L’ICMIF a établi
coulisses, explique Shaun. Jusqu’à récemment, la
une étroite relation de travail avec les nombreux
voix coopérative et mutuelle était presque totalement
prestataires de takaful et de microtakaful, dont
absente des débats du B20 et du G20. Nous avons
plusieurs sont devenus des organisations membres de
travaillé d’arrache-pied ces derniers temps pour
l’ICMIF.
remédier à cette lacune, et il est encourageant de
Une recommandation qui sera également valable l’an
voir que nos efforts commencent à être payants. Le
prochain, quand la Chine accueillera le G20 et le B20,
niveau de connaissance et d’appréhension du modèle
celle d’entreprendre des travaux sur l’importance
d’entreprise coopératif et mutuel est bien plus élevé
des secteurs de l’assurance et des fonds de pension
aujourd’hui parmi les décideurs et les stratèges. »
pour le financement d’entreprises, et sur les normes
Les membres de l’ICMIF qui souhaitent
de plus amples informations sur le
détail des travaux entrepris lors des
forums du B20 sont invités à contacter
Shaun Tarbuck, [email protected]
coopérative ne disparaisse pas dans ces importants
documents politiques par manque d’une voix mutuelle
au sein des groupes de travail », explique le DG de
internationales de fonds propres pour le secteur de
l’assurance, sur la nécessité d’accroitre la sensibilisation
au risque et aux solutions d’atténuation des risques et
de regroupement des risques pour y faire face, et sur les
moyens de mettre en œuvre les accords internationaux
sur le risque de catastrophes, le développement durable
et les changements climatiques. Ces thèmes ont été
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 27
NETWORKING
Participation confirmée
d’autres conférenciers à la
Conférence de Minneapolis
Monica Woodley, Directrice éditoriale de l’Intelligence
Unit du Groupe The Economist et auteur de plusieurs
rapports de recherche sur l’assurance et le secteur des
services financiers, est le plus récent ajout à la liste des
conférenciers qui participeront à la Conférence biennale de
l’ICMIF en octobre prochain à Minneapolis.
Avant de rejoindre le groupe The Economist, Monica était une journaliste
financière spécialisée dans la gestion des fortunes et des actifs au Financial Times et
à Euromoney. Elle possède une maitrise en politique de l’université Georgetown et
détient le diplôme du Certificat en programmation financière.
Son nom vient s’ajouter à la longue liste des conférenciers prévus à la Conférence
; vous trouverez les détails complets sur le site web dédié à la Conférence.
Parmi les autres conférenciers invités renommés figurent Margareta Wahlström
(Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la réduction des
risques de catastrophes), Holly Ransom (Directrice, HRE Global), Mike Pritula
(Directeur, McKinsey and Company), Rowan Douglas (Président, Willis Research
Network) et Marc Gordon (Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques
de catastrophes). « Nous sommes également en train de conclure des accords avec
plusieurs autres conférenciers. Tel que le programme se présente actuellement,
il annonce d’ores et déjà que cette Conférence sera l’une des plus animées et
stimulantes que nous ayons jamais organisée », affirme le DG de l’ICMIF, Shaun
Tarbuck.
Le site web de la Conférence fournit également toutes les informations pratiques sur
les dispositions relatives au voyage et sur l’hébergement pour la manifestation.
Pour de plus amples informations sur la Conférence,
veuillez visiter la page :
http://conferences.icmif.org/minneapolis2015
28 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
NETWORKING
Lancement à Minneapolis : un
nouveau programme de l’ICMIF
pour faciliter les détachements
entre organisations membres
Un programme destiné à aider les
employés des entreprises membres de
l’ICMIF à organiser des détachements
de courte durée auprès d’autres
sociétés de l’ICMIF sera lancé lors
de la Conférence de Minneapolis en
octobre.
Cette idée présente potentiellement des avantages à
la fois pour les personnes détachées et, en facilitant
pour les deux entreprises membres concernées.
Daisuke Yokomizu avec Bill McKinney, Viceprésident, Stratégie & Gestion du développement
à long terme, Thrivent Financial (États-Unis)
Mike Ashurst, Vice-président, ICMIF (Réassurance
Association (JCIA) et Thrivent Financial (E.-U.). En
et Perfectionnement professionnel) indique qu’un
effet, Daisuke, qui a entamé en juin dernier sa période
certain nombre d’entreprises ont déjà manifesté leur
de détachement auprès de Thrivent, la poursuivra
intérêt pour ce programme, et certains candidats
dans cette fraternité (société de secours mutuel) basée
potentiels à des détachements ont déjà été identifiés.
à Minneapolis jusqu’en novembre 2016.
« Du fait que la plupart des organisations membres
« J’espère acquérir une connaissance approfondie de
de l’ICMIF opèrent au niveau national, elles n‘ont
l’approche de l’engagement envers la communauté,
normalement pas l’opportunité dont jouissent leurs
ses sociétaires et le gouvernement pratiquée par
concurrentes multinationales d’envoyer des employés
Thrivent », déclare-t-il. Il évoque les traits communs
prometteurs dans un autre pays, pour bénéficier de
aux assureurs coopératifs japonais et aux fraternités
l’expérience de vie et du développement de carrière
américaines, notamment l’idée d’une fourniture
que cela offre. Le programme international de
d’assurance fondée sur le statut de sociétaire et les
détachement offre potentiellement cette possibilité
mesures fiscales particulières qui s’y appliquent, et il
aux membres de l’CMIF », déclare Mike.
mentionne également avoir été frappé par la méthode
Le rôle de l’ICMIF dans ce programme, ajoute-t-il,
efficace de Thrivent pour faire connaître ses activités
sera celui de médiateur et de « marieuse », détenant
et raconter son histoire – enseignements qu’il espère
les informations sur les opportunités potentielles
pouvoir emporter avec lui en rentrant au Japon.
de détachement et sur les employés éventuellement
Daisuke espère, dit-il, que son expérience en
à détacher. Le programme prévoyait à l’origine des
encouragera d’autres à envisager sérieusement l’idée
déplacements d’une durée de trois à six mois, mais
d’un détachement entre organisations membres.
les commentaires recueillis semblent indiquer que
Des informations plus détaillées sur le programme
certains détachements de personnel pourraient être
international de détachement seront communiquées
pour de plus courtes périodes. Dans certains cas, des
lors d’une des sessions parallèles le second jour de la
détachements de plus longue durée seraient également
Conférence biennale de l’ICMIF à Minneapolis en
opportuns. Les échanges directs de personnel en
octobre prochain. Pour de plus amples informations,
détachement entre deux entreprises sont une autre
veuillez contacter Mike Ashurst, Vice-président,
option envisageable.
Réassurance et Leadership à l’adresse [email protected]
l’échange informel d’informations entre sociétés,
Daisuke Yokomizu a déjà découvert les avantages d’un
détachement de ce dernier type, grâce à un accord
bilatéral entre la Japanese Cooperative Insurance
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 29
ARTICLES DE FOND PAR DES INVITÉS
par Jonathan L. Schwartz et Michael A. Hamilton
de Goldberg Segalla LLP
Surabondance d’accessoires :
l’impact de la technologie prêt-àporter sur l’industrie de l’assurance
Selon un récent rapport de
PricewaterhouseCoopers, un Américain sur cinq
possède actuellement un dispositif portable et un
une récente enquête sur la productivité en milieu de travail a
révélé que 58 % des employés sondés (et 66 % de la Génération Y)
accepteraient d’utiliser la technologie prêt-à-porter si cela les aidait à
travailler plus efficacement.
sur dix en porte un quotidiennement. Se fondant
La croissance du marché des produits portables a des implications
sur le taux rapide d’intégration des « portables »
importantes pour l’industrie de l’assurance. En fait, une enquête
dans le tissu social, Forbes a appelé l’année 2014
« L’Année de la Technologie prêt-à-porter ».
Les dispositifs portables sont un sous-ensemble de l’« Internet des
objets » et sont définis comme des accessoires dans lesquels sont
intégrés des micro-capteurs et qui peuvent être portés sur soi ou
transportés, et sont connectés pour fournir en permanence des
mesures et une surveillance. On y trouve les bracelets de remise en
forme (Fitbit), les montres « intelligentes » (Apple Watch), les lunettes
intelligentes (Google Glass), les vêtements « intelligents », les caméras
portables et bien d’autres. Grâce au boom des Smartphones et aux
avancées dans le domaine du « cloud computing », les prix des microcapteurs ont baissé et leur taille s’est réduite par rapport à l’époque de
la mise sur le marché par Pulsar de sa première montre calculatrice
en 1975, ou par Bluetooth de la première oreillette en 2000 et par
GoPro sa caméra en 2004. Et la technologie des micro-capteurs
continuera sa progression exponentielle – dans les prochains cinq
à dix ans, le nombre de biens de consommation capables d’intégrer
cette technologie sera incroyable.
Selon l’estimation des experts, le marché mondial des dispositifs
portables devrait connaitre une croissance de 250 %, soit d’un
montant de 12,6 milliards USD d’ici 2018. Ce chiffre pourrait
même être une estimation assez prudente, du fait que les dispositifs
portables sont déjà très populaires parmi la génération Y et
deviennent de plus en plus à la mode et abordables. En plus de l’usage
personnel, le marché des entreprises clientes devrait connaitre une
remarquable croissance au cours des cinq prochaines années. Comme
preuve que les produits portables deviendront inéluctablement aussi
essentiels sur le lieu de travail que le sont les ordinateurs aujourd’hui,
30 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
d’Accenture auprès de 200 cadres supérieurs de sociétés d’assurance
(de multiples branches d’assurance) a montré que 63 % des personnes
enquêtées s’attendent à ce que la technologie prêt-à-porter sera
largement adoptée par l’industrie de l’assurance dans les deux
prochaines années. Par exemple, les produits portables présentent
de grands avantages en termes d’examen et de traitement des
demandes d’indemnité, comme quand un demandeur allègue que
ses activités physiques ont diminué depuis l’incident qui a causé
ses blessures. De plus, les produits portables permettent aux experts
en sinistres sur le terrain ou aux ingénieurs patrimoniaux, au cours
d’une inspection ou d’une expertise, de prendre des photos et filmer
des vidéos, prendre des notes et avoir accès aux informations en
temps réel. L’enquête postérieure à la catastrophe pourrait ainsi être
menée dans de meilleures conditions de sécurité, du fait que les
experts en sinistres auraient les mains libres pour monter sur une
échelle, inspecter des toits et manipuler des machines. En outre, les
camionneurs pourraient bientôt utiliser des lunettes « intelligentes »
pour enregistrer leurs voyages. L‘avantage pour les assureurs serait de
leur donner accès à des informations en temps réel sur une collision,
par exemple, au lieu de devoir s’en tenir uniquement aux preuves
recueillies après l’événement.
Les produits portables sont utiles non seulement aux compagnies
d’assurance dommages, mais aussi aux compagnies d’assurance
maladie en leur permettant de relever efficacement les tendances
en matière de régime alimentaire, forme physique, habitudes de
sommeil et maladies et, à partir de ces données, de mieux souscrire
une couverture. Par conséquent, certaines compagnies d’assurance
maladie proposent déjà aux sociétés des rabais d’entreprise si
leurs employés participants acceptent de transférer régulièrement
ARTICLES DE FOND PAR DES INVITÉS
leurs données physiques personnelles. De même,
la question de savoir si une utilisation excessive des
les compagnies d’assurance vie offrent des remises
produits portables – et des lunettes intelligentes, en
importantes sur les primes pour les « points bien-être
particulier – pourrait entrainer des maux de tête,
» accumulés par l’assuré, et dont les données sont
une vision double et des vertiges. Enfin, la norme
collectées à partir des produits portables des assurés.
juridique applicable à l’utilisation de produits
Les produits portables comportent cependant des
portables est loin d’être établie. Par exemple, on ignore
défis de taille pour l’industrie de l’assurance. Par
si les sociétés qui fabriquent et vendent des produits
exemple, ils peuvent susciter de graves préoccupations
portables sont assujetties à des lois sur la protection
concernant la protection de la vie privée car ils
des renseignements personnels et sur la protection
augmentent de façon spectaculaire la quantité de
des renseignements personnels sur la santé, même
données personnelles à collecter et stocker. Cela
si elles ne vendent pas ni ne diffusent à des tiers les
pourrait aisément accroitre les effets des atteintes à
informations collectées.
la protection des données. De la même façon, avec
Nous nous trouvons au stade initial de la transition
la quantité énorme d’informations qui deviennent
« intelligente » qui nous fait passer des appareils
disponibles, les assureurs doivent également veiller à
portatifs à la technologie prêt-à-porter. Et l’assurance
gérer efficacement les données. Les changements en
se trouve au cœur de cela, du fait que la technologie
termes de volumes et de types d’informations mettront
prêt-à-porter offre une variété d’applications utiles
encore plus l’accent sur les capacités des assureurs
pour l’industrie. Il faut vraiment nous attendre, dans
à collecter, interpréter et utiliser les big data. Ainsi,
les cinq à dix ans prochains, à ce que la technologie
l’industrie de l’assurance se verra obligée de continuer
prêt-à-porter génère suffisamment d’informations pour
à faire évoluer ses plateformes technologiques, par
que les assureurs arrivent à proposer une couverture
exemple en établissant des partenariats avec des
d’assurance adaptée aux besoins de chaque particulier,
sociétés opérant dans les domaines du numérique et
ce qui représentera un énorme avantage pour les
de la technologie du cloud computing, afin de mieux
assureurs autant que pour les assurés. Dans le même
intégrer leurs fonctions TI dans leurs processus de
temps, cette nouvelle ère des big data présente pour
souscription et de traitement des sinistres.
l’industrie de l’assurance des défis croissants liés à
Une autre préoccupation concernant la protection
l’aspect juridique, technologique et à la protection de
de la vie privée est l’utilisation de produits portables
la vie privée.
pour se livrer à une surveillance non autorisée à l’aide
de la technologie de géolocalisation. Cette capacité
entrainera assurément des plaintes pour atteinte à
la vie privée et violations présumées des lois antisurveillance. De plus, les produits portables utilisés
au travail peuvent augmenter le nombre de blessures
dues à leur tendance à déconcentrer les employés.
Une préoccupation du même ordre est suscitée par
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 31
ACTUALITÉS DES MEMBRES
Le réseautage international porte ses
fruits pour Zenrosai et Benenden
Visite de Zenrosai au
siège de l’ICMIF, mai 2015
L’ICMIF a eu le plaisir d’accueillir en mai dernier
de formation, ce dernier nous a permis d’avoir un
un groupe d’étude venu en délégation de Zenrosai
excellent aperçu des stratégies de leadership idéales
(Japon), dans le cadre de son programme de formation
pour diriger efficacement une coopérative. Nous
en RH pour les jeunes employés voués à devenir les
devrons dorénavant mettre en œuvre ces méthodes
futurs leaders de leur organisation. L’ICMIF a apporté
pour promouvoir nos idées. »
sa contribution à Zenrosai grâce à ce programme plus
La mutuelle santé Benenden (RU) a eu l’opportunité de
de dix fois, et à cette occasion les délégués de Zenrosai
rencontrer une autre organisation membre de l’ICMIF,
ont également rendu visite à l’organisation britannique
Sygeforsikringen danmark, du Danemark, qui opère
membre de l’ICMIF, NFU Mutual et à la fédération des
également dans le secteur de l’assurance maladie. Une
coopératives britanniques, Co-operatives UK.
délégation de hauts cadres de Benenden a récemment
Les neuf délégués ont été accueillis au siège de
fait le déplacement vers Copenhague pour rencontrer
l’ICMIF par Liz Green, Vice-présidente principale,
le DG et le Responsable Conformité de danmark à
qui a évoqué les tendances actuelles du secteur de
Copenhague.
l’assurance coopérative et mutuelle, et la manière
« Notre rencontre avec danmark avait pour but de
dont l’ICMIF défend les intérêts de ses membres
voir comment cette mutuelle se positionne dans
dans l’élaboration des politiques mondiales. Les
son propre pays, avec un produit qui n’est pas très
délégués ont également reçu des exemplaires de
éloigné de celui que nous proposons chez Benenden,
récentes publications de l’ICMIF, Part du marché
a dit Lawrence Christensen, Directeur Marketing du
mutualiste mondial et Mutuelles, Le Top 500. « Ces
Groupe. Ce que nous avons découvert au Danemark
études, qui montrent que l’assurance coopérative /
a complètement dépassé nos attentes et nous avons
mutuelle est un secteur en expansion sur le marché
tiré quelques enseignements très précieux de ce
mondial, peuvent être utilisées pour démontrer aux
voyage d’étude. Faire partie de la communauté de
membres existants et potentiels de Zenrosai que
l’ICMIF offre notamment comme réel avantage des
nous avons une forte influence, basée sur un esprit
opportunités de ce genre et nous encourageons les
coopératif. En mettant en application ces faits, je
autres organisations membres de l’ICMIF à tirer, elles
m’emploierai à renforcer la sympathie, la confiance
aussi, les enseignements les unes des autres. »
et la participation de nos membres, a déclaré une des
délégués, Takako Nakamura. En tant que jeune femme,
j’ai été impressionnée par la manière dont Mme
Green représente avec confiance une organisation
internationale, a-t-elle ajouté.
Mike Ashurst, Vice-président, a également présenté
aux délégués le Cours de gestion avancé de l’ICMIF.
Masaaki Fujihata, le responsable des délégués, a
déclaré : « Concernant le but de notre programme
32 V O I C E M A G A Z I N E • S E P T E M B R E 2 0 1 5
Pour de plus amples informations sur
l’organisation de visites à d’autres
organisations membres de l’ICMIF ou
des visites au siège de l’ICMIF, veuillez
contacter Vicky Jordan-Killoran,
Responsable des services pour les
membres, ICMIF à l’adresse vicky@
icmif.org
ÉVÉNEMENTS
ICMIF
Calendrier des événements 2015
MOIS
ÉVENÉMENT
LIEU
HÔTE
Conférence biennale de l’ICMIF
Minneapolis, E.-U.
Thrivent Financial
9-10
Cours de gestion pour les
Stockholm, Suède
Folksam
10–11
Conférence de l’Alliance coopérative internationale
Antalya, Turquie
L’ACI et le Syndicat
OCTOBRE
6–9
NOVEMBRE
leaders futurs potentiels de l’ICMIF
(ACI)
national des
coopératives de
Turquie
A confirmer
Séminaire sur les sinistres
Londres, RU
A confirmer
Séminaire du Réseau de développement de l’ICMIF
Colombo, Sri Lanka
Sanasa Insurance
Company et
Amana Takaful
8-15
Cours de gestion avancé
Manchester, RU
A confirmer
TBC
Forum des Leaders sur la Communication
(FLC) combiné avec le Forum des Leaders sur la
Règlementation (FLR) Europe
TBC, RU
A confirmer
Réunion des Officiels de la Réassurance (MORO)
Londres, RU
ICMIF
Réunion annuelle du Groupe latino-américain de
réassurance
San Salvador, El
Salvador
Seguros Futuro
Sommet international des coopératives
Québec, Canada
Desjardins et ACI
DECEMBRE
7-9
MAI 2016
JUIN
6-8
AOUT
22-26
OCTOBER
11-13
Pour obtenir les dernières informations, veuillez consulter le site web de l’ICMIF :
www.icmif.org/networking
Rapports à paraitre prochainement :
Lancement prévu lors de la Conférence biennale de l’ICMIF
(Quelques rapports seront disponibles uniquement en anglais)
• Market InSights: North America 2014
• Infographie mondial du marché mutuel et coopératif 2014
• Membres de l’ICMIF : Statistiques clés 2014
• ICMIF Global Manifesto: Protecting lives and livelihoods
• Examen biennal de l’ICMIF (2013-2015)
• ICMIF: The value of belonging
VOICE MAGAZINE • SEPTEMBRE 2015 33
RÉUNION DES PROFESSIONNELS DE LA RÉASSURANCE (MORO) 2016
6-8 JUIN 2016 : DATES À RETENIR !
Présentation du MORO
Quelques-uns des thèmes qui seront
abordés lors de MORO 2016 :
Innovation et marché londonien de la
réassurance (allocution d’ouverture)
Situation actuelle du marché (table
ronde)
Risques émergents
Risque catastrophique mondial
Réassurer intelligemment
Mini Monte Carlo
Si vous êtes intéressé à participer à cet événement
ou désirez recevoir davantage d’informations, veuillez contacter
Mike Ashurst, Vice-Président, Réassurance &
développement Professionnel, ICMIF,
[email protected]
MORO est l’acronyme anglais correspondant à
Réunion des professionnels de la réassurance.
C’est un événement exceptionnel qui réunit tous
les deux ans des professionnels de la réassurance
venant du secteur coopératif et mutuel. En 2014,
110 responsables de réassurance de 55 compagnies
dans 27 pays se sont réunis à Miami pour apprendre
les uns des autres et faire des affaires ensemble.
Le 23e MORO qui se tiendra en 2016 à la City de
Londres du 6 au 8 juin devrait drainer un nombre
équivalent de participants, selon les prévisions.
Les bonnes raisons pour vous de participer
au MORO 2016
Le MORO est une formidable occasion pour vous
d’échanger des connaissances dans le domaine
de la réassurance et de débattre de questions
d’intérêt commun avec vos pairs du monde entier
dans un environnement porteur et propice à la
collaboration. Au programme de cet événement qui
se déroulera sur trois journées : conférences de haut
niveau, tables rondes, séances en petits groupes et
entrevues individuelles, consacrées exclusivement
aux questions de réassurance touchant les assureurs
mutuels et coopératifs.
Au sujet de MORO 2016
Le prochain MORO se tiendra à l’hôtel Double
TreeTower of London au cœur de la City de Londres
du lundi 6 au mercredi 8 juin 2016. La conférence
aura pour thème Innovation et durabilité.
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