Valves et spirales implantées par endoscopie en cas d`emphysème

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Pneumologie
Valves et spirales implantées par
endoscopie en cas d’emphyme
pulmonaire avancé
Thomas Geiser, Sebastian Ott
Universitsklinik für Pneumologie, Inselspital, Bern
Introduction
La broncho-pneumopathie chronique obstructive
(BPCO) est une maladie psentant une morbidité et
une mortalité élevées. Selon l’OMS, la BPCO s’évera au
rang de troisième cause de décès au cours des prochaines
années. La maladie est traitée en premre ligne par
des dicaments; l’arrêt du tabagisme et la réhabilita-
tion pulmonaire représentent en outre d’autres points
d’intervention thérapeutiques essentiels. Malg ces
eorts, les patients présentant un emphysème
avan restent souvent symptomatiques, ce qui
signie qu’ils sourent d’une dyspnée qui entrave
considérablement leur quotidien.
Outre l’obstruction des voies respiratoires et la per-
turbation des échanges gazeux, l’hyperination,
principalement en cas d’eorts (hyperination dy-
namique), est considée comme responsable de la dys-
pnée. Sur le plan de la fonction pulmonaire, l’hyperin-
ation se manifeste par une augmentation du volume
siduelet, sur le plan radiologique, par un diaphragme
aplati et bas. La section chirurgicale de certaines par-
ties du poumon qui ne contribuent plus de manière
essentielle aux échanges gazeux permet d’atténuer
l’hyperination et ainsi la dyspnée.
Au cours des dernières années, des pros endosco-
piques (duction endoscopique du volume pulmonaire,
ELVR) ont été veloppés avec pour objectif d’atteindre
des sultats cliniques et fonctionnels comparables,
sans que le patient sourant de dicultés respiratoires
ne doive se soumettre à une intervention chirurgicale.
Au premier plan se trouvent d’une part les valves endo-
bronchiques et d’autre part les spirales, qui peuvent
être posées au niveau du parenchyme pulmonaire em-
physémateux. Ces dernres années, de plus en plus
d’exriences avec ces deux procédés ont é recueil-
lies chez des patients atteints d’emphysème avancé.
Plusieurs études prouvent leur ecaciavec un risque
de complications acceptable, à condition que les patients
aient été lectionnés avec soin et selon des critères
bien dénis.
Unux d’air unidirectionnel
grâce aux valves
De par leur construction, les valves endobronchiques
ou intrabronchiques entraînent unux d’air unidirec-
tionnel à travers la bronche, c’est-à-dire que la valve
permet l’expiration mais pas l’inspiration de l’air dans
les zones correspondantes du poumon. Cela favorise
ainsi la formation d’une atélectasie, qui contribue au
nal à diminuer l’hyperination et donc à améliorer la
dyspnée. Cette thode requiert toutefois l’absence
d’une ventilation collatérale interlobaire, car sinon, au-
cun collapsus des parties traies du poumon ne peut
être attendu. Par conséquent, il convient, avant l’inter-
vention, de contrôler par tomodensitométrie l’intégri
des ssures interlobaires et d’exclure une ventilation
collatérale interlobaire au moyen d’une mesure endo-
bronchique directe.
Compression du tissu pulmonaire
à l’aide de spirales
Les spirales sont desls en nitinol de diérentes lon-
gueurs, qui sont mis en place à l’état étiré via un bron-
choscope et prennent une forme prédénie en spirale
après l’implantation (g.). Cela permet de resserrer
letissu pulmonaire emphymateux. Il est suppo
qu’outre une duction de l’hyperination, l’augmen-
tation de la force de rappel élastique, qui permet de
maintenir les voies respiratoires ouvertes, est égale-
ment responsable de l’amélioration de la dyspnée. Alors
que les valves peuvent ralement être retirées en
cas de complications, l’implantation de spirales est
enprincipe irréversible.
Thomas Geiser
Au cours des dernières années, des pros
endoscopiques ont é dévelops avec pour
objectif d’atteindre des résultats cliniques et
fonctionnels comparables, sans que le patient
ne doive se soumettre à une opération
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Uniquement réser à un groupe
depatients strictement sélection
Dans les premres études, les résultats portant sur la
fonction pulmonaire se sont as plutôt modestes et
peu signicatifs sur le plan clinique. En revanche, la -
lection des patients pouvant proter d’une duction
endoscopique du volume pulmonaire a pu être conti-
nuellement optimisée sur la base des expériences
dupas et des analyses de sous-groupes. Gce à une
lection correcte des patients et à un schéma diagnos-
tique structuré, il a été possible d’aliorer consi-
rablement les résultats cliniques et fonctionnels []. A
l’avenir, les valves aussi bien que les spirales seront ré-
servées à un groupe de patients atteints d’emphyme
strictement sélectionné.
La pose de valves convient principalement aux patients
présentant un emphyme hétérogène et sans ventila-
tion collatérale. Selon les résultats les plus cents, une
amélioration du VEMS (volume expiratoire maximal
seconde) de +,%, une duction du VR (volume rési-
duel) deml comme signe de réduction de l’hyper-
ination, ainsi qu’une augmentation de la distance
parcourue durant le test de marche de six minutes de
+m, ont pu être mises en évidence dans ces condi-
tions, six mois après la pose d’une valve (unilarale)
[]. La pose de spirales a permis d’obtenir des sultats
fonctionnels similaires, bien que les patients psen-
tant un emphysème homogène et hétérone puissent
tout autant nécier de cette technique. En cas de
lec tion optimale des patients, le taux de ponse est
également impressionnant: suite à la pose d’une spirale,
un eet clinique signicatif a été démontré chez ps
de la moitié des patients traités (% des patients p-
sentant une augmentation du VEMS de plus de%
après six mois) [].
La ventilation collatérale ne joue aucun le dans la pose
de spirales. Toutefois, la méthode est contre-indiquée
en cas d’emphyme prononcé ou de structure pul-
monaire résiduelle minimale. Concernant les compli-
cations possibles, des exacerbations et pneumonies
peuvent survenir après une ELVR, avec en outre de fré-
quents pneumothorax suite à la pose de valves et des
moptysies modérées dans le cas des spirales, princi-
palement durant les premiers jours suivant l’ELVR.
C’est pourquoi une surveillance stationnaire des pa-
tients en hôpital pendant trois à cinq jours est ra-
lement indiquée. De premres données à long terme
indiquent qu’en présence de valves et spirales, les com-
plications à long terme sont certes faibles, mais que
l’eet clinique et fonctionnel diminue au l des années.
L’ELVR peut ainsi représenter une option thérapeu-
tique supplémentaire pour les patients atteints d’une
Figure 1: Représentation du thorax d’un patient atteint d’em-
physème pulmonaire avancé après implantation séquentielle
d’une spirale (avant, après implantation unilatérale et après
implantation bilatérale).
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BPCO sévère (GOLD  et ) et présentant un emphy-
me avancé, pour autant que les mesures convention-
nelles (arrêt du tabagisme, traitement médicamenteux,
habilitation pulmonaire) aient seulement permis
d’atteindre une amélioration insusante de la dyspnée.
Les conditions fonctionnelles pulmonaires (VEMS–
%, VR >%) et morphologiques nécessaires à la pose
de valves ou de spirales doivent être réunies [].
Etablir l’indication avec soin
La mise au point diagnostique interdisciplinaire, struc-
tue et minutieuse des patients dans un centre d’in-
tervention endoscopique ainsi que la possibilide
pouvoir proposer à chaque patient la meilleure option
(valves ou spirales) sont cisives pour la ussite de
l’intervention. Il est donc indispensable d’établir l’indi-
cation avec soin, non seulement pour des raisons mé-
dicales, mais également au vu des coûts considérables
de ces implants. D’autres techniques, telles que l’abla-
tion thermique par vapeur ou l’insertion endobron-
chique de mousse polyre, ayant pour objectif de
sceller les bronches lectionnées et d’aboutir ainsi à
une ELVR, sont en cours d’évaluation clinique.
En Suisse, les patients sont en outre enregistrés par les
centres eectuant les interventions, an de pouvoir
poursuivre l’optimisation de la pose de l’indication et
des techniques dans le cadre de collaborations inter-
nationales. Ainsi seulement sera-t-il possible, avec ces
nouvelles techniques endoscopiques, d’obtenir des ré-
sultats optimaux pour les patients atteints d’emphy-
me pulmonaire avancé.
Disclosure statements
Les auteurs ne déclarent aucun soutiennancier ni d’autre conit
d’inrêt en relation avec cet article.
Références
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Hartman J, Klooster K, Gortzak K, ten Hacken N, Slebos DJ. Long-
term follow-up aer bronchoscopic lung volume reduction
treatment in coils in patient with severe emphysema. Respirology.
;:–.
Correspondance:
Prof. Thomas Geiser
Direktor und Chefarzt,
Universitsklinik für
Pneumologie, Inselspital
CH-Bern
thomas.geiser[at]insel.ch
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