
Médias et communication ( M. Regourd )
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Depuis les travaux de MacLuhan, et de ceux de l’école de Francfort, a été mis en lumière le
rôle central des médias.
MacLuhan : « le message, c’est le médium ». Voir La galaxie Gutenberg et Pour comprendre
les médias. Sa thèse est la suivante : « les médias agissent comme des moules qui
surdéterminent les messages mis en circulation ». Exemple : « le télégraphe raccourcit la
phrase, le téléphone crée la call-girl, la radio a pour conséquence Hitler ». Il n’y a pas de
régime totalitaire sans média de masse. Malgré les controverses qu’il a suscitées, MacLuhan
met en avant la notion de déterminisme technologique. Il distingue les “médias froids“
( exemple : la presse écrite ) et les “médias chauds“ ( qui neutralisent toute distance et,
finalement, ne sont pas porteurs d’information ).
L’école de Francfort est incarnée par Adorno et Horkheimer. Elle est prolongée par Habermas
et Marcuse. Ce courant considère que l’introduction des mass médias ont totalement bousculé
les modalités traditionnelles de la régulation sociale, de la régulation politique et de la place
de la culture. C’est la nature même du contenu du message qui est transformée. Cette thèse est
fondée sur une critique des médias de masse en tant que tels, qui provoquent une logique de
standardisation, qui évacuent toute forme de débat public, et qui produisent un “homme
unidimensionnel“ ( Marcuse ). Le capitalisme avancé engendrerait, par l’intermédiaire des
médias de masse, une société close, unidimensionnelle, fondée essentiellement sur une culture
purement distractive, distrayante ( “les industries culturelles“, la production en séries,
“l’entertainement“ ). Pour Marcuse, les mass médias provoquent un consensus général aliéné
par la consommation des marchandises.
Orwell, qui n’a rien à voir avec l’école de Francfort, parle de “société télécranique“. C’est la
société la plus totalitaire qui n’aura jamais existé, selon lui, parce qu’elle permettrait les
lavages de cerveau.
Habermas reprend une citation d’Adorno : « la rationalité technique est devenue la rationalité
de la domination » ( Dialectique de la raison, Adorno, 1947 ).
-> L’espace public ( 1960 ). La reconnaissance d’un espace public commence au XVIème
siècle. Avant cela, on ne considérait que des espaces privés. L’espace public se crée sur la
base du rôle fondamental de l’opinion publique. L’Etat constitutionnel ne se crée lui-même
que sur la reconnaissance d’un espace public. Mais cet espace est caractérisé par des rapports
de communication. À la parole seule légitime d’un pouvoir absolu se revendiquant d’un droit
divin, supposé fondé sur des lois de la Nature, se substitue un pouvoir nouveau : celui de la
parole publique, de la communication publique, caractérisé par le développement de
déclarations, de la presse écrite, etc… Cela conduit à ce qu’Habermas appelle “la
dégénérescence de la parole publique“, avec l’apparition des grands médias, qui ne sont que
des lieux de pure consommation ( culture de masse ). Habermas montre que la vie politique
publique n’existe plus qu’à travers des stratégies d’image. On a une “corruption de l’espace
public“ par les médias.
=> Il n’y a pas de neutralité du média.
Dans ce cadre, l’ensemble des analystes admettent que les grands moyens de communication,
dont la télévision, structurent de manière essentielle les modes de pensée, les formes de
représentation sociale, et même les modes d’organisation. D’où la notion de “pouvoir
médiatique“. L’agenda politique est en partie déterminé par les médias. Le pouvoir
médiatique est caractérisé par une culture uniformisante qui tend à se substituer aux autres
formes d’autorité. Ce sont les grands médias qui créent eux-mêmes les événements et qui
façonnent des représentations plus ou moins autonomisées par rapport au réel. Habermas
parle de “confusion entre le symbolique et le réel“.