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Sujet de bac th 1, octobre 2008
Corrigé – Spécialité : Progrès technique et évolution économique chez Schumpeter
1) A partir de vos connaissances et du document, vous expliquerez comment Schumpeter perçoit
l’évolution économique.
J. A. Schumpeter (1883 – 1950) est un auteur qualifié d’hétérodoxe puisqu’il apparaît en marge de la pensée libérale ou
keynésienne pour cette première moitié du XXe siècle. Il analyse en particulier ici la dynamique du capitalisme présenté
comme un système en permanence déséquilibré (alors que l’analyse libérale dominante de l’époque développe l’approche de
l’équilibre général des marchés et le rôle de la flexibilité des prix).
Son analyse se centre notamment sur la relation qu’il existe entre le progrès technique, les innovations et la croissance
économique. J. A. Schumpeter va développer le rôle primordial des innovations dans la croissance économique.
Ces innovations, au nombre de cinq (les produits nouveaux, les procédés de production, les marchés, les matières
premières ou l’organisation productive), sont introduites dans le système économique par les entrepreneurs. Ils vont mettre
en mouvement le système capitaliste en brisant sa routine c’est-à-dire en prenant des risques et en effectuant un
pari sur l’avenir. Cet aventurier qu’est l’entrepreneur est à la fois motivé par le profit qu’il peut retirer de son
innovation et par « un goût du risque » effréné.
Les innovations vont être le principal facteur explicatif des cycles longs de l’économie, observés depuis la fin
du XVIIIème siècle : période d’expansion puis de récession. Il s’est appuyé sur les travaux de l’économiste russe
Kondratieff qui avait mis en évidence, dans les années 20, l’existence de cycles d’une cinquantaine d’années ; Schumpeter a
tenté d’expliquer l’existence de ces cycles.
- Chaque phase d’expansion (augmentation du PIB) correspond à l’apparition de grappes d’innovations. Les innovations se
traduisent par des investissements, une création d’emplois, une hausse du pouvoir d’achat (due à la création d’emplois
mais aussi aux gains de productivité qui entraînent augmentation des salaires et une baisse des prix) pour la population
active. Pour l’entreprise, elle peut se retrouver en situation de monopole temporaire (nouveau produit par ex.) ou
bénéficier d’une baisse de ses coûts de production (innovations de procédés), ce qui est (dans les deux cas) source de
profit. Des entrepreneurs copieurs, par effets d’entrainement, entrent sur le marché, attirés par les profits à réaliser.
L’augmentation de la demande d’une part et des profits d’autre part vont à leur tour provoquer une augmentation
importante de l’investissement et de la production.
Mais plus on avance dans le temps, plus les effets des innovations s’épuisent.
- Lors de la « phase de récession », la concurrence s’accroît entre les entrepreneurs et chacun veut conserver ses parts
de marché. L’offre va devenir trop abondante par rapport à la demande. Ceci va entraîner une baisse des prix et les
profits diminuent. Certains ne pourront plus rembourser leurs emprunts (faillite). De plus, la demande se sature. On a
donc une baisse de l’investissement et de la production et une répercussion catastrophique au niveau de l’emploi.
Donc, la récession succède à l’expansion jusqu’à ce que de nouveaux entrepreneurs arrivent avec de nouvelles
innovations pour relancer la croissance. En effet, la période de récession va inciter les entrepreneurs à innover ; lorsque les
effets des innovations majeures commencent à se faire sentir, l’activité économique reprend et l’économie va entrer à
nouveau dans un cycle long.
Ainsi, le système capitaliste ne sera jamais caractérisé par la stabilité : la disparition et l’apparition de
nouvelles techniques ou de nouveaux produits rythment l’activité économique le rythme de la croissance est donc
cyclique en raison des innovations.
2) Explication de la phrase soulignée
Schumpeter évoque ici le processus de « destruction créatrice ». Il emploie cette expression pour montrer que de nouvelles
innovations majeures vont venir remplacer les anciennes devenues obsolètes. De nouvelles branches se développent,
condamnant les branches et entreprises dépassées ou incapables de s’adapter. Elles contribuent donc à leur disparition en
parallèle à la diffusion des produits ou des procédés nouveaux dans l’économie. Donc va se mettre en place les bases du futur
essor économique : naissances de nouvelles activités, créations d’emplois, nouveaux modes de vie qui ont fait disparaître des
anciennes activités (et emplois).
Le capitalisme est en perpétuel mouvement car la destruction créatrice fait régulièrement table rase du
passé, et ouvre la voie aux activités nouvelles l’introduction des innovations sécrète en permanence de l’instabilité
puisque les éléments nouveaux rendent obsolètes les plus anciens.
3) Le document 2 apporte-t-il une confirmation de la thèse de Schumpeter ? Justifiez votre réponse
Le document 2 évoque le rôle des investissements américains depuis les années 1990 dans les nouvelles technologies
de l’information et de la communication (NTIC). Les NTIC ont une place de plus en plus conséquente tant au niveau des
produits que des procédés de production. Les innovations réalisées dans ce domaine expliqueraient une grande partie de la
croissance économique américaine, réduisant par la même occasion le chômage. Se développe alors le sentiment selon lequel
l’économie américaine serait entrée dans un nouveau cycle de Kondratieff en phase A, les innovations de la « nouvelle
économie » constituant le moteur de cette dynamique. L’auteur espère, par ailleurs, que les pays européens suivront le même
chemin que les Etats-Unis afin de dynamiser notre croissance. Cette évolution semble donc confirmer la thèse de
Schumpeter.