du discours médical associant la dépendance au jeu à une maladie prit son envol pour enfin
l'inscrire en 1980 comme une maladie psychiatrique et une pathologie telle que cela existe de nos
jours avec le DSM IV (manuel statistique et diagnostique des désordres mentaux).
L'ampleur du phénomène: une réalité sociale explosive
Dans le champ du gambling, on peut parler d'un large mouvement réformateur qui s'appuie en
majeure partie sur deux assises. D'une part, il y a le niveau du discours actuel et dominant en
Amérique du Nord qui associe le gambling à une maladie/pathologie, ce qui permet alors de dé-
responsabiliser, jusqu'à un certain point, les gouvernements, défaillance individuelle oblige. De
l'autre, il y a le processus social et institutionnel de légalisation et de socialisation des jeux de
hasard qui est devenu un instrument majeur de légitimation idéologique pour les politiciens,
l’industrie privée des casinos et plusieurs communautés autochtones en Amérique du Nord. Parmi
ces dernières, certaines n’hésitent pas à parler de succès en termes d’opportunités, de
développement économique et de création d’emplois alors que d’autres y voient une source de
brisure familiale, communautaire, sociale et idenditaire.
En l’espace de quelques décennies, nous assistons à une augmentation sans précédent de l’accès à
des formes légales de gambling dans le continent Nord-Américain. Légitimé comme une activité
de loisir acceptable au plan social, et en réponse à des coupures budgétaires par les
gouvernements fédéraux et à un certain déclin de revenus de taxes au plan provincial, le
processus de légalisation des jeux de hasard s’est mis en branle avec une grande rapidité. Au
Canada, c’est en 1969 qu’une réforme du code criminel permet la légalisation des jeux de hasard
par les provinces. Déjà en 1996, le rapport de congrès national du bien-être social révèlait que
plus de la moitié des Canadiens s’étaient adonnés au jeu occasionnellement avec un nombre
signicatif de personnes sur une base hebdomadaire (National Council on Welfare, 1996).
Selon plusieurs sources, les montants dépensés dans les activités de jeux de hasard au Canada
sillonnaient entre 20 et 30 milliards de dollars, dont 4.6 milliards sous forme de loteries, alors
qu’aux Etats-Unis les montants d’argent légalement investis dans cette industrie depuis vingt ans
ont augmenté de 3000 % (Canadian Foundation on Compulsive Gambling, 1999:12; Peacock,
Day et Peacock, 1999: 7). À titre d’exemple, les Américains ont dépensé la somme de 586.5
milliards de dollars dans les activités de gambling durant l’année 1996 seulement (Pasternak, A,
1997).
En ce qui a trait au domaine de la création d’emplois, cet essor s’est traduit également par une
augmentation de la main d’oeuvre canadienne oeuvrant dans cette industrie qui est passée de
8262 en 1985, à 24.297 douze ans plus tard. Ce contexte, vu comme favorable, a permis
l’ouverture de casinos permanents à l’échelle du pays en Ontario (Windsor, Orillia, Chutes du
Niagara, Gloucester), au Québec (Montréal, Hull, Charlevoix) en Nouvelle Écosse (Halifax et
Sydney), au Manitoba (Winnipeg), en Saskatchewan (Régina) et dans plusieurs communautés
autochtones. Au Québec, et selon Topp et Charpentier (2000), l’exercice financier de Loto
Québec en 1998-1999 montre un nouveau record de chiffre d’affaires de plus de trois milliards de
dollars avec un bénéfice net de 1,2 milliard de dollars pour le trésor public.
S'il y a apparence d’un certain bien-être économique avec l’introduction légale des jeux du
hasard, plusieurs individus, organisations et communautés s’opposent à la multiplication des
casinos, aux loteries de toutes sortes, aux appareils de loterie vidéo et aux machines à sous. Pour
une variété de raisons, qui vont des croyances religieuses aux impacts psychosociaux négatifs
auprès des personnes qui développent des problèmes de dépendance, certains voient dans
www.jeu-compulsif.info