
4/ Définissez la fonction épargne et expliquez ses déterminants à court et long terme
Introduction :
L’étude de la fonction épargne est importante à deux titres. D’une part une insuffisance d’épargne nationale, quelqu’en soit la cause
(essor de la consommation, boom de l’investissement etc) devra être couverte par un apport de l’extérieur. D’autre part l’activité des
banques est directement liée à l’épargne, puisqu’elles en sont les principaux gestionnaires.
I-Que recouvre la fonction épargne
a-Définition de la fonction épargne
L’épargne est la fraction disponible des revenus d’un agent qui n’est pas consacrée à une consommation immédiate. Epargner consiste
à renoncer à une consommation au profit de satisfactions futures liées à des investissements ou une consommation. Il existe deux
approches. Une approche active où l’épargne est le refus conscient de consommer maintenant une partie du revenu. A l’inverse selon
l’approche passive, l’épargne est ce qui reste du revenu une fois que l’on a consommé.
L’épargne se mesure comme un flux et non comme un stock, c’est à dire que chaque année sont comptabilisées les sommes épargnées
et non le montant total des sommes épargnées à un moment donné (le patrimoine).
L’épargne peut être le fait des ménages, des entreprises et des administrations
b-Epargne des ménages
L’épargne des ménages est constituée de l’épargne financière (placements financiers, thésaurisation) et de l’épargne non financière
(achats immobiliers et épargne contractuelle liée au remboursement des emprunts, investissements des EI). Les ménages disposent
traditionnellement d’une capacité de financement, c’est à dire que leur épargne excède leurs besoins de financement.
c- Epargne des entreprises
L’épargne des entreprises correspond à leur autofinancement, c’est à dire aux amortissement et aux bénéfices non distribués.
Généralement les entreprises épargnent insuffisamment pour couvrir leurs besoins d’investissement. Elles ont donc un besoin de
financement.
d- Epargne des administrations
L’épargne des administrations correspond aux dépenses d’investissement non financées par emprunt. Lorsque l’état est déficitaire,
c’est à dire qu’il a un besoin net de financement, il doit faire appel aux autres agents pour son financement.
Sur un plan économique les libéraux sont favorables à l’épargne dans laquelle ils voient une condition de l’investissement. A l’inverse
les Keynésiens considèrent qu’en cas de chômage élevé l’épargne ne doit pas être soutenue car elle se constitue au détriment de la
consommation à l’origine de la demande effective, donc de la production et de l’emploi.
II-Les déterminants de la fonction épargne
L’acte d’épargne est la résultante de plusieurs facteurs.
a- A court-terme
- l’inflation
L’inflation joue un rôle important dans la constitution de l’épargne car elle modifie la valeur du patrimoine des agents. En réduisant le
pouvoir d’achat des agents, l’inflation les incite à épargner davantage pour compenser la dépréciation qu’ils subissent. L’effet de
l’inflation sur le patrimoine est à deux niveaux selon sa composition. Elle permet l’appréciation des patrimoines immobiliers et
incitent les agents à réaliser une plus-value donc à diminuer leur épargne. A l’inverse les obligations se déprécient incitant les agents à
augmenter leur épargne pour maintenir la valeur de ce patrimoine.
- le taux d’intérêt
A priori une augmentation des taux d’intérêt devrait inciter les agents à épargner plutôt qu’à consommer, car le coût d’opportunité de
la consommation a augmenté. On perd davantage à ne pas préférer cumuler une richesse mieux rémunérée. Ou bien une baisse des taux
d’intérêt devrait inciter à consommer plus. En fait tout va dépendre de la typologie de l’épargne considérée. Si il s’agit de l’épargne
non financière, constituée des investissements immobiliers, une hausse des taux d’intérêt va peser sur les échéances de remboursement
et ne sera donc pas incitatrice à l’épargne. Par contre si il s’agit de l’épargne financière, une hausse des taux d’intérêt devrait inciter à
épargner plus pour obtenir une meilleure rémunération. Sauf que pour un revenu équivalent, l’effort d’épargne peut être moindre.
Généralement une hausse des taux d’intérêt a peu d’impact à court-terme sur l’épargne financière
- anticipation
La décision d’épargner des agents va dépendre de leur anticipation et de leur perception de la situation économique et sociale. Si elle
est incertaine, elle aura tendance à stimuler l’épargne de précaution mais à décourager l’épargne – placement.
b-A long-terme
- Fiscalité
La fiscalité va agir sur le revenu disponible, c’est à dire après prélèvements sociaux et la fonction répartition et va modifier le
rendement de certains placements. Elle agit donc beaucoup plus sur la structure des placements que sur le niveau de l’épargne.
- protection sociale
La protection sociale et notamment les régimes de retraite vont influer sur le niveau d’épargne des agents. Les cotisations afférentes
aux régimes par répartition sont considérées comme de l’épargne forcée qui rend inutile la constitution d’un patrimoine de précaution
pour la retraite. Cependant le vieillissement de la population, la baisse du nombre d’actifs rend de plus en plus sensible la question de
la constitution de revenus complémentaires.
Conclusion :
Sur un plan purement conceptuel il existe des mécanismes relativement simples pour expliquer le comportement de l’épargne. Dans la
réalité ces mécanismes s’enchevêtrent et un facteur déterminant à une période ne le sera plus dans une période suivante. D’autre part
les délais de réactions des agents économiques pour modifier leur comportement sont très variables et ne permettent pas toujours
l’utilisation des mécanismes pour infléchir les comportements et l’orientation de l’épargne