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Revue Marocaine de Rhumatologie
F. Rahal et al.
DOSSIER RHUMATISMES ET INFECTIONS
Au moment des manifestations articulaires les symptômes de
l’affection déclenchante (surtout digestive) ont le plus souvent
disparu. Les cultures (coprocultures) sont donc négatives,
mais cela n’élimine pas le diagnostic. La recherche et le
suivi des anticorps dirigés contre les bactéries le plus souvent
impliquées dans les AR à porte d’entrée digestive (Yersinia,
Salmonella, Shigella, Campylobacter), peuvent être d’une
aide au diagnostic. Cependant, leur interprétation est
difficile en raison des réactions croisées.
a. Infection vaginale
La grande fréquence du portage asymptomatique urétral
ou vaginal de Chlamydia, ainsi que les conséquences
thérapeutiques qui découlent de sa mise en évidence justifient
la réalisation systématique de tests diagnostiques appropriés,
dans le bilan d’une arthrite d’étiologie indéterminée. Le
diagnostic d’infection à Chlamydia trachomatis repose soit
sur des tests bactériologiques, soit sur des tests sérologiques.
• Le prélèvement génital par écouvillonnage urétral (et
endocervical chez la femme) est une technique délicate en
raison de la fragilité de la bactérie, il permet cependant sa
mise en culture sur une lignée cellulaire ou la recherche des
antigènes bactériens, soit par immunofluorescence directe
sur frottis, soit par technique ELISA.
La mise en évidence d’inclusions de Chamydia après culture
est la technique de détection considérée comme la plus
spécifique (100%), mais sa sensibilité est variable, de 50%
à 80% selon le laboratoire. La détection des antigènes de
Chlamydia, qu’elle soit pratiquée par immunofluorescence
directe sur frottis cellulaire réalisé à partir du prélèvement
local, ou par technique ELISA a une sensibilité inférieure.
• La détection de l’ADN bactérien par amplication génique
(PCR) est maintenant devenue la technique bactériologique
de référence. En effet, la sensibilité de cette technique est
supérieure à celle de la culture (> 95%), tout en conservant
une spécificité proche de 100%. De plus elle a l’avantage
de la facilité, puisqu’elle est réalisable sur le culot cellulaire
obtenu en centrifugeant les 1ères urines du matin. Les tests
sérologiques basés sur la détection des anticorps anti-
Chlamydia circulants n’ont plus actuellement qu’un intérêt
secondaire pour le diagnostic des infections uro-génitales
basses à Chlamydia.
b. Infection digestive
En cas de porte d’entrée digestive, l’identification du germe
responsable a moins d’intérêt pratique qu’en cas de porte
d’entrée urétrale. En effet elle est sans conséquence pour le
traitement du patient. Le diagnostic bactériologique repose
sur la coproculture. Quel que soit l’espèce bactérienne
responsable (Yersinia, Salmonella, Shigella), cet examen
n’est généralement positif qu’à la période initiale de diarrhée.
Lorsque les manifestations d’AR surviennent, entre 1 et 4
semaines plus tard, la bactérie a habituellement été éliminée
et n’est plus détectée dans les selles. Il est donc inutile de
vouloir la rechercher à ce moment-là.
Le diagnostic sérologique des différentes espèces
d’entérobactéries responsables d’AR est difficile, en raison
des nombreuses réactions croisées entre espèces voisines
pouvant conclure à des faux positifs ou des faux négatifs. Ces
tests représentent toutefois la seule façon pratique de rattacher
un tableau clinique d’AR à une infection récente par une
entérobactérie, en dehors du cas particulier des épidémies
de gastro-entérite dues à un germe parfaitement identifié.
Dans la situation fréquente de suspicion d’AR secondaire à
une gastro-entérite sporadique, ils n’ont pas d’utilité et leur
prescription systématique n’est pas recommandable.
5. Typage HLA
Comme pour les autres variétés de SPA, il existe une forte
association entre l’antigène majeur d’histocompatibilité
de classe I, HLA-B27 et la survenue d’AR. Alors que
la prévalence de l’allèle B27 est de 7,5% dans la
population générale caucasienne, sa fréquence chez les
patients atteints d’AR varie de 60% en cas d’AR post-
chlamydienne, à 70-80% pour les formes succédant à une
infection digestive.
La recherche isolée du B27 se justifie dans les formes
incomplètes d’AR (en particulier lorsque les critères de SPA
ne sont pas par ailleurs remplis). Mais il existe des faux
négatifs (5) et avant de conclure à la négativité de cette
recherche, il vaut mieux en vérifier le résultat en faisant
pratiquer un typage HLA-B, qui identifiera précisément
les allèles présents au locus HLA-B. Ce typage permet
l’identification des deux allèles, le plus souvent différents (ce
qui correspond aux individus hétérozygotes). Si aucun de
ces allèles n’est le B27, on exclut sa présence avec certitude.
Toutefois lorsqu’un seul allèle non B27 est identifié, ce qui est
le cas chez les individus homozygotes, on ne peut exclure
formellement un problème de détection du B27.
6. Sérologie VIH
Il existe une association non fortuite entre AR et infection
par le VIH, souvent révélatrice de l’infection virale, justifiant
la réalisation d’une sérologie VIH devant un tableau d’AR.
IMAGERIE
1. Radiographie standard
Au début de la maladie les radiographies sont souvent
normales en dehors d’un épaississement des parties