6Octobre 2015 � Le vercors n° 68 7
Le vercors n° 68 � Octobre 2015 7
Le vercors n° 68 � Octobre 2015
Le retour du castor
dans le Royans
Le retour des castors sur la Bourne –
une espèce sensible à la pollution – est
une preuve de l’amélioration de la
qualité de l’eau. La mise en fonction des
centres de traitement des eaux usées de Vil-
lard-de-Lans et de Saint-Nazaire-en-Royans
explique peut-être ce progrès. Une étude de
2009 (de Jean-Pierre Choisy - PNRV) rap-
pelle que des castors ont été réintroduits
près des barrages de Pizancon et de Beau-
voir-en-Royans. Vraisemblablement les
nouveaux habitants de la Bourne sont des
enfants du castor de l’Isère.
Chez le castor, la cellule sociale de base
est la famille, composée d’un couple
adulte, des jeunes de plus d’un an et de
ceux de l’année. Les naissances (deux
jeunes par portée en moyenne) ont lieu en
mai après 105 jours de gestation. En
France, l’habitat du castor se situe entre la
plaine et l’étage collinéen (rarement au-
delà de 800 m d’altitude). Dans le Royans,
ils sont installés entre 180 m et 220m d’al-
titude. Une famille occupe en général un
territoire qui varie de 500 m à 3 km le long
d’un cours d’eau selon les ressources ali-
mentaires des berges.
Le régime alimentaire du castor est exclu-
sivement végétarien : écorces, feuilles et
jeunes pousses des plantes ligneuses,
hydrophytes, fruits et végétation herba-
cée. Environ une trentaine d’espèces
d’arbres peuvent être consommées (Cor-
nouiller sanguin, Noisetier, Orme cham-
pêtre...), les Salicacées (Saules et Peupliers)
étant les plus recherchées. L’essentiel des
coupes concerne des arbres et des branches
de 2 à 8 cm de diamètre.
Les conditions nécessaires à l’implanta-
tion du castor sont donc : une densité suf-
fisante de la ripisylve (formations boisées,
buissonnantes et herbacées sur les bords
d’un cours d’eau), la présence perma-
nente d’eau avec une profondeur mini-
mum de 60 cm (l’accès au gîte est
immergé). La pente du cours d’eau et la
vitesse du courant doivent être relative-
ment faibles. La présence de barrages
hydroélectriques infranchissables ou
incontournables est en revanche un fac-
teur qui limite sa colonisation.
L’inventaire de la faune menacée en France
(1994) mentionne le castor comme « espèce
à surveiller ». Depuis, la population est en
expansion. On estime aujourd’hui la popula-
tion a plus de 14 000 individus sur une cin-
quantaine de départements. Pour la gestion
de cee espèce, il convient de favoriser
les possibilités de franchissements des
ouvrages, de ménager des « corridors verts »
le long des cours d’eau (une bande arbus-
tive d’au moins 5m de large de Salicacées),
d’adapter la lue contre les rongeurs
nuisibles comme le ragondin avec lequel
il est parfois confondu, de réhabiliter les
cours d’eau dégradés et de développer une
gestion soucieuse des équilibres écologiques
dans le cadre notamment de Contrats de
rivière.
CAS D’ESPÈCE
par Dominique Gimelle
chenilles tombent au sol et sont alors recueillies par des fourmis,
qui les nourrissent et en prennent soin dans leur fourmilière. Au
printemps suivant, des papillons s’envoleront de leur gîte, renou-
velant ce surprenant manège autour d’une symbiose entre une
plante et deux insectes.
Un mini-village de montagne
Le hameau de la Jarjae, l’un des vingt-trois ensembles bâtis dis-
persés sur la commune de Lus-la-Croix-Haute, fonctionne presque
comme un mini-village. Il compte aujourd’hui une trentaine d’ha-
bitants à l’année, autour de son cimetière, de son ancienne école,
de sa chapelle et de ses maisons conservées dans leur architecture
originelle. Il accueille également des hébergements touristiques,
ainsi qu’une ferme proposant la vente directe de ses produits fro-
magers. Maisons bioclimatiques, labels bio et Marque Parc, très
présents dans le hameau, témoignent d’une vraie recherche de
cohérence. Dans un paysage en patchwork, la forêt laisse la place
aux cultures, en fond de vallon, ainsi qu’aux prairies d’altitude. À
la belle saison, l’ensemble des montagnes est occupé par les trou-
peaux, dont la descente, en octobre, annonce l’automne. Au final,
forêts, falaises, torrents, champs, hameaux… composent « une
montagne vivante que de nombreuses personnes aiment retrou-
ver en toutes saisons, autant pour pratiquer une activité que pour
aller chercher le lait à la ferme. Le vallon de la Jarjae, c’est à la
fois un terrain d’initiation au ski, à la rando pédestre ou à la via
ferrata et une Mecque de la cascade de glace et du ski de randon-
née » conclut Alain Matheron.
Classe : mammifère
Ordre : rongeur
Famille : Castoridés (castoridae)
Poids : 20 à 22 kg en moyenne
Longueur totale du corps : 80 à 110 cm
Queue : 29 à 31 cm pour la partie externe,
aplatie dorso-ventralement et apparence
écailleuse. Base de section circulaire cou-
verte de poils.
Pelage dense, poil brun jaunâtre.
Pattes antérieures (mains) : 5 à 6 cm
de long, 5 cm de large. 5 doigts munis
d’ongles forts et recourbés.
Pattes postérieures (pieds) : 15 cm de
long, 10 cm de large. 5 orteils, palmure
complète.
Formule dentaire : 20 dents, mâchoires
supérieure et inférieure similaires : 2 inci-
sives, 2 prémolaires, 6 molaires.
Longévité : 10 à 15 ans en moyenne ; 15 à
20 ans en captivité.
Période d’activité : crépuscule et nuit.
Les castors commencent à s’installer sur les bords de la Bourne. Ce sont des castors
d’Eurasie appelés encore « Castor fiber », seule espèce que l’on rencontre en France.
Les castors sont difficiles à voir, en effet ils vivent la nuit et préfèrent les endroits
inaccessibles pour vaquer à leurs occupations.
FICHE SIGNALÉTIQUE
LA JARJATTE GÉRÉE DURABLEMENT
Enclave sud-est du Parc du Vercors, le vallon de la Jarjatte et l’en-
semble de la commune de Lus-la-Croix-Haute ont rejoint la belle
aventure du Parc naturel régional du Vercors en 2008. « Notre
adhésion, sur proposition du Parc, peut paraître surprenante dans
une logique de massif » précise Alain Matheron, « mais s’inscrit plei-
nement dans une logique environnementale ». Plusieurs mesures de
protection assurent une préservation et une gestion durables du
vallon : site classé en 2012 sur près de 3 000 hectares, il est reconnu
en tant que paysage remarquable. La zone de protection géologique
de Combe Obscure va dans le même sens en le protégeant sur
10 hectares. Le vallon de la Jarjatte fait également partie du réseau
Natura 2000 sur plus de 3 600 hectares. Cette mesure de l’Union
Européenne vise à préserver des espèces protégées et à conserver
des milieux, en tenant compte des activités humaines. Dans cette
logique, des contrats Natura 2000 de gestion durable de la forêt
sur 30 ans ont été mis en place.
CŒUR DE NATURE par Jeanne Aimé-Sintès
PHOTO : J.-M. Jacquet
PHOTO : Christian Wolf
PHOTO : Mille traces
PHOTO : Christian Wolf