
ESH ECE2 Nicolas Danglade
Camille Vernet 2015-2016
Ils s’appuient sur la courbe de Phillips augmentée des anticipations pour montrer qu’il faut
effectivement distinguer ce qui se passe à court terme de ce qui se passe à long terme. Ils ne
remettent pas en cause l’idée de monnaie neutre à long terme, (c’est-à-dire qu’à LT, l’inflation est
toujours un phénomène monétaire et que la politique monétaire n’a pas d’impact sur le niveau
d’activité). Par contre, sur le court terme, ils renouent avec Keynes. A partir du concept de NAIRU
(Tobin), ils distinguent le taux de chômage structurel et le taux de chômage conjoncturel. Ils
considèrent qu’il est possible grâce à la politique monétaire de faire baisser le taux de chômage
conjoncturel : en réduisant l’output gap à zéro. Lorsque la croissance réelle est égale à la
croissance potentielle, c’est qu’il ne reste que du chômage structurel et que le chômage conjoncturel a
disparu.
Le raisonnement est donc le suivant : il existe un output gap négatif (croissance réelle inférieure à
croissance potentielle), la politique monétaire mise en place est expansionniste, la création monétaire
stimule les échanges, mais les prix et les salaires sont rigides à court terme ; durant cette période de
rigidité, les agents économiques ne subissent donc pas l’inflation, le surplus d’activité fait baisser le
chômage conjoncturel, qui se rapproche peu à peu du chômage structurel. Progressivement tout en se
rapprochant du chômage structurel, l’inflation apparaît. Durant cette période de transition, moins de
chômage signifie plus d’inflation. C’est le cas keynésien traditionnel. Mais dès que le taux de
chômage atteint son niveau structurel, le taux de chômage ne baisse plus. Continuer la politique
monétaire ne peut alors que se traduire par plus d’inflation. On retrouve le cas monétariste.
Finalement, on distingue trois moments : celui durant lequel, le taux de chômage baisse mais cela a
peu d’impact sur l’inflation (la partie presque horizontale de la courbe de Phillips), puis celui où cette
baisse provoque davantage d’inflation (la courbe de Phillips devient de plus en plus négative) et enfin
celui où la baisse du chômage est nulle mais l’inflation est forte (la courbe de Phillips est verticale).
L’intérêt de cette analyse de la NEK est finalement de montrer que les autorités monétaires doivent
arbitrer entre réduction de l’output gap et contrôle des anticipations d’inflation. Elles savent que
plus l’output gap se réduit plus les anticipations d’inflation vont augmenter.
Si la baisse du chômage se paie par peu d’inflation au départ lorsque le chômage conjoncturel est
élevé, ce n’est plus le cas lorsqu’il diminue et que ne reste plus que du chômage structurel.
La NEC réhabilite l’arbitrage inflation-chômage jusqu’au moment où le chômage conjoncturel a
complètement disparu. A partir de ce point, seule la maîtrise de l’inflation compte (il faut éviter que
les anticipations d’inflation dérapent) ; et vouloir diminuer le chômage structurel nécessite une
politique de l’emploi.
En conséquence, les années 1990/2000 voient se développer une politique monétaire qui combinent
réduction de l’écart de production et contrôle de l’inflation (par le contrôle des anticipations des
agents). Il est possible de « vérifier » à postériori ce type de stratégie des banques centrales en utilisant
« la formule de Taylor ». Cette formule de Taylor permet de calculer un taux d’intérêt « théorique »
qui serait le taux optimal découlant d’un arbitrage entre l’écart de production et l’écart entre les
anticipations d’inflation des AE et la cible d’inflation désirée par la BC. Par exemple, si l’écart de
production est faible mais que les AE ont des anticipations d’inflation qui s’écartent de la cible visée
par la banque centrale, cette dernière sera amenée à remonter son taux directeur, et le taux directeur
« théorique » doit augmenter.
En comparant ce qu’auraient du faire les banques centrales, compte tenu des circonstances et de leur
objectif de cible d’inflation, et ce qu’elles ont choisi de faire réellement, Taylor constate qu’en réalité
le taux « théorique » et le taux réellement utilisé sont très proches.
Cela montre bien que les banques centrales ont continué sur cette période à arbitrer de la manière
suivante : réduire l’output gap (faire baisser le chômage conjoncturel) nécessite de réduire le taux
directeur, mais cela fait augmenter les anticipations d’inflation qui s’écartent de la cible, ce qui
conduit la BC à resserrer ses taux, les anticipations se callent sur la cible mais au prix d’un output gap
croissante (hausse du chômage) ; la banque centrale réagit alors en faisant baisser son taux, etc …
cf le document 12 du cours qui montre que la Fed suit bien la règle de Taylor de 1998 à 2008. La Fed
détermine son taux d’intérêt en fonction de la position de l’écart de production et de l’inflation,
sachant que les deux varient en sens inverse. On retrouve bien l’arbitrage inflation/chômage.