Jeux de hasard et enjeux psychosociaux en Amérique du Nord :
repères sociohistoriques
Par Amnon J.Suissa, Ph.D
Professeur, Université du Québec en Outaouais
Département de Travail Social et des Sciences Sociales
Introduction
Le phénomène de la dépendance aux jeux de hasard et d'argent est en constante augmentation et
les problèmes psychosociaux s'y rattachant semblent suivre la même trajectoire (Chevalier et
Allard, 2001; Ladouceur et al, 2000; Topp et Charpentier, 2000; Room, 1998). À part les facteurs
liés à l'acceptation sociale du gambling et à sa légalisation, la multiplication de l'accès aux
espaces de jeu constitue le facteur prépondérant des taux élevés de prévalence pour les joueurs
pathologiques (Castellani, 2000; Govoni et al, 1998). Le Québec n'échappe pas à cette réalité, le
taux de prévalence est passé de 1,2% à 2,1% en l'espace de la dernière décennie pour les adultes
et jusqu'à près de 7% pour les jeunes (Gupta, 2001; Ladouceur et al, 2000). Il y aurait également
des conséquences négatives au niveau d'un certain démantèlement des réseaux communautaires,
d'un affaiblissement des liens sociaux et familiaux, de comorbidité psychiatrique et de tentatives
de suicide (Black & Moyer, 1998). Les populations de jeunes, de femmes, d'autochtones et des
aînés seraient également les groupes sociaux qui sont les plus touchés par l'augmentation de
l’offre et de la participation aux jeux de hasard (Mandal & Vander Doelen, 1999; National
Council of Welfare, 1996, Marshall, 2003). Un autre indicateur important de ce malaise social
croissant est celui de l'augmentation impressionnante des demandes d'aide téléphonique par les
citoyens. Au Québec, en 2002-2003, plus de 17 000 personnes ont eu recours au service
téléphonique d'écoute et de référence de nature anonyme et confidentielle (Jeu : aide et référence,
2003, Chevalier et al, 2003).
Si le gambling, sous une forme ou une autre, a toujours fait partie de la condition humaine,
l’engouement actuel envers ce type d’activité dépasse l’entendement social. Ce qui était
considéré auparavant comme un pêché, un vice, un comportement déviant et une industrie hors-
la-loi, est aujourd'hui compris comme une maladie, une pathologie psychiatrique teintée d'une
perte de contrôle ou d'une compulsion à laquelle seule l'abstinence saura être une réponse valable
si on veut se débarasser des problèmes de dépendance qui s'y rattachent. Dans ce contexte, le
gambling est présenté par les gouvernements comme une forme légitime de divertissement, un
catalyseur pour le développement économique, une source de revenus et un outil pour la création
d’emplois.
Ce qui apparaissait jusque-là comme une réalité sociale et économique relativement stable, s'est
graduellement transformée en questionnement, voire en débat de société, en particulier avec la
finalité de politiques gouvernementales considérées comme ambigues et contradictoires. Au cœur
de cette phase transition, il y a le rapport du bureau du coroner au Québec qui confirme que 33
suicides dûs au jeu se sont produits en 1999. En 2003, le nombre de suicides en lien avec le
gambling continue d’augmenter et se rapproche plus d’une centaine de cas. Une étude en cours
en collaboration avec le coroner en chef du Québec, devrait nous fournir de précieuses
informations quant à l’ampleur de ce phénomène (Séguin et Suissa, 2004). Ces drames, qui
touchent principalement les joueurs dits compulsifs, ont été des facteurs déclencheurs d'un début
de débat de société au Québec où l'ensemble des médias et des experts interpellent le
gouvernement dans ses responsabilités politiques et sociales dans ce dossier. Devant ces
tragédies, qui sont en fait le symptôme d'un malaise social beaucoup plus graves, plusieurs
instances des autorités politiques publiques et économiques se sont prononcées en réitérant leur
volonté de s'attaquer à ce problème complexe. En bref, les propos de ce type de discours peuvent
se résumer comme suit. Le jeu a toujours existé historiquement et le Québec et le Canada ont
décidé, comme tant d'autres gouvernements, d'exercer le contrôle légal et institutionnel sur les
jeux de hasard pour éviter une erreur historique telle qu'avec la prohibition l'alcool et le crime
organisé. Enfin, on reconnaît, mais du bout des lèvres, que certains types de jeu, tels les machines
VLT, produisent le plus grand nombre de joueurs compulsifs, que les chances de gagner sont très
minces et que le jeu dit compulsif relève principalement d'une responsabilité individuelle propre
à la personne ayant développé cette dépendance en question.
Ce constat soulève des questions d’ordre social mais également politique et éthique. En effet, et
dans la mesure où les gouvernements impliqués dans la promotion du jeu utilisent des techniques
de marketing des plus sophistiquées auprès de groupes sociaux, généralement parmi les plus
faibles, sont les mêmes instances qui sont censées protéger les populations et l’intérêt public,
nous assistons alors à un double discours teinté de conflit d'intérêt et à des contradictions
fondamentales qui méritent d’être soulignées. Dans cette perspective, on peut se poser certaines
questions. Jusqu’à quel point les citoyens sont réellement informés des enjeux psychosociaux
entourant le gambling? Sur quelles bases s'appuient les divers gouvernements pour légitimer le
type de discours social actuel? Quels sont les enjeux réels ou non dits entourant ce problème
social complexe?
Face à ces questions de fond, nous proposons de faire un bref tour d’horizon du phénomène des
jeux de hasard. Ne prétendant pas couvrir l'ensemble des facettes, nous nous restreindrons à
effectuer un survol de certains déterminants majeurs au plan historique et social en privilégiant
une analyse psychosociale critique. De cette manière, nous espérons ainsi contribuer à
l’avancement du débat sur cette question complexe que représente le gambling. Pour des raisons
pratiques, le terme anglais gambling est utilisé tel quel dans le texte comme signifiant l'activité
de s'adonner aux jeux de hasard que ce soit les machines vidéo poker, le casino, les diverses
formes de paris ou des loteries.
Que nous apprend l'histoire: quelques repères ?
Le gambling, sous une forme organisée ou pas, légal ou non, a été présent à travers l'histoire de
l'humanité depuis toujours. Certaines études rétrospectives sur le développment du gambling
mentionnent que celui-ci a fait partie de la condition humaine et se retrouve dans le temps inscrit
dans nos premières connaissances du comportement humain (Castellani, 2000; Bybee, 1996;
Rychlak, 1992). Des traces de l'emprise du jeu ont été découvertes dans toutes les cultures et
sociétés. À titre d'exemples, une version première du jeu de la coquille (shell game) a été trouvée
sur un mur d'une voûte de cimetière en Egypte 2500 ans avant notre ère. Des excavations
récentes à Londres ont révélé des vestiges de jeux de dés, vieux de 2000 ans avant Jésus-Christ.
Un siècle avant notre ère, les Chinois jouaient déjà au Kéno, et plusieurs cultures dont les
Hébreux, les Japonais, les Indiens, les Allemands, les Grecs, les Romains ont laissé des preuves à
cet effet.
L'histoire des législations sur le gambling constitue également une source précieuse
d'informations dans la saisie des repères ayant marqué la situation actuelle à travers le monde.
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Selon Preston et al (1998), les gouvernements se sont adonnés à la promotion du jeu ou à sa
prohibition selon des cycles et des fluctuations qui se sont répétés dans le temps et ce, incluant le
vingtième siècle. De la commission de régulation du jeu ayant eu lieu aux Indes en 321 avant
notre ère, aux infrastructures légales modernes de ce début de troisième millénaire, le débat social
sur les jeux de hasard s'avère bel et bien d'actualité.
En Europe, et en France en particulier, les loteries royales sous François 1er en 1539 ont été
appliquées pour financer les dettes de l'État et pour construire des églises sous Louis XIV. En
Angleterre, les décrets de statuts par Charles II en 1661 introduisent des règlements concernant
les fraudes ou l'abus du jeu associé au gambling. Au nom de l'éthique au travail, l'Angleterre
déclara le jeu comme interdit au 19 ième siècle. Selon Munting (1996), les formes populaires de
gambling en Angleterre au 20 ième siècle sont plus marquantes durant la période entre les deux
guerres mondiales, les classes ouvrières y voyant une certaine réponse à leurs conditions
difficiles au plan social et économique. Dans une certaine mesure, des contextes similaires ont eu
lieu en Italie, en Espagne et dans la majeure partie de l'Europe. Il faut toutefois souligner, que si
plusieurs pays Européens étaient déjà familiers avec la présence des casinos, ces derniers étaient
généralement de petite taille, hautement taxés et réservés plutôt à des élites.
En Chine, les fameuses maisons de coutisanes de Shanghai durant le 19 ième et le 20 ième siècle,
ont, jusqu'à un certain point, joué un rôle similaire à celui des Casini en Italie. Fréquentées par les
élites chinoises, principalement masculines et urbaines de l'époque, le gambling y occupait un
rôle prépondérant au plan social. Alors que les maisons de prostitution vivaient avec la vente de
services sexuels, les maisons de courtisanes retiraient la plus grande partie de leurs revenus des
sessions de gambling et de grands banquets (Henriot, 1999).
De l'autre côté de l'Atlantique, et durant les colonies en Amérique du Nord, les divergences entre
les tenants du discours moral visant à dissuader les activités de gambling versus ceux qui
prêchaient le développement économique à travers les jeux de hasard, étaient déjà très
apparentes. Les premières lois et règlements dans le nouveau monde étaient véhiculés par les
Puritains et reflétaient grandement la protection des valeurs sacrées de l'Éthique Protestante. Déjà
en 1660, les parieurs étaient punis durant les colonies et étaient sujets au fouet en public. Ainsi,
on dénoncait le fait que, si quelqu'un était capable de gagner de la richesse sans travailler, la
valeur du travail en serait alors minée. D'une part, le jeu était donc perçu comme un danger et une
source potentielle de désordre social, de l'autre, des accommodements et des exceptions étaient
accordées selon les circonstances et le pouvoir des acteurs sociaux et politiques en présence.
Quant à la légalisation du gambling, ce n'est qu'en 1931 que le jeu est officiellement légalisé à
Las Vegas dans l'État du Nevada. Il faut rappeler que le contexte de la dépression économique de
la fin des années vingt, constituait un facteur important dans le recours au jeu comme une
stratégie de sortie de la crise. Depuis cette date, le modèle du Nevada est devenu la norme à
travers le continent Nord-Américain et le reste du monde dans la mise en place des lois et
règlements visant à implanter des casinos et des espaces de jeux.
En ce qui concerne l'origine de Gamblers Anonymes, c'est en 1957 que deux ex-gamblers fondent
cette organisation à Los Angeles. Comme avec la réalité historique du phénomène de l'alcoolisme
en Amérique du Nord avec Alcooliques Anonymes, ce mouvement d'entraide eut la collaboration
des instances médicales du pays. Cette situation a conduit en 1972 à la formation officielle du
Conseil National du joueur compulsif par Gamblers Anonymes et ce, avec la collaboration du
corps médical, du clergé, des associations d'avocats, etc. C'est dans ce contexte, que la diffusion
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du discours médical associant la dépendance au jeu à une maladie prit son envol pour enfin
l'inscrire en 1980 comme une maladie psychiatrique et une pathologie telle que cela existe de nos
jours avec le DSM IV (manuel statistique et diagnostique des désordres mentaux).
L'ampleur du phénomène: une réalité sociale explosive
Dans le champ du gambling, on peut parler d'un large mouvement réformateur qui s'appuie en
majeure partie sur deux assises. D'une part, il y a le niveau du discours actuel et dominant en
Amérique du Nord qui associe le gambling à une maladie/pathologie, ce qui permet alors de dé-
responsabiliser, jusqu'à un certain point, les gouvernements, défaillance individuelle oblige. De
l'autre, il y a le processus social et institutionnel de légalisation et de socialisation des jeux de
hasard qui est devenu un instrument majeur de légitimation idéologique pour les politiciens,
l’industrie privée des casinos et plusieurs communautés autochtones en Amérique du Nord. Parmi
ces dernières, certaines n’hésitent pas à parler de succès en termes d’opportunités, de
développement économique et de création d’emplois alors que d’autres y voient une source de
brisure familiale, communautaire, sociale et idenditaire.
En l’espace de quelques décennies, nous assistons à une augmentation sans précédent de l’accès à
des formes légales de gambling dans le continent Nord-Américain. Légitimé comme une activité
de loisir acceptable au plan social, et en réponse à des coupures budgétaires par les
gouvernements fédéraux et à un certain déclin de revenus de taxes au plan provincial, le
processus de légalisation des jeux de hasard s’est mis en branle avec une grande rapidité. Au
Canada, c’est en 1969 qu’une réforme du code criminel permet la légalisation des jeux de hasard
par les provinces. Déjà en 1996, le rapport de congrès national du bien-être social révèlait que
plus de la moitié des Canadiens s’étaient adonnés au jeu occasionnellement avec un nombre
signicatif de personnes sur une base hebdomadaire (National Council on Welfare, 1996).
Selon plusieurs sources, les montants dépensés dans les activités de jeux de hasard au Canada
sillonnaient entre 20 et 30 milliards de dollars, dont 4.6 milliards sous forme de loteries, alors
qu’aux Etats-Unis les montants d’argent légalement investis dans cette industrie depuis vingt ans
ont augmenté de 3000 % (Canadian Foundation on Compulsive Gambling, 1999:12; Peacock,
Day et Peacock, 1999: 7). À titre d’exemple, les Américains ont dépensé la somme de 586.5
milliards de dollars dans les activités de gambling durant l’année 1996 seulement (Pasternak, A,
1997).
En ce qui a trait au domaine de la création d’emplois, cet essor s’est traduit également par une
augmentation de la main d’oeuvre canadienne oeuvrant dans cette industrie qui est passée de
8262 en 1985, à 24.297 douze ans plus tard. Ce contexte, vu comme favorable, a permis
l’ouverture de casinos permanents à l’échelle du pays en Ontario (Windsor, Orillia, Chutes du
Niagara, Gloucester), au Québec (Montréal, Hull, Charlevoix) en Nouvelle Écosse (Halifax et
Sydney), au Manitoba (Winnipeg), en Saskatchewan (Régina) et dans plusieurs communautés
autochtones. Au Québec, et selon Topp et Charpentier (2000), l’exercice financier de Loto
Québec en 1998-1999 montre un nouveau record de chiffre d’affaires de plus de trois milliards de
dollars avec un bénéfice net de 1,2 milliard de dollars pour le trésor public.
S'il y a apparence d’un certain bien-être économique avec l’introduction légale des jeux du
hasard, plusieurs individus, organisations et communautés s’opposent à la multiplication des
casinos, aux loteries de toutes sortes, aux appareils de loterie vidéo et aux machines à sous. Pour
une variété de raisons, qui vont des croyances religieuses aux impacts psychosociaux négatifs
auprès des personnes qui développent des problèmes de dépendance, certains voient dans
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l’étalement des espaces de jeux de hasard une exploitation étatique et privée des plus pauvres, ou
comme dirait Eadington (1995) une « taxe pour les stupides ». D'ailleurs, des enquêtes menées
aux États-Unis depuis une trentaine d'années, montrent que les pauvres investissent un plus grand
pourcentage de leurs revenus dans les loteries et autres jeux que les milieux aisés (Brenner et
Brenner, 1993).
Il y aurait également des conséquences négatives au niveau d’un certain démantèlement des
réseaux communautaires et des liens sociaux et familiaux existants, qui peuvent se traduire par un
nombre de plus en plus élevé de sans-abris ayant eu une trajectoire de joueurs invétérés
(Castellani et al, 1996), de comorbidité psychiatrique et de tentatives de suicide (Black et Moyer,
1998). Les populations de jeunes, de femmes, d'autochtones et des aînés seraient également les
groupes sociaux qui sont les plus touchés par l'augmentation et l'incidence des jeux de hasard
(Mandal et Vander Doelen, 1999; National Council of Welfare, 1996).
De plus, la dépendance mixte au jeu, à l'alcool ou aux drogues en contexte de gambling,
produirait une prévalence qui serait 5 à 10 fois plus élevée dans une population de joueurs
pathologiques en traitement que dans la population en général (Daghestani, Elenz et Crayton,
1996). Dans cette perspective, une étude en Alberta révèle un taux de 63,3 % dalcooliques parmi
les joueurs pathologiques, comparativement à 19% dans le reste de la population et 23,3 % des
individus ayant un problème de jeu sont également toxicomanes, comparativement à 6,3 % au
sein de la population en général (Bland, Newman, Orn et Stebelsky, 1993). L'intensité du jeu
serait également corrélée à l'usage abusif du tabac et à l'état d'ébriété auprès de jeunes adultes
universitaires (Lesieur et al, 1991).
Un autre indicateur important de ce malaise social croissant est celui de l'augmentation
impressionnante des demandes d'aide téléphonique par les citoyens. Au Québec, en 2002-2003,
plus de 17 000 personnes ont eu recours au service téléphonique d'écoute et de référence de
nature anonyme et confidentielle (Jeu : aide et référence, 2003, Chevalier et al., 2003). Il faut
rappeler que ce service est financé par Loto-Québec et ses filiales qui sont organisations
gouvernementales exploitant les activités de jeux de hasard et d'argent..
D'un point de vue économique, il ne fait pas de doute que les jeux de hasard représentent une
occasion d’enrichissement pour des groupes financiers privés qui excellent dans le « marketing
social » et dans la promotion des espaces de jeux présentés comme une occasion unique de
développement économique et touristique. Au plan social et politique, certains voient dans la
situation actuelle un signe de « banqueroute politique », dans la mesure où le débat réel sur une
certaine ambiguité des rôles de l’État n’est pas effectué et ce, en mettant principalement en
veilleuse les dimensions sociales sous-jacentes à ce phénomène. Dans cette optique, une étude de
Govoni et al (1998) sur l’impact des casinos dans la communauté de Windsor en Ontario, révèle
que les problèmes psychosociaux reliés au gambling sont en forte augmentation depuis les deux
dernières décennies. Ainsi, l’augmentation de l’accès aux casinos explique la corrélation d’une
plus grande prévalence de problèmes de dépendance au jeu et de comportements considérés
comme pathologiques. Déjà en 1976, une étude scientifique à l’échelle nationale du phénomène
démontrait qu’à Las Vegas, l’accès généralisé à diverses formes de gambling se traduisait par un
taux de dépendance au jeu qui est était trois fois supérieur à la moyenne nationale (Castellani,
2000).
La conception du phénomène de la dépendance: le cœur du débat
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