Bulletin mensuel du groupe Gestion de portefeuilles Moore | Avril 2017
Var. (%) de l’IPC sur 12 mois
Source : FactSet.
La Corée du Sud, qui est toujours un bon indicateur de la
santé du commerce mondial, a annoncé une croissance
de 20 % sur 1 an pour ses exportations en février. Ce
mois-ci, le secteur manufacturier de Taïwan, également
un bon baromètre de l’activité mondiale, a enregistré son
treizième mois consécutif de hausse.
Cela ne veut pas dire que tous les risques ont disparu. En
effet, une bonne dose d’incertitude plane, du point de
vue politique et sur le plan des décisions
gouvernementales. L’incertitude politique sera nettement
atténuée par la probable accession du centriste
Emmanuel Macron à la présidence française, le 7 mai.
Toutefois, l’incertitude à l’égard des décisions
gouvernementales risque de persister, à des degrés
divers, pendant la présidence de Donald Trump. Même si,
au sein de l’Administration Trump, les adversaires de la
mondialisation semblent sur la défensive alors que des
voix plus mesurées s’élèvent, la situation pourrait
changer en un clin d'œil si, pour une raison ou une autre,
Donald Trump se sentait pris au piège.
L’instabilité perpétuelle du Moyen-Orient et les
déclarations de plus en plus belliqueuses en provenance
de la péninsule coréenne ont également le pouvoir de
déstabiliser l’économie mondiale. Les problèmes
structurels persistent en Europe, la morosité de
l’investissement et la faible croissance de la productivité
continuent de plomber les grandes économies et les
risques pour la prospérité mondiale liés à l’adoption de
politiques protectionnistes et populistes pourraient
causer de graves dommages. Cela dit, il est clair que les
perspectives de l’économie mondiale sont plus
encourageantes aujourd'hui qu’elles ne l'étaient il y a à
peine quelques mois.
L’Europe est à la croisée des chemins
Actuellement, quel est le principal risque géopolitique
pour les investisseurs? Ce n’est pas une guerre dans la
péninsule coréenne, ni une escalade de la violence au
Moyen-Orient, ni même une bataille commerciale
contreproductive déclenchée, volontairement ou non,
par le gouvernement Trump. Le plus grand risque qui
menace l’économie mondiale aujourd'hui est la
dislocation de l’Union européenne (UE).
Avant le Brexit, personne n’envisageait sérieusement
l’effondrement de cette union, dont la naissance
remonte à 60 ans. Même le Brexit n’a pas réellement
compromis l’existence de l’Union. Le Royaume-Uni a
toujours été un membre à part, il ne faisait pas partie
de la zone euro et avait déjà obtenu des dérogations à
de nombreuses règles de l’UE, notamment une
importante réduction sur sa contribution au budget
annuel. Certains puristes ont même applaudi le Brexit,
estimant qu’une fois libérés de l’obstruction
britannique, les 27 pays restants pourront mieux
travailler au resserrement de l’Union. Hélas, les
populistes et les nationalistes ne l’entendaient pas de
cette oreille. Enhardis par le Brexit et l’élection de
Donald Trump, les politiciens d’extrême droite et, dans
une moindre mesure, d’extrême gauche, se sont senti
pousser des ailes. Cette impulsion a, en grande partie,
été stoppée net dimanche, lorsque le résultat du
premier tour de la présidentielle en France a été
annoncé. La candidate populiste d’extrême droite,
Marine Le Pen, menaçait de faire sortir la France de la
zone euro, de suspendre toute immigration, de quitter
l’espace Schengen (qui permet la libre circulation
transfrontalière dans une grande partie de l’Europe) et
d’organiser un référendum sur le retrait du pays de
l’UE. À l’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon,
soutenu par le Parti communiste, proposait une
« alliance bolivarienne » avec Cuba et le Venezuela,
ainsi qu’un taux d’imposition de 100 % sur la tranche
de revenus supérieure à 400 000 €. Avant le premier
tour, la course était trop serrée, selon les sondages,
pour que l’on puisse prédire l’issue du scrutin. La
plupart des voix ont été comptabilisées et c’est le
candidat centriste, libéral et pro-européen Emmanuel
Macron et Marine Le Pen qui sont arrivés à la première
et à la seconde place, respectivement. D’après les
sondages, M. Macron devrait facilement sortir
vainqueur au second tour, dans deux semaines,
devenant le premier président français à ne pas être
issu d’un des deux principaux partis politiques.
Les marchés célèbreront la victoire
d’Emmanuel Macron qui, après l’élection de mars aux
Pays-Bas et étant donné l’essoufflement du parti AfD
en Allemagne, semble indiquer que la vague populiste