1
Université de Tlemcen
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
M. CHERIF Chakib
Maître de conférence : Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
Fax : 213 7 21 26 97
Tel. : 07 21 30 74
Titre de la communication : Intégration, coopération régionale et insertion dans
l’économie mondiale.
Depuis la fin de la décennie 80 et surtout après l’effondrement du bloc socialiste, le
monde a connu des changements profonds et rapides.
Ces changements, qui s’orientent vers la mondialisation de l’économie (
1
) et donc vers
une nouvelle division du travail, provoquent bien des interrogations emportant l’enthousiasme
des uns et l’inquiétudes des autres.
Sur le plan économique, ce changement qui se caractérise par une plus grande
multinationalisation de la production s’est accompagné d’une concentration régionale des
marchés qui s’est opérée dans le respect des règles du G.A.T.T et aujourd’hui de l’O.M.C.
La constitution de vastes zones régionales d’échanges est venue structurer le
commerce mondial autour de trois zones, à savoir l’APEC (Forum de l’Amérique, de l’Asie et
du pacifique non compris les U.S.A. Canada Mexique Inde et le Pakistan),l’ALENA
(U.S.A. Canada Mexique ) et l’Europe.
La dynamique de ce type d’intégration régionale s’explique d’une part par la volonté
des pays de constituer des marchés vastes susceptible d’offrir de nouveaux débouchés aux
entreprises des pays membres, et d’autre part par les effets bénéfiques en termes de croissance
dont nul ne vient contester le bien fondé.
En face de ces ensembles et surtout Européen cimentée par une monnaie unique et
dont les perspectives affichées de façon plus au moins explicite sont de parvenir à une union
politique, le Maghreb qui occupe une partie importante de la façade occidentale sud de la
méditerranée, ne doit pas ignorer les impacts directs et indirects de ce processus.
1
M. Abed. El. Djabri : « La mondialisation », intervention ; IMA à Paris en 1998. Repris par le quotient.
2
Divisés jusqu’ici par des querelles politiques et idéologiques et possédant des
économies totalement extraverties et dépendantes, les pays du Maghreb se trouvent confronter
à de nouveaux problèmes liés à la logique de la mondialisation et des blocs régionaux.
Comment dans ces conditions défavorables affronter les défis de la concurrence et
réussir les conditions d’une intégration à l’économie mondiale dans sa forme nouvelle.
La création d’une Z.L.E. qui englobe les pays de la Méditerranée occidentale (Maroc
Algérie Tunisie) au sud et (Espagne Portugal France Italie) au nord comme étape
transitoire vers la constitution d’une économie régionale intégrée constitue un pari
formidable, d’autant plus que la conférence de Barcelone fin décembre 1995 sur la Z.L.E.
Euro-Méditerranée et intrazone Méditerranée (Méditerranée occidentale) dont les lignes ont
été tracées à la réunion du Parlement Européen de Cannes en juin 1995 s’inscrivent dans le
cadre stratégique de déploiement de l’Europe dans son flanc sud et donc favorable à la
constitution d’un tel espace.
Ce processus offre au Maghreb une occasion historique de point de vue de sa propre
intégration et d’une intégration future à l’économie mondiale dans de meilleurs conditions qui
ne se pose plus en termes de choix mais de nécessité.
Il est donc fondamental pour les responsables Maghrébins de comprendre la carte
géographique qui se met en place dans le cadre de ce nouveau système (horizon 20002020)
afin d’inscrire leurs actions concrètes au sein d’un environnement évolutif, d’autant plus que
pour les pays du Maghreb ; la zone de libre échange avec l’Europe occidentale et surtout
l’Europe du sud est leur espace naturel comme en témoigne leurs échanges commerciaux que
nous verrons plus loin.
J’aborderais ce thème en deux parties interdépendantes.
1- Les fondements de l’économie mondialisée.
2- Z L E, Régionalisation et les conditions de sa réussite
Cette articulation s’explique par le fait que l’on ne peut isoler l’espace Maghrébin
d’une manière particulière et l’espace Méditerranéen dans sa partie occidentale d’une manière
générale des mutations économiques mondiales.
Aussi en parlant de régionalisation ; cela signifie mouvement d’interdépendance des
économies d’une région en vue de donner naissance à un espace économique intégré sur la
3
base d’une coopération entre les pays membres et non pas sur leurs confrontations.() par une
politique d’intégration réfléchie qui défend leurs intérêts économiques dans cet espace.
I- Les fondements de l’économie mondialisée
La notion de globalisation est certes encore assez vague, mais si elle demeure
dans la trajectoire implacable de libéralisme ; la mondialisation n’est pas une simple étape du
commerce transnational ; elle est l’expression d’une réalité en construction ayant ses propres
caractéristiques et développant ses propres stratégies.
Loin d’être une simple notion à la mode, la Mondialisation traduit toute la logique
historique du commerce international et annonce un espace économique planétaire triomphant
des barrières douanières et tarifaires et réduisant la vanité protectionniste des frontières
traditionnelles.
Il est possible globalement de ramener son émergence au concours de trois facteurs :
1. Un facteur géopolitique avec l’effondrement du monde bipolaire.
2. Un facteur technologique avec l’explosion des moyens de communication et
d’information reflété par le développement d’Internet et du multimédia qui permet le
traitement de l’information en temps réel.
3. Un facteur organisationnel avec l’accélération à la faveur des accords du G.A.T.T et
aujourd’hui de la mise sur pied de l’O.M.C.(2)
Elle se manifeste par le développement des échanges de biens et services, de diffusion
de connaissance scientifiques et technologiques et par l’homogénéisation des comportements
de consommations particulièrement des jeunes générations (même style d’habillement, même
slogans, mêmes séries télévisées, mêmes chansons …).
Aussi cette globalisation se manifeste surtout par le développement des
multinationales et la multinationalisation des appareils productifs ainsi que la formation des
vastes marchés régionaux.
Robert Reich (3) ; Professeur à Harvard, Ex-Secrétaire d’Etat Américain au travail
illustre bien cette situation de multinationalisation en écrivant :
P. Michel Matheu et J.P Benghori : Quelle régionalisation pour les politiques de soutien à la technologie.
Revue d’économie industrielle. Numéro spécial 1983.
2 Jacques Adda : La mondialisation de l’économie
- Genèse collection Approche
- Casbah éditions Alger 98.
3 Robert Reich : L’économie mondialisée. Dunod. Paris 1993.
4
« Depuis 1991, Mazda, produit des véhicules Ford dans le Michigan (U.S.A) et les exporte
sous cette marque au japon. En même temps, Nissan conçoit des camions dont elle fabrique
les pièces en Californie, en assure le montage par Ford dans l’Ohio. Le produit est
commercialisé au Japon et aux U.S.A aussi bien par Nissan que par Ford ».
Et Robert Reich s’interroge qui est Ford ? Mazda et Nissan ?
Ainsi les trois firmes sont intégrées dans le marché international, et donc se substitue à la
configuration passée (Entreprise mère filiale), l’entreprise considérée comme réseau
d’éléments complémentaires et intégrés par une logique dont les deux leviers sont
productivité et rentabilité.
Ne relevant d’aucun pays, ayant un caractère supranational, les firmes investissent,
produisent sous traitent et vendent leurs produits, leurs méthodes de marketing, le savoir faire
sous forme d’usines, de points de vente et publicité dans le monde entier. C’est-à-dire « le lieu
effectif où s’affrontent l’offre et la demande, le lieu effectif où se constitue l’accumulation du
capital ».(1)
Dans l’économie globale (mondialisée) ni le capital, ni le travail, ni les matières
premières, ne constituent le facteur déterminant en soi.
L’important est la combinaison optimale des facteurs de production. Pour
établir cette liaison, la firme fait fi des frontières en exploitant au maximum
l’information.
Au fur et à mesure que les coûts de transport baissent avec le développement
technologique et avec la révolution de la Bureautique, , la télématique et la
centralisation des banques de données (informatiques) les marchés s’ouvriront et le
fondement de la réussite sera le groupe (fusion et intégration entre entreprise) et non la
compétition individuelle.
Sur le plan des échanges ; les grands traits et l’avenir de l’économie mondiale
se situent au sein du triangle APEC (Forum de l’Amérique, de l’Asie, et du Pacifique),
de l’ALENA (zone de libre échange, USA, Canada, Mexique) devant être étendue à
l’ensemble du continent americain et de l’Europe dont l’extension est prévue
jusqu’aux portes de la Russie.
Il est utile de mesurer le poids de ces grands espaces économiques.
APEC : (non compris les USA Canada Mexique Inde et Pakistan), elle constitue en
moyenne 20% environ de la PIB mondiale avec 1,71, dont la Chine représente 1,17
milliard. Cette zone concentre 13,50% de commerce mondiale extra régional et 12% intra
régional, soit 25,5% . La production brute par tête d’habitant est d’environ 10.360$, mais
avec de grandes disparités.
1 Abdesselam Ali-Rached : Les assauts furieux de la mondialisation. El-Watan. 6 et 7/12/1999.
5
L’ALENA : Cette zone totalise en moyenne 28% de la P.I.B intérieure mondiale avec
10,50 % du commerce extra régionale et 5,1% du commerce intra gionale soit 15,6%
pour une population de 370.106 habitants.
Le B.N.P par tête est de 23.000 au U.S.A, 20.690 au Canada et 3.540 au Mexique.
L’Europe :
Avec ses 370.106 habitants, l’Europe représente environ 32% de la PIB mondiale.
12,7% du commerce extra régionale, 33,4 % du commerce intra régionale, soit au total
46,1% du commerce mondial arrivant en tête avant l’APEC et démontrant sans aucune
contestation du fait du faible volume de la population, qu’elle constitue l’espace
économique le plus riche de monde, ce qui contraste avec le PNB / tête d’habitant qui est
de 14.200$ ; mais qui cache des disparités importantes entre certains pays membres
(prédominance de l’Allemagne et la France au dépend des pays comme l’Italie, Portugal,
Espagne).
Pour rester le continent le plus riche du monde, une étude réalisée par le centre
d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) publiée en 1992 sur
l’économie mondiale horizon 1990-2000 et au-delà, montre d’une manière claire la
nécessité pour l’Europe d’une croissance soutenue de plus de 4,5% par la mise en place :
1. de nouvelles capacités de financement.
2. par une réadaptation de son appareil productif tenant compte de l’évolution
technologique dans un monde tripolaire.
3. Aussi la même étude recommande l’accélération de la construction Européenne et
l’élargissement de cet espace à d’autres régions pour faire face au poids grandissant de
l’APEC et de l’ALENA sur le plan de la production et de l’échange international.
En effet, la création de l’Euro comme monnaie unique et d’une banque centrale unique
ainsi que la volonté d’intégrer au nord de nombreux pays de l’ex-bloc socialiste (Pologne
Hongrie Tchéquie …) et au sud les pays du Maghreb (Maroc Tunisie Algérie) rentre
dans le cadre de ce processus et nous fait penser que cet espace en voie de constitution, sera à
l’avenir un des réseaux les plus puissants du monde.
La politique méditerranéenne rénovée initiée par l’UE avec son volet financier (
1
)
confirme la volonté européenne de faire évaluer les rapports avec le Maghreb dans un cadre
1
1
L’aide financière accordée aux pays tiers méditerranéens pour 1992-1996 s’élève à 4405 millions d’écus. Le
monde. 12/03/1992
1 / 15 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !