Agrégation Externe Séries formelles 1 Ce problème est en relation avec les leçons d’oral suivantes : – 124 Anneau des série formelles. Applications – 190 Méthodes combinatoires, problèmes de dénombrement. On pourra consulter les ouvrages suivants. – J. Calais. Éléments de théorie des anneaux. Ellipses (2006). – H. Cartan. Théorie élémentaire des fonctions analytiques d’une ou plusieurs variables complexes. Hermann (1961). – S. Francinou, H. Gianella, S. Nicolas. Oraux X-ENS. Algèbre 2. Cassini (2009). – D. Perrin. Cours d’algèbre. Ellipses (1996). – R. P. Stanley. Enumerative combinatorics. Vol. 1. Cambridge University Press. (2012) – P. Tauvel. Mathématiques générales pour l’agrégation. Masson (1993). – H. Wilf. Generatingfunctionology. S. R. C. Press. (2005). 1. Le 25/11/2014 1 A [resp. K] désigne un anneau commutatif unitaire [resp. un corps commutatif]. Une série formelle ∑ à coefficients dans∑ A est une suite (an )n∈N d’éléments de A. n On note S (X) = an X (ou S = an X n ) une telle série formelle et A [[X]] l’ensemble de ces n∈N n∈N séries formelles. ∑ On dit que la série formelle an X n est la série génératrice de la suite (an )n∈N . n∈N On définit une addition, une multiplication externe et une multiplication interne sur A [[X]] par : ∑ ∑ ∑ an X n + bn X n = (an + bn ) X n n∈N n∈N λ ( ∑ n∈N an X n = n∈N ∑ )( an X n n∈N ∑ n∈N ∑ λan X n ) bn X n n∈N = ∑ cn X n n∈N où : ∀n ∈ N, cn = n ∑ ak bn−k k=0 A [[X]] est une A-algèbre commutative qui ∑ contient A [X] et A comme sous-anneaux. an X n est définie par : La valuation d’une série formelle S (X) = n∈N { +∞ si S = 0 min {n ∈ N | an ̸= 0} si S ̸= 0 ∑ La dérivée de la série formelle S = an X n est la série formelle : val (S) = n∈N D (S) = ∑ (n + 1) an+1 X n n∈N On note aussi S ′ pour D (S) . On peut itérer cet opérateur de dérivation, ce qui donne, pour tout entier p ≥ 1, l’opérateur Dp défini par : ( ) ∑ ∑ Dp an X n = (n + p) · · · (n + 1) an+p X n n∈N n∈N – I – Généralités sur l’anneau K [[X]] des séries formelles à coefficients dans K 1. Montrer que les assertions suivantes sont équivalentes : (a) l’anneau A [[X]] est intègre ; (b) l’anneau A est intègre ; (c) pour toutes séries formelles S, T dans A [[X]] , on a : val (ST ) = val (S) + val (T ) En particulier K [[X]] est intègre. 2 2. Soient S = ∑ n∈N an X n et T = ∑ bn X n deux séries formelles avec val (T ) = 0 (soit b0 ̸= 0). n∈N Montrer que, pour tout entier naturel n, il existe un unique couple (Qn , Rn ) ∈ Kn [X] × K [[X]] tel que S = T Qn + X n+1 Rn . Dans le cas où S et T sont des polynômes, avec T (0) ̸= 0, on retrouve le théorème de division suivant les puissances croissantes dans K [X] . 3. Montrer qu’une série formelle est inversible si, et seulement si, val (S) = 0. 1 Pour S ∈ K [[X]] inversible, on note S −1 ou l’inverse de S. S 4. Montrer que, pour tout scalaire λ ∈ K \ {0} , la série formelle 1 − λX est inversible d’inverse : ∑ 1 = λn X n 1 − λX n∈N 5. Montrer que, pour tous scalaires λ ̸= µ dans K \ {0} , la série formelle (1 − λX) (1 − µX) est inversible d’inverse :et : ( ) 1 1 λ µ = − (1 − λX) (1 − µX) λ − µ 1 − λX 1 − µX 6. Montrer que, pour tout entier p ≥ 1, la série formelle (1 − X)p est inversible d’inverse : ∑ (n + p − 1) 1 Xn p = (1 − X) p−1 n∈N 7. On suppose que le corps K est de caractéristique nulle. Soient S, T deux séries formelles dans K [[X]] , la série T étant inversible. (a) Montrer que S ′ = 0 si, et seulement si, S ∈ K. ( )′ S S ′ T − ST ′ ′ ′ ′ (b) Montrer que (ST ) = S T + ST et = . T T2 S′ T′ (c) En supposant S également inversible, montrer que = si, et seulement si, il existe S T un scalaire λ ∈ K tel que S = λT. 8. Montrer que, pour tout entier p ≥ 1, la dérivée p-ème de 1 − X est : ( ) 1 1 p D = p! 1−X (1 − X)p+1 9. Montrer que les idéaux non réduit à {0} de K [[X]] sont de la forme : (X n ) = {S ∈ K [[X]] | val (S) ≥ n} Donc l’anneau K [[X]] est principal. 10. Quels sont les éléments irréductibles de K [[X]] ? Écrire la décomposition en facteurs irréductibles d’une série entière non nulle et non inversible. 11. Montrer que l’anneau K [[X]] est euclidien (donc principal) pour le stathme : val : S ∈ K [[X]] \ {0} 7→ val (S) 3 – II – Séries formelles et dénombrement 1. Pour n ≥ 1, on appelle dérangement de In = {1, 2, · · · , n} toute permutation σ de In n’ayant aucun point fixe. On note δn le nombre de dérangements de In en convenant que δ0 = 1. (a) Montrer que : (b) On désigne par S = n ( ) ∑ n δk ∀n ∈ N, n! = k k=0 ∑ δn ( n X la série génératrice de la suite n! de dérangements dans Sn ). n∈N Montrer que S (X) eX = δn n! ) ( n∈N δn est la proportion n! 1 et en déduire que : 1−X ∀n ∈ N, δn = n! n ∑ (−1)k k=0 k! 2. Pour tout entier n ≥ 2, on désigne par un le nombre de permutations de l’ensemble In = {1, · · · , n} d’ordre au plus égal à 2 (les involutions de In ). On note aussi u0 = u1 = 1 ( ) n n! (a) Montrer que, pour 2 ≤ r ≤ n, dans Sn il y a (r − 1)! = cycles d’ordre r r r (n − r)! distincts. (b) Calculer u2 , u3 et u4 . (c) Montrer que : ∀n ≥ 2, un = un−1 + (n − 1) un−2 (u ) ∑ un un n n (d) On désigne par S = X la série génératrice de la suite ( est la proportion n! n! n∈N n! n∈N d’involutions dans Sn ). Montrer que S ′ = (1 + X) S et en déduire que S = eX e ∀n ∈ N, un = ∑ p+2q=n X2 2 , puis que : n! 2q p!q! (e) Déterminer le nombre vn d’involutions de In sans point fixe, en convenant que v0 = 1 et en remarquant que v1 = 0. (f) Déterminer le nombre wn d’involutions de In ayant un unique point fixe, en convenant que w0 = 0 et en remarquant que w1 = 1. 3. Pour tout couple (p, n) d’entiers naturels non nuls, on désigne par up,n le nombre d’applications surjectives de l’ensemble Ip = {1, · · · , p} sur l’ensemble In = {1, · · · , n} , en convenant que up,0 = 0 pour tout entier naturel non nul p. (a) Montrer que : n ( ) ∑ n ∀p ≥ n ≥ 1, n = up,k k k=0 p 4 (b) Pour p ≥ 1 fixé, on désigne par Sp = X Montrer que Sp (X) e = ∑ np n! n∈N ∑ up,n n! n∈N X n la série génératrice de la suite (u p,n n! ) . n∈N n X et en déduire que : ∀p ≥ n ≥ 1, up,n = n ( ) ∑ n k=0 k (−1)n−k k p – III – Fractions rationnelles et séries formelles à coefficients dans K 1. Soit : Q (X) = 1 + α1 X + · · · + αr X = r p ∏ (1 − γk X)mk k=1 un de degré r ≥ 1 dans K [X] (donc αr ̸= 0) supposé scindé de racines non nulles ( polynôme ) 1 deux à deux distinctes de multiplicités respectives (mk )1≤k≤r . γk 1≤k≤r Montrer que, pour toute suite (un )n∈N d’éléments de K, les assertions suivantes sont équivalentes : (a) il existe un polynôme P ∈ K [X] de degré au plus égal à r − 1 tel que : ∑ un X n = n∈N P (X) Q (X) dans K [[X]] ; (b) pour tout n ∈ N, on a : un+r + α1 un+r−1 + · · · + αr un = 0 (le polynôme Q est le polynôme caractéristique de cette relation de récurrence) ; (c) pour tout n ∈ N, on a : un = p ∑ Pk (n) γkn k=1 où, pour tout k compris entre 1 et p, Pk est un polynôme de degré au plus égal à mk − 1. 2. Soient r un entier naturel non nul et (un )n∈N une suite d’éléments de K. Montrer que les assertions suivantes sont équivalentes : (a) il existe un polynôme P ∈ K [X] de degré au plus égal à r − 1 tel que : ∑ un X n = n∈N P (X) (1 − X)r dans K [[X]] ; (b) pour tout n ∈ N, on a : r ∑ (−1) k=0 r−k ( ) r un+k = 0 k (c) il existe un polynôme R ∈ K [X] de degré au plus égal à r − 1 tel que un = R (n) pour tout n ∈ N. 5 3. Suite de Fibonacci. On désigne par (Fn )n∈N la suite de Fibonacci définie par : { F0 = 0, F1 = 1 ∀n ∈ N, Fn+2 = Fn+1 + Fn et par F (X) sa série génératrice dans R [[X]] . (a) Montrer que : 1 F (X) = √ 5 où ( 1 1 − 1 − α1 X 1 − α2 X ) √ √ 1+ 5 1− 5 α1 = , α2 = 2 2 (b) En déduire que : 1 ∀n ∈ N, Fn = √ (α1n − α2n ) 5 4. Question de monnaie. De combien de manières différentes peut-on payer la somme de 10, 01 euros avec des pièces de 1, 2 et 5 centimes ? 6