Chapitre 13 : Le réflexe myotatique Lorsque des muscles se contractent, la force produite tire sur les tendons reliés au squelette, ce qui déclenche les mouvements. La commande de ces mouvements est assurée par le système nerveux. Certaines contractions sont volontaires, c’est-­­à-­­dire décidées par l’individu, d’autres involontaires ou réflexes. I-­­ Mise en évidence du réflexe myotatique. TP 34 : Le réflexe myotatique En frappant certains tendons, les médecins testent certains de nos réflexes appelés réflexes myotatiques, afin d’obtenir des indications sur notre fonctionnement neuromusculaire. Deux tests sont couramment utilisés. Un réflexe myotatique est la contraction involontaire d’un muscle, déclenchée par un stimulus qui est son propre étirement. C’est un outil diagnostic permettant d’apprécier le fonctionnement du système neuromusculaire. La contraction d’un muscle est un raccourcissement de ce muscle qui tire alors sur ses points de fixation c’est-­­à-­­dire sur les os. L’enregistrement à l’aide d’une expérimentation assistée par ordinateur nous permet de préciser certains éléments. Cette réponse réflexe est rapide et d’intensité variable. Elle dépend de l’intensité du stimulus, c’est-­­à-­­dire de l’intensité de l’étirement, cependant, une même intensité d’étirement entraîne toujours la même réponse. Suite à la stimulation, le réflexe myotatique se déclenche en quelques millisecondes seulement (40 ms en moyenne). 1 La moelle épinière est le centre nerveux du réflexe myotatique, d’une longueur d’environ 45 cm, est contenue dans le canal rachidien de la colonne vertébrale. Elle est recouverte par les méninges. Elle présente entre chaque vertèbre des expansions qui se rejoignent d’un même côté et forment les nerfs rachidiens. Elle est en relation avec les muscles grâce à ces nerfs rachidiens. La moelle épinière est formée de substance blanche localisée à la périphérie et de substance grise en position centrale. La substance blanche étant formée par des dendrites et des axones alors que la substance grise est formée par les corps cellulaires des neurones. 2 II-­­ Les acteurs du réflexe myotatique. Un neurone ou cellule nerveuse, présente un corps cellulaire et des prolongements cytoplasmiques, dendrites et axone. Les corps cellulaires sont situés dans la substance grise des centres nerveux ou dans les ganglions nerveux tels que les ganglions rachidiens. Dendrites et axones entrent dans la constitution des fibres nerveuses que l’on trouve dans les nerfs et la substance blanche. Certains neurones établissent des connexions au niveau d’autres neurones au niveau de synapses neuro-­­neuroniques. D’autres encore établissent des connexions avec d’autres cellules telles que les cellules musculaires au niveau de synapses neuromusculaires. Un muscle étiré est à l’origine d’un message nerveux sensitif qui passe par le nerf rachidien puis par la racine dorsale avant d’atteindre la moelle épinière. Un message nerveux moteur qui quitte la moelle épinière par la racine ventrale, se propage par le nerf rachidien correspondant vers ce même muscle. Un nerf rachidien conduit à la fois des messages sensitifs (se dirigeant vers la moelle épinière) et des messages moteurs (se dirigeant vers les muscles). Comme toute activité réflexe, le réflexe myotatique fait intervenir successivement : – Des récepteurs sensoriels, situés dans le muscle lui-­­même et sensibles au degré d’étirement du muscle, Dans le cas du réflexe myotatique, il s'agit des fuseaux neuromusculaires. – Une voie nerveuse sensorielle ou afférente qui véhicule un message nerveux sensoriel, Il s'agit d'un neurone sensitif ou afférent. Ce neurone transmet le message du fuseau neuromusculaire à la moelle épinière. Le neurone sensoriel est un neurone en T, avec son corps cellulaire dans le ganglion rachidien qui se trouve dans la racine dorsale de la moelle épinière. – Un centre nerveux, ici la moelle épinière, capable de traiter l’information et de générer une réponse motrice ou non, C'est dans la moelle épinière que le message va être transmis du neurone afférent au neurone efférent, par le biais d'une synapse. - La voie nerveuse motrice, ou voie nerveuse efférente, est constituée d'un neurone efférent ou neurone moteur. Ce neurone débute par un corps cellulaire se situant dans la moelle épinière, et se termine au niveau du muscle, en empruntant la racine ventrale de la moelle épinière. Ce neurone moteur ou motoneurone va se terminer au niveau du muscle par une jonction neuromusculaire. Cette jonction permet la transmission du message et la contraction du muscle en réponse à la stimulation. – Des effecteurs moteurs, les cellules musculaires contractiles. Le réflexe myotatique est utilisé pour tester le fonctionnement de tous les acteurs de l’arc réflexe, moelle épinière, nerf et muscle. 3 III-­­ Nature et propagation du message nerveux TD 38 : Nature et propagation du message nerveux L’étude de l’activité électrique d’une fibre nerveuse peut être réalisée à l’aide de microélectrodes reliées à un oscilloscope. Implantée dans la fibre, elle permet d’enregistrer la tension qui règne au niveau membranaire, entre le milieu intérieur et extérieur du neurone. La tension mesure la différence de potentiel électrique (ddp) entre les deux milieux. La membrane du neurone est polarisée. On appelle potentiel membranaire ou potentiel de repos cette différence de potentiel électrique entre le milieu intérieur du neurone et l’extérieur. En absence de toute stimulation, on constate qu’il existe une ddp permanent de -­­70 mV, l’intérieur étant électronégatif par rapport à l’extérieur. Lors d’une stimulation artificielle d’un neurone, on peut observer une modification brutale et locale de cette polarisation. Potentiel d’action. Un potentiel d’action est une inversion transitoire de la polarisation membranaire, d’amplitude constante, environ 100 mV et d’une durée de quelques millisecondes. Un message nerveux est constitué par un ensemble de potentiels d’actions, c’est-­­à-­­dire une série d’inversions très brèves de la polarisation électrique membranaire du neurone. Ce message se propage à la surface de la membrane du neurone, sans s’atténuer. L’information est codée par la fréquence des potentiels d’actions, qui ont tous la même amplitude. Le potentiel d’action n’est observé que si l’intensité de stimulation est suffisante et dépasse une valeur seuil. La fibre nerveuse d’un neurone obéit à la « loi du tout ou rien » : – « Rien », lorsque la valeur seuil n’est pas atteinte, il n’y a pas création de potentiel d’action ; – « Tout », lorsque le seuil est atteint le potentiel d’action a d’emblée une amplitude maximale. Le nombre de potentiels d’action par unité de temps constitue le codage. Plus la fréquence est élevée plus la contraction musculaire effectuée sera importante. 4 IV-­­ Le fonctionnement synaptique TD 39 : La transmission synaptique Arrivé à l’extrémité de l’axone du neurone sensitif, dans la substance grise de la moelle épinière, le message nerveux est transmis au neurone moteur. Cette zone de connexion entre deux neurones est une synapse neuro-­­neuronique. Lorsque le message nerveux moteur arrive à l’extrémité de l’axone du motoneurone, il est transmis à une fibre musculaire grâce à une synapse neuromusculaire au niveau de la plaque motrice. Dans les deux cas, il existe un espace (fente synaptique de 20 à 50 nm) séparant l’élément pré-­­synaptique de l’élément post-­­synaptique. L’observation au microscope électronique montre que le cytoplasme situé à l’extrémité de la fibre pré-­­synaptique contient de très nombreuses vésicules remplies de molécules (neurotransmetteur). Dans le cas du circuit nerveux de l’arc réflexe myotatique, le neurotransmetteur est l’acétylcholine. L’arrivée de potentiels d’action au niveau de la terminaison pré-­­ synaptique déclenche l’exocytose d’un nombre plus ou moins important de vésicules qui libèrent le neurotransmetteur dans la fente synaptique. La membrane post-­­synaptique présente à sa surface des récepteurs à ce neurotransmetteur. Si la quantité de neurotransmetteurs est suffisante, on observera alors la création de potentiels d’action post-­­synaptiques. 5 Lors de l’arrivée d’un message nerveux de nature électrique au niveau du neurone pré­­ synaptique, la transmission de l’information est assurée par les molécules de neurotransmetteurs qui sont déversées par exocytose dans l’espace synaptique entre les deux neurones. L’association des molécules de neurotransmetteurs et des récepteurs spécifiques de la membrane de la cellule post-­­synaptique permet si la quantité de neurotransmetteurs est suffisante l’apparition d’un message nerveux au niveau de la cellule post-­­synaptique. L’inactivation rapide grâce à une enzyme du neurotransmetteur dans l’espace synaptique interrompt la transmission. Les molécules de neurotransmetteur, constituent par conséquent, un message chimique assurant la transmission d’un neurone à un autre neurone ou à une cellule musculaire. Le neuromédiateur de la synapse neuromusculaire est l’acétylcholine. La fixation d’acétylcholine sur les récepteurs post-­­synaptiques de la membrane plasmique de la cellule musculaire entraîne une variation du potentiel de membrane de cette dernière : ce potentiel d’action musculaire déclenche la contraction. C’est la concentration en neurotransmetteur qui constitue le codage du message. Les effets des substances pharmacologiques Certaines substances chimiques, naturelles ou de synthèse, sont susceptibles de perturber le fonctionnement synaptique. Le curare (substance produite par certaines plantes) peut se fixer aux récepteurs de l’acétylcholine sans générer de potentiels d’action post-­­synaptiques. On dit que c’est un antagoniste de l’acétylcholine. Il provoque un relâchement musculaire durable conduisant à une paralysie pouvant être mortelle. D’autres substances ont pour effet d’empêcher l’élimination de l’acétylcholine au niveau de l’espace synaptique. Elles prolongent la durée d’action du neurotransmetteur : il s’agit alors d’agoniste de l’acétylcholine. 6