alimentaires vont changer. C'est la raison
pour laquelle les candidats à la chirur-
gie sont astreints à une série de séances
d'informations sur l'obésité elle-même, la
chirurgie, ses risques, ses complications,
ses alternatives, ses suites, etc. Des cours
de nutrition et une rencontre avec un
patient opéré sont également proposés.
Quels sont les risques de la chirurgie?
Dans 2 à 3% des cas, il peut il y avoir
des complications immédiates (rupture
des sutures, péritonites) qui peuvent
nécessiter une nouvelle intervention.
A plus long terme, il y a un risque d'ef-
fets secondaires divers (diarrhée, calculs
dans la vésicule biliaire, occlusions
intestinales, troubles et carences méta-
boliques). Cela implique une surveil-
lance médicale étroite à vie. Le risque de
décès est de moins de 1%. En revanche,
le risque de mourir des conséquences de
l'obésité est beaucoup plus élevé - neuf
fois plus important pour les maladies
cardiovasculaires, le cancer du sein, et
du côlon.
En quoi la participation active du
patient est-elle nécessaire durant tout ce
cursus?
Elle est indispensable. Durant six
semaines après l'opération, le patient est
astreint à un régime alimentaire draco-
nien (semi-liquide et lisse). Je passe un
contrat moral avec mes patients qui s'en-
gagent à ne pas avoir de comportements
inadéquats qui les mettraient en danger.
Ensuite, il y a un suivi étroit auprès de
plusieurs spécialistes pour contrôler qu'il
n'y a pas de carences nutritionnelles ou
des complications d'ordre chirurgical. On
accompagne le patient sur le plan nutri-
tionnel et on est attentif à l'émergence
ou à la poursuite d'éventuels troubles du
comportement alimentaire.
Combien de kilos peut-on perdre après
une telle opération ?
Il est impossible de prédire la perte de
poids, car elle dépend beaucoup du
profil du patient. Dans 80 % des cas,
l'opération est une réussite, c'est-à-dire
que le patient atteint ou approche le
poids espéré.
Cette perte est-elle définitive?
Un des effets de l'opération est la sup-
pression de l'hormone de l'appétit secré-
tée par la partie de l'estomac qui va être
exclue. Après deux à trois ans toutefois,
le corps va se mettre à sécréter l'hor-
mone de l'appétit ailleurs dans le corps.
Dès lors, les gens retrouvent la sensation
de faim, voire perpétuent des compor-
tements déviants. Le risque de reprise
de poids existe. L'opération n'est qu'un
coup de pouce! Le patient doit faire
attention à son hygiène de vie (alimenta-
tion et activité physique). L'échec, c'est-
à-dire la reprise totale du poids au bout
d'une dizaine d'années, est toutefois rare.
Qu'en est-il concrètement du change-
ment physique?
Le changement de l'image corporelle est
important et rapide. En une semaine, les
patients perdent généralement 10 kg, et
15 à 20 kg en un mois. A plus long terme,
suivant l'intervention subie, ils peuvent
perdre entre 40 et 80% du surplus de
poids. Cet amaigrissement entraîne un
excès de peau disgracieux au niveau du
ventre, des bras, des seins et entre les
cuisses.
Est-ce à dire que c'est une opération
miraculeuse?
Non. La chirurgie est là pour aider les
patients en échec dans leur perte de
poids et pour leur éviter des comorbidi-
tés. C'est un coup de pouce. Comme on
l'a vu, subir une intervention est en soi
un effort et demande une certaine adap-
tation, parfois à vie, de la part de ces
patients.
Sur le plan médical, comment la chirur-
gie bariatrique a-t-elle évolué?
Il y a 20 ou 30 ans, la chirurgie baria-
trique était une chirurgie lourde.
Aujourd'hui, les suites opératoires sont
simplifiées grâce à l'utilisation de la
laparoscopie - une technique opératoire
consistant en de petites incisions dans
la paroi abdominale. Il existe plusieurs
types de chirurgie bariatrique, mais le
bypass gastrique, qui consiste à départa-
ger l'estomac en deux parties, est le stan-
dard depuis les années 2000. De manière
générale, comme la chirurgie de l'obésité
est aujourd'hui moins agressive et plus
efficace, les gens s'intéressent beaucoup
plus à ces traitements. On observe d'ail-
leurs une multiplication des interven-
tions un peu partout. Par exemple en
France, en 2014, plus de quarante mille
interventions ont été pratiquées.
Y a-t-il des progrès à attendre du côté
des techniques opératoires?
L'évolution et la recherche sont
constantes pour trouver des techniques
qui permettent une perte de poids effi-
cace avec le moins de complications pos-
sibles. La recherche s'oriente également
vers des médicaments «anti-gréhline
(hormone de l'appétit)», c'est-à-dire des
médicaments permettant de diminuer
l'appétit et donc de limiter la prise de
poids.
Au Brésil, en Turquie et en Inde, dans le
traitement du diabète, on transpose une
partie de l'intestin grêle pour favoriser
une sécrétion plus rapide de l'hormone