Xihuitl, l’année vague solaire aztèque vue par Durán 5
l’autre, de gauche à droite. Une trame de couleur sert à distinguer : en vert, les
200 jours « bien datés » du codex Durán, en bleu, les dates dont le numéro α
αα
α est
erroné ; et en blanc, les mois contaminés par une erreur qui se propage. Les α
αα
α
visiblement aberrants sont marqués en bleu, en rouge ou par un *.
2.-
R
ECONSTITUTION D
’
UN XIHUITL À PARTIR DES DONNÉES DE
D
URÁN
Le xihuitl de Durán compte 360 jours datés par 260 expressions α
αα
αX, il faut
donc désambiguïser
11
et ajouter une 19
ème
période pour le rendre apte à simuler
une année vague solaire de formule 365 = [(18 x 20) + (1 x 5)] isomorphe au
ha’ab des Mayas. Ajouter Nemontemi ne suffit pas pour obtenir un calendrier.
Car, au sens strict, un calendrier est un système public ou officiel qui discrétise le
continu du temps et qui définit un ordre sur ses unités discrètes (en général
mesurées en jours) pour ainsi en dater les jours, i-e. les distinguer et les définir
chacun par une expression unique et univoque
12
. Le xihuitl des Aztèques divise
l’année en 19 périodes comptées en jours. Au contraire du ha’ab, il ne vérifie pas
le critère d’univocité car le xihuitl (365 jours) utilise les dates α
αα
αX (260 dates).
La disposition en tableau permet cependant d’inventer ou de reconstituer un
avatar des dates
β
ββ
β
Y mayas qu’un Aztèque ou un
Espagnol aurait pu utiliser au XVI
e
siècle. Il suffit
de numéroter les lignes et les colonnes. Les lignes
par vingt numéros
β
β β
β
; les colonnes par les signes Y
de période
13
. Chacun des 360 jours du tableau
pourrait alors être repéré/daté par ses coordonnées
(
β
ββ
β
, Y) uniques et univoques, et T
1
attribuerait à
chacun des 360 jours qu’il représente deux dates :
une date tonalpohualli, 13 Tochtli, et une date
xihuitl, 7 Ochpaniztli (par un simple changement
d’assignation on a aussi les dates tzolkin et ha’ab : 13 Lamat 7 Zac).
Bref, le projet supposé (faire du xihuitl un calendrier de l’année) n’aboutit pas
faute d’une page Nemontemi et parce que Durán garde les dates tonalpohualli :
sa « mise au carré » du xihuitl ne pouvait pas le convertir en calendrier
14
. On sait
par ailleurs que l’homme d’église considérait le tonalpohualli comme une œuvre
11
Les scribes ajoutaient par ex. : couleur, point cardinal, seigneur de la nuit, oiseau…
12
Pour cette définition, le ha’ab est un calendrier : il discrétise le temps des saisons en 19
périodes invariablement ordonnées (de Pop à Uayeb) ayant chacune un nom propre et une
mesure en jours, et il distingue et définit chacun des 365 jours de l’année vague par une
expression unique et univoque, sa date
β
ββ
β
Y.
13
Numéroter les lignes et les colonnes se heurte à deux difficultés : a) on ne sait pas avec
toute la certitude désirable si les Aztèques comptaient comme les Mayas du Classique à
partir de 0, comme les Espagnols ou les Mayas de l’époque coloniale à partir de 1, voire à
partir de 2 comme le firent, pour le tonalpohualli, les Tlapanèques et les Indiens de
Teotihuacan ; b) les sources se contredisent pour dire où placer les Nemontemi…
14
Ce qui conduit à revoir les fondements de la thèse de l’engrenage fort répandue chez les
américanistes mais néanmoins non démontrée posant que les Aztèques combinaient dans
l’unité d’un tout le calendrier divinatoire (260 dates) et le ‘calendrier’ annuel (365 jours).