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auprès de tels patients. Ces familles n’ont pas reçu de formation concernant l’approche des
troubles psychiatriques. Sous le terme générique de « famille d’accueil », nous entendons
qu’il s’agit d’une personne recrutée par l’hôpital mais qui ne se trouve pas seule dans la prise
en charge à leur domicile. L’ensemble du groupe familial, même si cela peut être de manière
plus distanciée, se trouve confronté à l’accueil du patient. Les interactions du groupe familial
ne sont donc pas sans conséquence sur le patient accueilli. Néanmoins, pour ce dernier, la
personne recrutée par l’hôpital reste sa référence au domicile car elle est notre interlocuteur.
Même si notre équipe doit prendre en compte les effets de l’interaction des membres de la
famille, elle ne s’adresse qu’à celui qu’elle a recruté afin de relayer le cadre de la prise en
charge mis en place par les équipes soignantes.
Même si les ressentis, les affects de tous les membres de la famille d’accueil sont pris en
compte par l’équipe de l’UTAFA, notamment lors des VAD, un tel groupe de parole destiné
aux familles d’accueil ne saurait se placer comme groupe de parole thérapeutique stricto sensu
ni même sur le modèle de groupes proposés par certaines associations de famille de patients.
Par ailleurs, les attentes formulées par les familles d’accueil lors de nos réunions annuelles se
concentrent autour d’un besoin d’échanges et d’écoute de leurs pratiques de travail, en
définitif très peu décrit. De la même manière, elles nous adressent souvent des questions
concernant leur statut et leur place nous interpellant du côté d’un défaut de reconnaissance de
leur travail.
L’exercice du travail situe toujours le sujet dans un rapport social et une dynamique
collective. On travaille pour et avec les autres. La rencontre avec le travail représente ainsi
une expérience irremplaçable d’apprentissage de formes spécifiques de coopération entre
travailleurs. L’appartenance à un collectif de travail n’est pas spontanée mais passe par la
confrontation, l’apprentissage et la participation à l’élaboration de règles de métier. Entre
l’ingéniosité individuelle et la coopération, une place spécifique revient à la délibération sur
les modalités du travailler. Cet espace de délibération qui contribue à l’élaboration, mais aussi
à la transmission des règles de métier, n’est pas prescrit mais négocié entre ceux qui
travaillent. La reconnaissance par autrui est indispensable pour la validation d’une trouvaille
initiée dans la confrontation avec le réel. Cette reconnaissance passe par des jugements
formulés sur le travail qui témoignent de la valeur accordée à un procédé de fabrication, à une
manière de faire, à une action. La dynamique de la reconnaissance convoque donc des
jugements qui portent non seulement sur le travail individuel mais interrogent également la
conception de la justice (action juste ou injuste) et de la solidarité. La validation du travail par
la reconnaissance accordée par les autres est un élément majeur du sens subjectif du travail
qui participe à la construction de l’identité. En l’absence de reconnaissance, le doute quant au
rapport entretenu avec le réel apparaît. Quand ce doute s’installe, l’identité tout entière peut se
trouver déstabilisée.
La reconnaissance passe par deux jugements : d’une part un jugement d’utilité (donné par les
supérieurs, les subordonnés ou les clients) et d’autre part un jugement de beauté. Un sac de
maroquinerie par exemple, ou de tout travail (réparer un moteur, confectionner un plat…) se
voit apposé ces deux jugements. Un jugement que je désignerai comme vertical : les
supérieurs ou les clients jugent de l’utilité du résultat du travail fourni. On le retrouvera sous
la locution « c’est du bon travail ». Ce jugement s’établit par rapport à une norme externe à
laquelle doit se conformer le produit du travail. Mais aussi un jugement horizontal c’est à dire
ceux qui peuvent désigner un travail comme « mieux fait » par rapport à un autre. Il ne peut
être porté que par les pairs. On le retrouvera sous la locution : « c’est du beau boulot » ou du
« sale boulot ». Il ne s’établit quant à lui que par rapport à une norme interne au corps de
métier. Il se décompose en deux temps : la conformité qui consacre l’appartenance à la
communauté de métier et l’originalité de la contribution, ce en quoi le travail effectué fait la