
FD  Page 5  08/06/2017 
auprès de tels patients. Ces familles n’ont pas reçu de formation concernant l’approche des 
troubles  psychiatriques.  Sous  le  terme  générique  de  « famille  d’accueil »,  nous  entendons 
qu’il s’agit d’une personne recrutée par l’hôpital mais qui ne se trouve pas seule dans la prise 
en charge à leur domicile. L’ensemble du groupe familial, même si cela peut être de manière 
plus distanciée, se trouve confronté à l’accueil du patient. Les interactions du groupe familial 
ne sont donc pas sans conséquence sur le patient accueilli. Néanmoins, pour ce dernier, la 
personne recrutée par l’hôpital reste sa référence au domicile car elle est notre interlocuteur. 
Même si notre équipe doit prendre en compte les effets de l’interaction des membres de la 
famille, elle ne s’adresse qu’à celui qu’elle a recruté afin de relayer le cadre de la prise en 
charge mis en place par les équipes soignantes. 
Même  si  les  ressentis,  les  affects  de  tous  les  membres  de la  famille  d’accueil  sont  pris  en 
compte par l’équipe de l’UTAFA, notamment lors des VAD, un tel groupe de parole destiné 
aux familles d’accueil ne saurait se placer comme groupe de parole thérapeutique stricto sensu 
ni même sur le modèle de groupes proposés par certaines associations de famille de patients. 
Par ailleurs, les attentes formulées par les familles d’accueil lors de nos réunions annuelles se 
concentrent  autour  d’un  besoin  d’échanges  et  d’écoute  de  leurs  pratiques  de  travail,  en 
définitif  très  peu  décrit.  De  la  même  manière,  elles  nous  adressent  souvent  des  questions 
concernant leur statut et leur place nous interpellant du côté d’un défaut de reconnaissance de 
leur travail. 
 
L’exercice  du  travail  situe  toujours  le  sujet  dans  un  rapport  social  et  une  dynamique 
collective. On travaille pour et avec les autres. La rencontre avec le travail représente ainsi 
une  expérience  irremplaçable  d’apprentissage  de  formes  spécifiques  de  coopération  entre 
travailleurs.  L’appartenance  à  un  collectif  de  travail  n’est  pas  spontanée  mais  passe  par  la 
confrontation,  l’apprentissage  et  la  participation  à  l’élaboration  de  règles  de  métier.  Entre 
l’ingéniosité individuelle et la coopération, une place spécifique revient à la délibération sur 
les modalités du travailler. Cet espace de délibération qui contribue à l’élaboration, mais aussi 
à  la  transmission  des  règles  de  métier,  n’est  pas  prescrit  mais  négocié  entre  ceux  qui 
travaillent. La reconnaissance par autrui est indispensable pour la validation d’une trouvaille 
initiée  dans  la  confrontation  avec  le  réel.  Cette  reconnaissance  passe  par  des  jugements 
formulés sur le travail qui témoignent de la valeur accordée à un procédé de fabrication, à une 
manière  de  faire,  à  une  action.  La  dynamique  de  la  reconnaissance  convoque  donc  des 
jugements qui portent non seulement sur le travail individuel mais interrogent également la 
conception de la justice (action juste ou injuste) et de la solidarité. La validation du travail par 
la reconnaissance accordée par les autres est un élément majeur du sens subjectif du travail 
qui participe à la construction de l’identité. En l’absence de reconnaissance, le doute quant au 
rapport entretenu avec le réel apparaît. Quand ce doute s’installe, l’identité tout entière peut se 
trouver déstabilisée.  
La reconnaissance passe par deux jugements : d’une part un jugement d’utilité (donné par les 
supérieurs, les subordonnés ou les clients) et d’autre part un jugement de beauté. Un sac de 
maroquinerie par exemple, ou de tout travail (réparer un moteur, confectionner un plat…) se 
voit  apposé  ces  deux  jugements.  Un  jugement  que  je  désignerai  comme  vertical :  les 
supérieurs ou les clients jugent de l’utilité du résultat du travail fourni. On le retrouvera sous 
la locution « c’est du bon travail ». Ce jugement s’établit par rapport à une norme externe à 
laquelle doit se conformer le produit du travail. Mais aussi un jugement horizontal c’est à dire 
ceux qui peuvent désigner un travail comme « mieux fait » par rapport à un autre. Il ne peut 
être porté que par les pairs. On le retrouvera sous la locution : « c’est du beau boulot » ou du 
« sale boulot ». Il ne s’établit quant à lui que par rapport à une  norme interne au corps de 
métier.  Il  se  décompose  en  deux  temps :  la  conformité  qui  consacre  l’appartenance  à  la 
communauté de métier et l’originalité de la contribution, ce en quoi le travail effectué fait la