Comment expliquer l’essor des balances sterling ? Quelles sont les conséquences de
l’existence de ces balances sterling sur la politique monétaire britannique ?
Les « balances sterling » correspondent aux livres sterling détenus en dehors du Royaume-
Uni par des agents économiques non-résidents. Retenez d’ailleurs que plus tard, dans le
régime de Bretton woods, on parlera aussi de « balances dollars ».
Pourquoi détiennent-ils ces agents non-résidents détiennent-ils ces livres sterling ?
Revenons d’abord au modèle de fonctionnement théorique de l’étalon-or.
Normalement le fonctionnement du modèle théorique de l’étalon-or abouti à la conclusion
que les paiements en devises sont limités puisque c’est l’or qui va entrer et sortir d’un pays
lorsque le taux de change courant diverge fortement du taux de change qui découle de la
convertibilité or des monnaies (par exemple quand 1 livre sterling vaut 30 francs au lieu de
25,24 franc).
On a vu dans l’exemple du cours que lorsque la livre vaut 30 francs, les importateurs français
de biens britanniques préfèrent payer en or plutôt que changer du franc en livre.
On peut maintenant prendre comme pays de référence le Royaume-uni, et on comprend que
théoriquement, des importateurs britanniques vont préférer payer leurs importations en or
plutôt qu’en livre si le cours de la livre chute (cas d’une balance commerciale britannique
déficitaire). Par exemple, si avec une livre, ils obtiennent 20 francs, ils préfèrent changer leurs
livres en or, puis l’or en français, au taux de change de 1 livre pour 25,24 franc.
Première conclusion : dans le modèle théorique de l’étalon-or, la détention d’une monnaie
par des non-résidents est limitée par l’usage de l’or dans le règlement des échanges. Lorsque
les britanniques importent des biens, que la balance commerciale est déficitaire, que le taux de
change de la livre baisse, ils paient les importations en or plutôt qu’en livres (et le taux de
change de la livre va remonter).
Or, dans les faits, on constate que l’étalon-or ne fonctionne pas comme le conçoit le modèle
théorique. En effet, les britanniques ont une balance commerciale déficitaire et une balance
courante excédentaire. Cela implique que malgré le déficit de la balance commerciale, les
anglais continuent de payer leurs importations sans utiliser de l’or.
Il y a deux manières d’interpréter cette situation.
Première interprétation :
Les importations nettes britanniques sont payées en livres (contre du franc s’il s’agit de
produits importés français par exemple) ; donc le taux de change de la livre baisse ;
Les entrées nettes de revenus liés aux investissements à l’étranger sont versées en livres
(contre du franc s’il s’agit d’investissement en France par exemple) ; donc le taux de change
de la livre monte ;
On en déduit :
- que la hausse du taux de change provoquée par les entrées de revenus compense la
baisse provoquées par les importations. Le taux de change entre la livre et le franc ne
change pas et reste proche de celui qui découle de la convertibilité or des monnaies ;
- qu’il n’y a pas d’entrées ou de sorties d’or.
Il existe donc une circulation mondiale des livres sterling. Dans notre exemple, la Banque de
France récupère des livres sterling dans le cadre des exportations des biens français au
Royaume-Uni, et la Banque d’Angleterre récupère des francs lors du paiement des revenus du
capital britannique détenu à l’étranger.
Seconde interprétation :
Les britanniques ont une position dominante dans les échanges commerciaux et dans les
échanges de capitaux (je rappelle que les britanniques détiennent 41% des avoirs mondiaux