
la Côte d’Ivoire qui vient, à peine, de sortir de la guerre civile. Ce n’est pas un hasard si la contribution
des différents secteurs au PIB montre que la croissance de celui-ci a pour origine le secteur tertiaire qui
représente en moyenne 61% du PIB. Ceci dénote de la prédominance des activités informelles dont
une bonne partie est précisément incluse dans le secteur tertiaire. En second lieu, l’absence de
politiques sectorielles cohérentes plombe la croissance à moyen et long terme. Les
investissements dans les secteurs porteurs de croissance et d’emplois au niveau des trois piliers que
sont l’économie verte et durable, l’économie industrielle et l’économie numérique sont demeurés, durant
tout le quinquennat, très faibles. La politique économique est réduite à la juxtaposition de plusieurs
projets techniquement mal ficelés et non articulés aux programmes comme le 11ème Plan, le DSRP et la
Stratégie de Croissance accélérée. Quelques projets pharaoniques sont mis en chantier
(Infrastructures, Corniche de Dakar, Aéroport de Diass, Port Autonome de Dakar, Plan Takal etc.) et ont
constitué de gigantesques gouffres financiers et des sources de corruption et de concussion. En
troisième lieu, l’endettement bien que soutenable est en train de s’envoler. Le Ministre de
l’Economie et des Finances observait «qu’il faut une meilleure et vigilante gestion pour éviter les
dérapages ». Malgré cette mise en garde les dérapages n’ont pu être évités. En quatrième lieu, le
déficit de la Balance Commerciale s’est creusé. Ce déficit est une option délibérée pour accroitre les
ressources budgétaires car il provient principalement de trois rubriques : les importations alimentaires,
les importations de biens somptuaires et les importations pétrolières. Les droits de porte et les recettes
fiscales ont permis de disposer de flux importants et constants de ressources à répartir. Les plans
Goana, Reva, Solaire, Biocarburants n’ont été que des effets d’annonce et des gouffres à sous. En
cinquième lieu, le déficit budgétaire établit que l’Etat vit largement au dessus de ses moyens.
Son niveau élevé procède de la transformation du pays en un vaste bazar (accroissement des recettes
provenant des droits de porte et des recettes fiscales). Quand aux dépenses, elles ont servi à entretenir
une superstructure institutionnelle prédatrice par ses effectifs pléthoriques et son entretien coûteux.
Ces insuffisances économiques sont à la base d’un malaise social qui a affecté principalement
les classes populaires et même les classes moyennes naissantes.
II/ Le malaise social des couches populaires au premier rang desquelles la jeunesse.
Le système politique et économique patriarcal a fini par plonger le pays dans une crise sociale
d’une très grande ampleur. Celle-ci se manifeste d’une part dans l’accroissement du couple infernal
pauvreté et chômage et d’autre part dans la dépréciation du pouvoir d’achat. En effet, la structure des
dépenses publiques n’est ni en cohérence avec les objectifs de développement social régulièrement
affichés par le gouvernement ni en conformité avec les exigences du développement humain.
L’évolution des ratios de développement humain qui permettent de mesurer le niveau de réalisation des
objectifs de l’Initiative 20/20 indique que le Sénégal est loin des normes minimales exigées. Le pouvoir
d’achat de toutes les couches sociales s’est fortement détérioré avec la généralisation du
renchérissement des prix des biens de première nécessité. Examinons brièvement ces 3 éléments.
D’abord, le couple pauvreté et chômage s’est approfondi. En milieu rural, 65,2% des individus et
57,5% des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ces pourcentages sont plus faibles dans
les autres villes (respectivement 50,1% et 43,3%) et nettement plus bas à Dakar (42,0% et 33,6%). La
proportion de demandeurs d’emploi dépourvus de diplôme reste très élevée au Sénégal. Elle est de
l’ordre de 57% là où seuls 1,6% sont titulaires d’un diplôme universitaire. Quant au marché de l’emploi,
il est marqué par le phénomène du sous-emploi. Et d’après le DSRP, le taux de sous-emploi visible
s’établit à 21,8% de la population active. Ensuite, le coût élevé de la vie a atteint des niveaux
inacceptables avec l’envol des prix des denrées de première nécessité. Les populations
connaissent une paupérisation absolue et une précarité importante. Selon les Services de la
Statistique, « Rien qu’en 2010, les prix des services de « logement, eau, électricité, gaz et autres
combustibles » ont crû de 2,1%. La plus importante hausse a été enregistrée par la composante «
électricité, gaz et autres combustibles » (+6,5%), sous l’effet d’une forte croissance des prix moyens à