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d’autres espèces, peut devenir rapidement matériel d’étude  pour de  nombreux chercheurs. Le 
choix du modèle peut aussi avoir été dicté par des exigences expérimentales. Un certain nombre 
de critères de choix sont communs à plusieurs organismes modèles ; ils concernent le cycle de 
développement, qui si possible doit être court, les dimensions de l’organisme (petite taille de 
l’adulte  chez  les  organismes  supérieurs,  pour  des  raisons  d’encombrement),  la  facilité  de 
reproduction  en  laboratoire  ou  la  facilité  à  pouvoir  en  disposer,  le  coût,  et  encore  d’autres 
critères.  Certains  sont  plus  ou  moins  spécifiques  du  domaine  d'étude  envisagé.  Les  mêmes 
concepts s’appliquent aux organismes de tous les domaines et aux virus. 
IMPORTANCE DU CHOIX D'UN ORGANISME MODÈLE EN BIOLOGIE 
L’importance du  choix de l’organisme modèle pour l’étude d’un phénomène donné trouve de 
nombreuses illustrations si l’on parcourt quelques-unes des étapes importantes de l’histoire de la 
génétique.  La  découverte par Gregor Mendel  en  1865-1866 des  lois  de  la  transmission  des 
caractères  héréditaires,  applicables  à  tout  eucaryote  ayant  une  méiose  classique,  en  est  un 
excellent exemple. Le pois (Pisum sativum) fut choisi par G. Mendel car il possédait un certain 
nombre de caractéristiques favorables pour les études qu'il envisageait : disponibilité de plants 
avec des couples alléliques bien définis pour plusieurs caractères (couleur et forme des pétales 
et des fruits, taille de la plante) ; structure de la fleur (avec étamines et pistil enfermés dans le 
pétale  en  carène)  rendant  possible  soit  l’autofécondation  soit  des  fécondations  croisées  (en 
enlevant les étamines avant que le pollen ne soit mûr et en fécondant avec les étamines d’une 
autre plante). Le temps de reproduction est relativement court (un an) ; les descendants sont 
nombreux et fertiles, et peuvent être suivis sur plusieurs générations. 
Un  organisme  peut  être  choisi  comme  modèle  pour  sa  possession  d'une  manifestation 
phénotypique ou physiologique inconnue chez d’autres organismes caractéristiques et suscitant 
l’intérêt scientifique. Citons par exemple la variégation des fleurs ou des feuilles chez certaines 
plantes.  Le  concept  de  mutation,  développé  durant  les  années  1901-1903  par  le  botaniste 
hollandais Hugo De Vries, prend naissance de  l’observation d’une variété de plante herbacée 
sauvage, l’onagre, ou herbe aux ânes (Oenothera lamarckiana). Cette plante à fleur, originaire 
d’Amérique du Nord, fut introduite en Europe comme plante ornementale. De Vries s’aperçut 
qu’un  petit  nombre  de  descendants  de  cette  plante  présentait  des  variations  brusques  et 
discontinues de leur aspect, apparaissant en une seule génération. Ces différences, si marquées 
qu’elles  pouvaient être  interprétées comme  représentant  de  nouvelles  espèces, furent  décrites 
comme des mutations. En 1909, Carl Erich Correns, botaniste et généticien allemand, s'intéressa 
à  une autre  plante ornementale, la  belle-de-nuit (Mirabilis jalapa), en raison  de  ses feuilles 
panachées  vert  et  blanc,  comme  modèle  d’étude  de  l’hérédité  cytoplasmique.  D’autres 
organismes devinrent des modèles d’étude  dans  des  domaines plus  vastes.  C’est  le  cas  de  la 
drosophile,  matériel  privilégié  des  travaux  de  génétique  des  eucaryotes.  Ce  choix  amena 
Thomas Hunt Morgan et ses collaborateurs, par sélection de mutants et analyses de croisements 
entre couples différant par leur composition allélique, effectuées sur la seule espèce Drosophila 
melanogaster, à établir, en 1915, la théorie chromosomique de l’hérédité. Ce travail colossal jeta 
les  bases  de  la  génétique  moderne.  La  Drosophile  est  un  modèle  excellent  pour  le  travail 
classique  de  génétique :  cycle  vital  bref  (12  jours),  élevage  facile  et  peu  coûteux,  facilité 
d'obtention  de  mutants,  nombreux  phénotypes  facilement  observables,  et  se  prête  bien  aux 
manipulations de biologie moléculaire. À cette même période, un autre organisme, le maïs (Zea