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Jusqu’à une période assez avancée de notre siècle, l’Etat est resté, selon des critères
modernes, relativement petit. Dans le sillage de la première guerre mondiale, une série
d’évènements de portée considérable a marqué un tournant. Le premier de ces évènements a
été la révolution russe de 1917, qui a conduit à l’abolition quasi-totale de la propriété privée
dans le pays et qui, par la planification centralisée, plaçait l’Etat aux commandes de toute
l’activité économique. Le deuxième a été la dépression des années 1930, qui a accusé de tels
ravages dans le monde non communiste que les pays ont été conduits à faire l’expérience
des politiques anticycliques pour relancer l’activité économique. Le troisième évènement,
déclenché par la seconde guerre mondiale, a été l’éclatement rapide des empires européens.
Ce changement géographique, doublé de la revendication d’une assurance sociale dans les
pays industrialisés, allait marquer le début d’un demi-siècle de débats sur le thème de
l’attribution d’un rôle plus actif à l’Etat.
Le modèle de l’après guerre était organisé autour de trois grands axes sur lesquels tout le
monde, ou presque, s’accordait. Ce triple consensus ne devait pratiquement pas être remis
en cause jusqu’au premier choc pétrolier de 1973.
D’abord, il s’agissait d’attribuer des prestations sociales pour compenser les pertes
provisoires de revenus et d’autres moyens de subsistance. Ensuite, il était souhaitable de
s’orienter vers une économie mixte, ce qui impliquait souvent la nationalisation de toute une
gamme d’industries stratégiques. Enfin, il fallait mener une politique macro-économique
bien coordonnée, le marché ne pouvant gérer seul, dans ce domaine, des résultats stables ou
conformes aux objectifs de chacun. Avec le temps, les objectifs de la politique macro-
économique ont été clairement établis : plein – emploi, stabilité des prix et équilibre de la
balance des paiements.
L’Etat en est venu ainsi à assumer de nouvelles missions et à élargir la portée de celles dont
il a été déjà investi. Au milieu du siècle, non seulement il assurait un plus grand nombre de
services d’infrastructures et d’utilité publique, mais il avait accru son aide aux secteurs de
l’éducation et de la santé. Avec les années 1970, la stratégie de développement axée sur la
prépondérance de l’Etat, surtout dans les pays en développement, allait se retourner. Les
chocs pétroliers marquèrent le chant du cygne de l’expansion de l’Etat.
S’il est difficile de redéfinir le rôle de l’Etat, c’est surtout parce que les pouvoirs publics
évoluent en permanence sur un terrain mouvant. A regarder comment les forces mondiales
modifient la conception de l’Etat, il est clair que celui-ci conserve un rôle particulier dans la
Centre d’Etudes Supérieures des
Affaires d’Abidjan