Le nouveau Président de la République, qui connaît bien certains dossiers de
l’économie des jeux ( en tant que Ministre de l’Intérieur il a traité avec rapidité celui
des casinos) et qui n’est certainement pas insensible à celui de l’épargne populaire et du
logement social, aura certainement à cœur de trouver des solutions acceptables,
logiques, réalistes et rationnelles sur ces deux dossiers.
* En ce qui concerne les jeux, laïc, on l’imagine mal réactualiser une morale méta
religieuse ( “ tu ne joueras point, tu épargneras ”) afin de restreindre l’appétit des
Français pour les jeux de hasard, tout en favorisant leur épargne. Lui reste l’opportunité
de suivre les deux principales recommandations conclusives du rapport Trucy
sur
l’économie du hasard :
- créer une Haute Autorité de régulation du gambling, pour moderniser le secteur des
jeux d’argent avec équité et permettre l’arrivée de nouveaux entrants ( et donc de
nouvelles recettes fiscales) sans attenter pour autant à l’ordre public
- installer un organisme de recherche gambling - scientifique et indépendant - pour
mesurer et comprendre l’ensemble des raisons ( sociales, économiques, financières,
biographiques...) qui explique que « certains » de nos concitoyens engagent (avec une
belle constance) leur argent dans des “ placements ” aléatoires ( loteries, courses et
casinos) , parfois certainement au détriment de leur épargne de précaution et du
placement de “ père de famille ” que représente le livret A.
Car les premières décisions prises en faveur du jeu pathologique apparaissent plus :
comme : des mesurettes prises dans l’urgence, une campagne stratégique de
communication orchestrée ( notamment par la Française des Jeux et Bercy) destinée à
amadouer la Commission Européenne et à préserver le monopole
des deux opérateurs
historiques ( FDJ
& PMU
; que comme une véritable Politique Des Jeux responsable,
informée par des recherches scientifiques et expertises préalables. L’histoire des jeux de
hasard, la sociologie et la géographie des jeux d’argent contemporains indiquent
d’évidence que le gambling ( y compris certainement dans sa dimension excessive) est
un fait social, économique et financier ; une pratique culturelle, avant d’être un
problème de santé mentale, comme voudraient nous le faire croire ceux qui espèrent
exploiter le « business du jeu compulsif »
* En ce qui concerne le livret A, Nicolas Sarkozy aura certainement à cœur de le
moderniser, sans remettre en cause – bien au contraire - le nécessaire financement du
logement social. Car après tout la demande de la Commission Européenne en matière
d’épargne n’a rien d’extravagantes. Il est dans “ la logique des choses européennes ” et
dans celle du respect du droit communautaire que les bénéficiaires du monopole de
l’épargne administrée ( Banque Postale, Caisses d’Épargne, Crédit Mutuel) acceptent de
“ partager le gâteau ” (115,2 milliards en 2006) à partir du moment où elles sont
devenues des banques universelles de plus en plus performantes, qui - à juste titre -
François Trucy : « L’évolution des jeux de hasard et d’argent : le modèle français à l’épreuve « ( Rapport
d’information du Sénat n° 58, 2006-2007, 361 p)
Confer notre article dans le quotidien économique La Tribune : JPG. Martignoni-Hutin : « Jeux,
monopole et responsabilité « ( La Tribune du 15 Mai 2007, p. 35)
confer l’article du PDG de la Française des jeux : Christophe Blanchard Dignac« L’heure du choix pour
l’Europe des jeux « ( La Tribune du 18 janvier 2007, p. 31) ou il conteste les orientations de la
commission européenne et défend de manière très contradictoire le monopole de la FDJ
De la même manière Bertrand Bélinguier ( Président du PMU) pratique le catastrophisme pour s’opposer à
Bruxelles et à la libre concurrence et préserver son monopole ( « La libéralisation conduira à la crise «
interview de B. Bélinguier dans Les Echos du 1,2 Juin 2007, p. 13)