L’Economie et la gestion de la connaissance, Nouvelles bases de la compétitivité :
Définitions et enjeux
Faculté Des Sciences Economiques et de Gestion – Université de Biskra
pertinente. La « connaissances » a trait au savoir objectivé, matérialisable et transportable sur
un support. Elle est donc quantifiable et négociables en tant qu'actif à part entière. Elles sont
donc parfaitement adéquates pour l'Economie-compétition et la rareté qui la constitue (la
raréfaction d'une connaissance est sanctionnée par sa brevetabilité ou son appropriation en tant
que propriété intellectuelle).
Le Savoir (knowledge) couvre des réalités quelque peu différentes
. Le « savoir », ou
plutôt « les savoirs », restent dans les sphères immatérielles et non-inscriptibles. On ne sait pas
tout ce que l'on sait. Savoirs et savoir-faire s'acquièrent par transmission, contagion,
fertilisation. Le « Savoir » est social et culturel. Si l'on s'en tient aux sens évoqués plus haut, on
pourrait dire que : Le « Savoir », du fait de son statut éthéré et immatériel, n'est pas un actif à
lui tout seul.
L’information : Information et connaissances ont des frontières bien distinctes.
L’analyse économique a longtemps assimilé la connaissance et l’information. L’information est
le processus de sélection, de traitement et d’interprétation des messages reçus alors que la
connaissance est basée sur une information assimilée et utilisée pour aboutir à une action.
Ainsi, l’information fait donc parti de la connaissance mais ne peut être assimilée à elle. K.
ARROW
, qui est à l’origine d’une première conception économique de la connaissance,
assimile la notion économique de la connaissance avec celle de l’information. Il définit trois
propriétés de la connaissance comme bien économique tant dans son usage que dans sa
production : elle difficilement contrôlable pouvant être diffusée utilisée par des agents qui n’ont
pas forcément assuré la production, et donc génératrice d’externalités positives. Elle est un
bien non rival c'est-à-dire elle ne se détruit pas au fur et à mesure qu’on l’utilise et son prix ne
peut pas être fixé par rapport à d’autres biens. Enfin, elle est cumulative. En effet, la production
de savoirs nouveaux est la conséquence immédiate des savoirs déjà existants. En conséquence,
la reproduction de la connaissance et la reproduction de l’information sont des phénomènes
biens différents : quand la reproduction d’information ne coûte que le prix de la copie (une
simple photocopieuse permet de reproduire une information), la reproduction de la
connaissance coûte beaucoup plus, puisque ce qui doit être reproduit est une capacité cognitive,
difficile à expliciter et à transférer d’un individu à un autre « on sait plus qu’on ne peut dire »,(
polayni, 1996). D. Foray
souligne l’apport essentiel de F. Machlup
, qui a intégré dans
l’économie de la connaissance l’analyse des secteurs et des industries d’information, l’examen
des activités de production de nouvelles connaissances et l’étude des mécanismes d’acquisition
et de transfert des savoirs. La connaissance renvoie à la capacité qu’elle donne à engendrer,
extrapoler et inférer de nouvelles connaissances et informations. En ce sens, elle est
fondamentalement une disposition d’apprentissage et une aptitude cognitive et est intimement
liée au processus d’apprentissage, d’éducation, de recherche et d’utilisation des compétences
alors que l’information demeure un ensemble de données formatées et structurées, d’une
certaine façon inactives, ne pouvant pas par elle-même engendre de nouvelles informations.
Machlup (1980) a décrit l’économie comme une économie d’information à distinguer d’une
économie fondée sur la connaissance. La diffusion de la connaissance ou même un changement
d’état de cette connaissance implique quelque chose de coûteux et de plus complexe. Nonaka
considère que l’information est un flux de messages alors que la connaissance est crée et
organisée par un flux d’informations codées. On comprend, donc, que la reproduction de la
Si Les anglo-saxons ont résolu la question. Ils ont un seul et unique mot, « Knowledge », en langue
française, les choses diffèrent.
ARROW KJ., Théorie de l’information et des organisations, Dunod, Théories économiques, Paris,
2000, 292 p.
FORAY D., L'économie de la connaissance, La Découverte, Repère, Paris, 2000, 124 p.
MACHLUP F., Knowledge, its creation, distribution and economic significance, vol. III, Princeton
University Press, Princeton, 1984.
IKUJIRO, NONAKA, A Dynamic Theory of Organizational Knowledge Creation, Organization
Science, Vol 5, No. 1, Février 1994, p 14-37.