Semestre 2
Entreprise et marché
Chapitre 1 - L’ECONOMIE DE CONCURRENCE IMPARFAITE
I / Le monopole et la concurrence monopolistique
Caractéristiques du monopole (situation idéal-typique contraire de la cpp) :
1 une seule entreprise price-maker
2 de nombreux acheteurs
3 pas de produits substituables
4 présence de barrières à l’entrée et la sortie
Cas théorique : dans la réalité il n’y a pas de monopole pur mais une concurrence monopolistique ou
concurrence imparfaite (ex : la SNCF fait face à une concurrence : le transport aérien ou routier).
Grâce à l’innovation et à la RD, une entreprise peut obtenir un pouvoir de monopole local ou temporaire
sur un segment de marché.
Notion d’équilibre du monopole (charge morte et surplus), de concurrence potentielle, de prix-limite.
Trois types de monopoles :
- le monopole institutionnel octroyé par une autorité publique (SNCF, EDF, Renault avant)
1 le monopole naturel : il doit sa position à la nature du produit et à sa fonction de coût
2 le monopole innovateur : l’innovation apporte à l’entreprise un pourvoir de monopole, au moins
de manière temporaire (concurrence imparfaite)
La demande qui s’adresse au monopoleur est la demande globale du marché et la quantité produite par
le monopoleur influence directement le prix du marché car price-maker.
Problème de tarification pour la maximisation du profit :
- si le monopoleur produit peu, il tombe sur des consommateurs qui ont des dispositions à payer fortes
= monopole discriminant (surplus du consommateurs).
- si le monopoleur produit plus, la disposition à payer est moins importante donc baisse des prix.
Le monopole dégrade le bien-être social
En situation de monopole, la recette marginale est inférieure au prix : la vente d’une unité supplémentaire
entraîne une baisse de prix que se répercute sur l’ensemble des quantités vendues et fait donc baisser la
recette moyenne.
L’équilibre du monopole entraîne une raréfaction du bien offert par rapport à la situation concurrentielle :
en monopole, prix plus élevé et quantité moindre qu’en cpp
L’équilibre du monopole ne réalise plus l’intérêt général
Solution pour éviter la dégradation du bien-être : faire un tarif au coût marginal mais cela soulève un
problème de déficit lié aux coûts fixes et de financement de ce déficit.
Réglementation des monopoles : le pouvoir de marché des monopoles nécessite une intervention
extérieure afin de limiter l’exercice de ce pouvoir et d’assurer une conservation du bien-être des
consommateurs.
- la nationalisation consiste à transférer l’entreprise à l’Etat qui en assure le contrôle : SNCF, EDF…
- les autorités ou agences de régulation indépendantes développent des mécanismes incitatifs ou
coercitifs pour maintenir un même niveau de concurrence (ex. ARCEP Autorité de Régulation des
Communications et des Postes).
Le monopole discriminant
Surplus du marché = somme du surplus des consommateurs et du surplus du producteur sur un marché.
Le surplus des consommateurs est la somme de surplus individuels sur le marché = différence entre la
somme que les consommateurs auraient été disposés à payer et la somme effectivement payée.
Un monopoleur va essayer de capter le surplus du consommateur restant en pratiquant un monopole
discriminant.
La discrimination par les prix consiste à vendre un même produit à des prix différents, les
consommateurs n’ayant pas les mêmes fonctions d’utilité (pas le même propension à payer).
On distingue trois degrés de discrimination :
- discrimination de premier degré : vendre son produit au prix maximal que l’on est prêt à payer.
- discrimination de deuxième degré : proposer différents menus tarifaires, combinant un prix et des
quantités (ex. la téléphonie mobile).
- discrimination du troisième degré basée sur un mécanisme de filtrage (screening) des
consommateurs par l’entreprise elle-même. Chaque client, selon la catégorie à laquelle il appartient se
verra proposer un tarif spécifique (ex. dans les transports (avions, trains) ou dans la téléphonie mobile
avec les tarifs jeunes).
II / Le duopole
Caractéristiques du duopole (concurrence monopolistique) :
2 deux entreprises au moins et de nombreux acheteurs
3 plusieurs produits
Il s’agit ici d’étudier les interactions stratégiques, c’est-à-dire le comportement d’une firme en fonction
du comportement d’une autre (ex. jeux de surenchère lorsqu’une firme fixe un prix en réaction au
comportement d’un autre).
Par volonté de différenciation des produits (remise en cause de l’hypothèse d’atomicité du marché en
cpp), les entreprises ont recours à des interactions stratégiques.
Exemple de Hotelling en 1929 : la différenciation horizontale d’un produit (produits quasi-identiques
mais qui conviennent davantage aux uns qu’aux autres) est un problème de localisation spatiale des
produits. Cette localisation est la base de la différenciation des produits.
Problème des interactions stratégiques à cause de la localisation : recherche d’un pouvoir de
monopole local au milieu de l’espace par les entreprises, ce qui ne permet pas un profit.
Deux solutions : soit équilibre sous-optimal si stratégie individualiste soit une entente coopérative
théorie des jeux
Les vendeurs ont tout intérêt à se différencier pour créer un pouvoir local de monopole soit par la
localisation, soit par le prix à l’équilibre qui dépend de la localisation.
Les producteurs et les consommateurs sont donc lésés lorsque l’on remet en cause l’hypothèse
d’homogénéité des produits de la cpp.
Théorie des jeux :
La théorie des jeux analyse la manière dont les individus rationnels agissent dans des situations
d’interactions stratégiques.
Confrontés à des situations conflictuelles, ceux-ci peuvent décider de coopérer, ou bien de se comporter
de manière individualiste.
On distingue donc la théorie des jeux coopératifs de la théorie des jeux non-coopératifs.
Un jeu est coopératif si les individus peuvent communiquer et s’engager à prendre des décisions,
sachant qu’ils auront individuellement intérêt à opter pour un choix différent au moment où ils prennent
leur décision.
La théorie des jeux non-coopératifs a pour but d’étudier les comportements d’individus égoïstes et
opportunistes qui choisissent à chaque instant l’action qui leur donne la satisfaction maximale.
La rationalisation individuelle ne donne pas lieu à une rationalisation collective mais donne un équilibre
sous-optimal de Nash
Le dilemme du prisonnier :
En l’absence de coopération et de négociation, chaque agent a une stratégie dominante qui conduit à la
solution qui est la pire pour les deux, soit l’équilibre de Nash (cf feuille).
Exemples de théorie des jeux : cf feuille
En l’absence de coordination, deux agents aboutissent toujours à une situation sous-optimale.
Chapitre 2 LES EXTERNATLITES ET L’INCITATION A LA CONNAISSANCE
On se place en cpp.
Définition des externalités :désigne toute situation où les activités d’une ou plusieurs agents
économiques ont des conséquences sur le bien-être ou la satisfaction d’autres agents, sans qu’il y ait
d’échange ou de transactions entres eux (phénomènes hors marché)
Lorsque ces conséquences sont bénéfiques, on parlera d’externalités positives, les externalités seront
négatives dans le cas contraire (ex. un droit à polluer sert à internaliser cette externalité)
Caractéristiques des externalités :
- phénomènes hors-marché
- ce pt des biens publics (ex. la RD, l’innovation, la pollution, le bruit…)
- liées à l’économie de la connaissance (innovation et brevet)
I / Les externalités de la connaissance
Maîtriser les externalités de la connaissance est un enjeu stratégique :
Caractéristiques de la connaissance :
- bien économique particulier car non-excluable (difficulté a contrôler de façon privée).
- bien qui engendre des externalités positives qui ont une grande influence sur la compétitivité
- la connaissance peut être caractérisée par son inépuisabilité
- la connaissance ne se détruit pas par l’usage
- la connaissance est un bien cumulatif : il faut de la connaissance pour produire de la connaissance
- les agents économiques ne sont pas rivaux pour la consommation de ce type de bien
Il s’agit d’un bien public car il y a non-rivalité de la connaissance (coût marginal d’usage nul) et
non-exclusion dans son accès
la connaissance devrait être gratuite donc dilemme de la connaissance
Pigou (1934) et Arrow (1962) posent le problème du bien public : il s’agit de la difficulté à conserver le
contrôle complet de la connaissance.
Il faut donc donner aux agents privés les moyens de s’approprier les bénéfices pécuniaires associés à
l’usage de la connaissance.
Solution au dilemme de la connaissance :
Il existe deux grands systèmes d’incitation et de coordination qui fournissent les mécanismes qui doivent
permettre de régler le problème que pose la présence d’externalités de connaissance à l’innovateur :
4 le droit à la propriété intellectuelle : le brevet permet d’inciter à la connaissance et d’accroître le
bien-être de la société (mettre des barrières à l’accès à la connaissance existante pour favoriser
l’innovation)
5 la recherche publique
II / L’incitation à la connaissance
Il s’agit d’internaliser l’externalité en accordant des droits exclusifs et temporaires sur la connaissance
puis une fois l’exclusivité passée, la connaissance tombe dans le domaine public.
Il y a ainsi apparition d’un optimum de second rang car compromis entre innovation et diffusion
Le brevet et le droit d’auteur sont les principaux droits de propriété intellectuelle qui permettent
d’assurer une certaine exclusivité sur la connaissance et d’inciter à la connaissance.
Il faut une innovation permanente pour rester sous protection et garder le surplus du consommateur.
Graphique perte sèche de la connaissance : en termes d’efficacité, il semble préférable de passer
directement de l’invention au domaine public.
Mais le problème est que l’innovation n’aura pas lieu car au prix P1, aucun producteur n’est incité à créer,
ils ne peuvent amortir les coûts de RD.
La protection entraîne une perte sèche pour la société, mais c’est le sacrifice à payer pour que les
créateurs soient incités à l’effort de RD (efficacité dynamique)
La course au brevet :
La possibilité d’avoir un monopole temporaire à travers le brevet à donc un double pourvoir incitatif :
6 une incitation à la RD
7 une incitation à la diffusion des connaissances
Le brevet créant un pouvoir de monopole temporaire (donc une seule firme fait des profits liés à
l’innovation), une course au brevet s’engage, conduisant à un situation sous-optimale (investissements
lourds, bénéfice plus faible qu’espéré car nombre de firme trop importante)
La course au brevet entraîne un gaspillage des ressources et des bénéfices que la société peut retirer de
l’innovation.
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