BIBLIOTHÈQUE DU PARLEMENT 1 PUBLICATION No PRB 08-55F
BIOCARBURANTS : COMPRENDRE LES CHIFFRES
1 INTRODUCTION
Le débat sur les biocarburants est alimenté par toutes sortes de querelles sur la façon
dont les retombées environnementales et économiques de ces sources d’énergie
devraient être quantifiées. Le débat parlementaire qui a précédé, en 2008, l’adoption du
projet de loi C-33 : Loi modifiant la Loi canadienne sur la protection de l’environnement
(1999), qui prévoit la réglementation de la teneur en biocarburant de l’essence, du
carburant diesel et du mazout, a été marqué par la même « guerre des chiffres ».
Les données, apparemment contradictoires, présentées par différents témoins au
cours des audiences de comités parlementaires n’ont fait que compliquer davantage
encore un débat souvent très technique par ailleurs. Le présent document ne vise
pas à régler les différends sur les chiffres eux-mêmes, mais à expliquer certains
paramètres techniques dont il faudrait tenir compte lorsque l’on quantifie les mérites
relatifs de différents types de carburant.
2 ÉMISSIONS PAR KILOMÈTRE
Il est important, lorsque l’on quantifie l’impact sur l’environnement des carburants
automobiles, de calculer les émissions par kilomètre parcouru, plutôt que les
émissions par litre. L’éthanol produit moins d’énergie au litre que l’essence. Donc,
la distance parcourue avec un litre d’un mélange contenant de l’éthanol sera
inférieure à celle parcourue avec un litre d’essence ordinaire. Il ressort ainsi d’une
étude menée aux États-Unis par Consumer Reports que l’économie de carburant
pour le VUS Tahoe de Chevrolet avec l’E85 (85 p. 100 d’éthanol pour 15 p. 100
d’essence) est inférieure de 27 p. 100 à ce qu’elle est avec de l’essence ordinaire 1, 2
Dans l’idéal, l’incidence possible de l’utilisation de biocarburants sur les émissions de
gaz à effet de serre devrait donc être calculée par kilomètre. La formule suivante serait,
par exemple, appropriée : « La réduction (ou l’augmentation) des émissions de gaz à
effet de serre obtenue en utilisant l’E85, par opposition à de l’essence ordinaire, est
évaluée à X p. 100 par kilomètre parcouru. »
.
Autrement dit, la distance parcourue avec un réservoir d’E85 est inférieure de
27 p. 100 à celle parcourue avec un réservoir d’essence ordinaire. Quantifier par
litre consommé la réduction possible des émissions de gaz à effet de serre avec
des mélanges contenant de l’éthanol peut se révéler trompeur, car, pour atteindre
les réductions d’émissions formulées de cette manière, les Canadiens devraient
considérablement réduire leur kilométrage automobile.
3 BIOCARBURANTS ET PRODUCTION AGRICOLE
L’impact sur l’environnement des biocarburants est souvent exprimé en pourcentage
des terres cultivées utilisées pour produire la matière première entrant dans la fabrication
de ces biocarburants. Que l’on calcule pour des pays donnés ou pour l’ensemble de la