Les Loups masqués - Philippe Caubère

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Texte du programme du Théâtre de la Pépinière à Paris,
où Les Loups Masqués ont joué Les Enfants du Soleil (1998)
Lorsque la troupe marseillaise “ Les Loups masqués ” m’ont demandé — en 96, je crois — de les
parrainer, je n’imaginais pas combien ce petit clin d’œil allait avoir entre nous de conséquences ! Pourtant,
c’est moi qui les ai mis sur la piste ; et je tiens à le dire, afin qu’on ne puisse pas leur reprocher cette idée. En
effet, après leur précédent spectacle : Embrassons nous Vaudeville !, ils m’ont avoué ne pas savoir quoi faire,
ni quoi monter.
— “ Vous avez lu Le Roman d’un acteur ? ”, leur ai-je demandé.
— “ Non. ”
— “ Vous devriez ! ”
Voilà, c’est tout, pas plus. Je ne voulais tout de même pas avoir l’impression de les envoyer au
casse-pipe. Aussi, lorsque, quelques semaines plus tard, ils m’ont téléphoné pour me dire qu’il avaient lu le
texte, qu’ils s’étaient bien marrés, et qu’ils avaient décidé de monter Les Enfants du Soleil , mon cœur a battu
plus vite. Ça y était ! Ce rêve que j’avais depuis toujours, que mes textes et mes personnages soient joués par
d’autres — c’est dans ce but que les avais improvisés — allait se réaliser !
Aujourd’hui que le spectacle et monté, joué, presque rôdé, je ne vais pas dire ce que j’en pense, parce
qu’on croirait que je fais ma propre publicité. Mais je voudrais dire qu’il est pour moi très important que ce
soit une troupe, une vraie troupe de théâtre — pas seulement une addition de comédiens regroupés autour
d’un metteur en scène —, qui ait eu envie de monter cette pièce. Je crois qu’il y a quelque chose d’essentiel
— qui est raconté sous le couvert de cette farce — que seule une troupe — une vraie, je le répète — pouvait
comprendre, apprécier, et, pour finir, restituer et représenter. C’est aussi important, je crois, que le fait que les
“ enfants du soleil ” d’aujourd’hui (ma pièce était dédiée aux “ enfants d’aujourd’hui ”), soient, eux aussi, des
Marseillais. Et des vrais ; sortis direct — COMME NOUS — du Merlan et autres quartiers ; et qui, vingt
années (et quelques !), plus tard, débarquent à PARIS ; COMME NOUS, mais aussi, comme y débarquèrent
jadis Pagnol, Raimu ou Fernandel. HÉ OUI ! Et POURQUOI PAS ? J’aime bien cette idée qu’une espèce de
“ lobby méditerranéen ” continue de noyauter les théâtres de Paris ; et même, ceux de la Cartoucherie !
Le regard que Marseille et les Marseillais posent sur la vie, sur le monde, ou sur Paris, a toujours été
particulier, spécifique et nécessaire ; peut-être surtout aux “ non-marseillais ”, à qui il permet de voir les
choses d’un autre point de vue ; sous un angle différent de celui qu’on dit “ dominant ”. Et je ne parle là de
pastis, ni de foot-ball, puisque telles sont, à peu près, les deux seules choses qu’on est capable de dire ou de
citer, dès qu’on parle — ailleurs que là-bas — de Marseille.
La pensée, la sensibilité, la drôlerie véritable, bref, la poésie marseillaises existent. Les artistes
marseillais, aussi.
Je salue leur nouvelle génération, les embrasse et les remercie. Et je leur dis :
— “ Merde ! et, bienvenue à Paris ! ”
Philippe Caubère.
Le 12 octobre 1998.
Page 1 sur 1- Philippe Caubère – Achives – Les Loups Masqués - 1998
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