A la une / Culture
Culture
Une troupe de lycéens algériens remporte le
prestigieux “Prix du Public”
Quinze élèves de la troupe de terminale du lycée Alexandre-Dumas à Alger ont relevé le défi. Ils ont eu
toutes les audaces et ils ont réussi. Ces élèves sont May Aït Mohand, Imène Belkadi, Lyna Benaïssa,
Chahinez Boukhouf, Hiba El-Chami, Inès Haddad, Nesma Merhoum, Yasmine Zerhouni, Amine Hafidi, Sarah
Souilah, Samy Harany, Camelia Benmouffok, Maya Khelifa, Dorai Trakli et Ahmed Rafik Nedjar. L’aventure
commence en 2012.
Cette troupe tombe sous le charme d’une pièce très contemporaine, Le Petit Boucher de Stanislas Cotton. Un
personnage sur scène, Félicité, se raconte et se reconstruit après avoir subi les pires horreurs, comme cela
arrive souvent en période de troubles et de guerre. Avec l’aide de leurs professeurs, Geneviève Tréjaut et
Bernadette Fredes, cette troupe imagine une mise en scène qui démultiplie le personnage à la manière d’un
kaléidoscope, jusqu’à sa reconstruction où elle peut enfin retrouver son unité.
Lors du Festival des lycéens, en mai 2013, les Festhalies, cette pièce est créée au TNA, lieu magique pour une
première représentation théâtrale, et en présence de l’auteur. Immense succès : le texte est magnifique et le
sujet est universel. L’auteur invite alors cette troupe à présenter sa candidature au Festival international de
théâtre amateur de Saint-Louis. La troupe relève le défi et sa candidature est retenue… En route pour Saint-
Louis ! La troupe est logée à l’hôtel, les repas sont pris sous un immense chapiteau avec tous les participants,
acteurs, metteurs en scène, auteurs, régisseurs et les membres du jury ! Elle doit jouer deux fois. C’est la seule
troupe mineure du festival, quasiment débutante mais elle croit en son texte et elle sait que le travail acharné
durant toute une année scolaire portera ses fruits. Gagner peut-être pas, mais participer honorablement, c’est
certain. La première représentation a lieu le soir de la cérémonie d’ouverture, un vendredi, en même temps que
3 autres spectacles. Les membres du jury se répartissent les troupes (24 troupes venues de France, d’Italie, de
Suisse et la nôtre d’Algérie) et procèdent à une sélection dès le premier jour. C’est ainsi que certaines troupes
sont éliminées dès leur première représentation. Mais cela nous ne l’avons appris qu’à la remise des prix.
Première représentation, premières angoisses : une salle presque pleine et un rappel. La deuxième
représentation a lieu le matin du jour de la remise des prix, un dimanche à 9h. Nous voulons encore y croire,
mais nous avons vu trop de spectacles tous plus réussis les uns que les autres… Et puis neuf heures ! C’est tôt.
Concentration maximum, la salle se remplit peu à peu et nous attendons l’annonce du spectacle avant le lever
du rideau dans un silence palpable, soutenu par notre professeur. Tout d’un coup le régisseur arrive et en
s’adressant à notre prof : “Félicitations je n’ai jamais vu une salle aussi pleine, les gens arrivent encore, on les
installe où l’on peut. C’est bientôt à vous.” Le rideau s’ouvre, la magie du théâtre opère, nous sommes
soutenus par la salle, nous sentons vibrer l’émotion chez les spectateurs qui deviennent tous peu à peu notre
personnage et qui partagent ses émotions, ses combats et ses espérances. Un tonnerre d’applaudissements,
des “Bravo !” des gens qui tapent des pieds, nous espérions un rappel ! Nous ne pouvons pas quitter la scène.
Les spectateurs pleurent, viennent nous féliciter, nos deux professeurs sont en larmes. C’est incroyable, nous
sommes tellement heureux. Peu importe d’avoir un prix. C’est à ce moment-là que nous avons gagné. L’après-
midi, remise des prix : la compagnie du Liad d’Algérie gagne le prix du public et une mention spéciale du jury.
Nous sommes fiers et heureux. Depuis, nous poursuivons notre aventure théâtrale au sein du lycée dans le
cadre de l’option théâtre qui vient d’être créée et nous participerons, bien sûr, aux Festhalies programmées
vers la mi-avril, mais avec un autre texte.
La Compagnie du Liad