La nouvelle économie libérale

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La nouvelle économie libérale
1. La nouvelle école classique : l’école des anticipations rationnelles
La NEC démontre l’incapacité des politiques économiques à lutter contre le chômage. Les
économistes de la NEC sont souvent d’anciens keynésiens en rupture théorique (Sargent,
Lucas, Prescott, Wallace) avec l’hypothèse de Keynes : les agents économiques sont myopes,
ne savent pas quel est le revenu réel. Les salariés se battent d’abord pour les salaires
nominaux et subissent l’illusion monétaire Pour les néo-keynésiens, les agents économiques
s’adaptent progressivement à la situation : le modèle intègre le retard.
Pour les nouveaux économistes : les agents sont capables d’anticipation rationnelles (sans
retard) = prévisions informées sur les événements à venir. Cette information est fonction de
l’ensemble des valeurs observées dans le passé mais aussi de toutes les informations dont ils
ont connaissance et qui peuvent agir sur la valeur future de la variable qui les intéresse.
Ex : baisse d’impôts annoncée = pour les agents une hausse future de l’inflation ou une
hausse des impôts dans le futur => hausse de l’épargne par anticipation au lieu de la hausse de
consommation recherchée. Le multiplicateur budgétaire keynésien est donc réduit et la
politique budgétaire keynésienne est limitée dans sa portée. Barro a montré l’indifférence des
agents au déficit budgétaire, dans la mesure où les agents anticipent le simple report de charge
fiscale : « On peut tromper tout le monde un certain temps, certains tout le temps, mais pas
tout le monde tout le temps. » (Lincoln)
Les anticipations peuvent même conduire à des « parties de cache-cache » entre gouvernants
et gouvernés : la politique budgétaire n’est qu’un gadget qui a pour fonction de stimuler
l’activité économique
La politique monétaire (modifier le taux d’intérêt et le coût de l’argent) peut donner lieu à des
anticipations et des effets pervers. Par exemple : quand une baisse du taux d’intérêt du livret
A est annoncée, les gens se précipitent pour ouvrir un PEL
La principale critique adressée à la NEC est la difficulté de constater empiriquement le
phénomène : ces modèles reposent sur une vision idéalisée du fonctionnement des marchés.
2. La théorie de l’offre (Supply siders)
Laffer, Guilder, P.C. Roberts rejettent l’économie keynésienne et affirment le rôle
fondamental des entrepreneurs et de leur activité productive. Cette théorie connaît ses heures
de gloire dans la période reaganienne et apporte une caution théorique aux révoltes antifiscales (fin 70’s aux EU, sous Thatcher en Angleterre). Ces révoltes se traduisent par des
baisses d’impôts et un désengagement de l’Etat : « Halte à l’Etat tyran ! »
Les économistes de l’offre renouent avec la loi des débouchés de Say et ne croient pas dans la
vertu régulatrice du marché pour assurer la meilleure allocation des ressources et déterminer
seul la hiérarchie des prix relatifs nécessaires à l’optimum parétien
Courbe de Laffer : au-delà d’un certain taux d’imposition, l’impôt est contre-productif et on
entre dans une zone de désincitation au travail et à l’activité économique : « Trop d’impôt tue
l’impôt, Des hauts taux tuent les totaux » : Laffer pousse aux réformes fiscales.
La baisse des taux marginaux est préconisée, ce qui profite particulièrement aux R élevés dans
une logique classique traditionnelle : stimuler l’épargne pour créer l’I. D’où une critique
radicale de toutes les politique de redistribution, considérées comme contre-productives. En
prélevant les plus riches pour redistribuer aux pauvres, on paralyse le revenu futur plus
important : « Dans le système d’Etat-Providence, protestations et revendications remplacent
diligence et discipline comme source de revenus. » Guilder
Pour Guilder, l’offre s’assimile au potlatch : dans la recherche de son statut d’homme et dans
le cadre du potlatch, l’individu travaille à fournir un don dont il ne peut rien attendre dans
l’immédiat.
Le développement de l’offre se fait sans contrepartie immédiate. L’individu, par son travail
présent, acquiert des droits sur le futur (définition classique de l’épargne). Il faut stimuler
l’offre car l’efficacité de l’économie est dépendante de cette capacité des individus à générer
des richesses futures ainsi que de leur motivation.
Ex de la Sillicon Valley dans les années 80 et 90 : les PME et PMI sont plus à même de
générer des richesses que les firmes géantes bureaucratisées et peu efficaces. Dans le cadre de
la Reaganomics ou de la politique de Thatcher, les effets à court terme sont différents de ceux
attendus par les économistes de l’offre : hausse considérable des déficits budgétaires (de type
keynésien selon les analystes)
La théorie de l’offre présente le point positif de réhabiliter le rôle de l’entrepreneur mais
entraîne une méfiance des agents économiques envers les Etats accrue.
3. L’école du Public Choice
Elle s’intéresse au rôle de la puissance publique et essaye d’en vérifier l’efficacité. Son
but est de renouveler l’analyse néoclassique de l’Etat. Cette école reconnaît l’imperfection des
marchés du fait de l’indivisibilité de certains biens (ex : défense nationale), et donc de la
difficulté d’y accéder par le marché, et des effets externes de ces biens. Les coûts engendrés
par les effets non désirés du fonctionnement du marché doivent être mesurés.
Les économistes du PC ont défini le coût marginal social comme somme des coût marginaux
des productions privées et des effets positifs et négatifs que ces activités peuvent engendrer
sur des indices situées à l’extérieur de cette production.
Cette théorie reste assez critique de l’Etat, et notamment de la théorie de l’intérêt général :
Buchanan a montré qu’en général, l’Etat n’adopte pas des solutions optimales. L’action
publique, d’une façon générale, adopte toujours une solution qui optimise la satisfaction des
décideurs (fonctionnaires, élus) plus que la satisfaction de la collectivité. L’élu, dans sa
recherche du pouvoir, adopte des positions qui visent sa réélection. Cela explique le poids des
lobbies dans l’action publique. L’homo œconomicus, face à ce fonctionnement, est conduit à
adopter une position de cavalier libre (il bénéficie des avantages sans en supporter les coûts et
même en les aggravant).
Théorie du vote : Buchanan critique les modalités d’organisation de la démocratie : le scrutin
majoritaire ne crée pas les conditions de l’efficacité sociale et en particulier elle conduit à
l’émergence de groupes de pression et à un marchandage politique pour l’adoption de règles
=> hausse structurelle des coûts sociaux au regard des gains attendus.
Théorie des effets pervers : Tullock montre que les comportements bureaucratiques ont la
même incidence sur la dépense de l’E. Le bureaucrate préfère l’immobilité au changement, la
croissance du budget qu’il gère à la stagnation ou la baisse. Il défend ses intérêts propres
(carrière) ou ceux de son service.
4. Théorie du capital humain
Elle est fondée sur l’étude des comportements humains, « le 3e âge de l’analyse économique »
selon Becker après :
1er âge : étude des mécanismes de production et de consommation matérielle
2e âge : étude de l’ensemble des rapports marchands
3e âge : étude de l’ensemble des comportements humains
La théorie du capital humain est au cœur de cette étude des comportements humains.
On appelle capital humain les activités qui influencent les revenus monétaires futurs
(éducation, scolaire ou non, formation professionnelle, soins médicaux, recherche
d’information (sur les prix, le R), les migrations), c’est-à-dire tout ce qui vise à accroître le
profit des investissements réalisés. L’optimum de l’investissement en capital humain se
trouve à l’intersection de la courbe d’offre d’un investissement individuel (croissante) et de la
courbe de D (décroissante), parce que l’amélioration du capital humain rend le temps plus
coûteux dans le processus d’investissement.
Human capital 1965, Gary Becker : les inégalités de revenu et de salaire sont pour Becker le
résultat de l’investissement différentiel des individus en capital humain. La différenciation
résulte du processus de choix des individus entre le présent et le futur (par exemple l’école).
Le champ d’application de la théorie du K humain s’est étendu à des domaines extrêmement
variés (qui ne font pas forcément partie du champ de l’analyse économique) :
- Arbitrage travail-loisir
- Interprétation du crime, de la déviance, dans une analyse du type coût-avantages
- Interprétation du mariage (coût-avantages), de la natalité
- Influence de Becker en sociologie, notamment sur Boudon et son individualisme méthodologique
Les choix les plus intimes peuvent s’expliquer comme le résultat de comportements rationnels
sous la contrainte de temps et de capital humain.
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