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Introduction:
L’analyse de l’évolution convergente peut permettre de mieux comprendre les mécanismes liés à l’évolution et
permettrait, sous l’hypothèse que les mêmes gènes (suite éventuellement à des pressions environnementales similaires)
seraient impliqués dans les mêmes changements phénotypiques, de mieux prédire les sites et les changements génétiques
impliqués pour un même phénotype. La convergence évolutive peut-être définie, au sens large, par l’apparition de
manière indépendante d’un même caractère plusieurs fois au cours de l’évolution au sein de lignées phylogénétiquement
éloignées (1). On distingue généralement l’évolution convergente et l’évolution parallèle. Dans le premier cas, le même
état dérivé d’un caractère est présent chez des espèces ne partageant pas d’ancêtre commun proche et où l’état ancestral
du caractère considéré n’est pas le même. Dans l’autre cas, l’état du caractère qui est apparu plusieurs fois dérive du
même état ancestral.
A l’heure actuelle, les facteurs conduisant à l’évolution du placenta sont encore méconnus et mal compris, or
cette structure semble être apparue plusieurs fois au cours de l’évolution et ce, dans différentes lignées telles que les
reptiles et les mammifères, d’où l’importance de comprendre l’évolution du placenta et de ses membranes fœtales
associées afin de déterminer si il y a eu convergence évolutive pour l’apparition de cette structure. Même si de
nombreuses variations de la structure du placenta et des membranes fœtales associées se prêtent à l’analyse cladistique,
Mess et Carter (2007) dans une étude récente ont obtenus des résultats contradictoires qui nécessitent de réexaminer la
question avec un plus large échantillonnage et puis éventuellement, avec la génomique comparative (2, 4).
D’une manière générale, la placentation est définie comme étant la formation et la croissance du placenta à
l’intérieur de l’utérus. Sa fonction est de transférer les nutriments des tissus maternels à l’embryon qui se développe (3).
Ici, nous allons nous intéresser principalement aux Mammifères et plus particulièrement aux Euthériens (Mammifères
placentaires). En effet, il n’y a pas de placentation chez les Monotrèmes (mammifères qui pondent des œufs), et les
Marsupiaux ou Métathériens possèdent un placenta rudimentaire avec lequel il est encore aujourd’hui difficile de
comparer les structures des placentas complexes des euthériens; la gestation des Marsupiaux est généralement très courte
puisque la plus grosse partie du développement se passe dans la poche, l’embryon est accroché à une tétine maternelle (5,
6, 7). Chez les Euthériens, le placenta se forme après que l’embryon s’est implanté dans la paroi de l’utérus (3). Les
placentas sont classés en fonction du nombre de tissus qui séparent le sang maternel et fœtal mais aussi en fonction de
leur type d’implantation et de leur pouvoir invasif (Annexe I). Ainsi, on distingue trois grand types de placentation au
sein des Euthéria : la placentation de type épithélio-chorial où le trophoblaste (cellules délimitant la périphérie de l’œuf)
est en contact direct avec l’épithélium utérin, la placentation de type endothélio-chorial où l’épithélium utérin a disparu et
où l’endothélium des capillaires maternels est en contact avec le trophoblaste, et la placentation de type hemo-chorial où
tout les tissus maternels ont disparus et où le sang maternel est en contact direct avec le chorion fœtal (Annexe I).
L’objectif est d’effectuer une reconstruction du caractère ancestral pour le type de placentation chez les
Euthériens afin de détecter d’éventuelles évolutions parallèles pour certains états de caractère au sein de cette lignée.
Dans un autre sujet présenté par M. Graig Germany, la même approche sera réalisée sur la lignée des squamates. Il est
important d’étudier d’abord l’évolution de la placentation au sein de ces deux lignées afin de pouvoir par la suite étudier
de manière plus fiable la présence d’éventuelles évolutions convergentes entre ces lignées pour le caractère apparition du
placenta.
Dans cette étude, nous souhaitons donc, déterminer comment la membrane interhaemale (barrière entre sang
maternel et fœtal) évolue chez les Euthériens en tentant de définir le type de barrière placentaire présent dans le plus
récent Ancêtre Commun des mammifères placentaires. Par des reconstructions ancestrales du caractère « type de
placentation » via l’interface Mesquite, nous allons rechercher les cas de convergences évolutives puis, par la suite, ces
cas seront appuyés ou réfutés par la recherche de signatures génomiques.
Matériel et Méthodes :
Création d’un jeu de donnée
La première partie de cette étude a consisté à rechercher et sélectionner le plus grand nombre d’espèces
possibles (225 au total) et à déterminer leur type de placentation parmi les trois grands types décrits précédemment
(Annexe V). Nous avons essayé de réaliser le plus grand échantillonnage possible afin de représenter au mieux
l’ensemble des groupes et sous-groupes phylogénétiques présents chez les Euthériens. Pour chaque espèce, nous avons
ensuite cherché leur type de placentation respectif via la recherche d’articles scientifiques à l’aide du moteur de recherche
Web of Sciences et de la base de donnée BiblioVie (8). Ainsi, lors des reconstructions ancestrale qui seront réalisées