
5. Quel est le degré de contagion de la crise ?
La crise eut très vite un fort degré de contagion internationale permis par la
mondialisation des flux financiers. Elle s’est vite propagée aux pays d’Europe,
au Japon et aux nations émergentes. Il s’agit là d’une preuve patente que les
Etats-Unis ont une capacité d’entraînement qui les érige pour le bien et pour le
mal, en moteur de l’économie mondiale.
6. Que signifie la crise de manière abstraite ?
La crise d’aujourd’hui est vue à l’instar de toutes les crises du capitalisme,
comme une anomalie observée dans le fonctionnement jugé normal ou normatif
de la logique du profit. Cette anomalie est évidemment temporaire: elle
suppose attendu le retour à l’état normal des choses. Aussi, contrairement à
certains diagnostics et pronostics hâtifs, cette crise est-elle loin de signifier
« mort du capitalisme »
7. Que signifie la crise de manière concrète ?
La crise a une manifestation financière. En d’autres termes, il s’agit :
- d’abord, d’une crise de liquidités ou d’un assèchement des crédits, voire une
incapacité des banques de trouver des financements de court et moyen terme
pour assurer leurs affaires au jour le jour: les banques disposant de liquidités
ont préféré les déposer à la Banque centrale à un certain taux (3,25% au
niveau de la BCE) plutôt que de les prêter à d’autres banques. A titre
d’illustration, entre septembre et le 21 octobre 2008, les dépôts à la banque
centrale européenne passaient de 0 à 230 milliards de dollars ;
- ensuite, d’une crise de confiance (ou de capital), c’est-à-dire, une incapacité
des banques de trouver des investisseurs prêts à leur faire confiance, face à la
dépréciation de leurs actifs et à la chute des cours bousiers.
Au nom de ces manifestations concrètes de la crise, bon nombre de décideurs
politiques et économiques se sont autorisés à séparer (à tort) la sphère
financière de la sphère réelle du capitalisme et à parler de dérapage ou de
perversion du capitalisme financier au lieu de crise du capitalisme (tout
court). La crise d’aujourd’hui rappelle en réalité un des fondamentaux de
l’économie selon lequel la finance est une contrepartie d’une opération réelle.
Elle ne peut être ni déconnectée durablement d’elle, ni se développer
durablement sans elle.