58ème Congrès annuel de l’UASF à Agen Table ronde sur le thème « Préserver la terre, nourrir la planète : paysans à la croisée des chemins » Intervenants : 1. M. Michel de Lapeyrière, agriculteur, ancien Président de la Chambre d’Agriculture du Lot et Garonne et Conseiller Général, maire de Saint-Léger 2. M. Philippe Jeanneret, Directeur de Recherches, Institut Suisse des Sciences durables, Agroscope-Zurich 3. M. Christian Gary, Directeur de Recherches, Unité Mixte de Recherches, CIRADINRA, Supagro, Montpellier 1. L’agriculture en Lot et Garonne (Michel de Lapeyrière) Quelques données : - Le long de la Garonne : culture de fruits et légumes - Sur les coteaux : semences et pruneaux - Plus de 70% de la production s’effectue sur 54% du territoire : - Surface Agricole Utile (SAU) moyenne : 32 ha - 43% du CA est réalisé avec les légumes - 23% « « avec la grande culture - 9% « « avec l’élevage - Le Lot et Garonne est leader national pour la production de fraises, noisettes, prunes d’ente, kiwis. Leader en semences C’est le premier département bio d’Aquitaine (+ de 15'000 ha) Il est détenteur de 4 AOC dans le Buzet, Marmandais et Bruilhois l’aviculture repart mais l’élevage des ovins et des caprins est en baisse 9% de la population active est dans l’agriculture Soit 3% de la moyenne nationale Filière Bois : le taux de boisement est de 24% (Landes) Pour rappel : - Agen est la capitale mondiale du paracétamol - Agen : capitale des fruits et légumes - Marmande : la capitale de la tomate - Villeneuve sur Lot : la capitale du pruneau - Neyrac : capitale du melon Problématique locale A. Renouvellement des générations : là où il faudrait 250 jeunes pour reprendre des exploitations agricoles, il n’y en a que 100. Pourquoi ? Ces métiers ne sont pas prisés par les jeunes. De plus le foncier est bloqué par le statut du fermage (transmissible). Si bien que, pour les jeunes il est pratiquement impossible de louer la terre, seulement de l’acheter et c’est très cher. B. Accès à l’irrigation L’irrigation n’est pas facile dans la région, sauf dans la vallée du Lot et de la Garonne et les étés sont très secs et chauds. Il faudrait donc construire des lacs qui permettraient d’irriguer en particulier la culture des semences et sécuriser leur production – et générer des contrats pour leur écoulement. Mais la construction de ces lacs est bloquée par le mouvement écologiste. C. Distorsions de concurrence Les agriculteurs français sont confrontés à une concurrence européenne et mondiale très agressive alors qu’ils doivent subir une réglementation française, des charges et des coûts de main d’oeuvre très lourds qui les défavorisent face à la concurrence.. Il faut savoir que le prix mondial est basé sur les surplus (donc prix bas). Tout est maintenant dépendant de l’économie mondiale Les points positifs : Rendements triplés en 100 ans, de 34% à 80% Cultures hors sol (fraises) Agriculture de précision (grâce aux drones) Agriculture de qualité Développement des énergies renouvelables Conclusion Préserver la terre ) Préserver la planète ) c’est le travail des agriculteurs Préserver l’environnement ) Privilégier le phytosanitaire ) Nous sommes les arbitres et devons les aider à évoluer en les aidant à vivre ( en ayant un revenu décent). 2. La Suisse et l’agriculture durable (Philippe Jeanneret) Que fait la Suisse pour promouvoir une agriculture durable ? - Le territoire suisse se répartit entre 1/3 de forêt, 1/3 d’agriculture et 1/3 de surface improductive. En 40 ans, la surface agricole s’est réduite de 1,1 m2/ seconde entre 1985 et 2009. L’agriculture représente 35% de la surface du pays. En 20 ans, le nombre des exploitations est passé de 80'000 à 54'000. Mais celles-ci s’agrandissent. Elles ont une surface moyenne de 20 ha. La surface agricole perdue est de 5,4% ; en revanche, la production est plus intensive, avec de meilleurs rendements et une amélioration notable des techniques. Production : viande, lait. Peu de végétaux. L’auto-approvisionnement est de 60%. Jusqu’en 1993, les subventions étaient liées à la production. Depuis 1993, les subventions sont liées aux efforts pour l’amélioration de l’environnement (prescriptions écologiques requises (PER). Cela exige qu’il y ait 7% de surfaces de compensation écologiques par exploitation agricole (= laisser la place à la biodiversité et la préserver : prairies, jachères fleuries, arbres fruitiers hautes tiges). 3. Comment nourrir la planète demain ? (Christian Gary, UMR System, Montpellier) A quelles conditions l‘agriculture sera t’ elle en mesure de nourrir le monde de demain ? 2 scenarii et défis pour nourrir le monde en 2050, mais auparavant : Quelques chiffres : - La population a doublé en 40 ans (3 à 6 milliards). Prévisions pour 2050 : 9 Milliards. La disponibilité alimentaire s’est améliorée : elle a augmenté de 20% en 40 ans ; elle est actuellement de 3000 Kcalories/jour/habitant. - La moyenne mondiale est de 2500 Kcal/jour/hab. (Pays de l’OCDE : 3500 -> 4000 Kcal. Afrique subsaharienne : 2000 à 2500 Kcal.) - En 40 ans, l’occupation du sol a augmenté de 4 millions d’ha par an - Le rendement agricole est faible en Afrique subsaharienne, très fort en Asie et en Amérique latine - Estimation des pertes : les pertes sont estimées à 30% en moyenne Dans les pays développés : chez les consommateurs et dans la restauration hors foyer Dans les pays en développement : aux champs, pendant les transports et le stockage Les experts estiment que la consommation dans une économie durable devrait être limitée à 3000 Kcal/j/hab. Pour cela, il faut adapter l’utilisation des terres - le rendement - la consommation calorique - dans les 2 scenarii, les forêts restent identiques Scenario 1 : - + d’animaux, + de sucres, surfaces cultures augmentées - L’augmentation de la disponibilité alimentaire passe de 3000 à 3500 Kcal/j/hab Scenario 2 : - Augmentation des surfaces cultivées - Diminution des surfaces pâturées car moins d’animaux ou moins de productions animalières qui passeraient de 19 à 17% mais augmenterait dans les pays subsahariens - La disponibilité alimentaire serait de 3000 Kcal/j/hab Conclusion - Dans tous les cas, nous devons changer nos comportements alimentaires, sachant qu’une calorie végétale coûte 10 fois moins cher à la production qu’une calorie animale - Réduire les gaspillages et les pertes - Lutter contre la suralimentation