rone dans le cytoplasme de cette tumeur, a permis de
développer l’hypothèse, à l’instar du léiomyome clas-
sique, d’une hormonodépendance de la léiomyomatose
intraveineuse [29]. Néanmoins, dans plusieurs cas, on a
constaté des récidives tumorales après la réalisation
d’une annexectomie bilatérale antérieure; une telle évo-
lution allant à l’encontre de l’hypothèse précédente [12,
20, 24, 29]. Mais, comme le suggère CANAL, on peut
imaginer qu’à l’origine, un environnement hormonal
local, essentiellement oestrogénique, soit nécessaire
pour initier la croissance tumorale, et que cette crois-
sance par la suite soit indépendante du contexte hormo-
nal [7]. La description de la léiomyomatose intravei-
neuse reproduit celle du léiomyome [10]. En effet, les
limites de la tumeur sont nettes avec une condensation
collagène périphérique. Les cellules tumorales sont
fusiformes à cytoplasme faiblement éosinophile, sans
atypie cellulaire et avec une activité mitotique minime
ou absente. La disposition des cellules est en faisceaux
entrecroisés et dissociés par une production conjoncti-
ve interstitielle particulièrement abondante dans le cas
de la léiomyomatose intraveineuse [8]. Une autre
caractéristique de ce type de tumeur est constituée par
sa richesse vasculaire.
La léiomyomatose intraveineuse touche le plus souvent
les femmes entre 40 et 60 ans. Dans la littérature, la
majorité des femmes atteintes étaient des multipares et
près de la moitié d’entre elles avaient subi antérieure-
ment une hystérectomie pour des fibroléiomyomes uté-
rins.
Dans sa localisation abdominale, cette lésion est en
général asymptomatique [6], ou elle donne des signes
cliniques à type de douleurs abdomino-pelviennes ou
des ménométrorragies que l’on retrouve habituellement
associées aux fibromes utérins [25]. La localisation
intracardiaque peut-être asymptomatique, mais le plus
souvent elle donne des signes cliniques d’insuffisance
cardiaque droite [1, 20, 24, 25, 29] ou des syncopes
[15]. L’extension tumorale à la veine rénale gauche,
presque toujours par l’intermédiaire de la veine ova-
rienne gauche, est rapportée à quatre reprises, mais à
chaque fois, la symptomatologie était en rapport avec la
localisation cardiaque sus-jacente [1, 12, 15, 25]. Les
examens complémentaires contributifs dans cette
pathologie sont surtout d’ordre radiographique. Ainsi,
l’échographie abdomino-pelvienne visualise le throm-
bus au niveau de la veine cave inférieure et de la veine
rénale, cependant elle ne permet pas d’estimer le
niveau de l’obstruction veineuse ni de différencier un
thrombus tumoral d’un thrombus cruorique [5, 12, 15].
Elle permet de plus l’étude de la tumeur utérine primi-
tive. A l’étage cardiaque, l’échographie cardiaque éta-
blit le diagnostic de masse intra-auriculaire, et, combi-
née à l’échographie abdominale, elle invalide le dia-
gnostic différentiel de myxome de l’oreillette droite
[15, 23, 25]. La phlébographie, si elle n’apporte pas
plus de renseignement sur la nature de la tumeur, visua-
lise en revanche l’étendue vasculaire du thrombus. Le
scanner abdomino-pelvien semble surtout intéressant
par les informations qu’il apporte sur la nature du
thrombus; ainsi dans le cas d’un thrombus tumoral
cave, on note la prise de contraste du tissu tumoral au
contraire du thrombus cruorique [3]. La résonance
magnétique nucléaire est un bon examen d’étude du
léiomyome utérin et il permet une reconnaissance pré-
coce d’un envahissement veineux [14]. Les coupes
sagittales permettent l’étude de l’étendue en hauteur du
thrombus cave [23].
S’il est certain que la découverte d’un thrombus tumo-
ral de la veine rénale ou intracave doit faire évoquer
l’existence d’une néoplasie rénale, le plus souvent les
examens radiographiques permettent d’écarter ce dia-
gnostic en situant l’origine de ce thrombus au niveau
pelvien. On ne retrouve dans la littérature aucun cas de
léiomyome isolé d’une veine rénale, sans lésion utéri-
ne associée, faisant porter, comme dans notre observa-
tion, le diagnostic de tumeur maligne du rein. Le dia-
gnostic différentiel histologique le plus fréquemment
rapporté est celui du léiomyosarcome qui se distingue
de la léiomyomatose intraveineuse par son haut degré
d’anaplasie et ses nombreuses figures mitotiques [5,
12, 20, 22].
Le traitement de la léiomyomatose intraveineuse est
essentiellement chirurgical et consiste en l’ablation la
plus complète possible du thrombus [6, 15, 20, 23], au
cours d’un geste qui associera parfois une circulation
extra-corporelle, dans le cas d’une extension cardiaque.
Si celle-ci n’avait pas été réalisée antérieurement, une
hystérectomie associée à une annexectomie bilatérale
est préconisée par la majorité des auteurs, en raison de
la relative hormonodépendance de la tumeur [2, 6, 15,
20, 22, 23). Durant le temps abdominal, certains
recommandent de réaliser une ligature des veines
hypogastriques [20] et parfois de procéder à une inter-
ruption partielle de la veine cave inférieure [2], afin de
se mettre à l’abri d’une éventuelle récidive à partir des
vaisseaux pelviens.
Le myélolipome est une tumeur bénigne, rare, compo-
sée d’éléments graisseux, associés à des foyers héma-
topoïétiques où l’on retrouve les trois lignées san-
guines. Le plus souvent développé aux dépens de la
surrénale, le myélolipome peut néanmoins occuper
d’autres localisations ; ainsi, on recense à ce jour 8 cas
de myélolipome publiés [9, 13, 16, 18, 19, 21, 26, 31].
Les raisons de la survenue de cette tumeur au niveau
hépatique demeurent incertaines, toutefois, parmi les
hypothèses étiopathogéniques avancées, on trouve
celle de l’existence au niveau hépatique d’une glande
surrénalienne ectopique. Il a également été suggéré la
survenue d’une métaplasie des cellules hépatiques en
adipocytes et en cellules hématopoïétiques sous l’ac-
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A. Fauchery, Progrès en Urologie (1998), 8, 398-403