Les affections de l'appareil locomoteur ‐ Partie 2 : les atteintes musculaires et tendineuses
L'exposé des affections de l'appareil locomoteur du chien fait l'objet de 4 fiches : les atteintes osseuses (partie 1), les
atteintes musculaires et tendineuses (partie 2), les atteintes articulaires (partie 3) et enfin les atteintes neurologiques et
vasculaires (partie 4). Des rappels anatomiques introductifs ont été placés dans la première fiche.
L'appareil locomoteur est l'ensemble des organes qui permet de se mouvoir : il se compose du squelette (os et
articulations de la colonne vertébrale et des membres), des muscles et des ligaments. Les os sont reliés entre eux au
niveau des articulations par des ligaments. Les muscles sont reliés aux os par les tendons.
Les atteintes musculaires
Les muscles sont responsables des mouvements et du maintien de la posture. Les troubles musculaires se caractérisent
par une faiblesse, de la fatigue, une démarche anormale, des boiteries et des douleurs à la palpation de certains groupes
musculaires.
Les courbatures
Les courbatures sont des douleurs musculaires diffuses généralement sans gravité, souvent consécutives à un effort important. La douleur apparaît dans les 24 à 48 heures après
l'exercice. Le muscle est alors tendu et dur et la mobilisation musculaire est douloureuse. Cette sensation dure de 2 à 5 jours.
Elles peuvent être également la manifestation d'une forte fièvre.
Les contractures et les crampes
Une contracture est une contraction musculaire involontaire au sein d'un muscle d'une durée inhabituellement longue, souvent associée à un effort excessif ou à un traumatisme.
La contracture est douloureuse même au repos et le muscle est enflé, sans hématome. Ces contractures récupèrent par l'application quotidienne de chaleur suivie d'étirements
passifs pendant 2 semaines.
Si la contracture n'est pas correctement soignée, il s'ensuit un remplacement des fibres musculaires par un tissu fibreux qui n'assure pas le fonctionnement normal du muscle.
Le chien de sport ou de travail, suite à un traumatisme ou à un effort excessif, peut présenter une contracture du muscle infraépineux. Dans une première phase, la contracture
se manifeste par une boiterie, une enflure et une douleur au niveau de l'épaule. Ces signes cliniques disparaissent au bout de 2 à 4 semaines puis la démarche devient anormale
avec une adduction du coude et une rotation externe du carpe. Le traitement des cas graves est chirurgical et consiste à retirer le tissu fibreux du muscle.
La contracture chronique du quadriceps est une conséquence d'une fracture mal soignée au niveau de l'humérus avec des adhérences entre les fibres musculaires et l'os. Le chien
a tendance à garder sa patte en extension. Par chirurgie, on décolle les tissus fibreux, le pronostic de l'intervention est cependant réservé.
Une crampe est une contracture musculaire involontaire de courte durée, visible et palpable. Elle régresse progressivement à l'étirement. Elle est due à un défaut d'entraînement,
un déficit vasculaire ou à une fatigue musculaire. La durée de la crampe est de quelques minutes.
Les élongations et les déchirures musculaires
L'élongation est un accident bénin qui correspond à l'étirement de quelques fibres musculaires, au delà des capacités élastiques du muscle, sans saignement. La douleur est brutale
mais souvent modérée et réapparaît au repos. La récupération est totale en quelques jours.
Une déchirure musculaire, aussi appelée « claquage », correspond à une élongation traumatique d'un muscle avec destruction de nombreuses fibres musculaires et saignement au
niveau du muscle. La douleur est violente et localisée, avec une boiterie immédiate et complète. La récupération est bonne après quelques jours de convalescence (de 15 jours à
quelques semaines).
La rupture partielle ou complète correspond à la rupture d'une partie ou de tout le muscle. Il s'agit d'une réelle lésion musculaire anatomiquement visible ; la douleur est très
violente et le membre n’est plus fonctionnel. L'immobilisation stricte est nécessaire pendant 21 à 45 jours.
Les élongations et les déchirures musculaires sont principalement décrites chez les chiens de sport et de travail. Le traitement inclut du repos et l'immobilisation du membre,
l'application de compresses froides et un traitement médical (anti‐inflammatoire).
Les contusions musculaires
La contusion est un écrasement des fibres musculaires par choc direct sur le muscle. Des ecchymoses (des « bleus ») apparaissent en 24 à 48 heures après le traumatisme. La
récupération se fait en 8 jours pour les cas bénins mais peut atteindre 45 jours dans les cas graves.
Les myosites
Il s'agit d'atteinte infectieuse ou immunologique du muscle. Elles évoluent le plus souvent en association avec une maladie générale. Ce sont des affections relativement
douloureuses.
Les myasthénies
La myasthénie (ou myasthenia gravis) comporte une forme congénitale (fatale en quelques mois) et une forme acquise, immunitaire. Elle est la conséquence d'un blocage neuro‐
musculaire par un blocage ou un déficit en récepteurs d'un neurotransmetteur, l'acétylcholine. La myasthénie est caractérisée par une faiblesse à l'exercice et une parésie, en
particulier des membres postérieurs. Après l'exercice, la récupération se produit en quelques minutes mais la faiblesse est exacerbée par la poursuite de l'exercice. Ces animaux
présentent également souvent des régurgitations alimentaires et parfois des pneumonies par fausse route. On réalise le diagnostic en administrant des molécules qui libèrent les
récepteurs à l'acétylcholine. Le traitement permet de contrôler les signes cliniques et améliore la survie.
Les atteintes musculaires toxiques : l'hypokaliémie du chat
Une chute du taux de potassium dans le sang du chat (à cause d'une perte excessive de potassium par les urines ou par des vomissements ou à cause d'un déficit alimentaire) est à
l'origine d'une faiblesse généralisée de l'animal, d'une démarche anormale, d'une anorexie et de douleurs musculaires. Le pronostic est excellent avec un diagnostic précoce et un
traitement de complémentation.
Les atteintes musculaires tumorales
Les tumeurs du muscle peuvent être bénignes ou malignes. Certains cancers peuvent métastaser au niveau des muscles. Enfin, des tumeurs locales peuvent envahir les muscles
adjacents.
Ces tumeurs se manifestent par un gonflement localisé et une boiterie. Le diagnostic est réalisé par biopsie et histologie. Le traitement et le pronostic dépendent de la nature de
la tumeur.
Les affections musculaires rares
Il existe des anomalies congénitales de la formation du muscle, en particulier chez le Labrador, dont la cause est inconnue. Les muscles sont alors atrophiés et l'animal présente un
retard de croissance ; les animaux peuvent cependant avoir une durée de vie normale. Aucun traitement efficace n'existe.
D'autres maladies du muscle se caractérisent par un remplacement de la fibre musculaire soit par des fibres de collagène (myopathie fibrotique) soit par un tissu osseux (myosite
ossifiante). Un traitement chirurgical est parfois proposé.
La polymyosite est une affection immunitaire et inflammatoire du muscle qui provoque une léthargie, une faiblesse, une perte de poids, des boiteries et une douleur musculaire. Le
traitement est médical (corticoïdes).
Les atteintes tendineuses
Les tendinites
Une tendinite est une inflammation du tendon, secondaire à une sollicitation trop importante de celui‐ci (exercice physique soutenu et intense, en particulier sur un animal en
faible condition physique). La tendinite se manifeste par une boiterie qui a tendance à s'aggraver au cours de l'exercice. Ces tendinites peuvent aller jusqu'à la rupture tendineuse.
Les ruptures tendineuses
Les tendons se rompent à la faveur d'un traumatisme, perforant ou non au niveau de l'insertion d'un muscle sur l'os : chute sur un objet tranchant ou contondant, élongation
anormale d'une articulation, choc violent. La reconstruction chirurgicale s'impose dans la plupart des cas, accompagnée d'une immobilisation.
La rupture du tendon d'Achille
Il s'agit d'une lésion traumatique, aiguë, rencontrée essentiellement chez le chien adulte de travail ou de sport. La rupture peut être partielle ou complète. Il en résulte une
boiterie sévère avec une démarche sur les talons, en plantigradie. La reconstruction chirurgicale est nécessaire ; le pronostic dépend de la blessure et du travail ultérieur du
chien.
La ténosynovite du tendon du biceps
Il s'agit d'une inflammation du tendon du biceps, habituellement sur les chiens adultes de gros gabarit. L'origine est souvent traumatique, liée à une surexploitation de l'articulation.
Une boiterie intermittente s'installe, aggravée après l'effort et s'améliorant au repos. Le tendon présente alors une calcification visible à la radiographie. Le repos et les anti‐
inflammatoires traitent les cas bénins. Il est parfois nécessaire d'intervenir chirurgicalement.