Angiœdème
:
diagnostics
différentiels
David
Launay
1,2,3,4
1.
Université
de
Lille,
faculté
de
médecine,
59045
Lille
cedex,
France
2.
CHRU
de
Lille,
hôpital
Claude-Huriez,
Centre
national
de
référence
de
la
sclérodermie
systémique,
service
de
médecine
interne,
59037
Lille
cedex,
France
3.
EA2686,
59000
Lille,
France
4.
Centre
national
de
référence
des
angiœdèmes
à
kinine
(CREAK),
38700
La
Tronche,
France
Correspondance
:
David
Launay,
CHRU
de
Lille,
hôpital
Claude-Huriez,
service
de
médecine
interne,
rue
Michel-Polonovski,
59037
Lille
cedex,
France.
Disponible
sur
internet
le
:
18
décembre
2014
Points
essentiels
L'angiœdème
(AE)
est
un
syndrome
clinique
défini
par
un
gonflement
localisé
du
derme
profond
ou
des
tissus
sous-cutanés
ou
sous-muqueux.
Il
apparaît
rapidement,
n'est
pas
prurigineux,
toujours
circonscrit,
transitoire
et
disparaît
sans
séquelles.
Un
gonflement
qui
ne
répond
pas
à
ces
critères
n'est
pas
un
AE.
La
démarche
étiologique
d'un
AE
(histaminique
ou
bradykinique)
ne
doit
être
commencée
qu'après
vérification
qu'il
s'agit
bien
d'un
AE.
Parmi
les
diagnostics
différentiels,
deux
situations
peuvent
être
particulièrement
trompeuses
:
les
œdèmes
généralisés
mais
évoluant
par
poussées
ou
semblant
prédominer
dans
une
zone
corporelle
;
les
œdèmes
localisés
permanents
mais
qui
dans
la
phase
d'installation
peuvent
fluctuer
dans
le
temps
et
passer
pour
une
«
poussée
d'angiœdème
».
Il
faut
savoir
remettre
en
cause
un
diagnostic
d'AE
lorsque
l'évolution
est
atypique
ou
devant
une
résistance
au
traitement.
L'AE
héréditaire
est
une
pathologie
rare
alors
que
l'AE
histaminique
est
beaucoup
plus
fréquent
(attention
au
sur-diagnostic
de
la
pathologie
rare).
Même
chez
les
patients
ayant
un
AE
connu
et
avéré,
il
faut
savoir
évoquer
un
diagnostic
différentiel
devant
toute
manifestation
compatible
avec
une
poussée
mais
atypique
ou
répondant
mal
au
traitement.
Key
points
Angioedema:
Differential
diagnosis
Angioedema
(AO)
is
a
clinical
syndrome
dened
by
a
local
swelling
of
the
deep
dermis
or
subcutaneous/submucosal
tissues.
AO
is
of
rapid
installation,
non-pruritic,
always
circumscribed
and
transitory
without
any
sequellae.
A
swelling
not
fullling
these
characteristics
is
not
an
AO.
tome
44
>
n81
>
janvier
2015
http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2014.06.016
©
2014
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Masson
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droits
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30 Mise au point
ANGIŒD
EME
Dossier
thématique
Presse
Med.
2015;
44:
3036
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www.sciencedirect.com
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L'angiœdème
ou
sa
suspicion
est
un
motif
fréquent
de
consultation
dans
les
services
d'accueil
des
urgences
ainsi
que
dans
différents
services
de
spécialité
[1].
À
côté
de
certaines
situations
relativement
simples
mais
assez
rares,
telle
une
nouvelle
poussée
d'angiœdème
typique
chez
un
patient
ayant
un
diagnostic
connu
(angiœdème
héréditaire
ou
angiœdème
histaminique,
par
exemple),
la
plupart
des
situations
nécessi-
tent
une
démarche
diagnostique
précise.
La
première
question
à
se
poser
est
:
s'agit-il
bien
d'un
angiœ-
dème
?
Pour
triviale
qu'elle
puisse
apparaître,
cette
question
est
cependant,
comme
nous
le
verrons,
fondamentale
mais
pas
toujours
aisée.
Y
répondre
peut
éviter
une
errance
diagnostique
ou
thérapeutique
ou
des
examens
complémentaires
inadaptés.
Il
est
également
essentiel
de
ne
se
poser
la
question
du
méca-
nisme
éventuel
d'un
hypothétique
angiœdème
qu'une
fois
certain
qu'il
s'agisse
bien
d'un
angiœdème
ou
que
la
présenta-
tion
clinique
soit
effectivement
compatible.
Faire
l'inverse,
c'est-
à-dire,
par
exemple,
doser
le
C1
inhibiteur
(C1
Inh)
quantitatif
ou
fonctionnel
devant
un
tableau
non
compatible
avec
un
angiœdème,
est
s'exposer
à
des
erreurs
diagnostiques
et
notamment
un
diagnostic
par
excès.
Il
faut
cependant
recon-
naître
que
certains
diagnostics
différentiels
de
l'angiœdème
sont
particulièrement
trompeurs,
notamment
par
le
caractère
récidivant
et
évoluant
par
crise
de
leurs
manifestations,
et
que
seul
l'examen
clinique
attentif,
l'interprétation
des
examens
complémentaires
comprenant
la
recherche
de
pathologies
se
manifestant
par
des
angiœdèmes
et
parfois
seule
l'évolution
permettront
un
diagnostic
correct.
Il
faut
d'ailleurs
savoir
remet-
tre
en
cause
régulièrement
un
diagnostic
posé
d'angiœdème
lorsque
cette
évolution
devient
atypique
soit
cliniquement
soit
par
la
résistance
à
un
traitement
bien
conduit.
Le
deuxième
élément
de
réflexion
découle
de
la
pratique
clinique
:
il
faut
savoir
évoquer
un
diagnostic
différentiel
de
l'angiœdème
même
si
le
patient
a
un
angiœdème
connu.
C'est
particulièrement
vrai
pour
les
localisations
viscérales
de
l'angiœdème
ou
en
cas
d'atypie
et
notamment
de
résistance
à
un
traitement
bien
conduit
[2].
Les
médecins
ayant
en
charge
ces
patients
ont
de
multiples
exemples
de
patients
ayant
un
angiœdème
héréditaire
dont
la
«
crise
abdominale
résistante
»
était
en
fait
une
péritonite
appendiculaire
ou
une
pancréatique
lithiasique.
.
.
Mais
c'est
aussi
exact
pour
des
localisations
a
priori
hors
de
tout
soupçon
comme
un
œdème
jugal,
résistant
au
traitement,
mais
dont
l'analyse
sémiologique
et
le
suivi
a
per-
mis
de
diagnostiquer
soit
une
cellulite
dentaire
soit
une
paro-
tidite
chez
un
patient
ayant
pourtant
un
angiœdème
héréditaire
avéré.
.
.
Le
troisième
élément
de
réflexion
est
que
les
angiœdèmes
héréditaires
sont
des
maladies
rares,
contrairement
à
d'autres
diagnostics
différentiels.
Il
est
prudent
d'évoquer
d'abord
les
pathologies
les
plus
fréquents,
tout
en
gardant
à
l'esprit
la
possibilité
d'une
maladie
rare.
Dans
cette
mise
au
point,
nous
aborderons
le
diagnostic
positif
et
les
diagnostics
différentiels
des
angiœdèmes.
Nous
n'aborderons
pas
les
différents
méca-
nismes
(histaminiques
versus
bradykiniques)
des
angiœdèmes
avérés.
Diagnostic
positif
Un
angiœdème
est
un
syndrome
clinique
défini
par
un
gon-
flement
localisé
du
derme
profond
ou
des
tissus
sous-cutanés
ou
sous-muqueux,
lié
à
une
dilatation
et
une
augmentation
de
la
perméabilité
vasculaire
locale.
Ce
gonflement
est
d'apparition
rapide,
en
quelques
minutes
ou
en
quelques
heures
[3,4].
Il
n'est
pas
prurigineux
mais
peut
être
douloureux.
Il
est
souvent
blanc
ou
légèrement
rosé,
mou,
déformant
et
toujours
cir-
conscrit.
Il
est
toujours
transitoire
et
dure
de
quelques
heures
à
quelques
jours.
Il
disparaît
complètement,
généralement
en
moins
de
7
jours,
sans
exception,
et
sans
aucune
séquelle.
Il
est
le
plus
souvent
récidivant.
Les
localisations
les
plus
fréquentes
de
l'angiœdème
sont
les
extrémités,
la
face,
les
voies
aériennes
supérieures
et
l'abdo-
men
[5,6].
D'autres
localisations
sont
possibles
mais
moins
fréquentes
:
appareil
génital,
système
urinaire.
.
.
Diagnostic
différentiel
Les
caractéristiques
cliniques
décrites
ci-dessus
peuvent
égale-
ment
se
décliner
en
miroir
:
tout
gonflement
généralisé
et/ou
Characterization
of
the
bradykinic
or
histaminic
mechanism
should
not
be
started
until
it
is
rmly
established
that
the
patient
has
an
AO.
Among
differential
diagnosis
of
AO,
two
clinical
situations
can
be
particularly
misleading:
generalized
edema
with
are
and
remission
or
with
a
subjective
or
objective
localized
pre-
dominance;
permanent
localized
edema
but
with
uctuation
during
time.
Diagnosis
of
AO
should
be
questioned
if
the
evolution
is
unusual
or
if
there
is
a
resistance
to
the
treatment.
Hereditary
AO
are
rare
diseases
whereas
histaminic
AO
are
much
more
frequent
(beware
of
overdiagnosis
of
a
rare
disease).
Even
in
patients
with
a
known
and
real
AO,
a
differential
diagnosis
should
be
evoked
when
a
new
clinical
manifestation
is
atypical
or
is
treatment
resistant.
Angiœdème
:
diagnostics
différentiels
ANGIŒD
EME
tome
44
>
n81
>
janvier
2015
31 Mise au point
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/04/2017 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
inflammatoire
et/ou
permanent
et/ou
durant
plusieurs
semaines
et/ou
laissant
des
séquelles
ne
peut
pas
être
un
angiœdème
et
la
démarche
étiologique
d'un
angiœdème,
tel
le
dosage
de
C1
Inh,
est
inutile,
voire
peut
fausser
les
pistes
en
mettant
en
évidence
des
petites
anomalies
qui
seront
finalement
sans
rapport
avec
la
pathologie
en
cause
[7].
La
présence
de
fièvre
ou
de
lésions
cutanées
en
regard
du
gonflement,
tels
des
vésicules
ou
un
placard
inflammatoire,
est
également
en
faveur
d'un
diagnostic
d'angiœdème.
Une
mauvaise
démarche
diagnostique
est
illustrée
par
l'exemple
suivant
:
mise
en
évidence
d'une
altération
modérée
de
la
fonction
du
C1
Inh,
liée
par
exemple
à
la
prise
d'estrogènes,
et
aboutissant
à
tort
à
un
diagnostic
d'angiœdème
héréditaire
de
type
III,
ce
dosage
ayant
été
demandé
chez
une
patiente
ayant
finalement,
par
exemple,
une
cellulite
de
la
face
ou
un
syndrome
de
Melkersson-Rosenthal
ou
une
tumeur
oro-
faciale
se
manifestant
par
un
gonflement
permanent.
D'autre
part,
chaque
localisation
(extrémités,
voies
aériennes
supé-
rieures
ou
face,
abdomen)
de
l'angiœdème
à
ses
propres
diagnostics
différentiels.
Certaines
situations
sont
cependant
particulièrement
difficiles
à
différencier
de
l'angiœdème.
C'est
notamment
le
cas
d'un
œdème
généralisé
évoluant
par
crise
avec
une
rémission
compte,
ou
alors
d'un
œdème
généralisé
mais
prédominant
objectivement
ou
subjectivement
à
un
endroit
passant
ainsi
pour
des
«
poussées
d'angiœdème
localisé
».
C'est
aussi
le
cas
d'un
œdème
localisé,
finalement
permanent,
mais
initialement
fluctuant
avec
des
périodes
de
rémissions
plus
ou
moins
longues,
avant
de
devenir
effectivement
perma-
nent.
Cette
période
faite
de
rémissions
et
de
récidives
de
l'œdème
localisé,
finalement
permanent,
peut
assez
facile-
ment
passer
pour
des
poussées
d'angiœdème.
La
démarche
diagnostique
simplifiée
face
à
un
œdème
est
résumée
sur
la
gure
1.
Œdème
généralisé
Par
définition,
l'angiœdème
n'est
pas
un
gonflement
ou
œdème
généralisé
et
de
ce
fait
certains
diagnostics
sont
relativement
faciles
à
éliminer
tels
que
la
rétention
hydrosodée
d'origine
cardiaque,
rénale
ou
hépatique,
les
hypoprotidémies
et
l'hypo-
thyroïdie.
Les
causes
médicamenteuses
méritent
également
d'être
évoquées
tel
les
inhibiteurs
calciques.
Cependant,
la
présentation
est
parfois
trompeuse,
notamment
lorsque
l'œdème
diffus
apparaît
faussement
localisé
par
la
pesanteur
ou
les
contraintes
mécaniques
et/ou
qu'il
évolue
par
poussée.
Ainsi,
le
ou
la
patiente
va
se
plaindre
«
d'œdème
des
mains
»
alors
qu'il
est
en
fait
généralisé.
Parmi
les
œdèmes
généralisés
évoluant
par
poussées,
deux
diagnostics
liés
à
un
trouble
de
la
perméabilité
capillaire
doivent
être
évoqués,
l'un
parce
qu'il
est
fréquent
et
l'autre
parce
qu'il
est
grave
:
l'œdème
cyclique
idiopathique
et
les
syndromes
d'hyperperméabilité
capillaire
paroxystiques.
Figure
1
Démarche
diagnostique
simplifiée
face
à
un
œdème
généralisé
ou
localisé
D.
Launay
tome
44
>
n81
>
janvier
2015
32 Mise au point
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L'œdème
cyclique
idiopathique
se
manifeste
par
une
prise
de
poids
et
des
œdèmes
lors
de
la
période
menstruelle
et
est
lié
à
une
hyperperméabilité
capillaire
probablement
d'origine
hormonale
[8].
Ces
œdèmes
évoluent
dont
par
poussées.
La
prise
de
poids
n'est
pas
toujours
notée
par
les
patientes
et
le
diagnostic
différentiel
avec
un
angiœdème
peut
être
parfois
difficile.
Il
est
très
important
de
demander
aux
patien-
tes
si
elles
prennent
du
poids
lors
de
la
«
poussée
»
(et
donc
de
les
peser)
et
d'interroger
précisément
sur
la
localisation
des
œdèmes
qui
apparaîtront
finalement
diffus.
La
recherche
d'une
hyperperméabilité
capillaire
par
un
test
isotopique
au
sérum
albumine
marquée
au
99m
Tc
(test
de
Landis)
peut
alors
être
utile.
Le
syndrome
d'hyperperméabilité
capillaire
systémique
(ou
syndrome
de
Clarkson)
se
manifeste
par
des
œdèmes
généra-
lisés
évoluant
par
poussées
avec
prise
de
poids
et,
dans
les
formes
les
plus
graves,
hypotension
et
choc
[9].
Dans
les
formes
moins
sévères,
la
problématique
du
diagnostic
différentiel
avec
les
angiœdèmes
est
la
même
qu'avec
les
œdèmes
cycliques
idiopathiques.
La
notion
de
prise
de
poids
signe
le
caractère
généralisé
de
l'œdème
et
exclut
de
ce
fait
le
diagnostic
d'angiœ-
dème.
encore,
le
test
de
Landis
peut
aider.
Enfin,
la
présence
d'un
pic
monoclonal
est
caractéristique
de
cette
maladie
et,
lors
des
poussées,
il
existe
une
hémoconcentration
(augmentation
de
l'hématocrite)
avec
une
hypoalbuminémie
paradoxale,
aussi
caractéristique
et
non
retrouvée
dans
l'angiœdème
même
sévère.
Œdème
permanent
ou
inflammatoire
des
extrémités
Certaines
pathologies
s'accompagnent
de
gonflements
des
extrémités
pouvant
mimer
un
angiœdème
mais
s'en
différen-
cient
par
leur
caractère
permanent
et/ou
inflammatoire.
Parmi
les
œdèmes
permanents
et
non
inflammatoires,
les
lymphœ-
dèmes
sont
les
plus
fréquents.
En
cas
d'installation
subaiguë,
il
faudra
évoquer
les
thromboses
ou
compressions
veineuses.
En
cas
d'œdème
inflammatoire
aigu,
les
causes
infectieuses
sont
bien
sûr
à
privilégier.
Ainsi,
les
dermohypodermites
infectieuses
peuvent
parfois
avoir
un
début
rapide,
ne
se
manifestant
que
par
un
œdème
isolé
d'un
membre
ou
de
l'appareil
génital
et
pouvant
mimer
un
angiœdème.
Le
terrain
et
l'évolution
per-
mettent
de
redresser
le
diagnostic
et
il
faut
surtout
se
méfier
alors
d'un
test
par
des
corticoïdes
dans
une
hypothèse
allergique
qui
aggraverait
bien
sûr
cette
complication
infectieuse.
Un
aspect
de
pseudo-érysipèle
avec
un
œdème
localisé
aigu
peut
s'observer
au
cours
de
certaines
maladies
auto-inflammatoires,
en
particulier
le
syndrome
TRAPS
[10,11].
Enfin,
les
envenima-
tions
peuvent
également
se
manifester
par
un
œdème
aigu
inflammatoire.
En
cas
d'installation
plus
subaiguë
de
l'œdème,
une
arthrite
ou
une
ténosynovite
importante
doivent
être
évoquées
et
peuvent
mimer
un
angiœdème.
L'atteinte
est
le
plus
souvent
permanente,
très
localisée
ou
circonscrite
aux
articulations
et
l'existence
d'un
syndrome
inflammatoire
permettra
aussi
d'évo-
quer
un
diagnostic
différentiel.
Certaines
connectivites
ou
mala-
dies
systémiques
peuvent
avoir
un
début
œdémateux
au
niveau
des
doigts
et
des
mains.
C'est
notamment
le
cas
du
RS3PE
pour
remitting
symmetrical
seronegative
synovitis
with
pitting
edema
(gure
2).
Cette
pathologie
touche
électivement
le
sujet
âgé
de
plus
de
60
ans.
Son
début
est
rapide
avec
un
œdème
bilatéral,
symétrique
et
distal,
blanc
et
mou
et
qui
a
la
parti-
cularité
de
prendre
de
manière
évidente
le
godet.
L'œdème
atteint
préférentiellement
le
dos
des
mains.
Ce
qui
permet
d'évoquer
un
diagnostic
différentiel
avec
un
angiœdème
sont
la
présence
d'une
polyarthrite
associée,
le
godet
majeur
et
le
syndrome
inflammatoire
biologique
souvent
considérable
[12].
D'autres
connectivites
ou
vascularites
peuvent
débuter
par
un
aspect
très
œdémateux
des
mains
et
des
doigts
comme
la
sclérodermie
systémique,
le
syndrome
de
Sharp
ou
la
panarté-
rite
noueuse.
encore,
plusieurs
éléments
et
notamment
le
caractère
le
plus
souvent
permanent
de
l'œdème,
le
contexte
général
et
les
anomalies
cliniques
et
biologiques
permettront
de
redresser
le
diagnostic.
Atteinte
de
la
face
et
des
voies
aériennes
supérieures
Œdème
permanent
Certaines
pathologies
s'accompagnant
d'un
œdème
permanent
de
la
face
ou
des
voies
aériennes
supérieures
peuvent
être
difficiles
à
différencier
d'un
angiœdème,
notamment
si
initia-
lement
elles
fluctuent
dans
le
temps.
Figure
2
Remitting
symmetrical
seronegative
synovitis
with
pitting
edema
(RS3PE)
Noter
l'œdème
du
dos
de
la
main
et
la
polyarthrite
touchant
les
articulations
métacarpophalangiennes
et
interphalangiennes.
Angiœdème
:
diagnostics
différentiels
ANGIŒD
EME
tome
44
>
n81
>
janvier
2015
33 Mise au point
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 19/04/2017 Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Syndrome
cave
supérieur
Il
est
lié
à
une
compression
ou
une
obstruction
de
la
veine
cave
supérieure.
Il
se
présente
sous
la
forme
d'une
cyanose
localisée
du
visage,
d'un
œdème
en
pèlerine
plus
marqué
le
matin
en
position
couchée,
d'une
turgescence
veineuse
jugulaire
et
d'une
circulation
collatérale
thoracique
antérieure.
De
diagnostic
rela-
tivement
aisé
lorsqu'il
est
avancé,
le
syndrome
cave
supérieur
peut
être
un
diagnostic
différentiel
difficile
de
l'angiœdème
lorsqu'il
est
débutant
et
fluctuant
et
que
la
prédominance
matinale
peut
passer
pour
une
«
poussée
».
Emphysème
sous-cutané
Il
peut
survenir
entre
autres
après
une
chirurgie
de
la
tête
et
du
cou,
un
traumatisme
ou
un
pneumothorax.
L'œdème
est
perma-
nent.
Une
des
difficultés
diagnostiques
est
que
quelques
cas
ont
été
rapportés
après
des
soins
dentaires,
ce
qui
est
bien
sûr
important
à
considérer,
notamment
chez
les
patients
ayant
un
angiœdème
héréditaire
connu
et
souffrant
d'un
œdème
après
soins
dentaires
[13].
La
palpation
du
gonflement
est
alors
très
importante
et
peut
révéler
une
crépitation
neigeuse.
Un
exa-
men
d'imagerie
(radiographie,
échographie
et/ou
scanner)
va
confirmer
la
présence
d'air
sous-cutané.
Infection
des
tissus
mous
:
cellulite
faciale
et
abcès
odontogènes
À
point
de
départ
dentaire,
la
cellulite
faciale
ou
les
abcès
odontogènes
se
caractérisent
par
un
œdème
douloureux
et
localisé
au
niveau
de
la
face.
Initialement,
ils
peuvent
assez
fidèlement
mimer
un
angiœdème.
Le
diagnostic
différentiel
sera
évoqué
devant
le
caractère
inflammatoire
de
la
peau,
la
persistance
du
gonflement,
la
fièvre
et
le
syndrome
inflamma-
toire
biologique.
aussi,
il
ne
faut
pas
être
trop
rapide
à
faire
un
test
aux
corticoïdes
devant
un
«
angiœdème
»
de
la
face
inflam-
matoire
mais
évoquer
ces
complications
infectieuses.
À
noter
aussi
que
dans
notre
pratique
clinique,
ces
infections
à
point
de
départ
dentaire
sont
également
un
diagnostic
différentiel
très
important
des
poussées
d'angiœdème
chez
des
patients
porte-
urs
d'un
angiœdème
héréditaire.
Soit
d'emblée
s'il
existe
des
atypies
soit
en
cas
de
résistance
de
la
«
poussée
»
après
un
traitement
spécifique
de
l'angiœdème
héréditaire,
il
faut
évo-
quer
un
diagnostic
différentiel
et
les
cellulites
faciales
en
sont
un
important.
Autres
infections
Les
filarioses
peuvent
se
présenter
sous
la
forme
d'épisode
de
gonflement
circonscrit
et
transitoire.
L'interrogatoire
sur
les
voyages
en
zones
d'endémie,
la
présence
d'une
hyperéosino-
philie
et
l'enquête
parasitologique
permettent
de
redresser
le
diagnostic.
La
trichinose
peut
donner
des
œdèmes
péri-orbitaux
mais
ces
patients
ont
souvent
des
hémorragies
sous-conjoncti-
vales
et
un
chemosis
ainsi
que
des
signes
généraux
inhabituels
dans
l'angiœdème.
La
trypanosomiase
américaine
peut
égale-
ment
donner
un
œdème
localisé
avec
le
classique
signe
de
Romana
(œdème
d'un
œil).
On
peut
également
citer
les
infec-
tions
suivantes
:
herpès,
zona,
mononucléose
infectieuse
(l'œdème
des
paupières
prend
alors
le
nom
de
signe
de
Hoa-
gland
[14])
érysipèle
et
infections
d'origine
ophtalmologique
(dacryocystite.
.
.).
Syndrome
de
Melkersson-Rosenthal,
chéilite
de
Miescher
et
autres
granulomatoses
Le
syndrome
de
Melkersson-Rosenthal
est
une
granulomatose
oro-faciale
rare,
caractérisée
par
une
langue
plicaturée
ou
scro-
tale,
des
épisodes
récidivants
d'œdème
labial
qui
peuvent
ensuite
devenir
permanent
et
une
parésie
ou
paralysie
faciale
unilatérale
[15].
La
chéilite
granulomateuse
de
Miescher
peut
être
considérée
comme
une
forme
incomplète
de
syndrome
de
Melkersson-Rosenthal,
monosymptomatique,
touchant
la
lèvre
supérieure
le
plus
souvent
et
évoluant
par
poussées
œdémateuses,
indolores,
aboutissant
à
une
infiltration
perma-
nente
[16].
La
phase
pendant
laquelle
l'atteinte
des
lèvres
évolue
par
poussées
est
alors
clairement
un
diagnostic
diffé-
rentiel
parfois
difficile
avec
l'angiœdème.
Cependant,
les
pous-
sées
durent
quelquefois
plus
d'une
semaine,
ce
qui
est
incompatible
avec
un
angiœdème
et
l'évolution
vers
un
gon-
flement
permanent
permet
de
redresser
un
éventuel
diagnos-
tic
erro
d'angiœdème.
La
biopsie
de
la
lèvre
permet
de
confirmer
le
diagnostic
lorsqu'elle
montre
une
infiltration
granulomateuse.
D'autres
granulomatoses
à
possible
localisation
oro-faciale
peu-
vent
poser
le
même
genre
de
problème
diagnostique
avec
un
angiœdème,
tels
la
sarcoïdose
ou
la
maladie
de
Crohn.
Le
syn-
drome
du
Morbihan
associe
des
œdèmes
palpébraux
à
répétition,
corticorésistants,
évoluant
par
poussées,
de
façon
chronique,
dans
un
contexte
de
rosacée.
L'examen
anatomopathologique
montre
une
inflammation
aspécifique
avec
parfois
des
granulomes
[17].
La
biopsie
est
indispensable,
notamment
pour
ne
pas
méconnaî-
tre
une
localisation
lymphomateuse
ou
une
maladie
de
Kaposi.
Scléredème
de
Buschke
Il
s'agit
d'une
maladie
rare
caractérisée
par
une
infiltration
œdémateuse
de
la
peau
et
associée
à
une
infection,
au
diabète
et
aux
dysglobulinémies
monoclonales.
Dans
sa
forme
diffuse,
elle
ne
pose
pas
de
problème
de
diagnostic
différentiel
avec
un
angiœdème.
En
revanche,
des
formes
plus
localisées,
par
exem-
ple
aux
paupières
[18],
peuvent
initialement
mimer
un
angiœ-
dème
mais
le
caractère
permanent
permet
de
redresser
le
diagnostic.
Dermatomyosite
et
lupus
La
dermatomyosite
peut
s'accompagner
d'œdème
des
paupiè-
res,
parfois
intermittent.
Cet
œdème
est
plutôt
inflammatoire
et
s'inscrit
dans
un
contexte
général
permettant
d'évoquer
le
diagnostic.
Dans
le
lupus,
des
œdèmes
palpébraux
sont
parfois
inauguraux.
Gonflements
ou
œdèmes
pouvant
être
transitoires
Plusieurs
pathologies
peuvent
se
manifester
sous
la
forme
d'œdème
localisé,
transitoire
et
récidivant,
au
niveau
facial
ou
des
voies
aériennes
supérieures.
Les
parotidites,
quelle
D.
Launay
tome
44
>
n81
>
janvier
2015
34 Mise au point
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