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Revue Marocaine de Rhumatologie
notamment ophtalmologiques. Les nouvelles techniques
d’imagerie ont pu changer la prise en charge clinique. La
corticothérapie constitue la pierre angulaire du traitement.
De nouvelles thérapeutiques émergent dans le but
d’épargne cortisonique. L’objectif de notre article est de
mettre le point sur cette vascularite notamment en ce qui
concerne les nouveautés paracliniques et thérapeutiques.
EPIDEMIOLOGIE
L’artérite à cellules géantes (ACG) ou maladie de
Horton touche le sujet de plus de 50 ans avec un pic de
fréquence entre 75 et 85 ans. Elle est caractérisée par une
prédominance féminine (2-3F=1H). L’incidence varie entre
1 à 30/100 000 habitants, avec une fréquence élevée
chez les pays Scandinaves et leurs descendances comme
au Minnesota (U.S.A), une fréquence intermédiaire en
Europe du sud et elle est rare en Afrique et en Asie (1,2).
L’incidence annuelle de la PPR est estimée à 52,5 pour
100 000 habitants (3).
PHYSIO-PATHOGENIE
Facteurs génétiques
L’ACG est favorisée par des facteurs génétiques multiples,
le mieux établi étant le génotype HLA-DRB1*04. En effet,
une forte prévalence de l’allèle de l’haplotype DRB1*04 a
été rapportée chez les patients ayant l’ACG par rapport à
la population générale (4). Une association semble exister
aussi entre l’allèle de l’haplotype HLADRB1* 04 et les
risques d’atteinte oculaire ou de résistance aux corticoïdes
(5, 6).
D’autres études ont montré que la susceptibilité de
développer une AGC est liée à un polymorphisme de
gènes impliqués dans le processus lésionnel comme
certaines molécules d’adhésion cellulaire (ICAM1
VCAM1..), cytokines (TNF, IL-6, IL-10..), et facteurs de
croissance (VEGF, PDGF...) (7).
Facteurs environnementaux
L’hypothèse d’un stimulus antigénique bactérien ou
viral initiateur du processus lésionnel a été évoquée,
surtout devant le caractère saisonnier des cas d’ACG
bien que les études soient controversées (2). Parmi les
agents pathogènes suspectés : il y a parvovirus B19,
mycoplasma pnemoniae, chlamydia pneumoniae, VRS,
virus Parainfluenza type I (8,9).
Récemment, Koening et al.MH ont rapporté à l’ACR que
l’ACG pourrait être due à une bactérie, souche Burkholderia
pseudomallei-like. Elle a été retrouvée par PCR dans les
artères temporales de patients atteints de l’ACG (ACR
2013). Ainsi si son rôle dans la physiopathologie de la
maladie de Horton est confirmé elle pourrait probablement
constituer une nouvelle cible thérapeutique.
Histologie
L’ACG se caractérise par la présence d’infiltrats
inflammatoires polymorphes (histiocytes, macrophages,
cellules géantes multinucléées et lymphocytes), intéressant
au moins deux tuniques de l’artère prédominant au niveau
de la partie interne de la média et par l’existence d’une
fragmentation de la limitante élastique interne avec
ou sans thrombose intraluminale. Les cellules géantes
multinucléées au contact de la limitante élastique interne
sont caractéristiques de l’ACG (10, 11).
D’autres lésions viennent d’être décrites récemment, ce sont
des lésions de microvascularite touchant les vasa vasorum
ou des petits vaisseaux extra-adventitiels « vascularite
des petits vaisseaux entourant une artère temporale non
inflammatoire» (12).
Mc Donnell et al. ont classé les lésions histologiques en
fonction du stade de la maladie de Horton en une artérite
active et une artérite séquellaire qui est souvent trompeuse
(13).
Mécanisme physiopathologique
Le processus lésionnel se déroule en trois phases incluant la
rupture de tolérance et activation des cellules dendritiques
résidantes de l’adventice, le recrutement des LT CD4+ et leur
polarisation ainsi que le remodelage vasculaire. L’ACG fait
intervenir initialement les lymphocytes T, ces derniers étant
activés après présentation d’un antigène inconnu par les
cellules dendritiques. L’activation des lymphocytes T conduit
à la production d’interféron permettant la prolifération et
la différentiation des macrophages en cellules géantes
multinucléées. Les macrophages activés au sein de la
paroi artérielle secrètent alors des cytokines inflammatoires
(IL-1, IL-6) ainsi que des métalloprotéases participant
au stress oxydatif à l’origine des lésions endothéliales.
Les macrophages produisent également des facteurs de
croissance dont le Platelet Derived Growth Factor (PDGF) et le
Fibroblast Growth Factor (FGF), aboutissant à la prolifération
et à la migration de myofibroblastes et à l’épaississement de
la média, ainsi que le Vascular Endothelial Growth Factor
(VEGF) contribuant à la néoangiogénèse et à l’épaississement
de l’intima, à l’origine de l’oblitération luminale (figure 1)
(14). Les signes généraux sont le fruit de l’intense réaction
inflammatoire, par ailleurs le remodelage vasculaire est
responsable des manifestations ischémiques de la maladie.
Artérite à cellules géantes